Célébration des femmes diplomates tunisiennes : satisfactions et sacrifices (Vidéo et album photos)

Reconnaissance, hommage et inspiration des nouvelles générations : la célébration des femmes diplomates tunisiennes, pour la première fois, mardi 24 juin 2025 a été un moment fort de retrouvailles, d’émotions et d’échanges sur l’avenir de ce métier d’excellence. Le ministère des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger a su concocter, avec le concours d’ONU Femmes, et en présence du corps diplomatique, un programme attractif avec des panels de discussion, des témoignages en présentiel et par visioconférence, et des messages officiels. Au-delà des différentes séquences, se sont les salutations, les accolades, les embrassades entre trois générations de femmes diplomates qui ont le plus retenu l’attention. Des ambassadeurs (et non ambassadrices elles y tiennent), consuls généraux et consuls, de la première génération, celles actuellement en poste ou dans l’Administration centrales et les toutes nouvelles recrues, et futures ambassadeurs ont partagé joyeusement cette cérémonie avec leurs collègues hommes ainsi que de nombreux chefs de missions étrangères accrédités à Tunis.
Le ministre Mohamed Ali Nafti le mentionnera avec beaucoup de fierté : « Actuellement, et malgré les difficultés, l’intégration des compétences féminines au sein du Ministère ne s’est jamais arrêtée, dit-il. Aujourd’hui, force est de constater que déjà 30 pour cent des postes, toutes catégories confondues, sont occupés par des femmes diplomates. Il y a eu également une incontestable évolution dans le sens du renforcement de la présence des femmes dans le corps diplomatique qui compte actuellement 36 pour cent de femmes. Le nombre de femmes occupant des postes de chefs de mission continue d’augmenter. On compte aujourd’hui 11 femmes Cheffes de postes diplomatiques et consulaires dans les différentes régions du monde. »
Et d’ajouter : « Une réelle volonté politique au plus haut niveau de l’Etat a favorisé la nomination des femmes diplomates à des postes longtemps réservés aux hommes. Aujourd’hui, la Tunisie est diplomatiquement représentée par des femmes à Washington, Madrid, New Delhi, Prétoria, Amman, Prague, Oslo et Helsinki. » Un beau palmarès auquel il ajoutera : « La promotion 2025 – 2027 des secrétaires des Affaires étrangères compte 37 femmes et 13 hommes. »
Un film documentaire retrace l’émergence des générations successives, depuis l’indépendance, de femmes diplomates, consuls, consuls généraux, ambassadeurs et hauts fonctionnaires. Conçu par la Direction de l’Information et de la Communication, conduite par l’ambassadeur Mohamed Elloumi, il constituera désormais une référence. De nombreux témoignages vivants soulignent l’ampleur de la charge si brillamment accomplie.
Une mention spéciale aussi à l’ambassadeur Sarra Chaouani Abidi, Directrice générale par intérim de l'Union africaine et des organisations régionales africaines et chargée du genre, ministère des affaires étrangères, qui a coordonné le programme de la manifestation.
Comment réussir ?
Quelles sont les qualités dont doivent faire preuve les femmes diplomates ? « Persévérance et résilience », affirmera Hanen Tajouri Bessassi, ambassadeur de Tunisie à Washington, y associant la capacité de susciter le bon accueil. Pour Dorsaf Maaroufi, chargée d’Affaires a.i. à Islam Abad, couvrant le Pakistan, le Bengladesh et l’Afghanistan, le patriotisme étant à la base, la curiosité du monde, l’espoir dans le droit international et la volonté de rendre la vie plus humaine s’ajoutent à la détermination de servir la patrie, à chaque instant. Yosr Souiden, ambassadeur à Prague affirme combien l’engagement est essentiel. Elle est fière d’avoir à ses côtés deux femmes diplomates, conseillères des Affaires étrangères, faisant ainsi de l’ambassade de Tunisie en Tchéquie une ambassade très féminine.
Faiza Kéfi, ancienne ambassadeur à Paris, qui s’avoue ne pas avoir été auparavant une diplomate de carrière, espère avoir accompli son devoir comme une vraie diplomate. Khadija El Massri, ancienne ambassadeur et haut fonctionnaire au sein de l’Union européenne, indique que de nombreux postes restent ouvert à des femmes tunisiennes dans de nombreuses organisations régionales et internationales. Elle appelle à encourager les femmes diplomates tunisiennes à faire carrière dans ce noble métier et exhorte le ministère à leur aménager des facilités appropriées.
Visibiliser les invisibles
Madame Haha sera émouvante. Recrutée au ministère dans les années 1965 où elle avait côtoyé de grandes figures de la diplomatie tunisienne, elle raconte comment elle a dû renoncer, alors qu’elle était affectée en poste à Paris, pour céder la place à son époux qui, d’ailleurs, connaîtra par son grand mérite une belle carrière d’ambassadeur. Souvent la femme diplomate doit faire prévaloir son ménage par rapport à sa carrière, dira-t-elle. Cette question reviendra plusieurs fois dans les débats. Mais, les femmes diplomates tranchent sans concession : oui, il y a nécessairement des sacrifices à consentir, mais il y a aussi de grandes satisfactions à retirer.
Raouia Khedher, architecte, journaliste et essayiste, appellera à visibiliser ces femmes souvent invisibles et invite les médias à les présenter, raconter leur quotidien, montrer les difficultés qu’elles rencontrent et valoriser leurs efforts pour concilier entre vie privée et vie professionnelle.
Ces pionnières
A l’ouverture des travaux, et faisant suite à l’allocution du ministre Mohamed Ali Nafti, la toute nouvelle Coordinatrice résidente du système des Nations Unies en Tunisie, Rana Taha, a fait sa première intervention publique. Elle rendra hommage aux femmes diplomates tunisiennes, mentionnant particulière Radhia Mestiri qui fera partie de la délégation tunisienne conduite par le président Bourguiba à l’Assemblée générale de l’ONU en 1956.
Florence Basty, représentante du Bureau d’ONU Femmes-Tunisie et Libye s’est déclarée ravie de partager cette célébration en présence d’un si grand nombre de présent.
Par visio-conférence, Amina Mohammed, Vice-Secrétaire Générale des Nations Unies et Nyaradzayi Gumbonzvanda, Directrice exécutive adjointe d'ONU Femmes, salueront, elles aussi l’initiative tunisienne.
En débat
Les deux panels de discussion, modérés par Amel Chahed retiendront l’attention. Le premier portera sur « La femme tunisienne dans la diplomatie ». Il réunira :
• Dr. Fatma Chalfouh, maître assistante en histoire contemporaine au département d’histoire de la Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis.
• Mme Sarra Chaouani Abidi, Directrice générale par intérim de l'Union africaine et des organisations régionales africaines et chargée du genre, ministère des affaires étrangères.
• S.E. Mme Hanene Tajouri Bessassi, Ambassadrice de Tunisie à Washington (virtuellement).
• Mme. Dorsaf Maaroufi, Chargée d'affaires a.i de l’Ambassade de Tunisie à Islamabad (virtuellement).
• Mme Raouia Khedher, Journaliste à la Radio Tunis Chaîne Internationale.
Le second panel sera consacré à « La femme et le travail diplomatique dans le monde ». Il mettra en débat :
• Pr. Boutheina Ben Hassine, professeure à la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Sousse.
• S.E. Mme. Yosra Souiden, Ambassadeur de la Tunisie à Prague (virtuellement).
• S.E.M. Teemu Sepponen, Ambassadeur de la Finlande en Tunisie.
• S.E. Mme. Imen Ahmed Al Salami, Ambassadrice des Émirats arabes unis en Tunisie.
• S.E. Mme. Anne Guéguen, Ambassadrice de France en Tunisie.
• S.E. Mme. Devyani Uttam Khobragade, Ambassadrice de l'Inde en Tunisie.
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