News - 06.04.2019

Interview exclusive - Nabli: Si on se trompe de diagnostic, alors on se trompe de remède

Nabli: Si on se trompe de diagnostic, alors on se trompe de remède

Votre livre dresse un réquisitoire argumenté contre l’échec du système politique, économique et social, et pointe du doigt l’incompétence des gouvernants et leur persistance dans de fausses pistes inopérantes. Avec cependant des scénarios de sortie de crise. C’est un essai qui rejette et stigmatise deux attitudes courantes dans le débat politique et économique?

La première est de dire qu’il est normal qu’il y ait des coûts de la transition vers la démocratie, et que les choses vont finir par s’arranger. Cette attitude est passive et relègue les questions économiques à l’arrière-plan, ce qui a été la cause principale des dérapages que nous avons constatés. Une telle attitude ignore l’importance des coûts économiques et sociaux et le fait qu’ils peuvent durer pour longtemps et même compromettre la transition démocratique. La deuxième attitude consiste à chercher des solutions de facilité qui paraissent à première vue attrayantes, mais qui sont soit accessoires et inefficaces, soit génératrices de problèmes plus sérieux que ceux qu’on essaie de résoudre. Je discute plusieurs de ces fausses pistes. Mon message principal est que si on se trompe de diagnostic, alors on se trompe de remède. Les scénarios de sortie de crise sont basés sur un diagnostic complet et détaillé, ce qui permet d’ouvrir la voie à de vraies solutions.

Est-ce un acte de candidature pour les prochaines élections, avec un programme complet à l’appui?

Ce texte n’a été ni conçu ni écrit dans cette perspective. Il ne cherche en aucune manière à constituer une base quelconque de positionnement.
Il est certain que le contenu de l’essai, et sa nature même, sont pertinents pour tout programme d’action politique. Il peut être utilisé et adapté, ce qui constitue d’ailleurs son intérêt. Mais c’est surtout une analyse et une revue de ce qui s’est passé et une exploration des voies de sortie réalisables. D’ailleurs, c’est trop dire que c’est un programme complet.

Vous plaidez en faveur d’un Pacte fondamental avec une «petite constitution économique et sociale». Qui est capable de porter ce projet? Et comment l’activer efficacement?

Cela ne peut être le projet d’une personne ou d’un parti politique. Ce que je préconise est une démarche et un pacte qui rassemblent les forces politiques et sociales du pays pour réaliser un «miracle» tunisien, qui ne peut être que collectif. C’est notre défi et notre chance.

Le processus peut se réaliser concrètement en trois étapes:

  • La première est la définition des parties prenantes à ce processus, du cadre pour réaliser les concertations et des questions fondamentales qui doivent faire l’objet de débats nationaux.
  • La deuxième est la préparation des éléments d’information et des analyses qui constitueront la base des débats, avec une contribution élargie des experts et des compétences nationales.
  • Enfin, il y a les débats et concertations qui réuniront les parties intéressées, qui devraient déboucher sur le «pacte fondamental».

Dans cette démarche, quelle sera votre contribution personnelle et à partir de quelle position qui vous confère la légitimité de l’autorité indispensable à la mise en œuvre?

Ma position personnelle n’a aucune importance. Ce qui est le plus crucial, c’est l’engagement collectif et la disposition des principales forces du pays à agir et réussir. J’y contribuerai d’une manière ou d’une autre. Pas d’inquiétude, le plus important, c’est d’arriver à le réaliser.

D’après votre expérience, combien de temps prendrait la réalisation des premiers résultats escomptés?

Avant de chercher combien de temps faut-il pour sentir les résultats d’un tel scénario, il faut d’abord se demander quand est-ce qu’on va commencer ? L’essentiel est de commencer et d’amorcer le processus. J’estime que le temps presse pour éviter le scénario de l’enlisement que je crains le plus.

Réussir une sortie réussie de la crise et mettre le pays sur une trajectoire positive de croissance et d’inclusion sociale, selon l’approche globale et multidimensionnelle que je propose nécessitent quelques années, mais je suis persuadé que l’on pourra commencer à voir les résultats au bout de deux ou trois années.

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