News - 16.04.2022

De Jérusalem à Paris, la question palestinienne est toujours d’actualité !

De Jérusalem à Paris, la question palestinienne est toujours d’actualité !

Par Mohamed Larbi Bouguerra

«La chose la plus révolutionnaire est de proclamer haut et fort ce qui se passe» (Rosa Luxembourg)

La guerre en Ukraine désespère du genre humain… mais celle que livre Israël à un peuple spolié de sa terre et de ses droits ne désespère pas moins, hélas !
Ce vendredi 15 avril 2022 représente beaucoup pour les musulmans, les juifs et les chrétiens. L’armée d’occupation sioniste s’est pourtant déchaînée de bon matin, à Jérusalem, contre les paisibles fidèles de la grande mosquée d’Al Aqsa. Elle a blessé 150 Palestiniens, arrêté 450 autres en souillant en outre la mosquée et en y provoquant des dégâts. Les Palestiniens avaient passé la nuit dans la mosquée pour la défendre, des extrémistes sionistes ayant prévus d’immoler un agneau sacrificiel dans l’enceinte de la mosquée pour renouer avec une tradition vieille de plus de 2000 ans. Une pure provocation ! (Le Monde, 15 avril 2022, p. 11 et The New York Times du 15 avril 2022).

De plus, en 24 heures, les forces d’occupation israéliennes ont tué six Palestiniens non armés lors d’affrontements tard mercredi 13 avril 2022 et tôt jeudi 14 avril 2022. Les morts sont survenues le cinquième jour d’une vaste campagne militaire israélienne à travers la Cisjordanie occupée et notamment à Jénine. Cette offensive vient après la série d’actions de résistance (mort de 14 Israéliens) la plus meurtrière à avoir eu lieu en Israël depuis des années. Comment peut-on oublier l’opération « Bouclier de Défense » (Defense Shield) du 29 mars 2002 de l’armée sioniste suite aux actes de résistance ayant fait 131 victimes israéliennes le 27 mars 2002 ?

Suite aux actions de résistance ayant commencé le 22 mars dernier, le chef du gouvernement israélien Naftali Bennett, fragilisé au Parlement par la perte de sa très courte majorité, donne des gages à l’armée, aux colons et à l’extrême droite en appelant tous les Israéliens à porter des armes en public et a juré « d’éradiquer » ce qu’il appelle « ce terrorisme » lui qui ne parle jamais de Palestiniens et encore moins de leur résistance à l’occupation et au déni de leurs droits ! Du coup, les villes de Cisjordanie sont livrées à la vindicte et à la furie de l’armée d’occupation et des colons en provenance de France, des Etats Unis et de Moldavie qui arrachent les oliviers et attaquent les paysans palestiniens avec un bilan de 25 assassinats de Palestiniens et un bouclage complet de la Cisjordanie pour le week-end. Punition collective infligée aux Palestiniens !

On voit ainsi l’inanité de ces rencontres qualifiées de « fraternelles » avec le Maroc et les Etats arabes du Golfe et la futilité du soi-disant sommet du Néguev, à Sdé Boker, le repaire du Polonais David Ben Gourion, premier chef d’un gouvernement sioniste en 1948. Si le père de l’actuel monarque marocain était soi-disant le président du Comité appelé à libérer Al Aqsa, aujourd’hui, les avions de la compagnie Royal Air Maroc se posent à Tel-Aviv et l’on parle officiellement - toute honte bue - d’une alliance stratégique et militaire entre Rabat et le régime d’occupation.

Quant au roi d’Arabie Saoudite, « gardien des Trois Saintes Mosquées », il est trop occupé par la guerre au Yémen pour accorder un peu de son précieux temps à la protection d’Al Aqsa !

En France, victoire pour les militants BDS

Date à marquer d’une pierre blanche pour les militants de la cause palestinienne en France : le 7 avril 2022, la Cour de révision et de réexamen des condamnations pénales près la Cour de Cassation a annulé le jugement de la Cour d’appel de Colmar de 2013 condamnant onze militants pro-BDS et a renvoyé l’affaire à la Cour d’appel de Paris. Cette décision est la suite naturelle et logique de l’arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) du 11 juin 2020 jugeant que les campagnes de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) ne sont ni discriminatoires ni illégales et relèvent de la liberté d’expression. La CEDH a ainsi donné raison aux 11 militants pro-BDS et condamné la justice française à leur verser des indemnisations. L’association France Palestine Solidarité (AFPS) espère que la France saura tirer toutes les conséquences de cet arrêt. Cette révision est une étape majeure dans le combat pour les droits du peuple palestinien, estime l’AFPS, rappelant que le gouvernement s’arroge encore le droit de dissoudre des organisations propalestiniennes au motif de leurs appels à boycotter les produits des colonies israéliennes illégales en droit international. (Lire l’Humanité, 15-17 avril 2022, p. 7)

Un mathématicien contre l’occupation

Du reste, en Israël même des voix se font entendre contre ces colonies illégales, contre l’occupation et en faveur du BDS. 

Le professeur Oded Goldreich a reçu le prix d’Israël de mathématiques, lundi 11 avril 2022 après une longue saga avec deux ministres de l’Education qui s’opposaient à la remise de cette distinction au spécialiste d’informatique théorique de l’Institut Weizmann.  Le grand mathématicien avait notamment signé une pétition demandant à l’Union Européenne de ne pas coopérer avec l’Université d’Ariel qui s’est implantée en Cisjordanie occupée. Ce scientifique ne cache pas ses idées de gauche et annonce qu'il fera don de son prix de 75.000 shekels israéliens (soit 21.000 euros ou 68.000 DT) à cinq organisations de défense des droits de l'Homme, dont Breaking the Silence et B'Tselem. Ce qui met dans une colère noire Yifat Shasha-Biton, ministre de l’Education, car ces ONG agissent contre les soldats d’Israël selon elle   : « La décision de la Cour suprême d’accorder le prix au professeur Goldreich, contre mon avis, était une erreur ».

Les ONG déclarent de leur côté: "Nous sommes fiers du fait que les ministres de l'Education qui lui ont refusé le prix ne soient pas satisfaits des décisions qu'il a prises". 

Goldreich a reçu le prix au ministère de l'Éducation, malgré l'opposition politique de deux ministres de l'Éducation, dont l'actuelle, qui a boycotté la cérémonie. La Haute Cour de Justice d’Israël a tranché contre la décision du ministre de l’Education qui affirmait : «Quelqu’un qui appelle au boycott d’une institution académique israélienne ne mérite pas ce prix. » mais pour la Haute Cour : «Le Prix d’Israël n’est pas une carotte que l’Etat donne à ses soutiens dans le monde scientifique.» (Lire Editorial, Haaretz, 11 avril 2022).

La guerre en Ukraine ne saurait effacer de l’actualité la question palestinienne. Les évènements d’Al Aqsa montrent la fausseté des déclarations du ministre des Affaires Etrangères israélien Yair Lapid affirmant la liberté de culte pour tous à Jérusalem quand la police et l’armée obligent les fidèles à quitter la mosquée sous les balles assourdissantes et les coups de bâton. De plus, Jénine, sous la botte de l’arbitraire israélien compte  aussi un camp de réfugiés palestiniens …. Qui ne bénéficie guère de l’intérêt des puissances européennes et américaines comme c’est le cas pour les réfugiés ukrainiens.

Mohamed Larbi Bouguerra

Vous aimez cet article ? partagez-le avec vos amis ! Abonnez-vous
commenter cet article
0 Commentaires
X

Fly-out sidebar

This is an optional, fully widgetized sidebar. Show your latest posts, comments, etc. As is the rest of the menu, the sidebar too is fully color customizable.