Opinions - 10.04.2015

Lettre à monsieur le président de la république : des conseils pour sauver l'économie

Lettre à monsieur le président de la république
  Ecrit par
Abdelmajid Fredj
Tunisie -

Nous avons été nombreux, très nombreux à vous avoir porté à la tête de la  magistrature suprême de notre chère Tunisie. Nous misions sur votre sagesse, sur votre longue expérience, sur votre sens de l’Etat, un Etat fort, moderne, tolérant et ouvert. Nous misions sur la large palette de vos relations et amitiés internationales,nous misions aussi et surtout sur votre sens aigu et affûté du concept de la sécurité nationale. L’approche de la sécurité nationale évoque, en sus de son  volet militaire, plusieurs autres aspects dont l’économique, le social, l’éducationnel, le culturel et bien d’autres volets qui tous concourent à l’instauration d’un Etat fort et inviolable. C’est dans ce cadre que l’on peut évoquer quelques aspects devant relever de ce concept large de la sécurité nationale et de ce fait de la  Présidence de la République, soucieuse de faire décoller le pays, l’appareil demeurant encore cloué au sol, en éradiquant les causes qui font que le pays souffre toujours d’un déficit d’énergie et de volonté. Le peuple doit être mobilisé pour adhérer, sous différentes formules, à la défense de l’intégrité de notre territoire. Les évènements se succèdent et on trouve de la peine à relever la tête pour mieux approcher l’avenir et définir les repères qui nous confèrent une plus large  vision et une meilleure visibilité.

Un des aspects a trait à la petite et moyenne entreprise (PME), souvent délaissée par les pouvoirs exécutifs alors qu’elle constitue, en fait, la cheville ouvrière de toute économie. Les pays qui ont vu naître et se développer un tissu industriel entrepreneurial de grande dimension et d’une forte croissance ont su:

  • initier une loi spéciale organisant et administrant la PME,
  • soustraire ce tissu des décisions quotidiennes lentes de l’administration courante, et lui attribuer une structure indépendante dédiée à la PME,
  • mettre en place des mécanismes soutenus par l’Etat pour l’amélioration de ce tissu et son développement,
  • créer les systèmes adéquats de financement et d’appui des fonds propres,
  • enfin, désigner un Haut Responsable PME au niveau de la Présidence de la République,

Un second point concerne la stratégie de la compétitivité et de l’attraction de l’investissement direct étranger (IDE). A cela, nous proposons la création d’une entité au niveau de Carthage pour définir les aspects relationnels et diplomatiques et la mobilisation du capital nationald’une manière collective et solidaire impliquant la conjugaison des forces et leur multiplication et non leur division sous une optique fermée et une vision courte.

Nous vous avons attentivement écouté quand vous disiez que la Tunisie ne peut mendier. Ceci est certes vrai et relève de la fierté et de l’honneur du peuple tunisien. Mais de là à continuer à attendre l’action volontaire des pays frères et amis ne peut être admis. Vous l’aviez vous-mêmes exercé en 2011 alors que vous étiez premier ministre en présentant un plan de salut économique de notre pays au G8. Le premier pas est à faire par les Tunisiens.

Aussi, pour ma part, l’action de Carthage (soumise à moins de pression) est-elle sûrement différente de celle de la Kasbah (plus que quarante portefeuilles ministériels) en ce qu’elle se place à un niveau supérieur, surplombant le théâtre de l’action économique, donc plus inclusive, plus objective, plus fédératrice, plus réactive, loin des réflexes quotidiens de l’administration. Quand il s’agit de la sécurité nationale au sens large, l’urgent prend le pas sur le quotidien.

Ces mesures ne peuvent connaître de succès que si le capital y adhère, la finance y souscrit, la banque s’y mobilise loin des mécanismes évaluatifs classiques, bloquants et démobilisateurs,évoquant souvent une arithmétique désuète.

L’engagement obligatoire de la finance, publique et privée, bancaire et autre institutionnelle, constitue le fer de lance de ce décollage dont dépend la survie de notre patrie. La refonte de la politique monétaire, de change et de crédit est d’une urgence première. On ne peut, en effet, mener une politique sous la troika et sous votre magistrature avec les mêmes volontés, les mêmes énergies, les mêmes personnes. Le changement audacieux devrait partir de là.

Ces mesures et d’autres doivent aboutir à la création d’un conseil national relevant de la Présidence, doté d’une structure légère mais suffisamment experte, pouvant être évoqué rapidement, se consacrant à la définition des approches de création, d’exploitation et d’encadrement des marchés de la Pme, à l’esquisse et à l’affinement d’accords de parrainage entre les groupes économiques et la PME, à l’orientation des financiers pour soutenir le tissu de la PME. En outre, cette instance produira les opportunités de rencontres entre PME et partenaires étrangers,  en mobilisant la diplomatie. La Présidence se fera fort d'orienter la négociation et faire aboutir les initiatives.

Abdelmajid Fredj
 

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2 Commentaires
Les Commentaires
Habib OFAKHRI - 10-04-2015 22:22

« Le premier pas est à faire par les Tunisiens. » : Belle assertion, s’il en est pour plaidoyer en faveur des PME et la mise sur pied d’une nouvelle structure ad-hoc qui serait rattachée à la présidence de la République. C’est –encore du gaspillage net d’énergie et de moyens.Du chevauchement. Des experts au sein des départements concernés et des organisations professionnelles sont capables de faire la radioscopie et les recommandations idoines afin que ces petites et moyennes entreprises assument pleinement leur rôle productif et surtout social dans l’économie nationale. Deux remarques. Primo, 95 pour cent des pme sont « familiales » .Secundo :elles ont été co-financées à leur démarrage par les banques publiques.Leur travers : gestion archaïque et manque de transparence. A la moindre entrave sociale ou fiscale, nombre de ces entreprises menacent de mettre la clé sous la porte ou font recours au renflouement en pompant sur la trésorerie publique. C’est du chantage .Elles gèrent –plutôt engrangent – le cash flow du rendement faisant porter sur les travailleurs ,les syndicats ou la conjoncture internationale le reflux du risque.Dans les deux cas , l’Etat doit-dans un premier pas - les soumettre à un audit sur la destination objective des crédits que leur ont été alloués et imposer ensuite un système « d’intéressement « des employés dans leur gestion .C’est que la faillite d’une entreprise chez nous n’a jamais entraîné une faillite personnelle de ses propriétaires réels qui s’arrangent – exception tunisienne oblige- à assurer leurs arrières par des activités rentières ou des capitalisations immobilières …Certes, les Tunisiens doivent se décomplexer en traitant avec l’argent , mais dans la transparence et le mérite .Tout comme tout Tunisien ne doit se permettre de quémander indirectement un poste dans un conseil quelconque pour avoir voté pour x ou y lesquels sont censés servir selon l’école bourguibienne et démocratique « l’intérêt général ».

fathi - 12-04-2015 14:27

pourquoi ne pas s'adresser a habib essid, c'est lui qui a la charge de l'economie. Il ne faut pas aloudir les epaules du president et le presenter comme tant le responsible de tout.Il y a des situations dans lesquelles il est difficle au president d'intervenir et il y aura des voix qui vont s'elever pour dire que le president depasse ses [prerogatives.

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