News - 09.05.2023

Poisson: Une si grande richesse (Photos)

Poisson: Une si grande richesse

Qu’y a-t-il de plus savoureux pour les fins gourmets qu’un rouget, un loup ou une daurade, enduits d’huile et de cumin, grillés sur un feu de charbon, assaisonnés de citron et accompagnés d’une salade méchouia ou d’une tastira ? Ou encore un couscous au mérou ? Le poisson est le roi de la table, rivalisant avec la viande. Les connaisseurs savent vérifier la luisance des yeux ainsi que la fermeté de la peau et sa fraîcheur, prisant particulièrement les espèces à leur saison appropriée. Quitte à payer le prix fort. Avec ses 1 300 km de côtes au cœur de la Méditerranée, la Tunisie voue au poisson une passion particulière. Mais, qu’en est-il en vérité ? Où en est la pêche ? Où en sont les pêcheurs ? Et comment s’y retrouve le consommateur ? Tout un univers à découvrir.

Un poisson sur cinq pièces consommées en Tunisie provient d’un élevage. La pisciculture connaît en effet ces dernières années une croissance soutenue. Sur une production annuelle de 150 000 tonnes de poisson, les fermes de cultures fournissent près de 26 000 tonnes. Alors que les ressources halieutiques se stabilisent, le secteur de la pêche en Tunisie s’emploie à relever de nombreux défis, notamment face à l’augmentation des charges d’exploitation et l’inflation des prix de vente sur le marché. Comment accroître la production dans le respect des bonnes pratiques et du milieu marin, promouvoir l’exportation, augmenter la consommation en maîtrisant les prix, et développer la pisciculture ? La question cruciale reste sans doute d’offrir au consommateur tunisien, non seulement dans les régions côtières, mais aussi dans l’arrière-pays, du poisson de bonne qualité à des prix abordables.

Contrairement aux apparences, le Tunisien n’est pas un grand consommateur de poisson : 11 à 13 kg seulement par personne par an, selon les estimations. Les Espagnols en sont à 25 kg et les Japonais à 35 kg. En termes de dépenses, le Tunisien consacre, d’après la dernière enquête de l’INS, 68,361 D par an à l’achat de produits de la mer, contre 376,761 D pour les viandes. Les produits de la mer qualifiés de noble (mérou, crevettes royales, etc.) ont connu de fortes hausses de prix. Les autres espèces de poisson sont moins impactées par cette hausse, mais subissent toutes l’effet de l’inflation à hauteur de 9%, selon l’indice des prix de l’INS.

«Le secteur de la pêche est essentiel, souligne à Leaders Ridha Mrabet, directeur général de la pêche et de l’aquaculture au ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche. La production annuelle est d’environ 150 000 tonnes avec une moyenne de 145 000 tonnes durant les cinq dernières années, dont 26 000 tonnes en aquaculture. Les exportations totales ont été en 2022 de 30 000 tonnes d’une valeur de 870 MD. Le secteur compte 13 500 unités de pêche et s’appuie sur 41 ports dont 10 ports de pêche hauturière (Tabarka, Bizerte, La Goulette, Kélibia, Sousse, Téboulba, Mahdia, Sfax, Gabès et Zarzis). Il emploie 52 000 marins-pêcheurs en direct et 30 000 personnes en indirect (unités de transformation et conserveries).»

La gouvernance du secteur est assurée par le ministère, en étroite coordination avec divers autres départements concernés (Equipement, Transport, Défense, Industrie, Commerce, etc.), et en partenariat avec l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (Utap). Le ministère s’appuie dans son action sur le Centre technique de l’aquaculture (CTA), le Groupement interprofessionnel des produits de la pêche (Gipp), l’Agence des ports et des installations de pêche (Apip), l’Institut national des sciences et technologies de la mer (Instm), l’Agence de la vulgarisation et de la formation agricoles (Avfa), et d’autres organismes. Si la formation de base à divers métiers de la pêche est dispensée dans des centres dédiés, l’Institut supérieur de la pêche et de l’aquaculture de Bizerte assure la formation des techniciens supérieurs dans le domaine de la pêche et de l’aquaculture, notamment en vue de l’obtention de la licence appliquée en technologies halieutiques et aquacoles. En outre, il apporte son assistance aux entrepreneurs et nouveaux promoteurs et contribue à la recherche développement et au transfert technologique.

Face à des enjeux multiples, quatre objectifs stratégiques ont été fixés pour le secteur durant la période 2023-2025, nous indique la Direction générale de la pêche et de l’aquaculture. Il s’agit de:

1. Veiller à une exploitation rationnelle des ressources halieutiques, notamment les stocks de poisson,
2. Développer les services : aménagement des ports de pêche (extension, protection…), marchés de gros, formation, sensibilisation aux bonnes pratiques, etc.
3. Améliorer la rentabilité du secteur et du pêcheur: subvention des carburants (de 40 à 50% selon les régions), la recherche de marchés extérieurs, la valorisation des produits…
4. Développer l’aquaculture : introduction de nouvelles techniques et de nouvelles espèces.

Tant d’obstacles à surmonter

Les difficultés rencontrées sont nombreuses, explique à Leaders Salem, propriétaire d’un chalutier au port de Béni Khiar. Elles sont essentiellement dues à la hausse des charges (carburant, filets, entretien, etc.). La rentabilité est en baisse continue. N’était-ce l’exportation, pour les plus heureux qui y parviennent, le secteur aurait rencontré de graves problèmes. Il faudrait y ajouter la pénurie de main-d’œuvre.

Les jeunes affichent une réelle désaffection pour la formation professionnelle et le travail sur les bateaux de pêche. Ceux qui s’inscrivent dans les centres de formation visent surtout une formation pour servir sur des chalutiers d’envergure.

Salem ne cache pas d’autres «problèmes» rencontrés. «Les ressources halieutiques se font de plus en plus rares et lointaines, se plaint-il. Il faut partir loin et rester plus longtemps en mer, soit des charges supplémentaires, pour garantir le minimum escompté à chaque sortie en mer. Il y a aussi une exploitation abusive, par certains, de ces ressources et des pratiques prohibées.»

Le contrôle des zones de pêche se renforce, en étroite collaboration avec la Garde nationale notamment. Des appareils de surveillance par GPS doivent être installés dans les unités de pêche. En appui aux différents efforts, des vedettes sont déployées par la Direction générale de la pêche et de l’aquaculture qui s’apprête à recevoir à l’automne prochain deux grands bateaux de surveillance offerts par le Japon.

Répartition de la production nationale de pêche et d’aquaculture par catégorie au titre des années 2021 et 2022


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