Questions à ... - 07.10.2010

Béchir Ben Yahmed

La célébration, ce 17 octobre, du 50ème anniversaire de Jeune Afrique, « l’hebdomadaire icône du continent » suscite évocations, témoignages  et débats. En un demi-siècle, avec sa perspicacité, son ingéniosité et sa détermination, Béchir Ben Yahmed, son fondateur, a fait pour l’Afrique beaucoup plus que l’OUA et l’UA réunies, n’hésitent pas à affirmer nombre de ses  fidèles lecteurs. Quelle a été l’œuvre majeure de Jeune Afrique durant le demi-siècle écoulé ? Quelle est aujourd’hui la plus grande fierté, et la plus grande frustration de son fondateur ? Et quels sont ses projets ? En exclusivité, Béchir Ben Yahmed répond aux questions de Leaders.

Quelle est d’après-vous l’œuvre majeure de Jeune Afrique durant le demi-siècle écoulé?

Nous nous sommes efforcés de faire un hebdomadaire pour tout le continent.

En 1960, lorsque Jeune Afrique a été lancé – avant l’OUA – l’idée que les Africains au nord du Sahara, arabisés et blancs, pouvaient avoir une communauté de destin avec les Subsahariens noirs et en grande partie chrétiens (protestants et catholiques) ou animistes, cette idée n’avait pas droit de cité, n’était même pas acceptée comme utopie.

L’existence et la réussite de Jeune Afrique ont contribué puissamment à la faire exister d’abord, à la transformer en réalité tangible.

Fondée par un Africain du nord qui, en 1960, ne connaissait presque rien de l’Afrique subsaharienne, Jeune Afrique a été peu à peu accepté par nos frères subsahariens qui le considèrent aujourd’hui comme leur journal.

C’est là pour moi un grand motif de satisfaction et même de fierté.

Je suis tout aussi fier d’être parvenu à faire exister dans l’harmonie, au sein de Jeune Afrique, des Noirs et des Blancs, des musulmans, des chrétiens et des juifs.

Mon autre fierté, c’est d’avoir lutté avec constance, depuis 1960, contre le Parti unique et ses méfaits, alors même qu’il était de rigueur dans (presque) tous les pays africains.

Nous avons lutté avec la même constance contre la dictature et les dictateurs et avons payé cette opposition par des décennies d’interdiction et des dizaines de saisies.

Je pense que nous avons été la plupart du temps du bon côté, celui des causes justes même au moment où c’était impopulaire de les soutenir.

Quelle est aujourd’hui votre plus grande fierté? Et quelle est votre plus forte frustration ?


Ma plus grande frustration est de voir que le continent africain n’a pas encore pris le chemin du développement et de la démocratie. Et surtout que les systèmes éducatifs et de santé y fonctionnent si mal, sauf exception.

Or nous savons tous que si les jeunes d’aujourd’hui ne sont pas bien éduqués et bien soignés, leurs pays ne se développeront pas demain.

Vous vous consacrez désormais à La revue. Mais quels sont vos autres projets?

La revue est devenue un mensuel et il n’en est qu’à ses débuts. Il faut donc s’en occuper beaucoup, bien et longtemps pour le hisser au niveau de l’excellence internationale que j’ambitionne pour lui.

Peut-être aurai-je, si Dieu le veut, la force et le temps d’écrire ce que j’aurai vu, entendu et appris au cours des cinq ou six dernières décennies : le témoignage d’un acteur dont le parcours professionnel a débuté avec les années 1950.

 

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8 Commentaires
Les Commentaires
sadok driss - 10-10-2010 20:14

Cinquante années de célébration de Jeune Afrique nécessiteraient un espace plus élargi pour tirer des leçons du passé,compte tenu des diverses révolutions qui n'ont pas manqué de secouer le monde des professionnels,voire les diplomates,les savants,les praticiens de divers secteurs,les évènements de toutes sortes conduisant à la prise de décisions qui n'ont pas toujours abouti à la concrétisation des objectifs. Les cercles vicieux de pauvreté,malnutrition,analphabétisme,etc;;n'ont pas disparu complètement,ce qui a rendu la polémique inévitable malgrè les promesses formulées ,à travers les multiples sommets de leaders de tous les horizons.Emile Zola,le célèbre auteur français a cité trois sources fiables d'information,voire l'observation,les écrits et les témoignages,et faut-il reconnaître que Jeune Afrique a contribué à sa manière de préserver l'Excellence et le Prestige qui ont persévéré,malgrè le changement provi-soire de son titre.Et comme le réitérait,Emile Durkheim,éminent sociologue,pour bien comprendre le futur,i faut étudier le passé.Alors que pour les Japonais,trois conseils sont formulés pour l'individu,au Japon, voire,qu'en une année,il faut planter le riz,alors qu'n une décennie,il faut cultiver un arbre,alors q'en un siècle,il faut s'éduquer,voire une tâche de longue haleine.Finalement,les success stories en scandinavie(Suède, Finlande)sont difficiles à transférer en Afrique,et voilà que les promesses de la Conférence de Stocholm,de 1972,sur l'Environnement,méritent d'être réitérées et renforcées,suite aux sommets de RIO,1992,et de Johannesburg,2002,mettant en exergue les exigences de tout développe- ment durable.La Jeune Afrique,en tant que Journal,a été impliquée à sensibiliser le public,au sens alrge,quant aux promesses et menaces dans tout processus de développment durable et soutenable.La célébration du cinquantième anniversaire servira à rendre hommage au Fondateur et ses alliés,à travers ce demi-siècle,et un hommage posthume aux auteurs de tous les bords qui ont tout fait pour sensibiliser les africains et le reste du monde.Bonne chance dans l'Avenir,et comme le disait Moncef Bercous,tailleur tunisien de notoriété,l'Avenir appartient à ceux qui voient bien et loin.

EMDE - 11-10-2010 07:47

Tout jeune j'ai été séduit par ce journal que je trouvais toujours sur la table de nuit de mon regretté père: AFRIQUE ACTION puis JEUNE AFRIQUE est devenue une lecture apaisante au temps où nous ne disposons ni de télé ni d'internet .J'aimais beaucoup ce regard en biais sur la photo de BBY avec son éditorial et..ce qu'il pense.C'était du vrai journalisme.La question que je me suis toujours posé pourquoi un personnage aussi brillant que BBY n'a jamais rien fait pour sortir le journalisme tunisien de son marasme??

Ali JAOUANI - 11-10-2010 08:16

Les cinquante ans de vérités de Jeune Afrique constituent sans nul doute l'une des sources de vie pour des générations d'Africains en général et de Tunisiens en particulier. Une école de franchise, de tolérance mais aussi et surtout d'intelligence entrepreunante qui ne cultive que l'espoir d'être mieux voire meilleur.Pour cela Béchir Ben Yahmed n'a pas lésiné sur l'effort, la volonté et la sincérité. Merci BBY pour l'oxygène de liberté que J A ne cessat de nous donner à respirer, à vivre. Ali Jaouani Psychosociologue - Tunis

Rafâa BEN ACHOUR - 11-10-2010 10:36

Jeune afrique est pour nous tous une source documentaire incontournable sur l'Afrique et un forum intellectuel irremplaçable pour la liberté d'opinin et d'expression sur les grandes questions qui ne cessent de se poser au continent africain:Développement, paix et sécurité, démocratie et bonne gouvernance. BBY a relevé un défi. Il a réussi. Il a notre reconnaissance et notre considération

FBM - 11-10-2010 18:03

JEUNE AFRIQUE est plus qu’un simple journal, c’est un projecteur orienté vers un continent où il fait encore nuit dans la majorité de ses terres et vers une région complexe où les conflits ne finissent jamais ; CQJC de BBY nous déchiffre les énigmes des événements, nous épargne tant de lectures et nous éclaircit les questions les plus compliquées avec une vision et une clairvoyance rarement démentie… Sacré BBY ! joyeux anniversaire JA (17 octobre c'est aussi le jour de mon anniversaire )

amira - 11-10-2010 23:25

Félicitations!! Vous êtes un Grand MONSIEUR à qui je voue bcp d'admiration.

Hager - 12-10-2010 11:22

C'est un journal que je lis avec beaucoup d'attention pour la crédibilité des informations qu'il comporte ainsi que pour la qualité de ses analyses des évènements et grandes questions qui se posent aujourd'hui au niveau du continent africain voire dans le monde entier. Félicitations et Bravo à M BBY et Bon anniversaire pour JA, il se trouve que le 17 octobre c'est aussi mon jour d'anniversaire!

Issa Ba - 23-10-2010 14:04

Jeune Afrique est plus qu 'un journal,c'est l 'école du continent, qui permet d 'enprendre la régle clef du monde moderne.BRAVO! Mr BECHIR BEN YAHMED et COLLABORATEURS

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