News - 14.02.2022

Le désenchantement démocratique: un nouveau miracle

Le désenchantement démocratique : un nouveau miracle

Par Ridha Tlili

1. Les bruits de bottes des armées se propagent partout en Afrique. C’est le temps des désillusions des peuples et l’abandon du rêve démocratique, de la société solidaire et d’une justice égale pour tous.

En Tunisie depuis la révolution de 2011, tous les gouvernements successifs se sont appuyés sur des diagnostiques basés sur des données incomplètes ou fausses, des statistiques erronées et surtout des promesses non tenues.

En fait, la manipulation des données pour des raisons politiques et idéologiques est en rapport direct avec le confiscation du pouvoir, le manque de confiance entre le pouvoir et la société, la crise de légitimité, la suspicion permanente entre les gouvernants et la société ont progressivement créé la rupture entre les décideurs et la population.

Ce sont les véritables sources de désenchantement démocratique et du rejet par la grande majorité de la société de la démocratie parlementaire, des partis politiques et parfois même des syndicats. Par quel miracle les élus chargés d’amener la transition démocratique à terme ont pu en si peu de temps arriver à faire oublier presque totalement le rêve d’une république démocratique et sociale  tant attendu par les Tunisiens ?

C’est une vraie question à poser à ceux et à celles qui ont gouverné depuis dix-ans et qui se présentent aujourd’hui comme habités par le rêve démocratique, la liberté et la justice sociale.

2. Certes, on ne s’improvise pas démocrate après des années de militantisme en vue d’établir un régime totalitaire d’inspiration islamiste, baathiste, nationaliste arabe, adepte et attaché au modèle du parti unique.
La culture démocratique s’apprend tout d’abord, se pratique ensuite et exige une attitude exemplaire et d’exemplarité par ceux qui détiennent le pouvoir.
Hélas, cet apprentissage n’a pas eu lieu en Tunisie. Rien n’a été fait par le gouvernement, les partis politiques et les parlementaires qui n’ont pris aucune initiative pour valoriser et diffuser les valeurs de la culture démocratique.

3. Certaines déclarations des organisations internationales appelant à la restauration des instances démocratiques ont été volontairement transfigurées par les adversaires de Kais Saied les qualifiant de soutien direct à leur parti politique en affirmant dans tous les rassemblements et les coins de rues que le Secrétaire Général des Nations Unies, l’Union Européenne, les Etats Unis d’Amérique… soutiennent leur combat et les encouragent à défier le Président de la République. Certains sont allés jusqu’à l’appel à la désobéissance de l’armée nationale notamment à travers la chaine qatarienne  AL-Jazira. Cette attitude ne facilite pas le dialogue, ni la réconciliation nationale, elle est même contre productive. Et si jamais un affrontement a lieu en Tunisie, comme d’habitude ses mêmes acteurs dirant bien entendu que c’est la faute des interventions  politiques étrangères.

4. Il est important de signaler que Kais Saied et ses adversaires de tous bords limitent leur discours  strictement aux mécanismes du pouvoir au nom de « la démocratie », alors que les questions économiques, sociales, environnementales, culturelles, … ne sont jamais posées.

Cet appauvrissement volontaire du discours politique menace le projet démocratique et remet en cause la légitimité de toute la classe politique et affaiblit les efforts de l’UGTT pour organiser un dialogue national.

Dans ce contexte une question s’impose : A quoi sert la politique en Tunisie?

5. Sans retrouver la générosité politique, sans obéir aux impératifs éthiques qu’exigent les périodes des crises (le patriotisme) il n’ya pas de salut possible.
L’égocentrisme politique, l’autosatisfaction permanente, l’absence de toute autocritique et le leadership imaginaire  ne serviront à rien pour stopper la descente aux enfers.

Le dialogue social n’est pas une montagne inaccessible. Il n’ya aucune raison de penser le dialogue national autrement. Pourquoi ne pas appeler à l’organisation les dialogues d’abord sectoriels pour aboutir un projet global.

Aujourd’hui, il est plus que nécessaire et même urgent d’engager un dialogue par étape sur l’état de l’économie tunisienne, la justice, l’emploi,… sous la forme de forums séparés en vue de trouver des solutions immédiates et à court terme pour éviter le chaos.

Partis politiques, syndicats, organisations internationales doivent se mobiliser pour appeler à la sagesse, et encore à la sagesse pour sauver l’intérêt national.

Ridha Tlili

 

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