Opinions - 04.11.2011

La modernité sans les modernistes ?!

Qu’on ne s’y méprenne point. Le sens politique véritable des élections que nous venons de vivre, ce 23 octobre 2011, dépasse de loin la symbolique euphorique de la première élection démocratique dans la Tunisie indépendante, et peut-être même, comme on s’en vante souvent, dans tout le monde arabo-islamique. Ces élections viennent, ni plus ni moins, de sonner le glas de l’ère bourguibienne. Plus clairement, le verdict des urnes vient de mettre fin au troisième acte d’une lente et douloureuse agonie du Destour, parti politique prestigieux de la lutte nationale, dont le nom reste souvent lié chez les élites progressistes et libérales tunisiennes, non pas seulement à ses dérives autoritaristes, mais aussi aux réformes modernistes courageuses et avant-gardistes de l’Ecole bourguibiste.

La descente aux enfers a commencé, pour ce parti qui a accompagné le siècle, par le coup d’Etat du 7 novembre qui, après avoir relégué aux oubliettes le Combattant Suprême, a tenu malheureusement à continuer, sans lui, la même gestion désastreuse de la vie politique tunisienne en tournant systématiquement le dos à toutes les tentatives de réforme visant la démocratisation qu’imposait pourtant l’ouverture de la jeune République à la modernité. Le deuxième acte fut l’enclenchement de la révolution du 14 janvier 2011 qui a mis un terme à 23 ans de dictature, de corruption généralisée et de dérive mafieuse de l’Etat. Mais sans conteste, c’est le troisième acte qui donna le coup de grâce à ce régime hégémonique. L’élection de l’Assemblée nationale constituante ce 23 octobre, première élection tunisienne tenue pour libre, transparente et réellement démocratique, a donné, pour ainsi dire, la dernière onction à un régime politique sénile et moribond, en perfusion sévère depuis deux décennies au moins. Mais, le plus grave reste à craindre. On devra, s’attendre me semble-t-il, au naufrage dramatique de l’ère bourguibienne tout entière, du moins dans ce qu’elle avait de plus révolutionnaire ; je veux dire l’ancrage de la Tunisie nouvelle dans le sillon d’un modèle de vie sociale résolument moderniste. On l’aura compris, le verdict électoral favorable à Ennahdha ainsi qu’aux partis conservateurs et traditionnalistes est, pour tout dire, sans appel.

Il signifie pour moi, pour autant que les élections ne soient pas contestées, qu’une partie significative de la population s’inscrit à tort ou à raison dans le sillage de l’islamisme militant, c’est-à-dire dans la sphère des idéologies politiques d’inspiration théologique, celles qui rechignent à séparer l’Etat et la religion, ou à faire la distinction entre la sphère publique et la sphère privée, quand bien même elles se prévaudraient d’un islamisme dit modéré qui promet le respect des valeurs démocratiques et modernistes. Devrais-je rappeler que le cheval de bataille de la première Constituante, celle de 56, avait été bel et bien la définition même de l’Etat moderne, avec, en filigrane, le rapport problématique de l’Etat et de la religion dans nos pays, problème épineux dont les protagonistes étaient depuis cette époque pleinement conscients ?

Behi Ladgham, souvenons-nous, avait bien souligné dans un plaidoyer mémorable, et sous l’instigation du Zaïm, l’impossibilité pour l’Etat moderne d’être défini autrement que par son essence politique, c’est-à-dire par ses attributs politiques à l’exclusion de toute autre détermination culturelle, ethnique, religieuse ou linguistique, qui ne sont rien d’autre, argumentait-il, que des déterminations secondes et non essentielles de l’Etat moderne. Il faut rappeler ici que les contradicteurs qui avaient été nombreux à se relayer à la tribune de la première Constituante faisaient prévaloir l’alternative d’un Etat défini fondamentalement comme islamique ou arabe à l’instar de Chedli Ennaïfar. Mais, nous savons que c’est la proposition de Bourguiba qui emporta l’adhésion de l’Assemblée après l’amendement de l’article premier de la Constitution qui a finalement défini l’Etat tunisien, à l’instar de tout Etat de type moderne, fondamentalement par son essence politique, autrement dit par sa souveraineté, c’est-à-dire par son indépendance reconnue par la communauté internationale et donc par sa liberté d’adopter le régime politique qui reçoit l’assentiment de son peuple ; « le régime républicain » n’ayant été ajouté au texte constitutionnel qu’après la proclamation de la République tunisienne. Les qualificatifs qui lui sont adjoints tels que « sa religion est l’islam » et « sa langue l’arabe » font donc seulement fonction d’attributs, certes corrélatifs à l’essence de l’Etat, et ne constituent par conséquent dans l’esprit du législateur que des corrélats, qui restent par définition non nécessaires, aussi bien du point de vue strictement logique que politique, puisqu’on peut être tunisien sans être d’office musulman, et que la langue nationale parce qu’elle est déclarée officielle reste donc par principe tributaire d’un décret statutaire délibératoire, et ne peut de ce fait être confondue avec une donnée naturelle immanente ou consubstantielle à l’Etat quel qu’en soit par ailleurs le type. Mais, en consacrant constitutionnellement la ligne idéologique de cette politique moderniste, c’est la société tunisienne dans son ensemble qui s’est trouvée embarquée pour plus d’un demi-siècle de son histoire moderne dans l’aventure exemplaire mais combien périlleuse de la modernité en terre d’Islam.

Qu’en sera-t-il de ce débat ? Verrons-nous ressurgir, après plus de cinquante ans, la revanche des Zitouniens de la première Constituante sur le choix laïcisant des bourguibistes, et devrons-nous assister à la victoire posthume d’un certain rigorisme conservateur dans la société tunisienne actuelle, même si la Tunisie d’aujourd’hui, complexe et pluriconfessionnelle de fait, n’a plus rien à voir à tous points de vue, sauf dans la phantasmatique revancharde des politiques populistes, avec la Tunisie de 1956 ?

Car, même s’il est vrai que le délabrement de l’Etat s’est traduit par une paupérisation massive des zones déshéritées de l’intérieur, et par une fragilisation mafieuse de l’économie nationale, poussant les masses populaires à s’accrocher au projet politique islamiste qui lui promet, de jure et de fait, justice, progrès et abondance, il ne reste pas moins vrai que la structuration de la société tunisienne dans son ensemble s’est bel et bien imprégnée de la tournure moderniste dans sa façon d’être, de penser et de vivre, et qu’elle est probablement loin de pouvoir être phagocytée, sans autre forme de procès, par une idéologie politique et sociale qui pourrait se révéler antithétique ou simplement inadéquate avec le vécu actuel, aussi bien chez nous que dans le monde. Qu’on se le dise en toute franchise !

De quoi s’alimente la crainte des démocrates modernistes de ce pays sinon de la peur de voir une mise en danger grave de tout ce qu’il est convenu d’appeler les acquis progressistes des réformes sociales et politiques engagées dès l’ère bourguibienne, tant est forte la propension à croire chez les modernistes que les principes fondamentaux de la démocratie moderne ne cadrent pas suffisamment ou pas du tout avec les préceptes de la charia ou dans ses avatars modernisés. Il y a crainte, en effet, surtout dans le pays par excellence du Code du statut personnel, qu’une ombre fondamentaliste ne finisse par plomber la vie sociale, intellectuelle et artistique, et en fin de compte par avoir raison de ces libertés chèrement acquises,. Je parle évidemment de la liberté intangible des individus en tant que sujets de droit quels que soient leur sexe et leur appartenance sociale, de la liberté absolue de religion et de conscience, de la liberté d’expression et d’organisation, ainsi que du respect scrupuleux des droits de l’homme. En somme, je ne voudrais pas préjuger de la tournure politique et idéologique que prendra, dans les faits, la prise en charge réelle du destin politique et social de la Tunisie par ce groupe politique qui vient, par les urnes, de prendre le pouvoir en Tunisie, tant il est vrai que je ne saurai dire si les islamistes, surtout ceux qui se donnent pour modérés ou modernistes, pourraient dans le feu de l’action se muer, comme ils ne cessent de le proclamer, en parti authentiquement démocratique et républicain, qui inscrit la volonté populaire comme source unique du droit civil, vouant ainsi la politique au domaine public, et confinant dans le même mouvement la foi au seul domaine du for intérieur.

Ou bien devons-nous attendre de cette confrontation entre les deux philosophies politiques opposées, l’islamique et la moderniste, l’émergence d’une synthèse, dans le sens d’un dépassement hégélien de la contradiction entre ces deux postures politiques présumées contradictoires, et qui ne seraient pas au fond aussi indépassables qu’on le prétend, ainsi que le laisse entendre l’incessante référence au modèle turc?

Beaucoup dans la gauche tunisienne et dans les milieux centristes doutent fortement, en effet, de la possibilité d’un tel dépassement ; et je peux bien comprendre les raisons d’une telle évaluation, quand bien même certains seraient tentés de croire qu’il ya lieu de laisser au temps le temps pour faire mûrir les choses, dans le sens d’un compromis idéologique, d’autant plus à l’ordre du jour, disent-ils, que la voix des urnes nous imposerait dorénavant, sur le court terme, de faire de tels pronostics.Mais comme l’enjeu en question dépasse de loin ces supputations sur la probabilité d’un consensualisme aux contours imprécis entre progressisme et islamisme, je pense sincèrement qu’il faudrait mieux pour le peuple de gauche et aussi pour l’ensemble des démocrates, des modernistes et des progressistes, qu’ils cessent de se flageller, et de se ressaisir politiquement, idéologiquement et culturellement, pour affronter ensemble, et par les voies de la lutte démocratique, ce qui se profile déjà comme un défi civilisationnel grave, dont l’enjeu n’est rien d’autre que la liberté, la dignité, la prospérité et la modernité de notre peuple.

M.A.H.
 

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11 Commentaires
Les Commentaires
Abdallah Jamoussi - 04-11-2011 21:32

C'est le caractère de l'article qui leurre. Loin d'être une simple chronique, il pose tant de questions au conseil constitutionnel, à tel point que l'essentiel se perd dans les labyrinthes des tournures et des échecs essuyés sur le parcours de la quête d'une réponse, qui reste en suspens. On dirait que l'auteur ne prend pas position vis-à-vis de la problématique. Pour venir, soudain, à l'essentiel; il y a plus d'une raison à croire que la question de l'identité ne pouvait être discutée de la même manière qu'on l'avait fait du temps des Etats/nations et des régimes se substituant à la volonté du peuple. Naguère, l'idéologie était du monopole du groupe détenteur du pouvoir et qui devait, de force et de fait s'aligner sur l'un des fronts d'un univers bipolaire. Ce qui n'en est plus le cas, à l'heure actuelle; vu la fin de l'idéologie et la déclin qui affecte l'économie ultra-libérale. Il faut dire que l'on vit le jour au jour selon la méthode pragmatique, laquelle souffre de l'handicap de l'opportunisme et de l'absence de réelles perspectives. Ceci étant, l'affaire de la culture n'est plus de l'apanage de l'Etat, mais plutôt du ressort du peuple, et en particulier des couches intellectuelles. L'expérience continue à prouver que l'identité est une affaire de culture et ne pouvait être définie comme donne préalablement établie. C'est à travers la dialectique culturelle qu'elle se définit et prend forme; encore qu'elle continue à garder son aspect de produit semi-fini. Voici ce qui nous mène à penser que l'Etat n'en est plus le fournisseur, d'autant qu'il ne l'avait jamais été. Tout court; l'identité est l'oeuvre d'un éternel dialogue entre l'individu et son groupe d'une part et entre le groupe et l'Autre situé à l'échelle universelle. De quel produit fini, nous parle-t-on, comme si nous étions en mesure de détenir la vérité?

Noureddine - 04-11-2011 21:44

On ne peut jamais pardonner à l'époque post-coloniale la création d'une société à double vitesse et l'apparition d'une élite vivant dans sa bulle déconnectée de la masse. Une élite vaniteuse adoptant un accent tunisois ponctué de termes latin ou disons plutôt un accent latin ponctué de terme de la derja tunisoise. L'élite moderniste était minoritaire mais accaparait tous les cercles du pouvoir au point qu'elle pense être majoritaire ou daigne de penser qu'il y a une masse tunisienne oubliée dans la pauvreté. Evidemment, quand toutes les voix tunisiennes se valent, les premiers à trembler sont les dominants d'hier qui ne sont que cette élite arrogante jamais questionné du sens que les tunisiens peuvent se donner au vivre ensemble. Ceci est dit, nous devons être tous vigilants par rapport au respect des fondamentaux du vivre ensemble sans tomber dans l'excès au point de tomber dans l'arrogance. Nous avons besoins d'une élite tuniso-tunisienne enraciné qui défend les fondamentaux du vivre ensemble de tous les tunisiens et non une élite gauchiste qui a peur pour son propre rythme de vie.

Guediche Fethi - 05-11-2011 02:52

j’adhère a la démarche globale de cette analyse quoi qu'a mon avis il faut creuser plus du cote des choix socio-économiques de ce nouveaux groupe dirigeant.Car la modernité n'est pas seulement un mode vie ,et d’être mais aussi des reformes économiques et des choix sociaux .En clair es ce que ce groupe va opérer ou non des changements dans le sens d'un partage plus équitable de la richesse nationale non seulement entre les régions mais aussi entre les classes sociales ? et es ce que les nouvelles donnes économiques vont permettre le renouvellement de la modernité tunisienne en y incluant le plus grand nombre,ou la marginalisation de nouvelles couches sociales qui vont grossir les rangs des exclus de la modernité ?

chokri fatnassy - 05-11-2011 10:50

voici une analyse parait-il de gauche politique , mais le mieu que j'ai pu rencontrer jusque là autour du positionnement objectif et proche de notre réalité politique actuelle d'apres les éléctions du 23 octobre , avec une approche plutot concertatoire d'une part et par evidences entre les differentes tendances politique actives mais aussi par rapport au vecu tunisien dans les pouvoirs alternées entre le bourguibisme mais aussi les rcdeistes dechus , ca me parait tres important et ouvrant sur un debat qui mene autant soit peu vers une eventuelle démocratie tant shhaitée par tout les tunisiens d'aujourd'hui , et en dehors de toute hegemonie politique ou meme idiologique !! merci pour leaders pour cet article enrichissant , j'en redemande personnellement , je pique et je partage sur ma page facebook !!

Abdellatif Ghorbal - 05-11-2011 13:05

Très bel article, profond et clair. Il replace un débat ancien et permanent dans le cadre actuel. La question de la relation entre le religieux et le politique n’a pas surgi de nulle part, elle a toujours dominé les principaux débats politiques de la Tunisie depuis près d’un siècle, aussi bien au sein du mouvement de libération nationale avec tous ses courants de pensée avant l’indépendance, que parmi les forces politiques qui avaient conçu et édicté les fondements du nouvel Etat tunisien et son régime républicain. Comme très justement analysé dans l’article, on ne peut le balayer d’un revers de main, pour dire qu’il a déjà été tranché dans le sens des modernistes, ni que tout va être remis en cause par la victoire du courant islamiste, dès qu’il sera dominé par ses composantes conservatrices et revanchardes. Il transcende les uns et les autres. La société tunisienne est aujourd’hui suffisamment impliquée pour savoir choisir la voie qui lui évitera d’hypothéquer son avenir. Le plus dur n’est pas dans la conceptualisation de l’enjeu, mais dans sa perception par tous en rapport avec ses conséquences sur les vrais besoins et préoccupations de la vie quotidienne de chacun. Le pire n’est jamais sûr. On est loin du point de non-retour.

salah zeghidi - 05-11-2011 19:04

Merci Mhamed Ali , pour cette tentative pertinente de "lire notre nouveau présent"...Je ne suis pas de ceux et celles qui pensent que nos "nahdhaouis" prétendument modérés sont susceptibles de se retrouver dans le "modèle turc" : cela suppose qu'ils fassent comme le Parti d'Ordogan : admettre reellement et totalement la laicité de l'Etat et accepter ce que Ordogan lui même est venu leur dire ici en Tunisie il y a quelques semaines ,après l'avoir dit aux "homologues" égyptiens de Hamadi Jebali et Rached Ghanouchi : la modernité , le développement ,le progrès , les droits humains , et notamment l'égalité hommes / femmes , ne peuvent se réaliser que dans le cadre de la laicité....Leur culture , profondément imprégnée des Freres Musulmans , de Karadhaoui et des Wahabistes , fait qu'ils sont prisonniers de la conservation et des références identitaires passéistes....Admettre la laicité , comme l'a fait le parti turc , c'est en fait CESSER D'ETRE UN PARTI ISLAMISTE ,pour devenir un parti conservateur...Ils sont malheureusement loin ,très loin , de vouloir faire ce pas essentiel , le seul qui soit porteur d'un changement radical dans leur identité culturelle et politique....Pour l'heure , ils sont au pouvoir , et c'est une situation ABSOLUMENT INEDITE ...La question vitale qui se pose aujourd'hui et pour la période à venir , c'est celle-ci : Comment - à coté du combat spécifique des mouvements et partis politiques- la société tunisienne , les femmes notamment , ainsi que les jeunes , les intellectuels , les artistes , les démocrates etc...vont -ils se mobiliser et s'organiser pour " résister" activement à toute tentative des nouveaux maitres de porter atteinte aux acquis ou d 'imposer des reculs inadmissibles au niveau des droits et des libertés ???

Taieb ourari - 05-11-2011 21:40

Une analyse qui verse dans le déjà vu.Mais considérer le combat de la gauche comme un défi civilisationel c'est réconforter les votants pour le parti ENAHDHA qui a déjà bénéficié de la propagande de Samuel HUNTINGTON, l'auteur du CHOC DES CIVILISATIONS!La production d'idées est elle en si difficiles temps?

Belgacem Abdelkarim - 06-11-2011 01:50

Un article intéressant d'un vrai Sage qui, étant mon professeur, me permettrait de quelques remarques: Je pense qu'il y a là une lecture externe qui tente de voir la situation dans sa globalité. Une lecture qui essaie de mettre en cause la nouveauté d'un phénomène qui n'est, à mon sens, pas du tout nouveau. Une lecture qui essaie aussi de mettre en évidence un soit disant acquis bougibisme. Or, je pense immodestement qu'il y a là une double interrogation. La première consiste à se demander si les modernistes avaient un réel projet? et si oui, lequel! cela nous permettrait de répondre à la problématique de l'échec électoral par excellence de ce courant "moderniste" et, peut-être, d'éclaircir la victoire électorale attendue des conservateurs en général. Faut-il ne pas oublier que Dr. Marzouki et Dr. Ben Jaafar sont aussi de gauche et me semble modernistes. Cela nous mettre sur une autre piste de lire les composantes de la gauche et des modernistes. La deuxième consiste à lire de l'intérieur l'évolution des idées des islamistes comme Ennahdha et observer les limites de leur pensée. cela nous permettrait de répondre à la problématique d'un éventuel auto-dépassement possible. Car, comparer Ennahdha ou les frères au modèle turc est une erreur, pour autant qu'on néglige le contexte historique et civilisationnel de l'évolution des idées. C'est pourquoi, dire "Ennahdha arrive à être comme Ardogan ou non" n'a vraiment pas beaucoup de sens. Or, chercher les arguments internes dans le propre paradigme des islamistes qui pourraient nous éclaircir leur mode de penser et cela afin d'arriver à comprendre si leurs idées et idéologies pourraient être compatibles avec des principes communs que vous les avez cité à la fin de votre article me parait évident et essentiel.

Belgacem Abdelkarim - 06-11-2011 17:10

Un article intéressant d'un vrai Sage qui, étant mon professeur, me permettrait de quelques remarques: Je pense qu'il y a là une lecture externe qui tente de voir la situation dans sa globalité. Une lecture qui essaie de mettre en cause la nouveauté d'un phénomène qui n'est, à mon sens, pas du tout nouveau. Une lecture qui essaie aussi de mettre en évidence un soit disant acquis bougibisme. Or, je pense immodestement qu'il y a là une double interrogation. La première consiste à se demander si les modernistes avaient un réel projet? et si oui, lequel! cela nous permettrait de répondre à la problématique de l'échec électoral par excellence de ce courant "moderniste" et, peut-être, d'éclaircir la victoire électorale attendue des conservateurs en général. Faut-il ne pas oublier que Dr. Marzouki et Dr. Ben Jaafar sont aussi de gauche et me semble modernistes. Cela nous mettre sur une autre piste de lire les composantes de la gauche et des modernistes. La deuxième consiste à lire de l'intérieur l'évolution des idées des islamistes comme Ennahdha et observer les limites de leur pensée. cela nous permettrait de répondre à la problématique d'un éventuel auto-dépassement possible. Car, comparer Ennahdha ou les frères au modèle turc est une erreur, pour autant qu'on néglige le contexte historique et civilisationnel de l'évolution des idées. C'est pourquoi, dire "Ennahdha arrive à être comme Ardogan ou non" n'a vraiment pas beaucoup de sens. Or, chercher les arguments internes dans le propre paradigme des islamistes qui pourraient nous éclaircir leur mode de penser et cela afin d'arriver à comprendre si leurs idées et idéologies pourraient être compatibles avec des principes communs que vous les avez cité à la fin de votre article me parait évident et essentiel.

Edouard Stacke - 07-11-2011 09:53

Merci pour cette interpellation. Le danger est aussi dans l'irrationnel collectif. En période de turbulences, de crise (et l'environnment mondial amplifie ces sentiments), beaucoup se crispent sur le connu, l'ancien, par peur du nouveau menaçant.Celà s'est vu en Europe centrale, après la chute du Mur, la génération des plus de 40 ans est devenu nostalgique de la sécurité antérieure et frileuse vis à vis des adaptaioins au nouverau monde. La liberté fait peur, car elle suppose la responsabilité. Je souhaite de tout coeur que le peuple tunisien puise dans toutes ses nombreuses racines historiques pour nourrir un projet d'avenir collectif stimulant et équilibré, même si les défis sont anxiogènes. Edpouard STACKE Sociologue Paris

Arabionaute - 09-11-2011 11:03

La "gauche" a montré son incapacité à suivre voire comprendre la modernité pour s'être laissée flouer par la "droite" religieuse et autre... La leçon à tirer serait de changer de méthode d'approche et de se connecter aux "réalités" actuelles notamment "internétaires"; dans tous les cas, ne pas cautionner cette "modernité" néo-libérale spéculatrice et ant-sociale qui a décidé de recourir aux services de l'intégrisme islamistes comme ceinture de sécurité, après avoir utilisé et usé les régimes précédents de tout le Monde arabe...

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