News - 25.10.2017

«La petite phrase» de Samir Taïeb sur l'huile d'olive : notre ministre n’avait pas tout à fait tort

Pour les nostalgiques

Ces derniers jours, on ne parle que du ministre de l’agriculture et de sa fameuse phrase « l’huile d’olive ne fait pas partie de nos traditions culinaires » et du prix du litre d’huile d’olive qui risque d’atteindre cette année 13 dinars. Je voudrais apporter ces quelques précisions. L’olivier est un arbre millénaire en Tunisie, sa culture est l’une des plus importantes. Sans l’olivier tout le sud tunisien à partir de la région de Sfax serait aujourd’hui un désert et quelques oasis pour les palmiers dattiers.

Les politiques des gouvernements successifs depuis l’indépendance ont beaucoup nui au secteur de l’olivier. On a décidé pour des raisons incompréhensibles de favoriser les huiles végétales importées aux dépens de l’huile d’olive comme si au lieu de subventionner les agriculteurs tunisiens on a décidé de subventionner les agriculteurs américains et européens. Imaginez une seule seconde si au lieu de subventionner le prix du blé, on décide d’importer du riz et de compenser son prix à la vente.

La consommation d’huile d’olive en Tunisie est faible et ne dépasse pas 3,7 Kg/habitant alors que celle des autres pays producteurs comme La Grèce, l’Espagne, l’Italie ou la France dépasse 10kg/habitant et par an.

Les Tunisiens utilisent l’huile d’olive surtout pour l’assaisonnement, très peu pour préparer certains plats mais aussi comme remède pour certaines affections. Rappelez-vous la fameuse potion de nos mères à base d’huile d’olive et de citron pour la toux. Chauffer l’huile d’olive dégrade les acides gras insaturés et les polyphénols qui sont la base des effets bénéfiques de l’huile d’olive.

Le prix de l’huile à de tout temps était indexé sur le cours mondial puisque la plus grande partie était destinée à l’exportation. Ce prix ne dépend pas du volume de la récolte en Tunisie mais de l’importance de la production dans le monde. Toutes les études ont montré ces dernières années que l’huile d’olive possède des vertus extra ordinaires sur la santé vu ses qualités anti oxydantes, vu son action sur l’os, sur la peau, sur le cœur, sur le cholestérol et même pour certains sur le développement des cellules tumorales ce qui a augmenté considérablement sa consommation dans le monde développé. Si en plus on tient compte de l’apparition de certaines maladies incurables qui touchent l’olivier dans certains pays européens concurrents, on comprend l’augmentation très importante du cours mondial de l’huile d’olive. 

Dans les années cinquante et soixante, les plus âgés peuvent le confirmer : le prix du litre d’olive était à peu près égal au salaire moyen d’un ouvrier agricole et du prix du kilogramme de viande. C’est la mise en place de l’office de l’huile qui a fait chuter les prix puisqu’il est devenu le seul opérateur et le seul exportateur d’huile d’olive, c’est lui qui fixait le prix de cession ; il a par la même occasion donné un coup d’arrêt à la culture de l’olivier en Tunisie devenue non rentable. Plusieurs régions du sud en ont d’ailleurs beaucoup soufferts. La subvention des huiles végétales était supportée par l’office de l’huile, donc par les agriculteurs tunisiens. les économistes diront qu’il s’agit d’une mesure totalement injuste.

Il a fallu la fin du monopole de l’Office national de l’Huile sur l’exportation de l’huile d’olive pour voir le prix du litre d’huile d’olive augmenter et devenir de nouveau indexé sur le cours mondial ce qui a donné un nouveau souffle au secteur et on parle maintenant d’un projet pour planter dix millions d’arbre ce qui permettra à la Tunisie de redevenir un pays agricole et permettre à ce secteur de participer d’une manière substantielle à l’équilibre de notre balance de payement. C’est l’exportation d’huile d’olive qui a permis à notre pays, il y a deux ans, d’améliorer ses recettes en devises, malgré un secteur touristique très touché par les attentats. 

Il est donc évident que notre ministre de l’Agriculture n’avait pas tout à fait tort. Il fallait tout simplement donner plus d’importance à la communication et un peu plus de pédagogie pour expliquer aux tunisiens.

Cessons donc cette campagne orchestrée, d’autres sujets sont beaucoup plus importants que cette phrase et méritent tout notre intérêt.

Slaheddine Sellami
 

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14 Commentaires
Les Commentaires
Medhat - 25-10-2017 19:34

Pouvez vous nous dire Si Sallemi que consommait les tunisiens avant que l'état se mette à importer de l'huile végétale dans les années 60 ???

Touzri - 25-10-2017 19:40

Un homme politique, de surcroît un ministre, se doit de bien choisir les mots dans ses communications. Par ailleurs, si l'huile d'olive n'est plus dans nos traditions culinaires c'est bien à cause de l'envolée de son prix. Il fallait le dire franchement et sans détours.

Abdelaziz Gatri - 25-10-2017 20:38

Vous écrivez que le ministre a déclaré « l’huile d’olive ne fait pas partie de nos traditions culinaires ». D'abord, le ministre n'a pas parlé de traditions (تقاليد), mais d'habitudes (عادات) et, surtout, de culture. Et c'est là où il se trompe. Ensuite, il aurait pu se contenter de l'argumentaire économique que vous avez si bien déroulé ci-haut, en y ajoutant l'impact de la dégringolade du dinar et la hausse des cours mondiaux. Enfin, la consommation annuelle moyenne par habitant en Tunisie dé passe les 7 litres selon les chiffres avancés par le ministre lui-même, et non 3,7 kgs comme avancé dans votre article, et le tunisien est au 4ème rang des consommateurs mondiaux d'huile d'olive. Nos politiciens devraient faire preuve de plus de considération envers leurs concitoyens, et apprendre à mieux s'exprimer en public (public speaking skills).

le sphynx - 25-10-2017 21:21

Une réalité que la plupart des tunisiens ne la connaissent pas..vu la cherté de la vie et le coût important des travaux agricoles ,le paysan vend sa production d'huile à12 D le litre contre 900 millimes pour "zit el 7akem" l'huile de graines..Quant au citoyen consommateur,il a boudé l'achat de l'huile d'olive depuis longtemps car son revenu quotidien,mensuel ou annuel ne lui permet pas..Donc,c'est vrai monsieur le ministre de l'agriculture avait raison...L'huile d'olive ,sa consommation chez le tunisien n'entrait plus dans sa tradition ...

Rafik - 25-10-2017 21:23

Contrairement à ce qui est indiqué, j'affirme que tous les pays méditerranéens ont en commun la culture de 3 produits à savoir le blé, le raisin et l'olivier. A l'époque romaine, les plantations d'oliviers allaient jusqu'à la limite du désert. Les meules et pressoir en pierre du Guettar existent encore. Que faisait-on des olives récoltées? On les laissait sur les arbres peut-être! Tout ça pour insinuer que le produit n'était pas consommé? Peut-être qu'au cours du 20ème siècle, les gens avaient peu de moyens et ne pouvaient pas se permettre d'acheter l'huile qu'ils ne produisaient plus, mais de là à affirmer une contre-vérité c'est faire abstraction de 3000 ans d'histoire, juste pour dire que le prix de l'huile doit se situer à 13 dinars. Alors que la récolte devrait être supérieure à l'année précédente.

larbimiloud - 25-10-2017 21:43

ce meme ministre 1 mois passe a dit que cette annee lhuile d olive va etre exellente et que le prix va baisser

Othman Rassaa - 26-10-2017 00:23

M. Slaheddine, je suis désolé de vous contredire, mais jusqu'aux années 60 la seule huile consommée et commercialisée en Tunisie était l'huile d'olive, qui servait à tous les usages même pour frire. Son prix à l'époque était entre 190 et 200 millimes le litre. Au début des années 60, suite à une mauvaise récolte, Bourguiba a pris la décision d'importer l'huile de soja pour la consommation locale pour permettre à la Tunisie d'honorer ses contrats d'export en huile d'olive. Depuis, l'huile d'olive ne se vendait presque plus en vrac et le prix du litre est passé à 1,900 D ou 2,900. A ce prix, hors de portée du tunisien moyen, la consommation de l'huile d'olive devient presque un luxe sortant peu à peu des habitudes culinaires du tunisien. Plusieurs années plus tard, d'autres huiles végétales ont fait leur apparition en Tunisie (maïs et tournesol) nettement moins chère que l'huile d'olive mais de meilleure qualité que l'huile de soja. Pour conclure, je peux confirmer que si le tunisien ne consomme l'huile d'olive que modérément, ce n'est pas parce qu'elle ne figure pas dans ses habitudes culinaires mais et surtout parce ses moyens ne lui permettent plus d'en acheter. Et c'est ainsi et avec le temps que s'est opérée la transformation de nos habitudes culinaires.

LEILA - 26-10-2017 00:42

Merci pour cet article ,surtout "les huiles végétales importées aux dépens de l’huile d’olive comme si au lieu de subventionner les agriculteurs tunisiens '' Pourquoi vous continuez pas le travail et nous trouver la réponse. Puis aussi ,pourquoi nous continuons à exporter la plus grande quantité en vrac. Pourquoi le Qatar en 2015 a fait une gigantesque unité de distillation et mise en bouteille de l'huile d'olive qu'elle n'en a pas !

ben naoua mustapha - 26-10-2017 11:49

لآنه بدأ في تجفيف منابع السراق والمستحوذين على أملاك الدولة بدون وجه حق,سمير الطيب يتعرض لحملة شعواء من طرف المستحوذين على الضيعات الدولية الشاسعة والطامعين في السطو عليها .

Imen Lakhdhar - 26-10-2017 11:49

Les deux ministres ont tout simplement tort. les Tunisiens avaient bien et ont toujours bien la culture de l'huile d'olive. Il faut juste se mettre en tête que les Tunisiens N'AVAIENT PAS L'HABITUDE D'ACHETER L'HUILE D'OLIVE puisqu'ils la produisaient artisanalement. Dans chaque maison presque, les propriétaires ruraux comme certains citadins, plantaient au moins un olivier. ils cultivaient alors leurs olives et les pressaient chez eux. Ceux qui en avaient beaucoup en donnaient ou en vendaient à ceux qui n'en avaient pas. C'est ainsi que l'huile d'olive, échappe aux statistiques officielles. Quant à la Culture de l'Huile d'olive, demandez aux femmes combien de produits cosmétiques, de savon, et de traitement des maux divers elles en faisaient. Dernière remarque, on cuisine avec l'huile d'olive. Les femmes savent que l'on ne fait pas "frire" cette huile, puisqu'on y ajoute un peu d'eau et qu'on la fait mijoter à petit feux. elle ne perd donc rien de ses propriétés

Slaheddine sellami - 26-10-2017 19:09

Je voudrais remercier la rédaction qui a accepté cet article , tous ceux qui l’ont lu ,partagé , aimé et commenté même si certains commentaires sur Facebook ont été haineux agressifs et calomnieux. Mais quand on exprime un avis il faut accepter la critique. L’écriture est devenue pour moi une thérapie personnelle , à chaque fois que je me trouve au bord de la dépression à cause de l’état dans lequel se trouve mon pays , j’écris . J’ai donc décidé d’apporter quelques précisions. 1- L’huile d’olive fait partie de notre culture et de nos traditions, personne ne peut le nier , comment peut-il être autrement alors que nous sommes dans le top 5 des producteurs d’huile d’olive dans le monde et que l’olivier date de l’époque romaine et même avant ? 2- Je ne connais pas Samir Ettaieb , je ne l’ai jamais rencontré et je ne suis pas adhérent de son parti , tout au plus j’ai quelques amis comme beaucoup d’entre nous dans ce parti. 3- Cet article est destiné à expliquer pourquoi une tradition millénaire a été perdue et on a changé nos habitudes culinaires par une décision politique dans les années soixante en introduisant les huiles végétales et en les compensant pour permettre il est vrai aux plus démunis d’accéder à une huile mélangée alors que l’ABC dans les autres pays c’est d’encourager les produits du terroir et non les produits étrangers pour favoriser l’agriculture nationale ce qu’on a fait d’ailleurs pour les grandes cultures. Avec de bons résultats. On peut discuter du pourquoi. 4- Cette politique n’a pas favorisé le développement de la culture de l’olivier alors que les terres propices à cette culture dans les régions intérieures : Kairouan Sidi Bouzid , Gafsa et autres existent et auraient pu diminuer l’exode rural et diminuer la pauvreté 5- J’estime et c’est mon droit que cette campagne est orchestrée contre ce ministre pour des raisons que je ne connais car cette phrase ne justifie absolument pas cette campagne , il s'en est expliqué aujourd’hui sur Mosaïque, surtout que les prix des produits agricoles dépendent d’une politique générale du gouvernement et surtout du ministère du commerce. Les prix de tous les produits agricoles sont très élevés pour un pouvoir d’achat du tunisien de plus en plus laminé . Si on avait suivi une politique d’encouragement de la filière oléicole les prix auraient été sans doute moins élevés car on ne peut pas exporter toutes les quantités produites et je salue le programme qui vise à planter dix millions d’olivier. 6- Je souhaite longue vie à Samir , mais j’ai aussi pensé à mon ami feu Slim Chaker qui a été très touché et très affecté par la campagne de dénigrement et de calomnie qui l’a visé alors qu’il était ministre des finances puis de la santé pendant quelques semaines seulement , il en était malade , il me l’avait dit et vous connaissez la suite. 7- Nous avons besoin de personnes honnêtes patriotes et propres pour s’engager en politique et ne pas laisser notre pays entre les mains des « khommajs » , des opportunistes et des voleurs . C’est mon avis vous pouvez le partager mais pouvez ne pas être d’accord sans agressivité. Merci

Ammar AKOUBI - 26-10-2017 21:22

Monsieur Sellami à voulu défendre le ministre de l agriculture en s attaquant à l ONH créé officiellement en Août 1962 pour jouer le rôle de coopérative de services en détenant le monopole de commercialisation de toutes les huiles comestibles en plus de la promotion de l oleiculture et notamment la multiplication de l Olivier. Par ce rôle patriotique, cette entreprise avait géré rigoureusement le secteur et les filières huile d olive, huile de graines et même les huiles acides( de 1962 à 1980 ) grâce à des gestionnaires de qualité. À partir de 1980 avec l avenement d un PDG politiquequi à passé 11 années à la tête de l organisme, c est la gestion du flou (recrutements favorisant le régionalisme et des proches des responsables, l ONH Marseille, l ONH Gênes, le gaspillage de l argent public, l intervention dans des opérations en dehors des attributions de l office telle que la collecte des amandes, etc...). La période s étendant de février 1991 à juillet 2003 a vu la levée du monopole et le commencement des difficultés dûes à l absence de stratégie malgré l assainissement intervenu (social, financier et immobilier). À partir de 2003 à 2008, des centres de pouvoir ont préparé carrément le désastre de l ONH. Un audit approfondi serait nécessaire pour mettre de l ordre dans cet important établissement public que les fils du peuple n ont pas droit de faire partie de son personnel.par ailleurs, il est signalé que le projet FAO-SIDA TUN2 à engagé plusieurs études (de 1973 à 1982) concernant la promotion de l oleiculture et des oléagineux en Tunisie ainsi que la revalorisation des produits et des sous produits de l Olivier mais elles sont introuvables . Peut-on penser à des plagiats qui ont eu lieu. Voilà c est l absence de gouvernance et le règne de la mauvaise gestion au vu et au su des responsables politiques que la filière huile d olive ne s est pas développé. Le secteur était soumis à la loi de l omerta. Pour ce qui est des déclarations de sieur Ettaieb, il fait du sur-place, il n a pas évolué en optant pour la démonstration de la force verbale qui le classe comme un radoteur qui doit s acheter une conduite.

Touhami Bennour - 26-10-2017 23:59

l´huile d´olive meriterait le qualificatif "de l´´or vert"..La consommation de l´huile d´olive en Europe et dans le monde en generel augmente et va encore en augmentant. Les qualités utiles pour la santé sont connues par tous. Il peut être consommé comme un aliment en soi, de l´huile d´olive avec du pain (les nordiques europeens font des tartines avec du beurre, mais ils le font de moins en moins, alors pourquoi ne pas leur vendre l´idé de faire des tartines avec de l´huile d´olive?), soit en prenant le matin une cuillère á soupe d´huile d´olive est trés bon pour la santé, soit pour preparer des repas soit les deux á la fois.

Rachid Bouhamed - 27-10-2017 17:21

J'ai eu beau chercher : aucune trace d'une quelconque justification de cette malencontreuse affirmation de Samir Taieb : tout, dans cet article, prend à contre-pied ce ministre, qui s'est un peu aventuré, dans un domaine qu'il connaît pourtant bien, mais auquel il a fait faire un drôle de pied-de-nez ! Mettons cela sur le compte d'un malheureux "mot d'esprit", pour illustrer son argumentaire pro domo...

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