Opinions - 30.09.2011

Sfax : comment remettre les usines en marche

Le travail reprend progressivement à Sfax, dans des entreprises qui ont été paralysées pour certaines quelques mois par des conflits sociaux, sans que grand-chose ait finalement changé au niveau des conditions de travail ou salariales, ce qui laisse supposer plus à des revendications « politiques » que véritables. L’ambiance est morose, pesante, et le cœur n’y est pas encore… Les salariés y ont perdu quelques mois de salaires, et se retrouvent donc appauvris, les entreprises y ont perdu quelques mois de chiffre d’affaires, mais plus grave pour l’avenir, quelques clients et quelques opportunités d’export, le pays y a perdu des rentrées de devises et de la création de valeur, les autorités régionales y ont perdu de la crédibilité, et l’Etat y a perdu son prestige car le droit a été bafoué, des employés ont été agressés, la liberté de travailler et de circuler a été empêchée, sans que les contrevenants aient été inquiétés…

Cette situation va conduire au mieux à ne pas créer des emplois nouveaux, et au pire à en détruire un certain nombre, en raison des difficultés économiques supplémentaires et des pertes de marchés que cette situation aura occasionnées… Est-ce le but finalement recherché par l’UGTT ? est-ce que la centrale syndicale a su négocier le virage de la révolution pour jouer son rôle de véritable partenaire social, soucieux de préserver les intérêts de la nation, puis ceux des travailleurs, et de donc ceux de l’entreprise, en préservant et développant l’emploi ? est-ce qu’elle a su basculer d’un syndicalisme revendicatif à un syndicalisme participatif et responsable ?

Rien n’est moins sûr aujourd’hui, au vu de la situation qui a été engendrée et qui continue d’exister pour une entreprise comme Galpharma ou aucune solution n’a été trouvée à ce jour. Ce fleuron de l’industrie pharmaceutique, employant près de 200 personnes, est mis en péril par une minorité, soutenue par un syndicat qui exige que les sanctions disciplinaires ne soient pas prises à l’encontre de personnes qui les méritent et qui a déjà exigé et obtenu, que des plaintes soient retirées, alors qu’elles étaient enregistrées à l’encontre de personnes responsables d’agressions physiques… Si les accusés n’avaient rien à se reprocher, notre justice, aujourd’hui indépendante et impartiale, les aurait acquittés.

Pourquoi donc exiger de les en soustraire ? certaines habitudes ont la peau dure et on veut toujours avoir une caste au dessus des lois… Contrairement à ce que certains auraient pu croire, l’UTICA, qui a « implosé » immédiatement après la révolution, s’en sort plutôt honorablement et a su jouer un rôle efficace pendant cette période. En effet, une cellule de crise y a été créée très tôt pour coordonner les actions et prendre en charge les dirigeants des entreprises affectées, et les autres. Les équipes régionales et nationales ont joué un rôle effectif dans les négociations avec le syndicat ouvrier et les autorités régionales.

Elles ont su pousser au rapprochement des points de vue et se sont attachées à assouplir les positions des directions d’entreprises en vue de faire aboutir les négociations, dans un souci véritable de limiter la durée et les dommages  occasionnés par les conflits. Finalement, la mutation de la centrale patronale aura été plus rapide que celle de son homologue ouvrière, car elle aura sans doute fait l’économie de quelques guerres larvées, suite au grand seisme qu’elle a déjà subi et en grande partie digéré. A l’avenir, tout ce que l’on peut espérer pour notre pays est d’avoir des partenaires sociaux responsables, agissant en partenaires car conscients des enjeux pour le pays, et des pouvoir publics forts, capables de faire respecter la loi pour tenir leur rôle d’arbitre véritable.

ABM
 

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