News - 17.05.2012

Ennahdha: 50 000 adhérents élisent leurs 1103 représentants au IXe congrès

Deux phases cruciales dans la préparation du IXeme congrès du parti Ennahdha, prévu la première quinzaine de juillet prochain à Tunis, sont sur le point d’être bouclées : l’élection des congressistes et la formulation des projets de motion. Pour ce premier congrès du genre qui se tient en Tunisie après 24 ans de clandestinité (le dernier était organisé en Europe en 2007), les 264 unions locales (dans chaque délégation), terminent ce dimanche, dans un premier tour, l’élection de leurs représentants à l’issue d’un long marathon à travers l’ensemble du pays.  Participent au vote tous les adhérents encartés avant le 31 octobre 2011. Les élus de base entreront alors dans un deuxième tour au niveau des régions, afin de choisir les élus de chaque gouvernorat, déclare à Leaders, Riadh Chaaïbi, président du comité d’organisation du congrès.

Au total, le congrès sera formé de 1103 représentants issus des régions, des communautés tunisiennes à l’étranger, des instances dirigeantes et des catégories, comme le stipule le nouveau règlement intérieur adopté par le conseil constitutif du parti. Si la règle retenue est de réserver un représentant par groupe  d’adhérents allant jusqu’à 2500 membres, deux grandes questions cruciales s’étaient posées pour déterminer les quotas à allouer, en évitant un grand déséquilibre, s’agissant, d’un côté, de garantir un nombre minimal équitable pour toutes les régions et, de l'autre, une représentation effective des adhérents établis dans chacun des 43 pays où ils résident. La décision a été prise de garantir 16 sièges de facto à chacun des 24 gouvernorats, ainsi qu’à l’Université, soit 400 au total, et d’y ajouter 450 sièges en faisant jouer la règle d’un élu pour 2500 adhérents, ce qui totalisera 850 congressistes. C’est ainsi, estime Ennahdha, que la disparité entre les régions sera réduite, le gouvernorat le plus fourni (Tunis), aura entre 120 et 130 représentants et le moins fourni (Zaghouan) avec près de 30 élus. 103 sièges sont réservés pour l’étranger, certains congressistes viendront de contrées lointaines, comme l’Australie et la Nouvelle Zélande, précise Chaaibi. Quant aux membres du Bureau exécutif, du gouvernement et du groupe parlementaire, ils seront congressistes d’office.

A combien s’élève au juste le nombre d’adhérents d’Ennahdha ? « C’était jadis un sujet hautement confidentiel, pour les évidentes considérations de sécurité, rappelle Riadh Chaaïbi. Mais, aujourd’hui, le parti s’installe dans la transparence et peut le dire. S’agissant des adhérents inscrits jusqu’au 31 octobre derniers, nos registres mentionnent près de 50 000 adhérents. Nous attendons la fin de toutes élections locales, d’ici quelques jours, pour affiner le chiffrage final ». Et qu’en est-il, des nouveaux ralliés après les élections ? « Difficile à dire avec précision, répond-il. Nous le saurons bientôt, pour chaque mois. Mais, ces des milliers ».

« Souligner la nouvelle dimension d’Ennahdha »

Si le lieu retenu pour abriter les travaux dans la capitale n’est pas encore définitivement fixé (Le Kram ?), les grandes lignes du programme sont dessinées. Une cérémonie officielle d’ouverture, permettant à un grand nombre d’invités d’honneur, venant de nombreux pays de s’adresser aux congressistes, meublera la première journée. « Historique à tous les niveaux, explique Chaaibi, nous avons voulu faire de notre congrès une étape politique marquante entre le scrutin du 23 octobre et l’adoption prochaine de la nouvelle constitution, soulignant toute la nouvelle dimension d’Ennahdha. C’est pour cela que nous y avons convié d’illustres invités».

Au cœur des questions inscrites à l’ordre du jour, trois grands thèmes, à savoir : nos choix fondamentaux au sein de l’Assemblée nationale constituante, l’action du gouvernement et les préparatifs pour les prochaines échéances électorales. Autant de questions fondamentales qui se posent avec acuité et nécessitent des échanges approfondies

Les grands enjeux du congrès

Le débat sur les projets de motions ainsi que l’élection des nouvelles instances dirigeantes constituent sans doute également es véritables grands enjeux du congrès. Mais, auparavant, Ennhadha procèdera-t-elle à l’exercice promis d’autocritique et d’évaluation de son parcours? Pour Ridha Chaaibi: «Evaluation oui, autocritique détaillée, c’est-à dire, nous arrêter pour faire l’inventaire, le temps alloué risque et la charge des responsabilités qui nous incombent  risquent de ne pas nous laisser nous y étendre longuement. D’autant plus que nous avons mis à l’intérieur du mouvement un processus permanent d’autocritique et de recentrage. Mais, il faut toujours tirer enseignement de l’expérience passée».

Quant aux motions, elles seront au nombre de quatre, indique Chaaibi. D’abord, la motion politique qui couvre en fait l’ensemble des choix politiques et économiques, notre vision pour ce qui est de la société civile, des syndicats, des médias, et autres. La deuxième, est celle sociétale devant s’articuler sur la réforme de l’enseignement, la question religieuse, le phénomène salafiste, la femme, la jeunesse, etc. La troisième motion est relative à la vie interne du parti et se consacre à l’élaboration des nouveaux statuts et règlement intérieur, la restructuration, les relations avec les différentes instances et composantes, etc. Quant à la quatrième et dernière motion, il s’agit de la motion générale qui consignera les références intellectuelles et politiques du mouvement, nos choix stratégiques, notre vision du pouvoir et de la manière de diriger le projet sociétal ».

Comment se dessinent actuellement les tendances au sein d’Ennahdha, tant au niveau de la direction qu’au sein des bases ? D’après Chaaibi, « les grandes orientations générales partagées avec les adhérents suscitent diverses opinions que les congrès locaux et les réunions au niveau des groupes de travail formés pour l’élaboration des projets de motions permettent de mettre en cohérence. L’option générale est de constituer un parti national fédérateur et non un groupe revendiquant une idéologie propre. La dictature déchue a laissé émerger un grand vide politique et le parti qui réussira à rallier le plus grand nombre possible de Tunisiens et occuper les nouveaux espaces sera le mieux apte à gouverner le pays. C’est dans cette perspective que nous agissons, en faisant baisser le seuil idéologique, assouplir les critères d’adhésion, ouvrant Ennahdha à tous ceux qui présentent les qualités morales requises et adhèrent à nos orientations ». A titre d’exemple, il rappelle qu’u tout début, les fumeurs n’étaient pas admis au sein du parti, tout comme les femmes non-voilées, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.

Dans ce "grand dessein centriste" et pas nécessairement de parti religieux pour lequel la direction Ennahdha semble avoir opté, les bases les plus réticentes finiront-elles par suivre ? La conversion en parti moderniste du centre est-elle l’expression d’une réelle détermination ? Et sera-t-elle possible ? Il va falloir attendre le congrès pour en obtenir les premières réponses.

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10 Commentaires
Les Commentaires
kamel - 18-05-2012 04:48

Un monde arabe democratique pourquoi_pas. Mais il faut pas donnzr un cheque blanc mais parcontre il faut laisser faire et puit corriger ou contester s'il le faut.

Le Carthaginois - 18-05-2012 08:55

Vous vous croyez là devant un parti politique? eh ben vous vous trompez? ce dit "parti politique" n'en est pas un parce qu'un parti est tout d'abord une association civile qui regroupe des citoyens moyennant un contrat... un contrat social. Or là vous êtes plutôt face à une communauté... une communauté religieuse dans laquelle se groupent des "sujet" soumis totalement aux ordres d'un chef religieux dit "Cheikh"... c'est aussi ce qu'on appelle une secte religieuse. il n'y a pas de contrat civil entre les adhérents de cette nébuleuse.. mais simplement un accord avec Dieu sur la nécessite de faire régner le droit divin. donc, lorsque vous mettez cette secte au sein de la vie politique de la Tunisie, vous faites par là détourner le sens de la vie politique et au lieu de la compétition politique entre des partis politiques, vous aurez une vie politique défigurée qui ressemblerait à une guerre de religion... avec une pareille situation, vous n'aurez ni vie politique ni démocratie !!!

Mhamed Hassine Fantar - 18-05-2012 09:35

Merci Leaders pour cette présentation du parti Ennahdha qui se prépare pour son congrès national: elle succincte, claire et fort instructive.Le congès de juillet fera date.Certains faits encore modestes mais non moins significatifs laissent voir qu'Ennahdha n'apas manqué,grâce aux dollars sonnants et trébûchants, de séduire des chaînes privées qui ont déjà appris l'importance de l'appel à la prière et de certaines interviews fort bien illustrées de plans envahissants et laudatifs .Mais attendons la Révolution de juillet 2012.

bounab - 18-05-2012 09:49

Pour que le pays trouve ou retrouve sa stabilité, il faut séparer la politique du religieux.Voici pourquoi?Le religieux doit étre une puissance consultative.Le politique doit se doter d'une force laîque politiquement irreprochable pour faire avancé le pays vers la démocratie, faute de quoi le pays ne se stabilisera jamais.

hamadi. - 18-05-2012 11:49

Tous les partis politiques ont eu des remaniements voire des dissensions ou des dissidences sauf bien sûr Ennahda.C'est à ce niveau là que je suis du même avis de l'idée selon laquelle ""Ennahda n'est pas un parti politique"" mais c'est une forme de communauté religieuse comme beaucoup d'autres à travers le monde et plus particulièrement les sectes. Impossible d'arriver avec cette communauté à la démocratie, à la justice sociale et à la paix sociale puisque leur référence primordiale est le droit divin orthodoxe.Cette rupture avec le champs sociopolitique mène Ennahda à déclarer la guerre religieuse ou ""ressemblerait à une guerre de religion"" dit le Carthaginois,contre tous ceux qui ne sont pas d'accord avec sa ligne.L'exemple le plus frappant c'est le procès contre le film ""Persepolis"" où la contestation primordiale est le fait de l'imaginaire d'une petite fille qui a personnifié Dieu.Qui parmi nous tous,étant enfant,y compris ceux qui ont refoulé ces images infantiles,n'a pas eu l'occasion dans ses rêves diurnes ou dans ses rêves éveillés d'avoir représenté Dieu par cette énorme barbe blanche. L'être humain est ainsi crée et notre enfance est là pour nous suggérer le droit de l'imaginaire.

chokri - 18-05-2012 13:31

- Un parti politique au nom de la religion qui s’intègre dans la voie de la démocratisation !!! c’est une illusion que se trouve dans la conscience fausse des individus qui ne parviennent pas à changer leur sort et s’approprier de leur humanisme perdu sous la tyrannie du capital. Un parti qui fait appel aux vestiges des sociétés précapitalistes ne peut être démocratique, c’est le cas d’Ennahda. Les élections sont formelles et servent à reproduire des structures paramilitaires fondées sur l’obéissance du Kalifa. La boite à outils qui serve pour pensée la réalité est bornée par le sacré et le monde se trouve ainsi scinder en deux compartiments : ce qui est conforme au sacré ( YAJOUZ) / rejeter ce qui n’est pas conforme au sacré ( LA YAJOUZ). Cette fixation des principes du jeu démocratique au sein d’un parti religieux et de nature à faire étouffer et effacer la diversité et la différence que suppose tout processus démocratique

ryddeb41 - 18-05-2012 13:36

Jamais l’Islam ne gérera et ne gouvernera un Etat moderne. ! Instaurer tous azimuts l’islamisme en tunisie, c’est une tentative de s’engouffrer sans retour dans un tunnel ténébreux… L’islamisme est un suicide..le suicide de tout un pays qui a su pourtant depuis des décennies trouver son chemin vers le progrès intellectuel et la prospérité matérielle … C’est un suicide qui ensevelira le pays dans un marasme social et économique et mettra fin même à l’existence de la Tunisie en tant que pays ouvert,tolérant et valeureux … L’islamisme tuera le courage,la foi et les aspirations du peuple au bonheur et à la paix…Nos valeurs humaines seront annihilées,pour être remplacées par des dogmes antédiluviens .. Le peuple tunisien doit être à l’état d’éveil..pour avorter toute tentative d’assassinat de son entité séculaire…

mahfoudhi - 18-05-2012 15:23

OBS:ça m'étonne que c 50000,sauf si on s'est trompé de 0,... ou on joue une stratgie polit et electoral ,ou... sinon si avec 50000 ,la gauche a perdu les élect de la ch const,alors l'opposition perdra aussi les futures elections...

Amani - 19-05-2012 10:15

Ennahdha est parti politique civile et non religieux, depuis la creation du mouvement en 1981, le seul parti en tunisie qui a une dynamique d'auto critique et de développement interne, un parcours a étudier et a en conclure des conclusions pour tout expérience politique dans le monde arabe, le fait de se mettre en question et de créer tant de débats dans les motions témoigne que ces gens la devance de loin leur opposants politique et se basent toujours sur la bonne diagnostique

mahmoud Bédoui - 19-05-2012 11:59

C'est vraiment très drôle de lire le chiffre des adhérents de la NAHDHA. Le chiffre exact est donc de 50.000 adhérents avant octobre 2011. C'est une belle découverte car Ghanouchi comme toujours ne cesse de tromper tout le monde. Il avait affirmé qu'il a UN MILLION D'ADHERENTS qui ont donc participé au financement jugé très louche de la campagne électorale à coup de milliards depuis son arrivée en Tunisie. Quant à dire que c'est un parti politique, cela me fait sourire. Une simple secte religieuse bien appuyée par les Américains et encadrée fortement par Qatar. C'est facile d'imposer sa dictature naissante et ses miliciens sous forme de salafistes ou autres islamistes et flirtant avec la Qaïda de plus en plus agissante. Dire qu'il n'y aura pas ouvertement de débats critiques est d'une normalité toute banale dans les sectes.

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