News - 07.09.2022

Tunisie: Changer l’école

Tunisie: Changer l’école

Fin de cycle d’un système bientôt arrivé à obsolescence ! L’école tunisienne est dans la souffrance. Les maux sont multiples. Le plus grave, c’est l’absence d’une vision globale, portant sur tous les maillons de la chaîne, depuis la prime enfance jusqu’à l’université, et l’apprentissage continu. Si les diagnostics se croisent, aucune stratégie publique, largement concertée et unanimement adoptée, adossée à des budgets conséquents et une gouvernance appropriée, n’est encore formulée.

Sommaire

Une interview de

Fethi Sellaouti Ministre de l’Éducation

et les analyses de

Hédi Larbi

Riadh Zghal

Naceur Ammar

Mohamed Jaoua

Kamel Ben Naceur, et

Mohamed Hedi Zaiem

Jusque-là, Livre blanc, plans d’action, réformettes et réformes sont avancés. Ils demeurent cependant loin de s’attaquer à une transformation en profondeur. Quitte à tout remettre à plat, il s’agit de procéder à une nouvelle approche innovante, plus appropriée au monde nouveau. Trois acteurs majeurs doivent s’associer au gouvernement dans cette démarche.

Les syndicats qui se concentrent quasi uniquement sur des revendications professionnelles, quitte à brandir la menace d’une grève, sans formuler une approche intégrée quant au contenu de la refonte du système,

Les parents d’élèves qui, s’ils ne font pas montre de désintéressement, sont beaucoup plus remontés contre tel ou tel enseignant ou tel établissement, sans exercer un devoir de regard sur l’ensemble du système,

La société civile qui ne parvient pas encore à coaliser les différentes associations concernées dans un vaste et puissant mouvement, apportant une contribution de poids dans une nouvelle gouvernance.

La collectivité nationale n’hésite pas à consentir à l’enseignement le maximum possible de ses ressources financières par département ministériel : pas moins de 7 milliards de dinars, soit plus de 6% du PIB et 12% du budget de l’Etat. La quasi-totalité (95%) servira à assurer les salaires des 238.000 fonctionnaires. Les performances s’avèrent bien faibles. Premier à le reconnaître, le ministère de l’Éducation nationale dans son rapport annuel sur la performance de sa mission, publié sur son site internet.

Les parents se saignent aux quatre veines pour financer l’éducation, en en faisant une priorité absolue, un devoir, un investissement. Quitte à recourir aux heures supplémentaires, ou opter pour l’enseignement privé. Le clivage entre nantis et démunis, entre régions côtières et l’arrière-pays, entre milieu urbain et milieu rural ne fait que s’élargir.

A chaque nouvelle rentrée scolaire, c’est la croix et la bannière pour tous. La hantise pour le ministre de l’Éducation est de ne laisser aucun élève en rade, sans inscription dans une école, un collège, un lycée. Non seulement la carte scolaire est à revoir, mais aussi les établissements scolaires sont à réhabiliter et à doter d’équipements et d’équipes nécessaires. Ce qui n’est pas garanti d’office. De leur côté, les parents doivent s’arranger pour pouvoir acheter les fournitures scolaires, inscrire leurs enfants, s’organiser pour leur transport et payer les autres frais. La moindre défaillance sera pénalisante.

L’état des lieux est édifiant. Dans une première étape, quelles conclusions faut-il en tirer ? Avant de passer aux fondements de la refonte, il s’agit d’explorer les contours du nouveau monde qui s’annonce. Cette deuxième étape est nécessaire pour analyser notre rapport à la connaissance, à la science, aux métiers, aux qualifications et au fonctionnement de la société. Vient alors le développement d’une vision d’avenir, à l’horizon 2050, mais vers laquelle nous devons converger dès à présent.

Sans prétendre apporter des réponses appropriées à toute cette problématique, si complexe et si déterminante pour l’avenir de nos enfants et de la Tunisie, Leaders ouvre le débat sur ces questions majeures. Quel concept ? Quels parcours et filières? Quels enseignants, programmes et pédagogie ? Quel soutien à l’enseignement privé ? Quel financement? Quelle gouvernance? Et tant d’autres questions cruciales sont posées.

A cet effet, nous avons sollicité un panel de spécialistes reconnus pour leur compétence en la matière, afin de livrer aux lecteurs leurs analyses et recommandations.

En guise d’introduction, nous avons interrogé le ministre de l’Éducation sur les défis majeurs de la nouvelle rentrée scolaire, pour mieux cerner la réalité sur le terrain.

Le débat reste ouvert.

La carte scolaire de la rentrée 2020-2023

Nombre d’établissements scolaires

6 134 établissements dont

4589 écoles primaires et

1545 collèges et lycées
Nombre d’élèves 2 299 367
Nombre de classes 90 194
Nombre d’enseignants 154 309 enseignants permanents et vacataires

 

Désignation Élèves Classes Enseignants
Années préparatoires 61 287 3 169  
Enseignement primaire 1 224 012 49 991 77 827
Enseignement moyen général et technique 552 417 18 985  
Enseignement secondaire 461 651 18 049 76 482
Total 2 299 367 90 194 154 309

 

À suivre

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Prof. Naceur Ammar - Le futur des métiers : des risques, mais aussi des opportunités pour notre pays

 

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