Un Gouvernement pour promouvoir le Dialogue national et conduire le changement
Une année difficile se termine alors que le processus de Dialogue National mené par le Quartet avec fermeté et discernement avance lentement, mais sûrement malgré les tiraillements, les contestations des uns et les réserves des autres.
Un Chef de Gouvernement pour la prochaine étape a été choisi en la personne de M. Mehdi Jomaa qui jouit déjà d’un préjugé favorable ! Au sein de l’ANC, les députés ont réussi à réduire leurs divergences et la rédaction de la Constitution est à son terme. Progressivement, le soulagement et l’optimisme se substituent à l’angoisse et à l’incertitude, grâce à la ténacité, à la clairvoyance, et au sens des responsabilités de tous ceux et toutes celles qui ont contribué à ce changement et auxquels il convient de rendre hommage qu’il s’agisse du Quartet, des acteurs politiques ou des membres de l’ANC.
Mais le chemin est encore long, et nombreux sont les obstacles qui restent à surmonter pour que le processus du Dialogue National aboutisse aux résultats escomptés. Il s'agit de former un gouvernement indépendant capable non seulement d’organiser des élections libres et transparentes. Mais il faut aussi et surtout restaurer la confiance des Tunisiens et de nos partenaires étrangers dans notre capacité à maitriser nos divergences, à sortir de la crise et à aboutir par le dialogue responsable à un consensus sur les principes, les règles et les mesures susceptibles de nous permettre de vivre ensemble, et de construire un avenir commun.
En effet, en plus des prochaines élections qui constituent une échéance décisive pour l’avenir du pays et que le Gouvernement est appelé à organiser dans les meilleures conditions possibles de transparence et d’objectivité, celui-ci est appelé également à affronter les bouleversements que la Révolution a engendrés au niveau des rapports des citoyens avec l’Etat, en plus des distorsions qu’elle a révélées au niveau du Processus de Développement et de la Gouvernance publique.
Les atouts du nouveau gouvernement
C’est cette réalité tunisienne d’aujourd’hui marquée par un sentiment de frustration, d’exaspération et de révolte chez les uns, de désespoir, de peur et d’incertitude chez les autres, aggravée par les signaux alarmants provenant des indicateurs économiques et financiers du pays et par les menaces pesant sur notre sécurité collective, c’est cette dure réalité que le gouvernement de Mehdi Jomaa est appelé à prendre en considération et à affronter en plus de l’organisation des prochaines élections qui doivent intervenir l’année prochaine.
Ceci étant, le nouveau Gouvernement ne manque pas d’atouts :
- Il est indépendant des partis ;
- Il se place en dehors de la compétition pour le pouvoir ;
- Il jouit de l’appui des acteurs politiques, économiques et sociaux Initiateurs et partenaires du Dialogue national ;
- Il bénéficie du préjugé favorable de la population.
Ce sont-là des atouts majeurs qui confèrent un caractère historique à la mission du prochain Gouvernement, et lui donnent de sérieuses chances de réussite. Toutes proportions gardées, elle rappelle la Mission du premier Gouvernement de l’Indépendance, car nous vivons encore aujourd’hui un moment historique de notre Histoire, celui de reconstruire, de corriger, de réformer, d’aller au-delà du Circonstanciel, de préparer l’Avenir!
Pour certains, ces propos peuvent paraître irréalistes et incompatibles avec le caractère « provisoire » que l’on cherche à donner à ce gouvernement, avant même sa constitution !
Nous savons en outre, que pour réussir dans sa mission, le gouvernement de Mehdi Jomaa doit surmonter un handicap majeur, à savoir l’opposition au sein de l’ANC, au processus de dialogue national et le risque que cette opposition comporte de limiter la liberté d’action du nouveau gouvernement.
Restructurer le Dialogue national
De ce fait, il est nécessaire de dépasser l’antagonisme entre les partisans de la légitimité élective et ceux de la légitimité consensuelle.
Cette « dichotomie », peut être réparée, me semble-t-il, par la restructuration du Dialogue national, en y intégrant les présidents des groupes parlementaires au sein de l’ANC et en y renforçant la participation des représentants de la société civile, en même temps que ceux de l’UGTT et de l’UTICA, qui seraient tous , des partenaires à part entière du processus du dialogue et non plus de simples médiateurs.
L’intégration des chefs de groupe parlementaires de l’ANC dans le processus de dialogue national permettra de créer une nouvelle synergie entre la logique de la légitimité élective prônée par les représentants de la Troïka au sein de l’ANC et celle de la légitimité consensuelle réclamée par l’opposition.
En outre, le dialogue national sera alimenté par un diagnostic de la situation du pays aux plans économique, social et sécuritaire que le nouveau gouvernement s’engagera à établir dans les premières semaines de son investiture, en faisant participer à ce diagnostic en plus des compétences administratives des ministères concernés, d’autres compétences nationales de l’Université et du secteur privé.
En prenant l’initiative de lancer la Conférence du Dialogue national et en obtenant la signature de la feuille de route par les principaux partis politiques, le Quartet a engagé en 2013 un processus historique de changement fondé sur la recherche d’un consensus durable et sans cesse renouvelé.
Ainsi, à l’aube de cette nouvelle année 2014, la restructuration et l’élargissement du Dialogue national et la mobilisation par le Nouveau Gouvernement des compétences nationales en vue de participer à un effort de réflexion et de proposition et de rénovation pour surmonter la crise et ouvrir de nouveaux horizons de progrès, interviendraient à un moment historique où l’effort de ce Gouvernement sera principalement axé sur la réhabilitation de l’Etat dans son rôle primordial de garant de la cohésion nationale.
Le prochain Gouvernement n’a pas d’autres choix que d’affronter les problèmes qui se posent et d’agir non pas en tant que gestionnaire de la crise qui sévit mais en tant qu’acteur principal dans la promotion du Dialogue National et la conduite du Changement.
Sidi Bou Saïd, le 31 Décembre 2013
Mohamed Ennaceur
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Je trouve que la décision de nommer monsieur Mehdi Jomaâ comme chef du gouvernement est une décision très sage de la part du quartette. Je suis déçu que l'élite des politiciens en Tunisie n'ait pas réussi à trouver un consensus volontaire. Je constate qu'Ennahdha maîtrise tous les jeux de la négociation et que le CPR n'a pas changé sa mode de jeux. Ettakattol couronne ces deux partis avec la sagesse du silence ou de la médiation de la dernière minute avec une main ouverte reconnaissante des valeurs des Tunisiens. Je suis très déçu de devoir croire qu'Al-Joumhouri et Nidaa Tounes ont perdu de réputation chez une belle partie de leurs supporteurs. Al-Joumhouri me donne l'impression que c'est un parti instable, très spontané, géré par une famille. À mon opinion, Nidaa Tounes envoie des messages de vouloir sauver le pays tout en perdant la visibilité pour la mission principale ayant la création de la démocratie comme clé principale pour sauver la Tunisie. Partager le pouvoir sans l'instauration de la démocratie est une nouvelle dictature qui n'est pas encore souhaitée ni par le peuple tunisien ni par les alliées de la Tunisie. Le grand problème de la Tunisie se résume dont le fait que les partis de l'opposition n'appliquent pas les principes de la démocratie chez soi-même. Malgré toutes les erreurs commissent par la troïka j'ai des difficultés de croire que Nidaa Tounes pourrait gagner les prochaines élections sans faire preuve connaissable qu'elle croit aux principes de la démocratie.
il est plus que jamais indispensable que mehdi jomaa bénéficie de l'appui actif de tous les partis politiques et des composantes de la société civile . il ne s' agit pas de se mettre en position d'attente pour s'assurer s'il va appliquer la feuille de route . bien au contraire il faut lui faire confiance en l'assurant qu'il a les capacités et la volonté de l'appliquer car sur cette base qu'il a été désigné . L' action nécessaire des partis est de faire en sorte que mehdi jomaa dispose des pouvoirs nécessaires pour pouvoir mener à bien sa dure tache en agissant au sein de l'anc pour que cette dernière lui fasse confiance et ne cherche en aucune manière à entraver son action ( les 2/3 pour retirer la confiance ) . il s'agit d'un problème de confiance et des partis et du chef du gouvernement , c'est une confiance réciproque qui doit présider durant cette nouvelle période transitoire . par ailleurs il ne faut etre préssé , ni fixer de délais pour ce gouvernement , l'essentiel c'est qu'il réalise la taches qui lui ont été assignées ( sécurité, écon omie , rétablissement de la confiance , consolider les rouages de l'état, restaurer l'image du pays tant l'intérieur qu'a l'extérieur pour redonner confiance aux investisseurs tant locaux qu'étrangers, démarrer quelques projets de développement dans les zones délaissées pour redémarrer l'emploi dans ses régions , etc..)dans les meilleurs conditions possibles tout en rendant compte de leur avancement au peuple et à l'anc . mehdi jomaa a déclaré clairement qu'il s'y est engagée . Pour son gouvernement il doit etre libre de ses choix et que l'anc lui accorde sa confiance dès que les critères de choix sont respecté( indépendance et compétences ) . Quant à la popursuite de la mission du dialogue national je pense qu'il est impératif que ctte structure continue à fonctionner juqqu'à l'lection du nouveau parlement . toutefois il faut adjoindre au qurtette les chefs des koutels de l'anc et d'autres représentants de la société en les limitant à une dizaine au maximum . Ce conseil supérieur doit fonctionner en permanece et etre considerer comme une autorité ayant son avis à donner sur toutes les institutions