Opinions - 07.02.2014

«Coupe- gorge» rue de palestine?

Jeudi 30 janvier 2014, en début de soirée, je me suis engagé, sans équipement  particulier, à remonter pédestrement la rue de Palestine.  On commet des imprudences à tout âge, n’est-ce pas? J’ai été heureux d’atteindre la place Pasteur sans une égratignure… mais  les chaussures recouvertes de boue. Heureux !  Car  que de chutes et d’embûches évitées, que de chiens, que de trous béants  et de flaques d’eau rencontrés lors de ce périlleux safari!

La rue de Palestine- bien qu’habitée assurément par de braves gens et bien qu’abritant   ambassades,   hôtels et  restaurants chics- m’a paru comme un vrai «coupe gorge». Avec ses trottoirs tantôt transformés en fosses béantes par d’improbables travaux et tantôt manquant tout bonnement à l’appel -   marcher sur le macadam dans cette rue confine au suicide. Ses  tas de gravats, ses voitures garées en dépit du bon sens, ses amas de branchages, de débris végétaux et de plastiques  m’ont contraint à un slalom digne des Jeux d’Hiver de Sotchi. Tel un Robinson naufragé, j’ai été heureux  d’apercevoir enfin  au  bout de ce tunnel les lumières de la place Pasteur. Heureux d’avoir échappé à cet enfer et à ses traîtrises…cette géhenne noire comme un four par endroit ou chichement éclairé par des lampadaires à la sinistre lumière blafarde …

La rue de Palestine n’est  hélas assurément pas la seule voie de notre capitale à présenter de tels handicaps et autant de  chausse- trappes aux piétons et aux autres usagers…

A l’heure où s’installe notre nouveau gouvernement et à l’heure où certains dissertent sans fin sur la Loi Fondamentale, il faut savoir quitter l’empyrée, atterrir et retourner sur le plancher des vaches ….pour s’occuper des problèmes terre-à-terre qui empoisonnent  la vie des gens: circulation, poubelles, cadre de vie, éclairage public, réseaux d’eau usée….Ce n’est pas très glorieux, d’accord,  mais c’est tellement nécessaire pour remettre le pays sur ses pieds et lui donner envie de retrousser ses manches. Il est utile, à cet égard, de rappeler à nos fringants ministres ce mot d’un des rédacteurs de la Constitution, l’abbé  révolutionnaire Emmanuel  Sieyès (1748-1836) qui disait : «Une communauté démocratique a besoin de réverbères et de places publiques.»
Car, à milieu dégradée, société dégradée.

Il faut arrêter la déchéance du cadre de vie du Tunisien.  Il faut accélérer la mise en place de municipalités élues…pour que le Tunisien jouisse enfin de «réverbères» et de « places publiques» dignes de sa Révolution! Sinon, les rues de Tunis font finir par devenir les pistes du Paris-Dakar!

Mohamed Larbi Bouguerra

Vous aimez cet article ? partagez-le avec vos amis ! Abonnez-vous
commenter cet article
5 Commentaires
Les Commentaires
Berger - 07-02-2014 12:48

Avec quel retard Mr. vous vous rendez compte de la revolution, c´est â-dire d´un changement de la vie du peuple. Vous vous êtes mis au début à créer et à décrire le chaos politique qui va venir, mais vous l´avez vécu, le chaos, en rue de palestine. Vous n´avez pas pensé d´abord qu´il s´agit d´une revolution. Les ordures et la boue ne viennent pas de rien.

ZRIBI Atef - 07-02-2014 21:00

J'ai bien apprécié votre article qui soulève un réel problème : celui des droits des piétons. Etant un adepte de la marche, il est impossible de faire plus que 50 mètres sans être obligé de contourner un obstacle : Certains propriétaires de villa prennent le trottoir pour une extension de leur jardin, ils y plantent des arbres au beau milieu rendant la largeur impraticable. D'autres y construisent des escaliers gênant le passage. Depuis la révolution, une bonne partie des commerçants s’approprient le trottoir afin d'y mettre leur marchandise, certains n'hésitent même pas à annexer cet espace public à leur local, en ajoutant d'horribles cages devant leur local, voire des construction en dur. Dans la même catégorie, on peut y classer les cafés et restaurants qui utilisent les trottoirs de façon abusive. Je ne parle même pas des voitures qui stationnent sur le trottoir, obligeant les piétons à emprunter le goudron ! le monde à l'envers quoi. Et bien sur, quand un trottoir est paradoxalement dégagé, c'est qu'il y a des travaux ou une grosse flaque d'eau puante. L'exemple qui illustre parfaitement cette anarchie c'est la fameuse avenue Hédi Nouira à Ennasr, essayez donc de faire quelques dizaines de mètre à pied, et vous serez obligé de circuler au milieu des voitures sur la chaussée, presque tous les commerces se sont approprié les aires de marche et pour certains, même les parking jouxtant la route ! Les plus intelligents essayeront d'emprunter l'étroit trottoir central, mais ils seront vite découragés par les gros tas d'ordures et les panneaux publicitaires hauts de seulement un mètre soixante, obligeant les grands de taille de se pencher pour pouvoir passer. Et dire que cette avenue est censée être un lieu de détente. Et pour conclure, je salue le sens de civisme des conducteurs, qui ne savent pas ce que c'est qu'un passage à piéton.

pseudo - 08-02-2014 02:18

Cela fait de decennieS que les rues se dégradent;les pavés des rues servant parfois à couvrir les baches des vendeurs Ambulants depuis plus de vingt ans;des pans de balcons se détachant ont tué des passants;les immeubles rachetés du jour au lendemain ont perdu leur concierge;plus de gardiens ;les escaliers se dégradent ;l 'eclairage public est inexistant pourtant on aurait pu installer des réverberes à energie solaire;si le coeur vous en dit ;faites un tour à pied à la rue de Rome ;rue du Caire;rue Jean Jaures,visitez le jardin du Passage;bref le centre de TUNIS or avenue Bourguiba;jetez un regard furtif à l 'entrée des immeubles ;levez la tete pour éviter de reçevoir un pan de mur;illamatchouf lahjab;mahandik marit ;allez voir la rue de Madrid;la rue de Salines;les gargottes à l 'arret des bus pres du jardin du passage;il faut avoir un estomac en béton armée pour déguster toute la bouffe exposée.HANDIK MATCHOUF OU MATIKTIB

furioso - 08-02-2014 12:04

Tunis,pour ne parler que de la capitale, se clochardise chaque jour davantage et ressemble de plus en plus à Kandahar.Le pire, je le crains, reste encore à venir. Cela n'empeche pas cependant notre classe politique (notre Président, nos élus...)de crier victoire et de festoyer à tout va avec l'argent du peuple et au nom de ce même peuple. Meskina tounès!

EL GHEZAL - 11-02-2014 23:02

Dans un autre pays j'aurais porté plainte contre ce "machin" ANC pour ce qu'a coûté "la souris verte" que ses membres ont pondu. Tout cet argent du contribuable gaspillé aurait servi à boucher entre autres les trous de la rue de Palestine.

X

Fly-out sidebar

This is an optional, fully widgetized sidebar. Show your latest posts, comments, etc. As is the rest of the menu, the sidebar too is fully color customizable.