Questions à ... - 02.09.2011

Saadedine Zmerli

Vous ne cachez pas votre inquiétude concernant la situation actuelle ?

Oui, les motifs ne manquent pas et dans plusieurs domaines, particulièrement ceux de l’emploi, de la sécurité et de la communication.

Les résultats concernant l’emploi sont très mitigés et  représentent une source d’inquiétude, une inquiétude partagée.

Pourtant, dès sa prise de fonction le 4 mars  Béji Caïd Essebsi a insisté sur la nécessité de lutter contre le chômage et de favoriser l’emploi des jeunes diplômés sans travail des régions frontalières , initiateurs de la révolution, qui n’ont cessé de réclamer du travail pour sortir de la misère et aspirer à une vie décente et digne.
Mais comment procurer des emplois à ces jeunes ? Quand grèves et sit-in se multiplient avec des conséquences économiques menant le pays à la faillite.

Nous avions dénoncé en février la grève qui avait entrainé l’immobilisation du port de Tunis et de l’aéroport de Tunis-Carthage pendant plusieurs jours, au grand dam des voyageurs.

Un autre exemple difficile à comprendre, celui de la cimenterie d’Enfidha, première entreprise du secteur, à l’arrêt depuis le 27 juin, suite à la confiscation de son matériel par des habitants d’Aïn M’dhaker. La société emploie 800 travailleurs et contribue à l’emploi de 50000 personnes environ.   

Aujourd’hui nous avons besoin de la reprise, le plus tôt possible, de notre tourisme générateur d’emplois et de la reprise d’activité des sociétés étatiques et privées aujourd’hui arrêtées.
 Les doléances des travailleurs doivent être  étudiées sérieusement, mais sans attendre les résultats et  les modalités, la reprise du travail  doit être immédiate.

C’est grâce à la sécurité, à la stabilité
, à une définition claire et transparente de nos capacités et à une conception nouvelle de nos échanges que reviendront les investissements  étrangers, source de création d’emplois indispensable à notre économie.

Notre souci second est l’attitude de la police qui ne parvient pas encore à assumer pleinement toutes ses responsabilités. Son premier rôle est d’aider ses concitoyens. Mais aussi d'assurer la sécurité dans le pays, indispensable à la remise en marche de l’économie. C’est en assumant son double rôle qu’elle sera respectée.

Je regrette que notre gouvernement, malgré son caractère intérimaire et en dépit de ses efforts, n’ait pas fait œuvre de création dans de nombreux domaines. Chaque ministre à travers des émissions télévisées régulières aurait pu y faire participer la société civile. La communication  a été parcellaire, retardée et non partagée.

Une décision particulière a interpellé récemment votre attention?


Effectivement, la nomination de Noureddine Hached à la tête du Haut Comité des Droits de  l’Homme, a été une erreur. Farhat Hached est dans la mémoire de notre pays. Grâce à lui, son fils Noureddine n’a pas été oublié : gouverneur, ministre, ambassadeur, Secrétaire général-adjoint sur le quota de la Tunisie, au sein de la Ligue Arabe et, aujourd’hui, retraité. Ni victime ni militant, les Droits de l’Homme ne l’ont jamais concerné. Cette désignation, prise sans consultation, nous rappelle les pratiques du passé. Au-delà de la personne, la procédure est inacceptable.

Les oubliés, ce sont les militants de la LTDH qui ont lutté pour la dignité et la liberté en affrontant la violence, la torture ou la prison. C’est à l’un d’eux, de la deuxième génération, après celle des fondateurs, formés à l’esprit et à la pratique de la défense des Droits de l’Homme que l’on aurait dû et que l’on doit confier cette importante responsabilité.

Mais, dans l’ensemble, vous gardez espoir ?

Oui  nous avons des raisons d’espérer. Personne n’imaginait, le vendredi 14 janvier 2011, la chute de l’ancien Président, la chute d’un régime personnel, cruel et prédateur. Cette révolution populaire et pacifique qui a réussi à renverser un régime tyrannique, solidement implanté, mérite le qualificatif d’exemplaire. Elle a fait voler en éclats des institutions qui étouffaient tout un peuple. L’heure n’est plus aux réformes mais à la création, ce sera le rôle de toute notre jeunesse.

La liberté de parole s’est imposée en un jour dans la réalité quotidienne. Une victoire qui ne peut être qu’irréversible.

Un climat de liberté s’est installé dans tout le pays, conduisant parfois à des propos outranciers, diffamatoires prononcés à la télévision ou à la radio, sans réaction du directeur du débat, souvent un journaliste.

Tous les démocrates ont applaudi à la parité dans les listes électorales. La capacité de la société civile à conduire la transition démocratique, en fédérant initiatives  et partis pour établir des listes électorales communes, s’est traduite par la constitution du pôle démocratique et moderniste. C’est une nouvelle volonté d’affronter en commun l’élection de la Constituante. C’est une volonté de créer de nouvelles institutions et non de réformer les anciennes. Aussi faut-il rappeler à tous les citoyens leurs droits et devoirs en matière d’élection et de les appeler à voter pour des femmes et des hommes neufs, honnêtes, courageux, guidés par la Démocratie qui apporteront la confiance et feront de la Tunisie le modèle envié de la « Révolution du Jasmin ».

 

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9 Commentaires
Les Commentaires
faycal BEN ABDA - 03-09-2011 12:38

c'est un plaisir de vous lire si saadoun,je ne sais si vous vous rappeler de moi'je suis le kine du M8 j'ai travailler avec Mr BEN AYED qu'il repose en paix et suis l'ami du regretté Daly JAZI,il y a beaucoup a faire pour la Tunisie soyons optimistes bien que notre cher Tunisien a perdu toutes ses valeurs,que dieu te garde pou donner au moins des conseils,bien a vous Faycal ben abda

Sabiha - 04-09-2011 00:25

Je suis surprise de constater que l'éminent médecin Saadoun Zmerli , nommé ministre de la santé publique de Ben Ali, qu'il qualifie aujoud'hui de personnel, de cruel et de prédateur, se met tout d'un coup à critiquer violemment le fils du leader Farhat Hached. Avoir un nom célèbre est il devenu une tarre. Faut-il ignorer que Noureddine Hached a servi son pays et son peuple pendant 40 ans avec honnêteté et droiture sans jamais être nommé ministre de Ben Ali pendant 23 ans de règne. Dois je vous rappeler monsieur Zmerli que le fils du leader a oeuvré, alors qu'il était Président de la Commission Nationale Syndicale de l'UGTT, pour faire sortir mille syndicalistes de prison, suite aux évènements du 26 janvier 1978 et a ramené deux milles travailleurs à leur emploi. N'est ce pas là une belle action concrète des droits de l'homme. Ignorez vous que de 1987 à 1992, Noureddine Hached a représenté l'Afrique en tant qu'ambassadeur de l'OUA à Genève auprès de la Commission des Droits de l'Homme de l'ONU? Reconnaissez, que rien que pour cela, il mérite bien d'être à la tête du Comité Supérieur des Droits de l'Homme.

henda - 05-09-2011 18:45

Quand sera effective l'abolition des privilèges ? Pourquoi donner une responsabilité à Noureddine Hached, ancien RCD, confortable retraité, qui a su profité de son nom pour disposer d'une carrière peu commune ? Où sont donc les vrais militants des Droits de l'Homme ?

taoufik - 06-09-2011 12:28

Mon commentaire s'adresse plutôt à " Sabiha". Primo, je n'ai pas le souvenir que M.S.Zmerli ait été Ministre de B.Ali, mais plutot de Bourguiba ? Secondo, M.S.Zmerli reconnait tout à fait, dans son interview, les qualités de M.N.Hached et les services rendus au pays. Il semble que vous n'ayez pas saisi le sens de ses réponses qui se résument en queques mots: PLUS de démocratie et PLUS de sang neuf et JEUNE.Permettez-moi de vous suggérer de relire l'interview.

Pessimiste - 06-09-2011 21:32

Interview intéressante. Je partage le point de vue de M. Zmerli sur plusieurs points. Concernant la nomination de Noureddine Hached, il est vrai qu'on aurait pu désigner une personne plus jeune issue du tissu associatif actuel Cependant, Noureddine Hached a été nommé pour travailler en priorité sur le dossier des martyrs. Je trouve que c'est une bonne chose qu'un fils de martyr, qui a vécu dans sa chair un tel évènement, puisse s'occuper de ce dossier. Sinon, Noureddine Hached n'a jamais eu, je crois, de responsabilités, quelles qu'elles soient, au RCD, donc je ne vois pas où est le problème. Enfin, je ne partage absolument pas l'optimisme de M. Zmerli. En réalité, il n'y a plus aucune limite, plus de respect, plus rien. Seul l'égoïsme et la critique destructrice triomphe. J'espère que tout cela ne va pas nous mener droit vers une autre dictature.

Abdelkrim Allagui - 06-09-2011 22:18

Je partage l'appréciation de Zmerli relative à la nomination de N.Hached à la tète du Comité Supérieur des Droits de l'Homme.Durant la longue période de lutte menée par les militants des Droits de l4homme pour la démocratie , les libertés, le pluralisme , l’intégrité physique et morale, la défense de la plus ancienne association dans le monde arabe à savoir la Ligue Tunisienne des Droits de l'Homme pour son indépendance et contre la main mise du pouvoir nous n'avons jamais vu N.Hached ni de prés ni de loin , ni à Tunis , ni à Genève à coté de la LTDH. dans son combat avec ses réussites et ses échecs, avec sa resistance face à Ben Ali.Ancien RCD travaillant sous Bourguiba et sous Ben Ali il s'est rangé que du coté du pouvoir et n'a fais que profiter des privilèges du système y compris lors de son passage à Geneve représentant l'OUA auprés de la Commission des Droits de l'Homme Les réprésentants des organisations internationales qui assistent aux travaux de cette commission vous le confirmeront.Le fait de refuser de s'engager dans le champ des Droits de l'Homme d'une manière légale et même avec la souplesse et la modération est un acte politique délibéré parce que cette lutte a un prix que les militants et les démocrates ont payé .Dire que N.Hached est le fils du leader syndicaliste et nationaliste Farhat Hached ne lui donne pas un certificat de bon militant à la philosophie des Drits de l'Homme , à la promotion de la culture démocratique et surtout à la défense de cette noble cause à laquelle il est est etranger etles militants tunisiens savent trés bien l'absence remarqueé de N.Hached dns le long parcours de leur combat douloureux.Par consequence il aurait du ni solliciter ni accepter la présidence du Comité Superieur des Droits de l'Homme qu'on aurait attribué à juste titre à d'authentiques militants jeunes des Droits de l'homme.MIse à la retraite récemment , n.Hached accepte encore le Temps des Privileges .OR ce TEmps Historique est revolu .

Houcine Ghali, Genève - 07-09-2011 12:22

Oui, si Saadeddine Zmerli, c' est vrai, Noureddine Hached ne s' est occupé des droits de l' homme et a servi Ben Ali durant vingt trois ans parmi lesquelles quelques années à Genève en tant que directeur du Bureau de l' Unité africaine. Mais vous aussi, vous avez servi le Prince, n' est ce pas si Saadeddine, en ayant accepté d' être ambassadeur de Tunisie à Berne, entouré de flics RCDistes et d' agents du ministère de l' intérieur, au début des années 90!! Et Ben Ali ne nomme pas une personnalité de votre envergure en tant qu' ambassadeur sans lui avoir apporter votre appui pour sa politique. Et l' ambassadeur ne fait que défendre le pouvoir de son pays, c' est ce que vous avez fait. A l' ambassade à Berne, il y avait des agents du ministère de l' intérieur dont le travail consiste à surveiller les opposants tunisiens en Suisse et de les dénoncer. Vous le savez mais vous avez accepté de les côtoyer n' est ce pas? Alors, de grâce, ne venez pas maintenant nous donner des leçons de bonne conduite en prenant le train de la révolution en marche. Vous n' êtes le seul à s' être conduit de la sorte, beaucoup de vos amis en ont fait de même. Mais c' est quand même lamentable. Mais vous ne pouvez pas échapper au verdict de l' Histoire. Houcine Ghali, Genève

mahjoub - 07-09-2011 16:34

Mr Zmerli a parlé en tant que militant des droits de l'homme et d'homme d'état ; il a rappelé que , dans la Tunisie de l'aprés 14 janvier, il ne doit plus y avoir de place à la politique des petits copains et à l'hérédité dans le choix des dirigeants et autres responsables, à tous les niveaux. Alors, de grâce, cessez de nous rabattre les oreilles avec des arguments du genre "le fils de F.HAched doit etre nommé par respect à son père" ou " un fils de martyre doit s'occuper du dossier de martir"! sinon, on pourrait dire aussi : "le fils de zaba doit devenir président à vie"! Les amis et parents de nourdine hached qui parlent de la sorte ne font que le discréditer un peu plus.

Doctour - 09-11-2011 09:40

Il est triste de lire à chaque fois les interventions du médecin Saadoun Zmerli avec son dénigrement et la remise en question des compétences de certaines figures du pays ! Ainsi, je rejoins et je confirme ce qui a été posté par « Sabiha » ! Je suis surpris quant à la remise en question des compétences de Noureddine Hached, fils du du leader Farhat Hached, et tout ce qu’il a pu apporter à la Tunisie ces dernières années ! Pourquoi rappeler son historique politique du temps de Ben Ali et dénigrer ses compétences qu’il peut mettre à la disposition de la LTDH aujourd’hui ? N'avez vous pas accepté, cher Mr Zmerli, le poste de de Ministre de la Santé en 1987 et le poste d'ambassadeur à Bernes en 1988, sous le régime de Ben Ali ?? et nous savons tous que vous n'avez pas quitté ces postes pour aller dans l'opposition ! donc pitié !

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