News - 12.01.2015

Tunisie 2014: patience et endurance pour notre économie!

"Endure patiemment ce qui peut t'atteindre. Tout cela est le propre d'une âme résolue" (Coran, S. 31)

Le Tunisien panique, car on lui dit que l’économie tunisienne n’arrête pas de s’enfoncer,  chaque jour un peu plus.

C’est une réalité, devenue  un leitmotiv, insatiablement répété, comme si cela pouvait faire  quelque chose, pour réduire la souffrance.

Certes,  avertir, informer, disserter, sur les maux, chaque jour plus profonds, de notre économie est un exercice incontournable, auquel le gouvernement et tout tunisien responsable est en devoir de s’adonner et de partager.
Incontournable mais dangereux, car  répété à l’excès il risque de désintéresser,  le  lecteur, l’auditeur voire le téléspectateur, d’un précipice  qui n’arrive pas,  tels les officiers et soldats  du "Désert des Tartares" se préparant  à croiser le fer avec  un  ennemi, très présent dans leur imaginaire et  dans leur  vie, mais à jamais invisible.

Ce formidable roman de Dino Buzzati porté à l’écran, il y a près de trois décennies,  avec une maestria inouïe,  par le metteur en scène, Valerio Zurlini, montre la grandeur des hommes lorsqu’ils sont porteurs d’une "mission" voire plus humblement d’un projet.

Et de nos jours, nous avons plus que tout  besoin de grandeur, que chaque tunisien peut porter, à son niveau, et qui sera la bienvenue pour repêcher notre économie, nos conditions de vie, notre modèle de société et habiller la Tunisie de ses plus beaux atours.

Pour cela il y a lieu de s’engager en regardant l’horizon lointain comme si nous devions vivre d’éternité pour recueillir le fruit de notre engagement collectif et s’inspirer  du projet islamique, qui est un appel à la vie, à la connaissance à la recherche, au progrès, à l’organisation sociale  et qui se résume en une fort belle  invitation " Agis pour ta vie, ici bas comme si tu devais vivre éternellement... " (Abdallah Ibn Omar).

Malheureusement, notre époque est esclave  de l’internet roi,  des médias triomphants, et des réseaux sociaux  omniprésents, tous craints, par la classe politique, partout dans le monde.

Pourtant les bonnes vieilles recettes du redressement politico-économique ne sont pas  mortes avec l’irruption des  nouvelles technologies de l’information, et les vraies valeurs continueront à avoir la vie sauve,  telles que : le parler vrai, le courage politique, l’amour de son pays qui sont des vertus pérennes et que nous devons tous concourir à rendre éternelles

Les esprits fragiles peuvent se laisser berner  et bercer par les  illusions éphémères de la magie des pouvoirs et de l’argent.

Les autres, le long peloton des âmes fortes et belles de notre pays, choisiront la grandeur du sacrifice à la frivolité grisante de quelques instants de fausse gloire.

Et tout d’abord,  commençons les uns et les autres à regarder la réalité en face et à écouter le discours de vérité que doivent tenir tous les hommes responsables de ce pays.

Tenir un discours de vérité

Le sacrifice ne sera pas de quelques mois seulement pour le Tunisien.

Nous sommes partis pour au moins une demie décennie, d’efforts redoublés,  pour rattraper trois années de dérive singulière de notre pays, orchestrée par nous,  tous acteurs vociférants,  et spectateurs impuissants d’une situation d’autodestruction généralisée et qui n’a pas pu être jugulée, par nos institutions endommagées, une administration affaiblie, et des forces de sécurité, qui n’ont pas su trouver le bon" tempo", devant l’avalanche des agressions et des dépassements.

Faire porter le chapeau, dès à présent, de cette insoutenable situation,  à quiconque, ne serait pas juste ni productif,  faute du recul suffisant,   lui seul permettant un diagnostic sincère du déroulement des évènements.
Ce serait pour certains, de se défausser sur d’autres, les trois précédents gouvernements, qui ont probablement commis des erreurs mais dont il serait tout aussi injuste de ne pas reconnaître qu’ils ont dirigé le pays dans des conditions d’une hystérie collective insoutenable, et de déchainements des ambitions et des surenchères tous azimuts.

Il fut un temps où la classe politique mondiale, avait du courage à revendre, et les yeux rivés sur le programme d’actions à entreprendre et non comme c’est le cas aujourd’hui sur les tendances des enquêtes d’opinion.
Ainsi, le général de Gaulle, en pleine campagne électorale présidentielle, celle de 1965, et face à  Michel Droit qui l’interviewait, répondait au concert de critiques de  ceux nombreux qui voulaient  plus d’Europe agricole, et dont beaucoup étaient  des  électeurs indécis ou franchement hostiles : "on ne fait pas de politique autrement que sur des réalités,   bien entendu on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant l’Europe, l’Europe, l’Europe, mais cela n’aboutit à rien, et ne signifie rien. Il faut prendre les choses comme elles sont".

Le général De Gaulle est pour mémoire, l’auteur de la célèbre phrase, pas étrangère au discours de vérité que nous louons "la France n’a pas d’amis, elle a des intérêts». .

Récemment, une responsable tunisienne de la société civile et du monde politique, aux idées exigeantes et au verbe percutant,   rappelait à juste titre, sur une chaine de télévision,   que François Mitterrand   s’est fait élire en 1981,  sur un programme, incluant des dispositions non électoralistes, dont   principalement l’abolition de la peine de mort.

Aujourd’hui, le seul président de la République française,  élu au suffrage universel sur deux septennats, est gratifié  d’une  mesure considérée  comme un grand acquis pour la France et un exemple pour l’humanité entière.

Sans oublier le "je n’ai rien à vous offrir que du sang, de la sueur et des larmes", de Winston Churchill, lors de son discours d’investiture, durant la deuxième guerre mondiale, devant des députés médusés par tant de courage et de force d’âme.  

C’est peu dire que le courage, la singularité, voire la témérité en politique, restent, pour ceux qui l’auraient oublié,  des valeurs éternelles.

L’actuel gouvernement semble emprunter ces vraies  bonnes recettes : tenir un discours de vérité, entamer la réorganisation à long terme de nos institutions et se montrer intraitable face à l’écueil de   la violence sous toutes ses formes.

Il agit en responsabilité, quand il donne un bilan "brumeux" mais fidèle de la situation de notre économie.
Il ne fait pas dans la dentelle quand il hausse le ton et menace dans leurs "portefeuilles", ceux qui utilisent  la violence de toutes sortes : celle qui s’attaque au citoyen, celle qui détruit l’outil de travail des entreprises, celle enfin qui empêche ceux qui veulent travailler de le faire.

Car il n’est pas juste qu’on ajoute impunément du malheur à celui existant, d’autant que pour notre pays, à l’instar de ce qui s’est passé ailleurs, il lui sera possible avec  de la patience et de l’endurance de briser le cercle vicieux qui l’enserre actuellement et de retrouver le chemin d’une croissance inclusive et forte,  capable de nous faire oublier ces années contrastées de joie et de pleurs.

Prendre exemple sur des pays en  rédemption

Pour nous donner à nous-mêmes, de l’espoir et du courage, passons en revue quelques situations où après des années lugubres, certains pays ont retrouvé vitalité et ambition.

Sans souscrire aux  choix et  idées des uns et des autres, il est bon de rappeler ces exemples récents.
Ainsi, David Cameron a été élu il y a trois ans,  Premier ministre de sa Gracieuse Majesté, sur la base d’un programme qui lui a valu une vague de protestations et de commentaires désobligeants, tant en Grande Bretagne que partout ailleurs en Europe.

Son discours d’une grande sécheresse, de celui qui ne doute de rien, a fait de lui la" tête de turc" des syndicats,  et ailleurs d’une large frange de tout ce qui compte en Europe.

David Cameron n’en avait cure, convaincu de son bon droit, et ne voulant pas gouverner dans le sens du poil.
Trois années sont passées, et il faut bien reconnaitre que la Grande Bretagne d’aujourd’hui, est dans une position bien plus avantageuse qu’elle ne l’était alors.

Depuis 2010, seulement, elle a réduit du tiers son plus gros déficit depuis la seconde guerre mondiale,  créé des emplois, 1 700 000,  des PME 400 000,  dans le même laps de temps,  voit les sociétés qui l’avaient quitté commencer à refluer,  faisant fleurir  l’expression "reshoring", par opposition à "offshoring" et  "last but not least",  cette Grande Bretagne " individualiste et conservatrice" est la seule à fin 2013  qui  finance les pays les moins biens lotis de la terre,  à concurrence d’une promesse tenue de 1,7% de son GDP ( PNB).

Forte  de ses résultats d’autant plus prometteurs, que les pays européens voisins faisaient, dans le même laps de temps,  du surplace économique, la Grande Bretagne et son premier ministre donnent, à présent, des leçons de gouvernance à l’Union Européenne et à son parlement, qu’ils accusent de manquer de discernement et de naïveté., du fait d’une politique trop bureaucratique, trop interventionniste, et  qui ne libère pas, selon eux,  l’énergie créatrice des hommes d’affaires.

A cet égard, la chute des idéologies est bien réelle en Grande Bretagne et c’est tant mieux pour elle.

Le slogan  "Britain is back"  invite à la réflexion, quand on voit les autres économies de la vieille Europe (France et Allemagne comprises) couler sous les fardeaux de multiples réglementations  sociales et fiscales, faisant  fuir  l’investisseur étranger et même leurs propres entreprises et ressortissants.

Le modèle libéral anglais, celui d’un taux d’imposition moyen sur les sociétés de 20%, ramené à 10% pour celles qui investissement dans l’innovation, et utilisent cette dernière dans leurs industries,  n’est peut être pas transposable dans notre pays, du fait de différences de toutes sortes.

Mais il serait déraisonnable de s’en détourner, du seul fait de ses orientations économiques, incompatibles avec notre culture et notre pratique  de l’Etat- providence.

En dehors de ses résultats,  la démarche  de l’actuel gouvernement britannique est en effet attrayante, car décomplexée et pragmatique.

Ce qui lui  importe, c’est les résultats en termes d’emplois, d’investissements et de faire que les travailleurs obtiennent des salaires décents mais non prohibitifs pour ne pas altérer  la compétitivité du  site " Britain", et lui permettre de bénéficier de ce que la globalisation peut apporter de meilleur tout en se protégeant de ses  aspects négatifs.

L’exemple Britannique, n’est pas unique d’une économie qui touche les abysses et qui telle un boxeur groggy, éloigné des rings, récupère et fait un "come back" retentissant.

Sans aller trop loin, regardons ce qui se passe dans certains pays africains,  autrefois voués aux gémonies et qui se rachetant une conduite, entament et prolongent  une belle remontée.

Il y a des petits  pays comme le Libéria et le Mozambique, et des grands comme  l’Ethiopie, le Ghana et l’Afrique du Sud qui émargent de nos jours, dans le peloton des pays à forts taux de croissance économiques.

Alors qu’il y a une décennie ils  faisaient partie de ce continent qu’on disait sinistré, incapable de s’assumer et qui se distinguait par ses guerres fratricides, et l’impossibilité pour les organisations internationales de  limiter les naissances trop nombreuses dans des pays trop pauvres.

Il y a peu le Libéria,  s’inscrivait dans la catégorie des pays infréquentables, dans lequel par la folie d’un président voyou, Charles Taylor, trainé depuis devant le Tribunal International de La Haye, coexistaient violence et corruption.

Aujourd’hui, sa présidence est assurée par une dame d’âge respectable, anciennement cadre des institutions internationales, Ellen Johnson Sirleaf, et le pays s’offre en 2013 une croissance inattendue de  13%.
Il y a vingt ans le Rwanda connaissait les pires atrocités d’une guerre civile barbare, un génocide sanglant et meurtrier, avec son cortège de charniers et de déplacés.

Aujourd’hui, Paul Kagamé en a fait, grâce à une politique volontariste et une main de fer, un pays à taux de croissance élevé, dans lequel les plaies ont été pansées et où les gens regardent devant soi.

Qui aurait pensé il y a vingt ans, alors que la barbarie s’y répandait, que Le Rwanda, petit pays de   onze millions d’habitants,  comme la Tunisie,  serait aujourd’hui un partenaire choyé par les institutions internationales, pour avoir réalisé une croissance frôlant les deux chiffres, augmenté l’espérance de vie de 42 à 55 ans et le taux d’alphabétisation de 58 à 72%?

En matière de  Gouvernance, le Rwanda est classé par la Banque Mondiale,  dans une position enviable de 32ème de "Doing Business", ceci explique cela.

Le Rwanda est un exemple porteur d’espoir pour notre pays, car il montre bien que dans notre ère nouvelle, rien n’est acquis certes, mais rien n’est perdu, s’il existe  les ressorts nécessaires pour se régénérer.

Regarder devant soi, c’est ce que fait le Nigéria, autrefois évité, mais de plus en plus courtisé de nos jours, par le concert des nations du fait d’une politique économique transparente, qui doit beaucoup à sa ministre des finances, Ngozi Okonjo-Iweala, une dame de fer, formée dans les grandes institutions internationales.

Grands et petits pays africains, tous profils confondus, montrent que même en Afrique, on ne se laisse plus impressionner.

Bien au contraire, c’est dans ce continent, qui a subi toute la misère du monde, que l’ambition d’effacer des siècles de soumission,  de relever la tête et construire un futur,  est la plus grande.

Rappelons,  tout de même,  que dans le demi-siècle qui vient, une naissance sur deux dans le monde sera africaine.

Ellen Johnson Sirleaf et Ngozi Okonjo-Iweala, sont comme par hasard, deux femmes, qui font honneur à l’Afrique, par leur compétence, leur désintérêt pour l’aspect matériel de leurs fonctions, largement inférieures à ce qu’elles obtenaient ailleurs, et surtout connues pour être des modèles d’intégrité.

L’intégrité, qui soit dit en passant est devenue un critère prééminent des institutions  financières internationales, dans leur appréciation de la qualité de la gouvernance des pays qui les sollicitent.

Prendre en considération la nouvelle donne géopolitique mondiale

Nous vivons dans un monde en plein mouvement, avec une unité de temps qui se réduit drastiquement.
C’est ignorer, ainsi,  la nouvelle  donne mondiale,  que de croire que les USA et les pays occidentaux amis, eux-mêmes en bute aux relents d’une crise financière et économique très sévère, vont se "saigner"  pour nous aider, autrement qu’en nous offrant leur sympathie, leur garantie,  qui n’est pas négligeable,  et des concours matériels modestes.

Les  USA, précisément, se trouvent en effet allégés de leurs craintes ancestrales de l’insuffisance énergétique, grâce à l’exploitation de leur gaz de schiste qui  leur permet déjà  de réaliser des gains de coût et de prix de l’énergie de prés du quart de ce qui est pratiqué en Europe et voient de ce fait de nombreuses nouvelles sociétés s’y implanter pouvant conduire   dans de courts délais  à la création d’un million d’emplois supplémentaires.
Les gains pour les USA  provenant  de  cette utilisation sont estimés,  annuellement, à 500 milliards de $ (half a trillion $)  jusqu’à 2035.

En raison de ces  considérables gains  énergétiques  c’est toute la  stratégie américaine qui va connaître,  qu’on le veuille ou pas, une nouvelle orientation.

Indépendants énergétiquement, les américains vont forcément avoir d’autres considérations dans la définition de leur politique étrangère qui faisait la part belle aux européens de l’ouest,  alliés historiques, et aux pétromonarchies  du Moyen Orient.

Il est clair que les USA, cherchent par ailleurs à se soustraire, maintenant qu’ils n’ont plus besoin de personne, d’autant que s’affiche à l’horizon une réconciliation avec l’Iran, aux grandes aventures guerrières du XXème Siècle, et à s’installer dans une période d’isolationnisme et au mieux d’arbitre lointain.

Redonner confiance et sante a notre pays  

"Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage" (Jean De La Fontaine)

Un fort besoin de citoyenneté

Le tunisien dans toutes ses composantes broie du noir.

Il croit avoir décroché le numéro gagnant  de la loterie des nations, par son soulèvement de décembre 2010 et janvier 2011.

Il s’est cru investi d’un nouveau pouvoir, de droit divin, du fait de ses prouesses, il est vrai saluées par le monde entier, en raison de leur caractère juvénile, pacifique, et dans lesquelles toutes les composantes de la société, les femmes surtout, ont  contribué.

Et voici que trois ans après, il lui est demandé de faire des efforts, des économies et de la solidarité.
Il ne comprend pas !

Il ne veut pas admettre, qu’après les belles journées de janvier 2011, durant lesquelles il a contribué activement au  mouvement victorieux et joyeux, son attitude d’ensemble s’est très vite dégradée.

Il n’a pas compris que son  mouvement  se devait d’être consolidé par une attitude de citoyenneté et de rigueur.
Ce ne fut pas le cas, et jusqu’à ce jour nous voyons,  que de très nombreux  dénis de la citoyenneté, de toutes les couches sociales,  de notre pays sont signalés ici ou là.

Sans compter la violence aveugle et organisée, dont on ne s’est pas débarrassée, et qui fait tant de mal à nos concitoyens, à notre  patrimoine et à l’image de notre pays.

Cette violence multiforme, physique, verbale et environnementale, devrait prendre fin par tous les moyens, de la persuasion par le dialogue et le parler vrai, jusqu’à l’usage de la force s’il le faut, car elle est dommageable pour tous,  y compris pour ceux qui en usent.

Le tunisien, responsable des bonnes comme des mauvaises choses qui se sont produites dans notre pays, doit comprendre que nos dirigeants ont besoin d’une période de grâce pour déployer efficacement  leurs actions, à l’abri des blocages de toutes sortes, qui ne font qu’ajouter de la misère à celle qui existe et qu’il dénonce.

La nécessaire réconciliation nationale

Depuis trois années, notre pays uni  est devenu une mosaïque, de clans, de tribus, d’esprits hostiles,  aux idéaux antagonistes et aux idées violemment opposées.

Nous avons même vu dans certaines de nos contrées des oppositions sanguinaires quasiment familiales.
Cette situation hallucinante, alimentée par les dissensions politiques d’une myriade de partis politiques,   et de quasi instances politiques, les associations,  qui ne veulent pas dire leurs noms,  tous opposés les uns aux autres, utilisant la violence verbale comme discours et la violence physique comme arme, est étonnante dans un pays connu à travers le monde comme une terre d’histoire et de civilisation où il fait bon séjourner et vivre.
Si la tendance actuelle, de dissensions généralisées s’éternise, il sera difficile d’en sortir et un pas de plus vers la descente aux enfers de la vie communautaire sera franchi.

En période extraordinaire, médication particulière de tous et tout particulièrement des hommes et des femmes d’influence : de la scène politique, jusqu’aux représentants de la société civile, des institutions professionnelles, des syndicats, des médias, des hommes de raison et connus comme tels, tous se doivent de tenir  un discours de raison envers les tunisiens.

Un discours dénué de tout intérêt catégoriel, politique ou économique, qui ne peut être qu’un appel à la réconciliation nationale, pour que notre pays ne touche pas les abysses dont il lui sera, par la suite,  difficile et couteux de remonter.

Réconciliation nationale, n’est pas uniformité nationale, entendons nous bien. Elle est mieux que cela.
Elle est  le socle  qui permettra à notre pays de se sortir de ce paysage maussade qui ne lui ressemble pas.

Le passage obligé par la bonne la gouvernance

Nous connaissons tous la situation de nos finances et de notre économie. Il serait incongru voire pesant d’y revenir.

Nous avons dans le passé suggéré,  des solutions immédiates, et d’autres structurelles, pour enrayer cette désespérante descente aux enfers de notre situation économico financière.

Et nous savons parfaitement, qu’aucun gouvernement ne détient la baguette magique du redressement s’il ne dispose pas d’un consensus national, qui lui permette "sans accrocs", de relancer le pays dans toutes ses composantes.

Ce que nous savons moins, c’est que les pays  qui ont fait au cours des dernières années les sauts qualitatif et quantitatif les plus probants et les plus significatifs, dans les différents classements mondiaux : indices de productivité technologique, indice de développement humain, PIB à parité de pouvoir d’achat, indice de la propriété intellectuelle etc. sont bien ceux où la corruption a été éradiquée, ou en bonne voie de l’être et où des progrès décisifs ont été réalisés en matière de  bonne gouvernance.

Il en est ainsi des pays scandinaves, de la Suisse, de Singapour, et même de la Côte d’Ivoire  du Rwanda, et de l’Ile Maurice.

Mais la Gouvernance ne se limite pas à la disparition de la corruption.

Elle est transparence dans les données financières et économiques établies.

Elle est aussi fonctionnement harmonieux de l’administration, qui chez nous en digne héritière du colbertisme, n’est que lourdeur, lenteur,  inefficacité et souvent même irresponsabilité.

Elle est dans le dialogue permanent en vue de la recherche du point d’équilibre optimal entre les revendications sociales canalisées et encadrées par des syndicats représentatifs, et un patronat moderne, dont la mission essentielle serait la défense de l’entreprise plus que celle des patrons.

Elle  est surtout,  fonctionnement harmonieux de nos institutions et des différents organes de contrôle de l’Etat, des instances de régulation,  les "checks and balances", tellement nécessaires à une vie démocratique, structurée, apaisée et  efficiente.

Conclusion

Quelle malédiction frappe l’Afrique francophone ? Et quelle est celle plus grande qui frappe le Maghreb ?
Nous voyons  des pays anglophones du continent, amorcer un décollage rapide et significatif, alors que les autres dans leur grande majorité font du surplace.

L’Afrique, dans son ensemble, reste tout de même le continent le moins interconnecté au monde, avec seulement 10% d’échanges entre ses différents pays.

Mais le Maghreb "fait encore mieux" avec seulement 4% de relations commerciales entre ses cinq composantes.
Cette faiblesse structurelle de l’interconnexion nous coûte deux points de croissance,  voire plus, selon les estimations les moins pessimistes;

Elle ne risque pas de se réduire tant que algériens et marocains continueront à se regarder en "chiens de faïence" et que la Lybie, ne se sera pas reconstruite en un véritable Etat, et échappera,  au "no man’s land" institutionnel dans lequel  elle vit et où prospèrent  les clans, les tribus, le commerce des armes et les trafics en tous genres.

Donc pour nous tunisiens, il ne nous reste plus qu’à nous accrocher à la belle citation  "aide toi le ciel t’aidera" et avant de voir le ciel venir à notre secours, déployer nos vraies valeurs, celles héritées  d’une civilisation trois fois millénaire, et d’un siècle, le tout dernier le vingtième, dont on peu raisonnablement et globalement s’enorgueillir. 
La Tunisie,  pays qui a été le foyer d’évènements salués partout dans le monde en 2011, devrait confirmer, après les turbulences des toutes dernières années et que nous vivons encore, le formidable engouement et courant de sympathie créé autour d’elle.

Pour cela, nous devons tous nous interroger les uns les autres sur nos propres faiblesses, faire notre autocritique, et nous corriger.

Une révolution culturelle, éducative et citoyenne est nécessaire avec pour référence la fameuse phrase de JF Kennedy de 1961 "Ne demandez pas à votre pays ce qu’il peut faire pour vous, mais plutôt ce que vous pouvez faire pour votre pays "

Ce dont notre  pays a le plus  besoin  actuellement, c’est surtout  de solidarité, d’un peu de patience, et de beaucoup d’endurance car "Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage" (Jean De La Fontaine).

Mourad Guellaty
 

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