Opinions - 18.10.2011

Dignité pour les indignés

Une vague de révolte déferle actuellement  sur le  double versant occidental et méridional de la planète. Et si dans la partie nord, le mouvement de protestation évolue  dans un cadre démocratique, celui de la partie sud  avance, par contre, dans le contexte d’un processus démocratique émergent.

Au-delà  de l’appréciation des motivations implicites  qui remuent  les  «  Indignés » des places publiques  occidentales, celles- là convergent ( explicitement) avec les revendications de ceux , tout aussi indignés, sur les  places publiques méridionales .Le constat est identique : le dysfonctionnement- voire l’échec global - du système politique et économique de gouvernement.

En fait , ni le modèle socialiste ( étatique) ni celui libéral ( capitaliste ) ne sont  parvenus à établir une équation  dans  l’exploitation et la distribution des  taches et des richesses  , de manière à  répondre  aux besoins matériels et spirituels des populations. Celles-ci  demeurent victimes ou s’estiment telles, à juste titre, des intérêts égocentriques. Des multinationales ou de  dirigeants.

Le mal du premier modèle aura été  la domination d’oligarchies et d’apparatchiks qui se gavent au détriment des masses laborieuses, vouées  en période de crise, aux recettes de l’austérité et de  la rigueur budgétaire.
S’agissant du modèle capitaliste, le ver était déjà dans le fruit. La  force productive de la majorité profite à une minorité, grâce à un mécanisme financier biaisé dont l’unique souci semble  se résumer dans l’encaissement.
S’il lui arrive de décaisser,  pour investir- produire et consommer, le mécanisme pompe les fonds des contribuables et des épargnants. Parasitairement. Une fois raflé  le magot des cash –flow   et que les petits épargnants  déplumés, par un subtil jeu de la spéculation composite  et autres intérêts composés, il lance  l’alarme (sos) pour réclamer de nouveaux fonds. Et comme si la scène était orchestrée, l’État  de type socialiste ou capitaliste court  à la rescousse  pour renflouer les portefeuilles des banques et autres institutions financières. Quitte à gonfler l’endettement. Depuis la grande dépression de 1929  jusqu’à l’ère du Fmi et de la Banque mondiale, le  même scénario  du vrai- faux sauvetage  se répète, selon la même  partition et idem cadence.

Les lacunes  juridiques et réglementaires aidant, le  cercle vicieux n’aura abouti qu’à servir des  gratifications faramineuses aux manitous du fric et des big boss qui  s’abritent  de la fiscalité  à l’ombre de  leurs  paradis « fiscaux ».

Résultat : la paupérisation et la précarité du grand nombre face à l’enrichissement ostentatoire et illégal du petit nombre.  « 99 pour cent contre 1% ! » (Un slogan cru à la new –yorkaise).

Sales opérations

C’est dire ,que si la démocratie était le moins mauvais des gouvernements, elle ne pourrait  , à elle seule susciter  des garde- fous nécessaires  en vue de  restreindre  l’appétit ( immoral )  du  fric des nababs  des finances qui par l’usure et l’évasion  favorisent la spéculation, le blanchiment et la corruption.

Le large mouvement de jeunes et moins jeunes « Indignés » fait suite, dix ans après  à celui des alter-mondialistes  dont les slogans sur la  «  justice sociale «  et  la  «  bonne gouvernance « ont été vite hapés par les programmes électoralistes   des vieux routiers de la politique… spectacle.

A présent, les néo- indignés se veulent autonomes, comme les «  dégagistes » des pays du printemps Tuniso- arabe.Mais jusqu’à quand ? Le romantisme est certainement  nécessaire, mais insuffisant. Tôt ou  tard, ils seront récupérés ; toute société ne pouvant  fonctionner sans structures.

Dés lors, la véritable action  doit être concentrée sur l’efficience du fonctionnement de ces structures gouvernantes ou  pressenties à le faire.   Il serait  dangereux et contre productif de leur  confier, sans surveillance et anticipation, les leviers des commandes.

Le contrat sociétal, corollaire de la paix sociale suppose, par évidence, le partage- le plus équitable possible – des sacrifices et des richesses.

Faute de quoi, le corps social  s’expose  à la violence des fractures cycliques de L’INDIGNATION.
Il est tout aussi indéniable que la justice, l’égalité et la liberté sont des idées (valeurs) inhérentes à l’espèce humaine qui n’aurait pu  atteindre le stade   de  développement  scientifique et technologique actuel , si elle était restée à ergoter  sur le sexe des anges  ou  les critères  de (non ) validation de l’ablution.

Quelque  soit la forme, le support idéologique – matériel et spirituel- de tout gouvernement doit tenir  compte de ces valeurs. Parce que, Tous les Indignés du monde méritent la Dignité !

Habib  Ofakhri
Journaliste

 

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