News - 01.07.2021

Saïed, Ghannouchi et Mechichi face à une triple rude épreuve : la Tunisie pourrait-elle s’en sortir ?

Saïed, Ghannouchi et Mechichi face à une triple rude épreuve : la Tunisie pourrait-elle s’en sortir ?

Un grand tournant s’est engagé en Tunisie depuis hier, mercredi 30 juin. Le contrat de violente agression exécuté contre Abir Moussi, en direct sous la coupole du Parlement, l’adoption d’un accord inique avec le Fonds Qatari et les révélations accablantes du comité de défense des martyres Belaid et Brahmi, pointant du doigt le chef du parquet, ont provoqué un grand séisme. Ils marquent définitivement une forte rupture. Le traitement tant judiciaire que politique de ces trois affaires, des plus graves met à rude épreuve la justice, l’ARP, la Kasbah, Carthage et l’ensemble de la classe politique.

L'ampleur des dégâts est immense. Les digues sont tombées, les masques de l'hypocrésie, aussi.

L'impunité, hier cachée, est aujourd'hui publiquement affichée. Sans la moindre gène, ni pudeur.

La réponse dans les plus brefs délais montrera soit une véritable volonté de redressement, soit une nonchalance qui continue dans l’incompétence, l’impuissance et l’impunité. L’avenir immédiat de la démocratie dans un pays ravagé par la pandémie du Covid, paralysé sous confinement et couvre-feu, et assoiffé par le stress hydrique, n’est plus loin de tout péril.

Les regards se tournent avec insistance et impatience vers les chefs de l’État et du Gouvernement, le président de l’ARP et ses députés, les dirigeants des partis et des organisations nationales pour attendre leur décision ou condamner leur indécision. Les Tunisiens, déjà éprouvés au fond de leur âme, comme de leurs maigres revenus, de leur santé et de leur sécurité, perdent tout espoir. La communauté internationale en est ahurie. Dans les chancelleries étrangères à Tunis, comme dans de nombreuses capitales, personne ne trouve explication convaincante de l’attitude des gouvernants tunisiens. Tous se demandent comment le pays pourrait-il s’en sortir ?

Le deuxième semestre 2021 qui commence en ce 1er juillet, donne déjà un avant-goût de celui de 2013. Sit-in historique au Bardo, suspension de l’ANC, accord Caïd-Essebsi – Ghannouchi, Dialogue national, départ du gouvernement d’Ennahdha et de ses alliés, et désignation d’un gouvernement de compétences indépendantes, ont pavé la voie à une séquence significative de la transition. Il aura fallu la détermination inébranlable de la société civile et des partis anti-troïka, la clairvoyance de certains et le sursaut quoique tardif du président de l’ANC, pour débloquer la crise et converger vers un minimum d’accord.

Qui en est capable aujourd’hui, surtout avec l’irruption d’une nouvelle donne : la justice ? Mandat d’arrêt lancé par le parquet militaire contre un député et resté sans suite avec l’aveu du chef du gouvernement lui-même de chercher à « apaiser les tensions », flagrant délit d’agression au Bardo, et rapport de l’Inspection générale des services judiciaires viennent en tête de tant d’affaires brûlantes à trancher.

Le parcours vers la démocratie est encore long, éprouvant et coûteux. Une nation ne se mesure à la hauteur des crises qu’elle sait résoudre au mieux, le plus rapidement possible, et aux moindres dégâts. Une fois encore, la Tunisie fait face à son destin… qu’elle doit façonner elle-même. Quitte à s’amputer de membres gangrénés.

T.H.
 

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