News - 15.05.2012

Que révèlera Hamouda Ben Slama à la Fondation Temimi, ce samedi 19 mai

Fera-t-il des révélations importantes sur les mission de rapprochement qu’il avait entreprises dans les années 80, entre les islamistes et le pouvoir déchu ? Dr Hamouda Ben Slama sera l’hôte ce samedi 19 mai du séminaire sur la mémoire nationale et l’histoire du temps présent, de la Fondation Temimi. Il aura sans doute à évoquer les années 80, son engagement à la LTDH, au MDS et aussi son rôle dans l’établissement du dialogue entre le Mouvement de la Tendance Islamique, ancêtre d’Ennahdha et le gouvernement Mzali, puis Ben Ali. De nombreuses zones d’ombre restent à éclairer.

Thème de ce témoignage: « En quête de  la démocratie durant quatre décennies: entre  attentes et désillusions. Quatre grandes étapes marquantes de l’histoire contemporaine de la Tunisie seront à l’ordre du jour : la crise de 1969 marquant la fin de la coopérativisation, les évènements du 26 janvier 1978, la falsification massive des élections de 1981 et leurs retombées et la révolution.

Présentant le Dr Ben Slama, le Pr Abdeljélil Temimi, écrit notamment: «Le début de son parcours politique militant remonte au milieu des années 70 lorsqu’il rejoint le groupe des libéraux réformateurs dissidents du Parti Destourien au pouvoir après l’échec des tentatives de réforme du PSD (Congrès de Monastir I en 1971 puis de Monastir II en 1974) ; il prend une part active aux initiatives et positions politiques adoptées par le groupe dont notamment : la création en 1976 du journal ‘Erraï’ et la même année du Conseil National des Libertés Publiques (dont la Ligue des Droits de l’Homme en fut une des principales émanations…) ; il fut d’ailleurs l’un des fondateurs de la Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l’Homme qui reçut son visa le 7 mai 1977 et il en fut le premier Secrétaire Général élu à son premier Congrès en 1982 . En juin 1978, il fait partie de l’aile du groupe des libéraux qui décide la création d’un nouveau parti politique «le Mouvement des Démocrates Socialistes» dont il est l’un des fondateurs et le Secrétaire Général adjoint jusqu’au 20 août 1983, date à laquelle il quitta ce parti ». 

« Il poursuit son parcours politique, ajoute-t-il, en tant qu’indépendant et participe à la vie politique par une série d’initiatives et d’actions dont notamment l’organisation en 1984 de rencontres-débats entre les représentants du pouvoir en place (Mzali en tête) et des universitaires, intellectuels et indépendants ; ainsi que l’initiation en 1985 d’un forum des indépendants . Il participe, après le 7 novembre 1987, aux tentatives de réalisation des réformes politiques telles que convenues dans le Pacte National auquel ont adhéré toutes les tendances politiques et la société civile. C’est ainsi qu’il devient membre du gouvernement (Secrétaire d’Etat à la Santé puis Ministre de la Jeunesse et de l’Enfance) d’avril 1988 à février 1991 et membre du Bureau Politique du Parti au pouvoir. En février 1991 il quitte le gouvernement, refuse un poste d’ambassadeur et met fin à son appartenance au RCD …

Détaillant les thèmes qui seront abordés lors de ce témoignage, le Professeur Temimi précise : « Ils ont trait aux principales étapes et entraves en rapport avec le processus de démocratisation dans le pays et telles qu’il les a connues et vécues durant quatre décennies en tant que témoin et aussi en tant que participant au processus … la Tunisie ayant enduré plusieurs crises de pouvoir après l’effervescence de l’Indépendance, le conférencier s’attachera notamment à relater et analyser quatre des principales crises et étapes qui auront  été déterminantes pour situer l’Histoire du Temps Présent :

1-    La crise de 1969 fut la première véritable crise qui a ébranlé le régime tunisien à la fin des années soixante. Attribuée à tort au seul échec des politiques économiques et sociales de collectivisation,  elle fut en réalité essentiellement une crise politique majeure. Les tentatives de démocratisation de l’intérieur du parti au pouvoir ont malheureusement échoué ; mais cette crise du pouvoir de la fin des années 60 n’aura pas eu que des effets négatifs ; elle a permis l’émergence au milieu des années 70, d’un courant réformateur centriste animé par des personnalités nationales dissidentes du Destour auxquelles se sont joints des jeunes animés par le désir d’aller de l’avant en faveur de la démocratisation et du respect des droit de l’Homme et des libertés publiques . Ce courant réformateur aura à son actif des initiatives louables telles que la création du journal ‘Erraï’ , de la LTDH, du parti politique MDS …

2-    La crise du 26 janvier 1978 et son cortège de dizaines de victimes, de centaines de blessés, des arrestations et procès politiques de militants politiques et syndicalistes, marque dramatiquement la fin des années 70 et débouche sur les événements de Gafsa en 1980 ; autre crise de pouvoir ponctuée par un changement de premier ministre et les élections législatives anticipées de novembre 1981 qui auraient pu réussir et permettre une avancée décisive pour la démocratie …si les faucons ne s’étaient pas ligués comme d’habitude pour contrer toute réforme et évolution…

3-    Les crises successives de pouvoir qui ont marqué la première moitié des années 80 (falsification massive des élections de 1981, emprisonnement et procès politiques des dirigeants islamistes en 1981, les événements du début de l’année 1984 engendrés par l’augmentation des prix du pain, regain de tension entre le pouvoir et les syndicalistes…) . En dépit d’une relative accalmie engendrée par la libération en août 1984 des dirigeants du mouvement de la tendance islamique (MTI) précurseur de l’actuel parti islamiste Ennahdha (suite à une initiative politique à laquelle le Dr Ben Slama a pris une part importante), le pouvoir en place a vite repris sa politique répressive à l’égard des islamistes ; les affrontements ont repris et la situation générale du pays s’est considérablement dégradée sur fond de crise économique en 1986 et l’exacerbation des tensions et rivalités entre les prétendants à la succession de Bourguiba…C’est dans ce contexte critique déliquescent que survient le Changement du 7 novembre 1987 qui met fin à la grave crise de confiance et qui a tout de même permis à tous les acteurs politiques de se mettre d’accord sur un ‘Pacte National’ censé garantir la réalisation de réformes politiques conformes aux vœux des forces politiques en présence ; malheureusement  cette autre occasion pour amorcer le processus de la démocratisation ne put résister à l’entreprise de la dictature et de la corruption qui a sévi par la suite…

4-    La Tunisie reste cependant toujours porteuse de la démocratie bien que les multiples occasions de démocratisation durant les quatre dernières décennies n’aient pas manqué ; malheureusement elles ont toutes avorté malgré les efforts louables à l’actif des réformateurs pour engager le pays dans le sens de l’Histoire. Ces colombes ont toujours buté sur des faucons, bien ancrés dans les rouages du pouvoir en place et bien décidés à ne rien céder aux réformateurs ... A présent qu’une belle révolution est venue à temps pour mettre un terme à la dictature et à la corruption, pourrons nous espérer rompre avec les échecs et les désillusions ? L’élite bien pensante est-elle en mesure de mettre ces nouveaux acquis à l’abri des échecs et des désillusions !? »

Le Pr Temimi n’oublie pas de rappeler que le Dr Hamouda Ben Slama, concomitamment à son parcours professionnel en tant que médecin spécialiste en médecine interne et en médecine préventive et sociale et en tant qu’expert en économie de la santé, a, à son actif, plusieurs contributions à la société civile, dont notamment : Secrétaire Général puis Vice Président du Conseil National de l’Ordre des médecins durant les années 70, fondateur et Secrétaire Général de l’Association Générale des médecins de Tunisie en 1973, élu Secrétaire Général de l’Union des médecins arabes qu’il préside de 1978 à 1986 . Le conférencier a publié articles, études et entretiens relatifs aux activités citées ci-dessus dans divers journaux et périodiques spécialisés. Comme il a aussi participé à de nombreux congrès et manifestations en relation avec les activités citées ci–dessus ».

Samedi 19 mai 2012 à partir de 09 heures 15 mn, Fondation Temimi, Tunis

 

Vous aimez cet article ? partagez-le avec vos amis ! Abonnez-vous
commenter cet article
1 Commentaire
Les Commentaires
Fathallah - 17-05-2012 20:44

Je regrette de ne pas pouvoir assister à cette intéressante rencontre, contenu et contenant puisque j'ai des engagements vis-à-vis de Hergla laquelle se trouve dépourvue de son Plan d'Aménagement Urbain qui faisait l'objet de toutes les spéculations sous le règne du Régime déchu. Néanmoins, les choses n'ont pas beaucoup changé après "le changement du changement". J'espère que Docteur Ben Slama aura le courage de décrire fidèlement les premières années du changement durant lesquelles une série de mesures ont été engagées pour sortir le pays de la crise d'autant plus que les détenteurs du Pouvoir, à l'heure actuelle, voudraient incriminer toutes les personnes qui ont servi le pays, non pas par soumission à Ben Ali et à ses "Zebanias", mais par suite de leur job au sein de l'administration Tunisienne. Néanmoins, si l'on persiste à incriminer tout le monde, autant commencer par ceux qui ont signé le Pacte National. J'espère que Docteur Ben Slama fera preuve, le samedi, de son audace habituelle pour dévoiler le jeu sordide de celles et ceux qui veulent nettoyer la scène pour avoir les coudes franches en écartant de leur voie qui tend à se rétrécir toujours davantage, faute d'avoir une vision claire et sincère de la gestion des affaires du pays qui se distingue nettement de la démarche du "Règlement des comptes".J'espère que tout le monde prenne conscience de la gravité de cette volonté de punir tout le monde alors qu'on cherche à rétablir les droits de celles et ceux considérés, à juste titre d'ailleurs, comme victimes du Pouvoir depuis l'indépendance du pays. On ne s'étonne pas de voir des voix surgir des ténèbres pour rejeter l'indépendance de la Tunisie. D'ailleurs, je ne pourrais que m'engager dans cette voie en tant que descendant d'un ancien combattant, ce qui lui donnerait l'accès à plusieurs avantages, même la nationalité du pays étranger considéré. Les choses étant ce qu'elles sont et comme on ne peut pas s'exiler dans un pays étranger, j'espère que nos gouvernants réussissent à faire la part des choses et à laisser à la justice "transitionnelle" ou "transactionnelle" faire son boulot et à ce moment là on peut parler de démocratie, de dignité et de liberté. L'histoire nous a appris que la vengeance a un prix fort que toute société qui se déclare juste et équitable refuse d'adopter. Cela ne voudrait pas dire qu'il ne faudrait pas sanctionner celles et ceux qui ont fauté envers le pays et la société, mais loin de tout esprit de vengeance et de règlement de compte.

X

Fly-out sidebar

This is an optional, fully widgetized sidebar. Show your latest posts, comments, etc. As is the rest of the menu, the sidebar too is fully color customizable.