Opinions - 13.12.2013

La fusion absorption des banques publiques

Il fut un temps où l’opération de fusion absorption entre  banques publiques était guidée par un souci de redimensionnement de nos banques,  leur taille étant jugée trop réduite pour pouvoir tenir tête à une compétition attendue vorace. Elle avait emballé beaucoup de responsables alors que d’autres criaient haut et fort qu‘elle était juste un exercice statique de pur calcul comptable. Elle devait tout simplement plaire au chef en ce qu’elle représentait un phénomène de mode. Que pourrait-on attendre d’une telle opération ?

En tant qu'opération financière, elle devait consolider les actifs des banques qui fusionnent, les portant à des niveaux qui peuvent mieux classer les institutions sous ce critère. Quant aux autres paramètres, ils sont diffus et dilués et peu de gens se rendaient compte de leurs effets. Elle devait aussi répondre à l’objectif d’une meilleure efficience par une meilleure rationalisation de la production et une meilleure réallocation des ressources. Elle répondait à un adage très répandu «l’union fait la force». Aujourd’hui, un temps assez long s’est écoulé et les résultats sont criards  et la grosse banque «efficiente» qui devait naître de cette opération de fusion est apparue un petit nain porteur de maladies variées et exigeant un grand renfort en argent frais pour recouvrer ses forces. Même avec ces injections, nos banques sont affligées d'une malformation structurelle à la base ne pouvant disparaître ou du moins être atténuée que par une nouvelle restructuration qui aboutirait à l‘éclatement de l’institution en entités spécialisées plus performantes et au largage des missions déficitaires. Ni le moment n’est propice, ni le contexte social n’est favorable, ni encore l’environnement économique de crise n’est approprié, ni encore l’expertise ayant conclu à l’indispensable opération de fusion n’est qualifiée, ni enfin les institutions candidates ne sont opportunes pour décider une telle action porteuse de conséquences trop lourdes. Il s’agit d’une opération publique, nationale dont les effets seront endossés par les contribuables d’aujourd’hui mais aussi ceux des générations futures. Nous devons arrêter ces déclarations tonitruantes qui peuvent séduire le microcosme politique et surtout certains experts étrangers. Consacrons-nous plutôt à la micro entreprise et la micro finance, thérapie fondamentale pour l’emploi des jeunes par une relance forte de l’investissement. Autant je partage l’avis du financier M. Saidane, pour marquer une pause à ce sujet, autant, je suis étonné et inquiet en entendant M. Jalloul Ayed défendre avec fougue cette idée de redimensionnement de nos banques. J’espère avoir mal interprété  ses propos, tant l’homme me parait d’une grande sagesse.

Abdelmajid Fredj

Tags : banques  
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7 Commentaires
Les Commentaires
F. B. FLANE - 13-12-2013 18:03

Il y a une volonté enragée de faire disparaitre tous les symboles de notre histoire glorieuse d'après l'indépendance. Aujourd'hui, il s'agit des banques qui ont été à la base de l'édification de la Tunisie moderne. A qui profite l'opération comme ce fut le cas à la fin des années 90; aux banques commerciales privées qui seront ravies de voir leurs premiers et derniers concurrents amoindries jusqu'à l'effacement. BRAVO encore pour cette force destructrice mais soyez certains que la Tunisie saura dépasser ces moments difficiles par ses hommes et femmes dont le patriotisme ne sera jamais éteint.

Abelhak - 13-12-2013 21:38

Que coute une proposition ou une mesure pour un homme politique si ce n'est juste quelques mots qui peuvent séduire sur le moment mais qui couteront cher pour la population. Ce dossier mériterait une consultation nationale et ne saurait être traité par un gouvernement de transit ni même par la constituante. De grâce, arrêtons le massacre et confions ce dossier aux spécialistes et je crois que le pays n'en manque pas. J'espère que les politiques écouteront mes propos et ne feront pas comme à l'accoutumé la politique de l'autruche.

el khlifi mokhtar - 14-12-2013 11:52

"Autant je partage l’avis du financier M. Saidane, pour marquer une pause à ce sujet, autant, je suis étonné et inquiet en entendant M. Jalloul Ayed défendre avec fougue cette idée de redimensionnement de nos banques."Oui, si A.Frej, je partage votre point de vue fondé sur le bon sens et la réalité de nos banques et de notre pays.Maintenons ces banques.Restructurons-les au niveau capitalisation et management et trouvons des solutions au probléme des impayés agricoles.

Un banquier du 20eme sièclee - 15-12-2013 22:01

Beaucoup de facteurs sont à la base d'une certaine déroute de la banque publique, dont l'instabilité des directions, le modèle de gouvernance, les critères de choix des dirigeants, les instructions quotidiennes qui font dévier la trajectoire, les appuis politiques qui faussent les jugements, l'absence de critères de sanctions, positives ou négatives et enfin un dernier pont et non le dernier l'échelle de rétribution comparée à celle de la concurrence jointe à l'absence de couverture pour ceux qui sont aux premiers plans de la gestion. L'ouverture de ce dossier pour les expertises tunisiennes pour son évaluation me parait tomber à point nommé. Merci tout de même pour l'auteur qui me semble vouloir dire plus mais se retient.

Jalloul - 18-12-2013 15:15

Ces informations qui fusent de toutes parts mais aucune n'a été confirmée par des officiels me rend parfois perplexe. Cette question d'une importance très élevée mérite qu'on lui réserve l'audience qu'il faut. L'idée d'une conférence ouverte aux anciens banquiers pour en débattre est intéressante, mais sera-t-elle entendue, je le souhaite.

Jalloul - 20-12-2013 17:04

Bonjour si Abdelmajid. Je voudrais vous féliciter pour ces quelques lignes pleines de sens, de professionnalisme et d'esprit patriotiques. Soyez tranquille, la bonne nouvelle est que nous avons un nouveau P.M. qui n'aura pas le temps de jouer la comédie pour montrer qu'il est ingénieux en sacrifiant nos fers de lance. Le nouveau ministre des finances aura, j'en suis persuadé, un peu plus de bon sens pour analyser la question et proposer, après l'avis des vrais professionnels, des solutions plus intelligentes.

M.M. - 30-12-2013 08:11

Les fusions profiteront aux gens qui peuvent l'acheter pour 4sous. Quatar se trouve candidat, mais les tunisiens ne se laisseront pas faire, la révolution a éclaté pour couper court aux opérations de dilapidation de notre capital national.

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