Blogs - 02.04.2010

Pourquoi ne pas arabiser les études techniques et commerciales à l'université?

L'arabisation de l'enseignement des sciences juridiques, humaines et sociales à l'université a été entamée il y a une bonne vingtaine d'années. Dans un climat apaisé, d'une manière progressive et rationnelle et sans conflits idéologiques majeurs entre tenants de l'authenticité et ceux de l'ouverture, comme cela s'est vu sous d'autres cieux.

En somme, à la tunisienne. Ce qui n'exclut pas cependant les critiques, notamment sur le rythme de cette arabisation et les appréhensions sur les incidences de cette arabisation sur le niveau, s'agissant de certaines disciplines où la biblographie arabe n'est pas de grande qualité. Car si l'arabisation des études d'histoire et de géographie et surtout de droit s'est faite tout naturellement, la Tunisie ayant des traditions bien ancrées dans ce domaine, ce ne fut pas le cas d'autres disciplines comme la philosophie et sutout la sociologie où l'opération s'est faite dans la douleur. 

Mais globalement et avec le recul, on peut dire que cette arabisation est une réussite au point qu'on peut se demander s'il ne faut pas l'étendre à d'autres disciplines comme les études commerciales et d'ingéniorat où les étudiants, parce qu'ils ne maîtrisent suffisamment pas la langue française ont des difficultés à suivre les cours et surtout à s'exprimer dans cette langue. Il suffit d'assister à une soutenance de mémoire dans un ISET ou une faculté pour mesurer le drame de nombre de nos étudiants incapables de construire une seule phrase en français, de prononcer même certaines lettres correctement comme le "r", le "p" ou le "u" ou de répondre autrement que par oui ou par non aux questions du jury. 

Toutes ces questions nous renvoient à ce qu'il faut faut bien qualifier de talon d'achille du système éducatif tunisien: l'apprentissage des langues. D'ailleurs, les réactions de nos lecteurs à la success story de Rym Msadek est fort révélatrice: ce qu'ils en avaient retenu, c'était davantage la maîtrise de la langue française et la limpidité du style, une denrée suffisamment rare pour être relevée, que le parcours de l'auteur. Il est vrai que son cas est atypique. 

L'élève ou l'étudiant tunisien moyen ne maîtrise ni le français, à cause d'une arabisation pratiquée dans la précipitation au début des années 80, ni l'anglais. Il lui reste l'arabe littéral dont sa langue maternelle est la plus proche et où il se sent le plus à l'aise. Pourquoi, dès lors, ne pas arabiser d'autres disciplines en adoptant les mêmes méthodes qui nous ont si bien réussi dans les sciences humaines et le droit. 

 

Hédi

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20 Commentaires
Les Commentaires
A.Abdmouleh - 04-04-2010 21:02

Je pense que l'idée d'arabiser les disciplines scientifiques et techniques, faute de quoi les étudiant ne maitrisent ni le français ni l'anglais, est une grave erreur et une fuite en arrière. Dans un esprit d'amélioration et d'innovation, démarche suivie par les entreprises actuellement et par le gouvernement, tout arabiser n'est pas la solution. Il est nécessaire d'améliorer le niveau linguistique de nos élèves et étudiants, surtout avec l'internationalisation/mondialisation, notre pays aceuille de plus en plus des entreprises multinationales. Par conséquent, la langue et la connaissances techniques / scientifiques doivent être à jour et dans un language commun avec notre marché économique qui s'agrandit grâce aux efforts et aux propositions faites par notre pays aux sociétés étrangères.

benjemaa brahim - 05-04-2010 17:34

je pense que etre dans son milieu naturel est un avantage pour l'etre humain pour les animaux et pour les plantes . SVP ne déraciner pas quelq'un ou quelque chose de son milieu et pui vous demander de vous donner un bon rendement pour mieux comprendre ,pour applanir une connaissance essayer de la présenter à l'élève dans sa langue maternelle. je suis un vieux ingénieur ayant fait mes études en francais puis en italien et en anglais que je les maitrise bien mais certaines choses jusqu'a maintenant je n'arrive pas à comprendre parce que les lacunes des langues étrangères me font défaut. regardez les autres nations qui ne parlent pas les langues techniques et commerciales(anglais francais) et qui évoluent dans leur langues maternelles et avancent bien dans la technologie. arretez de nous faire de la philosophie occidentale nous avons la notre

BOUROUROU Maher - 06-04-2010 13:03

L'arabisation des ces disciplines est quasiment impossible!! en effet, comme vous le dites si bien dans votre article, la bibliographie arabe dans ce domaine est très pauvre.Ceci dit, si l'on veut aller dans ce sens il faudrait avant tout traduire les ouvrages occidentaux (chose tout à fait possible) de ces discipline, ensuite former les enseignants capables de les enseigner en arabe, et dans ce cas l'arabisation se fera assez facilement. Cordialement.

K.ELKATEB - 06-04-2010 14:35

Je me joins à Si Abdmouleh, je suis parfaitement d'accord. Ce ne serait qu'aggraver notre cas encore davantage.

A.Abdmouleh - 06-04-2010 17:15

Je salut votre patriotisme concernant l'arabisation technique et commerciale dans les université. Mes propos se basent sur l'objectif d'amélioration continue de note économie. Le discours précédent vise à mieux focaliser sur le fond des études linguistiques avant déjà de les utiliser en technologie ou en commercial. Selon l'histoire, les européens ont appris l'arabe pour apprendre et communiquer avec nous, mais aujourd'hui du fait qu'ils sont leaders ils imposent leur langue. Devons nous faire la même chose !? En tout cas, c'est un point de vue. L'essentiel pour se décider dans de tels sujets délicats, une étude multicritère est nécessaire. Mon discours reste un point de vue criticable.

Sana Karray - 06-04-2010 21:53

Croyez moi je suis effrayée à la lecture de cette suggestion. La baisse du niveau de nos élèves en français, en anglais, et dans les langues en général devrait attirer l'attention pour une réforme des programmes et de la pédagogie empruntée plutôt que d'empirer et d'aggraver cette situation en optant pour une arabisation des autres disciplines. Pensez à la mobilisation requise des étudiants et des demandeurs d'emploi même. Je suis vraiment désolée d'apprendre aujourd'hui que de nombreux jeunes étudiants ne s'estiment pas employables dans des pays parlant la langue française, alors que le problème ne se posait nullement pour quelques générations précédentes, qui au contraire ont brillé en France, au Canada et pas mal d'autres pays. Il faut prendre au sérieux le problème de la maîtrise de la langue pour nos jeunes d'aujourd'hui, mais il ne faut pas penser à l'arabisation des langues, on ne fera qu'aggraver et le problème de la langue, et le problème de l'employabilité, et le problème de mobilité des jeunes, sans oublier qu'on détériora notre compétitivité et notre attractivité des investisseurs étrangers. Ce fut un temps où la langue arabe était la première langue, et que les étrangers venaient apprendre cette langue pour apprendre les sciences et âtre en phase avec le progrès et le développement, mais aujourd'hui ce n'est plus le cas. On ne peut penser à ce projet d'arabisation que lorsque les arabes reviendront à ce rôle. J'appelle les jeunes d'être réalistes et ambitieux, et à pallier à leurs insuffisances en matière de langue française et anglaise, plutôt qu'à penser à un projet inapproprié pour l'époque et le contexte actuel.

mounir - 06-04-2010 22:31

si on veux évoluer il faut passer à l'anglais pour la partie scientifique et rester sur l'arabe pour la philo, la culture etc.... et rester TUNISIEN au lieu de singer l'occident ou le moyen-orient, notre culture est historiquement et depuis l'antiquité Multi-culturelle qu'on le veuille ou pas.

TRIGUI Mohamed Adel - 07-04-2010 17:49

Je salue ta realite et ton amour pour la langue arabe et je partage bien ton point de vue.

A.S - 08-04-2010 07:52

Ca fait mal au coeur de lire un article pareil :( Pour ceux qui sont avec l'arabisation, regarder le bon exemple a cote: la Lybie, Syrie et les pays du golfe.. Moi personnelement je suis contre l'arabisation dans tout les domaines, dans l'administration public, les medias, etudes d'histoire, geographie, droit..tout ca c'est un recule en arriere et sans la langue francaise la Tunisie n'aurai pas etre commeca..c'est une realite qu'il faut l'avouer. Mais la chose la plus importante c'est que l'arabisation = une forte chance d'extrimisme et la preuve aujourd'hui la nouvelle generation puisque les yeux sont tournes vers les pays arabes et le moyen orient ce qui n'etait pas le cas avant, mais enseigner en francais nos jeunes vont automatiquement etre tournes vers la france et l'europe en general.

depassage - 09-04-2010 01:44

Dans un autre article intitule "Quand la carthagomania s'empare des tunisiens", vous rappelez a tres juste titre que la Tunisie a ete irriguee (en quelque sorte) par plusieurs civilisations. En d'autres termes, l'apport civilisationnel arabe ne constitue qu'un apport parmi d'autres. Le plus recent etant l'apport franco-occidental. Malheureusement l'apport (tres important, bien-sur ) des arabes a la Tunise et plus generalement a la civilisation humaine s'est acheve il y a deja quelques siecles . Aujourd'hui, d'apres l'ONU, il se TRADUIT MOINS DE LIVRES SCIENTIFIQUES ET TECHNIQUES EN ARABE QU'IL NE S'EN TRADUIT EN GREC. Et les grecs ne sont qu'une dizaine de millions de personnes. Aujourd'hui, le monde qui avance est le monde occidental et la Tunisie devrait essayer de rester liee au monde occidental par l'apprentissage de ses langues, le francais dont nous avons herite et surtout l'anglais -"langue du monde". L'arabe litteraire devrait continuer a etre etudie, mais comme langue du coran et d'une certaine civilisation. A part cela, l'enseignement de toutes les disciplines devraient se faire en francais et en anglais.

AF - 09-04-2010 16:33

Bonjour. Je pense qu'il n'ya aucune contradiction entre l'arabisation des matières scientifiques et l'exigence d'avoir un très bon niveau dans les autres langues occidentales. Par exemple on apprend tous à parler anglais sans étudier aucune matière scientifique en anglais. Oui, il est important de maitriser les langues occidentales, mais c'est aussi très important de maitriser l'arabe littéraire et de maitriser le vocabulaire scientifique en arabe. Je pense qu'il faut juste qu'un tel changement ne soit pas fait avec précipitation, et qu'il soit accompagné d'une amélioration des enseignements des langues occidentales (francais/anglais). Par exemple je pense que les enseignements actuels d'anglais et francais ne sont pas assez professionnalisants et que le vocabulaire appris n'est pas assez riche pour se placer dans le marché de l'emploi international.

AF - 09-04-2010 17:16

Ca me fait mal au coeur de lire certains commentaires comme ceux de A.S et de Mr depassage, mais je respecte les points de vues ... Pour moi, je me définis comme Arabe, parlant arabe, parlant aussi d'autres langues mais avant tout l'arabe. C'est mon identité. D'ailleurs nos pères fondateurs de la Tunisie moderne ont bien pensé à ca en incluant la mention "Tunisie, pays arabe et musulman" dans le texte de la constitution. Est ce qu'il y'a une contradiction entre modernité et parler Arabe? A mon avis: absulement pas. Les Chinois parlent bcp chinois, langue qui est bcp plus complexe que la notre. Il suffit d'aller au Japon pour constater que la plupart des japonais ne parlent même pas anglais, ils sont pourtant à la pointe de la technologie. Je suis d'accord qu'il faut bien parler francais et anglais pour rester ouvert et suivre la modernité, mais faudrait t'il laisser tomber l'Arabe? Les gens qui pensent comme ca sont vraiment de passage et n'ont absolument rien compris ni à leur identité ni à aux prérequis de la modernité et du progrès...

mustapha - 09-04-2010 18:20

Les Tunisiens n'ont pas besoin de traduire en arabe les livres techniques et scientifiques anglais ou allemands, puisque la plupart sont (bien) traduits en français, une langue que nous comprenons assez bien même si nous la parlons mal et l'écrivons très mal

gharbikarim - 11-04-2010 19:07

Vous voulez voir ce que l'arabisation de l'enseignement à donné : regarder le niveau de nos diplômés. Il faudrait au contraire rendre l'anglais obligatoire plus tôt.

bensassi - 13-04-2010 17:33

Apprentissage de la langue,prononciation des lettres... Je vous confie une information digne d'être étudiée:une tunisienne installée au Canada depuis plusieurs années recrutée comme chercheur à l'université de Montréal dans un domaine de pointe m'a raconté qu'elle a été convoquée par la maitresse d'école pour discuter d'une question concernant sont fils âgé de 8 ans. la maitresse voulait savoir chez quel maitre son fils prenait des études de rattrapage en langue française en dehors de l'école.La mére fut surprise par cette question car son fils ne prenait pas des cours de langue française en dehors de l'école;la maitresse ne fut pas convaincue de la réponse,elle estimait que l'élève prononçait très bien les lettres et les voyelles de la langue de Molière bien meilleur que les enfants canadiens. Quand la maitresse insista notre dame l'informa que son fils n'apprenait que le Coran dans la medressa du quartier deux fois par semaine,elle appela l'élève et lui demanda de lui réciter quelques versets du Coran tels qu'il les récitait dans la medressa ...Elle comprit- sans connaitre l'arabe- que l'apprentissage du Coran améliore indiscutablement la faculté de prononciation de l'enfant quelle que soit la langue. On pourrait en méditer.

benkhedija - 13-04-2010 18:00

Il est vraiment aberrant de continuer à ce poser cette question de la langue arabe chez nous ,ouvrez une chaine de TV italienne à longueur d'une journée prise au hasard vous n'entendrez jamais un mot étranger et rarement trés rarement vous pouvez écouter-ou regarder- une chanson anglaise ou américaine et pourtant on est au coeur historique de l'Occident et un pays qui doit beaucoup à l'Amérique depuis sa libération; Notre problème est au niveau scolaire,à l'école primaire où on apprends mal notre langue et les autres langues bien sur. aucun responsable n'a compris que durant cette étape de l'apprentissage l'enfant doit apprendre uniquement sa langue -parlée et écrite correctement- le calcul et une autre langue étrangère en l'occurrence le français pour de multiples raisons. Toutes les autres matières -environnement,géographie,histoire...- doivent être enseignées dans le cadre des textes conçus pour apprendre la langue,l'enfant n'aurait à trimbaler que des livres de langue et de calcul. Je n'invente rien puisque ceux qui sont censés préparer les programmes au sein du Ministère ont été formés selon ce système. Et je ne doute pas qu'ils arborent partout leur compétence grâce à ce système de formation des années soixante qu'on appelait "sadiki". Il faut être fier de notre langue qui a été la seule langue écrite-plutôt manuscrite- dans le monde pendant huit siècles, mais ce n'est pas à la radio mosaïque qu'il faudrait le rappeler.

rafla rafla - 26-04-2010 16:15

Qui a dit, qu’en apprenant des langues étrangères, on oubli sa langue maternelle ? Soyons pragmatiques et évitant la langue de bois, (identité, je me définis comme,,,). Nos jeunes âgés de 15 à 30 ans, estimés à 30% de la population totale ont besoin aujourd’hui d’un travail. Nos enfants âgés de 0 à 14 ans, estimés à 27 % de la population totale auront besoin demain d’un travail. Notre pays dispose d’une seule ressource (et heureusement d’ailleurs) qui est la « matière grise « des Hommes et de Femmes, source inépuisable. Il faudrait assurer une bonne formation de nos jeunes afin d’attirer les investisseurs et d’augmenter les offres d’emploi. Pour que nos jeunes soient employables (en Tunisie ou à l’étranger), il faut qu’ils maîtrisent l’anglais et/ ou le français.

Khaled Haddad - 26-04-2010 23:21

J'ai dernièrement visité la Croatie. Un pays de 4,5 millions d'habitants. J'étais absolument ravi de rencontrer des ingénieurs - hommes et femmes - travaillant au sein de Brodarski Institut, fleuron de la construction navale. Les plus jeunes avaient une grande maîtrise de l'anglais. J'étais abasourdi quand j'ai appris que TOUTESles matières à tous les niveaux d'étaudes - primaires, secondaires et supérieures - étaient faites en CROATE, une langue parlée uniquement en Croatie et dans l'ex-Yougoslavie. L'anglais est enseigné en tant que langue vivante. L'Etat joue son rôle en finançant la traduction. Beaucoup de pays envieraient la Croatie pour la qualité de ses ingénieurs, médecins et techniciens! On pourrait multiplier les exemples en parlant d'Indonésie, de la Malaisie, du Japon, de la Chine! Le débat autour de quelle langue utiliser pour éduquer nos enfants est ridicule...bien sûr qu'il faut les éduquer dans leur langue maternelle. En le faisant, nous les enracinons dans leur identité. toute plante bien enrécinée s'épanouit et se développe. Faisant attention à ce qui nous arrive: Nous sommes en train de produire des ''analphabètes bilingues'' qui parlent - et écrivent de plus en plus - un franco-arabe ridicule. Au point que la nouvelle génération ne produit plus d'hommes de lettres et de philosophes. Il y'a urgence à arabiser à oitrance!

Mohamed Ali - 29-04-2010 07:19

Je pense que les sciences doivent être apprises dans une langue qu'on maitrise suffisamment de façon à ne poser aucune difficulté supplémentaire à l'effort normal de compréhension des principes de quelconque science. Je vis actuellement au Suède et je vais témoigner de ma petite expérience dans ce petit pays (par sa population de 9 millions mais grand avec son économie et son assez bon niveau de vie) concernant le système éducatif. La Suède fort par ses exportations qui se basent sur deux principaux piliers ; les haute-technologies et l’industrie mécanique (ABB, Ericsson, Electrolux, H&M, IKEA, Saab, Scania, Tele2, Tetra Pak, Volvo… ) doit cette situation, bien sûr a son système social-économique, mais surtout a ces cadres, scientifiques et ingénieurs très bien formés pour produire, innover et encore innover. Dans ce pays, les études à l’université se font aussi bien en suédois qu’on anglais, c.-à-d. que les enseignants peuvent enseigner en suédois avec un support de cours en anglais ou bien l’inverse, de même que les étudiants peuvent discuter, écrire ou présenter certains rapport en suédois aussi bien qu’en anglais. Cette méthode marche bien et les universitaires lorsqu’ils intègrent le marché

Mohamed Escheikh - 01-05-2010 15:49

Le sujet de l’arabisation des études secondaires et supérieures doit répondre beaucoup plus à un besoin et à un avantage qu’à de simples raisonnements populistes et nationalistes chauvins. En Tunisie, nous sommes officiellement des Arabes et des musulmans de par notre constitution, mais la langue arabe littéraire n’est utilisée que dans les administrations et quelques domaines, dont celui de la culture et la TV. L’arabe dialectal est plus répandu et largement plus véhiculaire comme dans tous les pays arabes. Quelques exemples simples peuvent le prouver. Une large frange de nos parents et nos grands-parents analphabètes ont élevé leurs enfants sans connaitre, ni maitriser l’arabe littéraire, ni l’avoir jamais compris même à la TV. Les informations en arabe dialectal leur étaient destinées à cet effet. Les enfants en bas âge avant l’école préparatoire parlent à ce jour avec leurs parents seulement en arabe dialectal. Par contre, les enfants européens parlent leur langue littéraire avec une consonance dialectale Les étrangers installés en Tunisie apprennent l’arabe littéraire et puis s’aperçoivent de son inutilité quotidienne et professionnelle et opte pour le dialectal. L’arabe littéraire s’apprend à l’école pour les jeunes tunisiens comme toute autre matière et il peut être apprécié, maitrisé, utilisé, dénigré, repoussé par les élèves comme toute autre discipline. Être bon en Mathématiques est un don, être bon en dessin est aussi un don, être bon en musique l’est aussi et c’est aussi ainsi pour l’arabe, le français ou l’anglais ou les sciences. Les parents de la nouvelle génération sont aussi confrontés à cette problématique et ne peuvent pas toujours apporter le support nécessaire à leurs enfants en arabe pour les mathématiques, les sciences, et d’autres discipline scientifiques. Ils sont décalés par rapport à la nouvelle génération. Certains pays ont trouvé des solutions qui méritent notre attention. C’est le cas des pays du nord de l’Europe (Scandinaves et la hollande). Ils reconnaissent que leurs langues respectives ne sont pas véhiculaires au-delà de leur frontière et se sont décidés à apprendre à leurs enfants l’anglais dès les premières classes. Les sciences humaines propres à leur pays sont enseignées dans leur langue maternelle, les sciences exactes et les technologies en anglais. Ils ne sont pas déçus du résultat et même très satisfaits, à l’exception des populistes et des nationalistes qui prônent le retour vers l’arrière et le refus du progrès. Ceci ne devrait pas nous étonner, puisque du temps de l’Andalousie et de son avancée technologique, les Européens limitrophes apprenaient l’arabe pour accéder aux sciences et aux ouvrages de références. Les USA, l’Angleterre, le Japon, la France, l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie et bien d’autres considèrent leur langue suffisamment véhiculaire pour l’enseignement de leurs enfants, mais une deuxième langue est introduite dès le début de la scolarité (majoritairement l’anglais pour les non-anglophones). Quant aux pays arabes, ils ont fait leur choix à l’aube de leur indépendance respective. Certains ont opté en plus de l’arabe pour la langue du colon dès le début, certains autres pour l’arabisation à outrance, et d’autres ont même changé de cap en cours de route. Les expériences et les résultats après 50 ans restent mitigés et aucune ne se distingue de l’autre. Le seul point commun qui les rassemble et l’amplification de leur retard par rapport aux pays occidentaux. Nous ne pouvons incriminer aucun choix, puisque nous sommes tous sans exception encore à la traine et aucun pays n’a émergé du lot par ses réussites scientifiques ou technologiques. Même ceux qui profitent de la manne pétrolière n’ont rien de plus que des routes, des bâtiments et de la technologie à l’occidentale fait par des Occidentaux et non des autochtones. Pour la Tunisie, le choix de la langue française en même temps que l’arabe a permis de former tous les jeunes du moment sur ces deux langues et faire émerger l‘élite de la première heure qui a permis le décollage. Ceci nous a permis d’être au diapason des Occidentaux impliqués dans la construction de la Tunisie après l’indépendance d’autant plus que nous n’avions pas de ressources naturelles importantes. L’introduction de la langue anglaise a complété modestement le tableau avec le temps. Entretemps, l’arabe enseigné pour toutes les matières jusqu’en 9ème n’a pas apporté d’avantage palpable, la bascule en secondaire sur le français et très tardive et ne permet plus de rattraper le retard accumulé pour une bonne maitrise des sciences et des technologies. Quant à l’anglais, il arrive tellement tard que nous restons à la traine dans la langue de Shakespeare parmi tous les pays arabes et autres. Actuellement, le niveau des élèves et des étudiants tunisiens dans toutes ses trois langues reste embryonnaire. La distinction des Tunisiens auprès des multinationales reste modeste devant les Indiens (Inde), les pakistanais, les Égyptiens, etc. maitrisant l’anglais plus tôt que nous. L’arabisation de l’enseignement supérieur serait à mon avis un pas de plus en en arrière et non une solution à long terme, car il fait perdre au Tunisien un acquis gratuit (la langue française) qu’il est préférable de maintenir et de le renforcer par l’apport de l’anglais et pourquoi pas son remplacement dans un futur lointain. Ceci ne touchera en rien notre arabité, mais nous permettra de la représenter beaucoup mieux auprès des institutions internationales.

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