News - 07.06.2019

Les trois jours inoubliables du Président de la BAD, Akinwumi Adesina, à Tunis

Akinwumi Adesina
  • En doublant le capital de la BAD, nous doterons l’Afrique de grands leviers pour sa transformation
  • La Tunisie regorge de compétences dont la Banque doit profiter
  • Oui, je serai candidat pour un second mandat!

Fier et honoré de sa décoration par le président Béji Caïd Essebsi des insignes de Grand Officier de l’Ordre du Mérite, le président de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina, a gardé le collier toute la journée. «Je ne m’y attendais pas du tout. Le Président m’a fait la surprise et le grand honneur de m’octroyer cette haute décoration. J’en garderai un grand souvenir», confie-t-il à Leaders.

Trois jours durant, du 2 au 4 mai 2019, sa visite à Tunis, la première depuis son élection en 2015 à la tête de la BAD, sera aussi dense que variée. Outre les entretiens officiels avec les trois présidents à Carthage, La Kasbah et au Bardo, les séances de travail, les rencontres avec la communauté d’affaires et les partenaires financiers multilatéraux, ou encore l’inauguration du bureau régional de la Banque à Tunis pour l’Afrique du Nord, trois séquences fortes auront marqué le président Adesina.

D’abord sa visite aux unités de One Tech à El Azib (Bizerte) où il a pu prendre connaissance des grandes avancées technologiques accomplies. «One Tech peut devenir la locomotive dans toute la région», affirme-t-il. Et d’ajouter: «J’ai été impressionnée par cette jeune ingénieure, Marwa. Elle voulait quitter la Tunisie pour aller s’installer à l’étranger. Et la voilà réussir brillamment au sein de cette compagnie.»

Ensuite sa rencontre avec les étudiants de l’IHEC Carthage. «Ils sont débordants d’énergie, de créativité et d’esprit d’innovation, dira le président de la BAD. La Banque doit puiser dans ce vivier tunisien les talents dont elle a besoin. Je vais demander au vice-président en charge des ressources humaines de conduire une mission en Tunisie pour expliquer nos besoins et présenter notre offre. La BAD cherche à attirer les meilleurs».

Et juste avant de reprendre l’avion, une visite de courtoisie  à l’ancien ministre du Plan et des Finances, Mansour Moalla, qui a été parmi les neuf personnalités africaines qui avaient rédigé en 1963 les statuts de la BAD et veillé à son démarrage. Des moments chargés d’émotion, dans une grande convivialité et avec la promesse de se revoir.

L’augmentation du capital de la BAD sur la bonne voie

Dans une interview accordée à Leaders, le président de la BAD s’est déclaré confiant quant à l’aboutissement des efforts déployés en vue d’engager la souscription à la 7e augmentation du capital de la Banque. La décision sera prise lors des prochaines assemblées annuelles 2019 du Groupe de la Banque africaine de développement qui se tiendront du 11 au 14 juin 2019 à Malabo, en République de Guinée équatoriale.

 

«L’un des scénarios dont nous avons discuté avec nos actionnaires, confie le président Adesina, c’est d’envisager une augmentation de 200% du capital de la Banque. Ce sera extrêmement important. Avec ces ressources en fonds propres, nous pourrons connecter 167 millions de personnes à l’électricité, permettre, d’une part, à 390 millions de personnes d’accéder aux technologies productives agricoles et, de l’autre, à 23 millions de personnes du secteur privé d’accéder au financement. De plus, 404 millions de personnes auront accès au transport amélioré grâce à l’infrastructure que nous allons mettre en place. Et 57 millions de personnes bénéficieront de l’eau potable et de l’assainissement. Voilà les choses importantes pour nous. D’ici 2030, il reste 11 ans, afin d’atteindre les résultats escomptés pour l’agenda des objectifs du développement durable de l’ONU (ODD). Pour moi, arriver à 2030 et dire qu’on n’a pas réussi en Afrique est inacceptable? Non, ce n’est pas possible.»

La reconstitution du FAD aussi

Il en va de même pour la reconstitution du Fonds africain de développement (FAD). «Nous avons commencé les discussions à ce sujet, déclare le président de la BAD, et je suis très fier des actionnaires et des pays donateurs, de leur engagement. Il y a un intérêt réel à poursuivre le financement nécessaire pour ce fonds. Pourquoi le fonds est-il important ? C’est parce que nous avons utilisé ses ressources pour mettre en place le pont qui relie le Sénégal et la Gambie. C’était un rêve pour ces pays depuis 1974 et il a été réalisé grâce au FAD. C’est aussi le FAD qui nous a permis d’établir un système routier de plus de mille kilomètres depuis Addis-Abeba, en Ethiopie, jusqu’à Mombasa, au Kenya. Grâce à cette route, les deux pays ont pu accroître leur commerce de 400%. C’est également le Fonds qui a mis en place le programme TAAT, c’est-à-dire Technologies pour la transformation de l’agriculture en Afrique. Il met aujourd’hui à la disposition de milliers de paysans africains des technologies appropriées pour l’amélioration de la productivité. Grâce au Fonds, la BAD a pu soutenir le Niger, la Gambie et Madagascar dans l’accès aux ressources propres pour s’assurer contre l’impact du changement climatique en cas de désastre. C’est ce fonds qui est important pour la résilience, pour le pays et pour leur permettre la capacité de réagir dans un temps assez difficile comme vous venez de voir avec le cyclone Idai au Mozambique. C’est quelque chose de très important pour nous. J’ai beaucoup d’espoir qu’on aura une réussite grâce à cette reconstitution des ressources».

Ce n’est pas un job, c’est ma mission, et c’est ma passion!

Le président Adesina compte-t-il rempiler à la tête de la BAD en 2020 pour un nouveau mandat ? «Oui, pourquoi pas, répondra-t-il sans hésitation. Je me porterai candidat. Pour moi, être président de la Banque africaine de développement, ce n’est pas un métier, ce n’est pas un job. Je suis investi d’une mission. Ce n’est pas quelque chose qu’on doit prendre à la légère, d’être celui à qui on a confié la responsabilité d’accélérer le développement de l’Afrique. Nous avons mis à la disposition de l’Afrique le High 5. On va continuer à entreprendre tout l’effort nécessaire en partenariat avec les autres acteurs. Nous devons tout faire pour que ça réussisse. Il faut travailler tout le temps. Les gens attendent beaucoup de nous. Toutes les choses qu’on doit faire doivent être faites avec accélération. Pour moi, ce n’est pas un job, c’est ma mission, et c’est ma passion !»


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1 Commentaire
Les Commentaires
TRA - 09-06-2019 14:16

J'ai bien mais les africains aiment trop s'apprécier. Pas d'amélioration politique dans tous ce que vous avez écrire.soignons l'esprit de nos dirigeants.

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