News - 17.04.2022

Samir Trabelsi: Le FMI mobilise 45 Md$ pour la Résilience et la Durabilité

Samir Trabelsi: Le FMI mobilise 45 Md$ pour la Résilience et la Durabilité

Les Rencontres du Printemps du Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale sont bien parties. Cette semaine, Kristalina Georgieva, la directrice générale du FMI a annoncé la création d’un Fonds fiduciaire pour la résilience et la durabilité  (FFRD), un financement au mérite de 45 Md$ pour venir en aide aux pays impactés par le fléau des changements climatiques. Trois quarts des pays de la planète sont éligibles à ce fonds. L’Afrique en a besoin! La Tunisie aussi…

Un financement qui tombe à point nommé! L’Afrique paye un lourd tribut aux changements climatiques, cette externalité négative qui coute cher aux économies africaines. Ce continent constitue la principale victime des changements climatiques générés par les pays développés.

L’Afrique est priorisée

L’Afrique est responsable de seulement 2,7% des émissions de CO2 au niveau de la planète. En revanche, le continent subit des pertes liées aux changements climatiques d’un montant estimés à 38 Md$ annuellement. En Afrique, les changements climatiques ont asséché des lacs, appauvri les sols, accéléré la désertification et la salinisation des eaux souterraines, fait monter le niveau des océans.

La famine, l’exode rural et les guerres civiles sont autant de phénomènes qui sont liés aux changements climatiques. De 30 à 50 Md$ sont requis annuellement pour compenser l’Afrique et pour venir en aide à ce continent sinistré par la dette, la pauvreté, la mal-gouvernance, la corruption, les guerres et le terrorisme.

Le FMI s’est engagé à créer les instruments et les procédures pour accélérer la mise en œuvre de ce programme. Mais, l’accès à ces financements va dépendre de la capacité des pays à constituer des dossiers pour des financements rapides et pertinents. La concurrence sera rude, tellement les besoins de financement sont énormes.

Le FMI devant ses responsabilités

Le FMI a élaboré une stratégie d'action pour le changement climatique approuvée par son conseil d'administration. Le FMI adoptera soit une politique d’atténuation dans les pays qui sont de grands émetteurs de CO2, soit une politique d'adaptation pour les pays qui sont très vulnérables, et de nombreux pays africains le sont, soit finalement une politique de transition pour les pays qui dépendent aujourd'hui des hydrocarbures, mais qu’ils doivent s'éloigner, et comme nous le savons en Afrique, on compte plusieurs pays sont producteurs d'hydrocarbures considérés polluants.

En matière de changement climatique, et considérant les contraintes budgétaires ainsi que le niveau de l’endettement de certains pays africains, le FMI a opté pour des politiques tenant compte de ces contraintes financières. Premièrement, le de FMI regarde comment l'Afrique peut générer des financements propres, sur la base de programmes qui aident à s'adapter et aussi à réduire les émissions.

Le FMI examinera les moyens par lesquels les équilibres budgétaires et macroéconomiques des pays africains doivent être renforcés. Il va sans dire que la bonne gouvernance publique constitue une condition primordiale pour la réussite de cette initiative.
Deuxièmement, le FMI a mis en place un fonds de financement à long terme entre 30 et 50 Md$ pour la transformation structurelle et la priorité est donnée à la transition climatique, à une économie sobre en carbone, résiliente au changement climatique.

À l’heure actuelle, des équipes techniques du FMI sont déjà en train d'identifier les pays africains qui peuvent bénéficier de l'utilisation de cet instrument.
Troisièmement, comme l'argent public ne suffira pas, le FMI est en train de travailler avec des partenaires privés pour voir comment l'argent public peut aplanir les obstacles à l'investissement privé à grande échelle. Il va sans dire que plus les fondamentaux économiques d'un pays sont solides, toutes choses égales par ailleurs, plus il serait attractif pour les investissements privés. Encore une fois un pays qui dispose d’une bonne gouvernance qui permet d’avoir des systèmes financiers sains, des données fiables, et une utilisation optimale de leurs ressources.

La résilience constitue le levier principal de cette démarche. La R-D en matière des changements climatiques doit mériter des financements nécessaires pour concevoir les technologies et les bonnes pratiques requises et adaptées à l’Afrique. Le partenariat public-privé est proposé comme levier mobilisateur des initiatives et des responsabilités sociales des entreprises et secteurs industriels. Le FMI annonce que dans ces programmes, les citoyens doivent trouver leur compte! Par l’accès à des emplois durables, à des revenus descends et à des logements viables. Le capital de confiance envers les institutions politiques et sociales constitue un autre carburant de cette nouvelle stratégie.

Bonne nouvelle pour la Tunisie

La Tunisie a besoin de ce type de financement. La Tunisie est exsangue, blessée, mise à terre par 10 ans de mal-gouvernance et d’errance de ses politiques publiques.

Le fonds judiciaire pour la résilience et la durabilité (FFRD), et ses 45 Md$ sont accessibles à partir du 1er mai 2022. Un financement taillé sur mesure pour des pays comme la Tunisie. Les enjeux du changement climatique sont au cœur des enjeux du FFRD. Ces enjeux sont en partie des causes et des effets du marasme économique du pays.

La Tunisie est à 85% de ses terres et territoires, située dans les régions arides et semi-arides (moins que 350 millimètres de pluie par an). Le pays dépourvu de richesse pétrolière, a contrario de ses voisins, subit de plein fouet les changements climatiques et la pauvreté liée. Et la Tunisie cumule ces deux impacts dans les 2/3 de son territoire, de sidi Bouzid à Borj el khadra, passant par Remada et les immenses territoires désertiques.

Dans leurs exposés de motif pour le choix des perspectives de notations négatives, les agences de notation Moody's et Fitch ont mentionné que le profil de crédit de la Tunisie est exposé aux risques environnementaux de l'élévation du niveau de la mer dans les zones côtières et l'augmentation des risques liés à l'eau et à la désertification dans les régions internes. Les régions côtières représentent 80% de la production totale, ce qui entraîne un risque environnemental très élevé.

Les changements climatiques, les précipitations irrégulières et les sécheresses sévères constituent des menaces pour le secteur agricole tunisien, qui représente plus de 15% de l'emploi total. La Tunisie est aussi dotée depuis 30 ans d’un institut de recherche sur la résilience dans les régions arides. C’est pourquoi le gouvernement tunisien peut soumettre rapidement des projets pour financement au mérite. Des financements consistants, dans le contexte de la quasi-faillite de l’État. Des financements en dollars sonnants et trébuchants.

Un financement concurrentiel et au mérite

Les financements du FFRD sont attribués selon les capacités des pays à élaborer des projets bancables au sein du FMI. Le principal enjeu traite des risques macroéconomiques, tels que le changement climatique et les pandémies.

Ce financement aiderait, si la Tunisie le souhaitait, le déblocage de quelque 600 000 ha, maintenus en friche faute d’eau, faute de volonté publique et faute d’innovation dans les systèmes éducatifs et universalités. Cultiver des terres, c’est aider contre le réchauffement climatique, réduisant la pauvreté et la mal-gouvernance au passage.

Le programme FFRD promeut la collaboration entre savoir et bonne gouvernance. Entre écosystèmes climatiques et écosystèmes anthropologiques. La Tunisie profitera du FFRD en élaborant rapidement une politique de transition énergétique et de lutte aux changements climatiques. Une politique axée sur les résultats et sur l’innovation. L’adaptation aux changements climatiques en Tunisie doit figurer comme une priorité nationale.

La sortie de la crise économique actuelle peut être propulsée par la mise en œuvre d’une économie verte, des industries articulées autour des défis des changements climatiques et du développement durable.

La Tunisie ne peut pas se permettre d’être à la marge de l’agenda mondiale en matière de changement climatique. Il ne peut pas y avoir une vision claire en matière de changement climatique sans une bonne gouvernance. Des politiques environnementales, sociales et économiques bien conçues, des institutions démocratiques répondant adéquatement aux besoins des populations, la prééminence du droit, des mesures de lutte contre la corruption, l’égalité des sexes et un environnement favorable aux investissements constituent la base une vision tuniso-tunisienne en matière de changement climatique.

La Tunisie peut espérer obtenir un financement pouvant dépasser sa quote-part, pour atteindre un financement total de 1Md$. Le tout si, elle déposait rapidement des requêtes de financement bien ficelées et bien conçues…des dossiers crédibles et fondées sur les données probantes. Le gouvernement tunisien doit mobiliser les compétences pour élaborer des projets bancables, des projets gagnants. La diaspora des chercheurs tunisiens au Canada, en Europe et aux É.-U. Peuvent aider, politique politicienne tenue à part.

Samir Trabelsi, Ph.D.
CPA Ontario Distinguished Research Scholar
Brock University

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