News - 01.10.2019

Aissa Baccouche: Adieu et merci, M. Chirac

Aissa Baccouche : Adieu et merci, Mr Chirac

«Adieu et merci, Monsieur Chirac» ainsi conclut l’archevêque de Paris Michel Aupetit son homélie prononcée en l’église Saint-Supplice à Paris en hommage à l’illustre disparu.

Le maitre de cette cérémonie funéraire ponctua son discours par des citations choisies dans la verve chiraquiènne. Souvenons-nous de cette envolée lyrique lors du sommet de la terre tenu en 2002 à Johannesburg. J’y étais. «Notre maison brûle et nous regardons ailleurs ». Nous en avions beaucoup parlé avec délectation dans les allées de Sandton.

Comme beaucoup de Tunisiens francophones  et francophiles, j’ai suivi la carrière ascendante du président défunt.

Jeune loup gaulliste, il s’était forgé patiemment mais avec ténacité un destin national.
Secrétaire d’état en 1967, ministre en 1972 puis premier ministre une première fois en 1974 puis une seconde fois en 1986, député de la Corrèze depuis 1967, maire de Paris pendant 18 ans, Chirac était assez aguerri pour se mettre de nouveau à l’assaut de l’Elysée.

Elu en 1995 puis réélu en 2002- une élection avec un score soviétique face à le Pen-père-, le 5ème président de la cinquième République marqua de son empreinte ses douze années de magistrature suprême.

Nonobstant les couacs inévitables dans tout parcours politique de cette envergure, M. Chirac fut l’homme qui incarna l’honneur de la France,  La France de valeurs. C’est ainsi qu’il clama haut et fort son opposition aux Oukases de  Busch Sr, à la veille de l’invasion de l’Irak.

Dans un discours gaullien prononcé dans l’enceinte du Conseil de Sécurité à New-York, Dominique de Villepin alors ministre des affaires étrangères, admonesta, au nom de son mentor, les Américains en leur infligeant un camouflet quant à leur argumentaire pour venir à bout de Saddam.

Chirac aimait les Arabes et ceux-ci le lui rendaient bien. L’on se souviendra toujours, à ce propos, de la scène ardente de son corps à corps avec la police israélienne qui tentait de l’empêcher de saluer les palestiniens venus à sa rencontre.

Il était ainsi fait. Proche des gens où qu’ils soient et quels qu’ils soient. J’en étais témoin. Au salon de l’agriculture qui se tient annuellement au mois de Février à la porte de Versailles et qu’il ne ratait jamais, Jacques Chirac passait des heures entières à s’entretenir avec chacun des exposants et parfois avec les passants. On prétend, mais c’est le côté joyeux du personnage des Guignols, qu’il avait aussi une bonne compagnie avec les animaux, notamment les vaches qu’il caressait avec tendresse.

Une fois, il nous fit l’honneur de visiter le stand de la Tunisie où j’exposais les roses de l’Ariana. Le reporter du journal «Le Monde» a tout de suite relevé ce passage. Il a rapporté, dans l’édition du soir, que les Tunisiens avaient offert au Président Français un bouquet de roses. Il s’agissait, en effet, de roses coupées produites à la Khlidia dans une ferme créée à l’initiative du regretté Youssef Ben Slimane.

Paix à leurs âmes.

La marche de Radetzky de Johann Strauss (1804-1849), point d’orgue du concert du Nouvel An, la présidence de B.C.E s’est achevée le 27 juillet dernier dans la ferveur.
A l’encan, toutefois, quelques fausses notes, notamment celles serinées sur les plateaux de TV par certains anciens pontes du parti du président qui, après avoir craché dans la soupe, viennent après le décès de leur géniteur politique, y goûter un peu, passionnément et à la goulue…

Là où repose son âme, le défunt bienheureux qui a étayé de son vivant le fameux adage «c’est dans les vieilles marmites qu’on fait de la bonne soupe» doit se pourlécher les babines.

La dernière fois que j’ai rencontré Si Béji c’était au domicile de feu Mohamed Sayah quand il venait présenter ses condoléances à la famille de l’enfant putatif de  Bourguiba. En m’apercevant il m’interpella avec sa verve coutumière: «alors comment vont les roses de l’Ariana ?»

Maintenant qu’il n’est plus là, c’est avec émotion que je me remémore ces vers de Ronsard (1824-1585), le chantre de la rose, que je dédie à celui qui comptait beaucoup d’amis parmi les Arianais que j’eus l’honneur de servir de 1980 à 1985.

Pour obsèques reçois mes larmes et pleurs

Ce vase plein de lait, ce panier plein de fleurs.

Aissa Baccouche
 

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