Opinions - 04.09.2017

Pour l’élaboration d’un Livre Blanc sur la Défense et la Sécurité nationales tunisiennes

Pour l’élaboration d’un Livre Blanc sur la Défense et la Sécurité nationales tunisiennes

La constitution d’un foyer d’instabilité durable sur notre flanc sud sahélien, le chaos libyen à l’Est et les incertitudes inhérentes à la succession algérienne à l’Ouest constituent autant de menaces devant interpeller de manière prioritaire les autorités tunisiennes.

Le Ministère de la Défense assume une mission de sécurité qui ne saurait sous-estimer les aléas et les variations futures de l’environnement national et international. Afin de mieux consolider son champ d’action et d’intervention, il doit pouvoir initier ses officiers à la réflexion stratégique et prospective et ancrer cette réflexion dans le cadre de la formation des forces. Dans le cadre d’une menace terroriste chronique et volatile, les aléas et les incertitudes inhérents au maintien de l’ordre et à la sauvegarde de l’intégrité de l’Etat peuvent affecter directement ou indirectement la sécurité nationale. En ce sens, l’action préventive acquiert une dimension centrale. Il s’agira d’être en mesure d’anticiper des situations que nous pouvons qualifier de « situations de seuil d’alerte sécuritaire » pour les officiers du Ministère de la Défense.

Le fonctionnement et la performance des forces armées s’inscrivent au sein d’une représentation du champ des menaces non pas simplement du passé ou du présent mais également de l’avenir. Un Etat doit être en mesure de maîtriser les enjeux d’avenir de sa politique de défense et les besoins qui en découlent afin de jouer pleinement son rôle dans le maintien des grands équilibres internes.
La volatilité et la diversité des menaces pouvant peser significativement sur la sécurité du pays dictent de sensibiliser les dirigeants à la nécessité de la prise en compte de l’avenir dans leurs processus d’évaluation, de diagnostic et de traitement des sources de menace avérées ou potentielles.

Dans ce cadre, la prospective a pour vocation de « rajouter des cases dans les stratégies de défense du territoire national». Penser l’avenir, c’est se préparer à l’action, c’est forger une stratégie d’investigation de l’avenir (être en mesure de le baliser) débouchant sur un outil opérationnel d’aide à la décision stratégique.

Aujourd’hui, émerge un nouveau besoin de rigueur en rapport avec la nouvelle réalité qui nous entoure. Anticiper, c’est une méthodologie et une compétence qui ne peuvent se résumer à la seule intuition du chef. Si nous pouvons anticiper, nous pouvons agir et agir mieux. Cette capacité à anticiper de futures menaces s’inscrit dans la stratégie et la volonté des autorités publiques de mieux faire face à des situations constituant une menace majeure à la sécurité du pays dans un environnement de plus en plus volatil.

Cette orientation dicte la mise en place d’un système de monitoring en mesure d’anticiper toute montée de tensions susceptible d’engendrer une crise régionale majeure menaçant la sécurité du territoire tunisien. Penser le futur est un exercice intellectuel qui exige impérativement la maîtrise et l’usage de démarches et de méthodes spécifiquement adaptées.

L’objectif est d’élaborer des mécanismes opérationnels et des propositions efficaces permettant d’accroître la lisibilité du théâtre maghrébo-sahélien et des menaces qui en découlent afin de prévenir les crises de manière structurelle. Compte tenu de la volatilité et de l’instabilité chronique de la région, il convient de se démarquer de l’attitude purement réactive en devenant « anticipateur ».

Compte tenu des diverses interprétations possibles et d’un risque de dérive vers une connotation idéologique, il est difficile d’établir une définition consensuelle du concept de sécurité.
Globalement, la sécurité nationale désigne la grande stratégie visant à parer aux risques et aux menaces tant internes qu’externes susceptibles de porter atteinte à la vie et aux intérêts vitaux de la nation.

La perception des menaces, par nature subjective et politique, aboutit à une forte différenciation entre Etats quant à la formulation de leurs stratégies de sécurité nationale. Elle dépend de la culture et de la posture stratégique de l’Etat et de la représentation qu’il construit de sa géopolitique intérieure et de la géopolitique de son environnement régional et mondial. L’échelle des priorités varie également en fonction de spécificités historiques et géographiques.

Menaces extérieures et vulnérabilités intérieures, servir des ambitions et parer à des menaces constituent deux paradigmes analytiques permettant l’élaboration d’une stratégie de sécurité nationale.

Eléments de structuration d’un livre Blanc

Selon les Etats, de fortes disparités existent relativement à l’élaboration d’une stratégie de sécurité nationale. Certains pays développent des Livres Blancs, fruits d’un retour d’expérience et d’une longue maturité stratégique. D’autres se limitent à des formulations plus ou moins vagues et floues, les différences se matérialisant au niveau de la délimitation du périmètre traité entre sécurité globale et défense et de la définition des moyens pour y répondre en termes de doctrine stratégique.

De manière globale, chaque pays élabore, selon Barbara Kunz, sa stratégie de sécurité nationale suivant une analyse approfondie s’inscrivant dans le temps long de l’histoire de son environnement géopolitique et des menaces qu’il projette ainsi que des lignes de vulnérabilités intérieures susceptibles de porter atteinte à la souveraineté et à la cohésion de la nation. Cette analyse repose sur des spécificités nationales qu’elles soient historiques, géographiques, politiques, économiques, sociales, constitutionnelles, culturelles, environnementales, etc. C’est l’affirmation des intérêts vitaux nationaux.

Dans leur grande majorité, les documents élaborés par les différents pays proposent une analyse du contexte géostratégique international et de son évolution. Si cette analyse est globalement convergente, les stratégies nationales n’en tirent cependant pas les mêmes conclusions quant aux risques et aux menaces auxquels les pays doivent faire face. Peu de documents développent une vision prospective des mutations géopolitiques bouleversant la scène internationale.

En définitive, les stratégies de défense et de sécurité nationales analysées sont pour l’essentiel descriptives plutôt que prescriptives ou proactives.Pourtant, le livre blanc, ou toute publication nationale à visée similaire, doit être conçu fondamentalement comme une feuille de route.Il se doit de composer avec deux exigences difficilement conciliables : le temps long stratégique et le temps court de la sécurité.D’un aspect essentiellement prescriptif ou proactif, il devrait guider l’allocation des moyens financiers, fonder la planification de défense et énoncer les principes de la structuration de l’outil militaire. Il devrait permettre aux gouvernements de déterminer et d’adapter la taille et la configuration optimale de leurs forces armées en fonction du diagnostic stratégique établi en amont, le tout dans les limites de l’effort financier que le pays est apte à consentir pour assurer sa défense.

Relativement à l’élaboration d’une stratégie nationale de sécurité, nous proposons, à titre liminaire, les éléments suivants :

Le diagnostic stratégique

Ce diagnostic se focalise sur l’analyse de trois éléments fondamentaux : les grandes évolutions ou mutations de l’ordre mondial (rapports de puissance), la restructuration du voisinage stratégique et l’identification des lignes de vulnérabilité. Le diagnostic doit proposer une analyse prospective des transformations susceptibles d’affecter l’environnement stratégique à court, à moyen et à long terme. Une telle grille d’analyse permet ainsi d’isoler au sein de l’environnement international ce qui relève des défis et des opportunités stratégiques, ce qui relève des risques et ce qui relève des menaces. Cette analyse différenciée de l’environnement stratégique permet dès lors de définir le rôle que le pays souhaite y jouer et d’y inscrire plus spécifiquement son action.

Un diagnostic stratégique exhaustif isole ce qui est d’ordre structurel et ce qui est d’ordre conjoncturel ; ce qui relève des permanences et ce qui relève des mutations. Il propose une analyse prospective des transformations susceptibles d’affecter le contexte stratégique à court, à moyen et long terme. Le Future Policy Survey des Pays-Bas propose, à titre illustratif, une analyse prospective fouillée des mutations futures du contexte stratégique immédiat, régional et international. Il différencie pour ce faire scénarios stratégiques (multipolarité, multilatéralisme, fragmentation, réseau), chocs stratégiques (démographiques, économiques, sociaux, technologiques, écologiques, politiques, sécuritaires), analyse à court, moyen et long terme des valeurs et des intérêts vitaux et stratégiques des Pays-Bas et identification des fonctions stratégiques (anticipation, prévention, dissuasion, protection, intervention, stabilisation, normalisation).

La dimension stratégique, à savoir l’élaboration du diagnostic stratégique et de la posture stratégique, doit en principe pouvoir fonder la dimension opérationnelle. De l’ensemble de ces considérations découle la définition du rôle, des missions, de la taille, de l’organisation et de l’évolution des forces armées et des capacités qui sont les siennes. Le versant opérationnel de la politique de sécurité et de défense du pays inclut les opérations stricto sensu mais également ce qui relève de l’amont : la définition du rôle et des missions des forces armées, la doctrine d’emploi des forces, la stratégie militaire, l’ambition capacitaire, la planification et les investissements de défense et les questions administratives.

La posture stratégique

La posture stratégique traduit en objectifs le diagnostic stratégique. La sectorisation, c’est-à-dire l’impact des évolutions de l’environnement extérieur et intérieur, sont prises en compte.

Cette posture « porte sur les objectifs qui ont trait à la préservation de ses intérêts vitaux élémentaires, tels la protection de la souveraineté nationale, du territoire, des citoyens, des valeurs et des modes de vie nationaux »(1) .

Le diagnostic stratégique doit permettre de dresser la liste exhaustive des menaces, risques et vulnérabilités affectant la sécurité nationale de la Tunisie et leur évolution. La posture stratégique doit constituer la réponse, les orientations stratégiques à mettre en œuvre afin d’y faire face. Il s’agit de libeller les priorités stratégiques : « au vu de, je dois faire…. » afin d’aboutir à une stratégie des moyens.

L’analyse différenciée de l’environnement stratégique permet dans un second temps de définir le rôle que le pays souhaite y jouer et d’y inscrire plus spécifiquement son action. Elle permet de définir les principes de la politique de sécurité et de défense du pays, de déterminer les objectifs stratégiques à atteindre afin de parer aux risques et aux menaces mis en évidence, de définir le degré d’autonomie et d’ambition nationales et d’élaborer en détail la posture stratégique du pays.La posture stratégique d'un pays porte sur les objectifs qui ont trait à la préservation de ses intérêts vitaux élémentaires, tels la protection de la souveraineté nationale, du territoire, des citoyens, des valeurs et des modes de vie nationaux.

Les objectifs prioritaires de la stratégie de Sécurité Nationale se définissent en termes de menaces aux intérêts nationaux. Les menaces et les risques sont classés par priorité, selon une appréciation qui conjugue probabilité d’occurrence et impact potentiel sur les intérêts à protéger.

En s’appuyant sur une combinaison de l’approche par scénarios et de l’anticipation opérationnelle, il est possible de parvenir à une hiérarchisation des menaces et des risques susceptibles de porter atteinte à la sécurité nationale de la Tunisie.
A titre illustratif et non exhaustif, il serait opportun de retenir les menaces suivantes(2):

  • La menace conventionnelle: agression contre le territoire national;
  • La menace terroriste;
  • Le crime organisé transnational;
  • La corruption;
  • Les influences et ingérences étrangères hostiles;
  • La cybermenace;
  • Les menaces ciblant l’économie nationale (système productif et de distribution);
  • Les risques naturels et accidentels, etc.

Les fonctions stratégiques

Les fonctions stratégiques retenues dans le cadre de l’étude « la Tunisie en 2025 » fixant le cadre permettant l’élaboration d’un livre blanc repose sur la combinaison entre proactivité et résilience(3) . A titre illustratif, quant à la menace terroriste jugée prioritaire, il est préconisé(4):
« La menace terroriste est une menace avérée constituant un péril majeur appelé à s’inscrire sur la longue durée.

Faire face au péril terroriste, avec la ferme résolution de le juguler, est un objectif prioritaire de la Stratégie de Sécurité Nationale et ce, dans le respect de la Constitution et dans le cadre de l’application de la loi. Le juguler, c’est arrêter son développement, le maîtriser et l’étouffer.

Il s’agit, ici, d’articuler et de formaliser une stratégie en grande partie déjà appliquée.

L’objectif poursuivi est celui de l’enchaînement logique d’obtention des résultats escomptés, résultats qui se complètent dans cet ordre : proactivité à court terme, résilience amont, résilience aval et proactivité à long terme. Toutes ces voies sont d’égale importance et sont à mettre en œuvre en parallèle.

a. La proactivité à court terme : dénier au terrorisme toute initiative

Dans une posture de proactivité, l’idée est de priver le terrorisme de l’avantage de l’initiative. Il s’agit de mener des offensives selon les lignes d’action suivantes :

  • Surveiller et contrôler les moyens de communications et les flux de biens et de personnes en vue de :

- Remonter aux acteurs du terrorisme et les traquer. Cela revient à détecter, identifier, neutraliser les réseaux, les cellules et les individus et les traduire, le cas échéant, en justice ;
- Priver le terrorisme de moyens et de ressources : financement, moyens de communication, armes, munitions, explosifs, composants et produits pouvant être utilisés dans la fabrication d’engins artisanaux.

  • Dénier aux terroristes toute zone refuge et toute liberté de mouvement et limiter leurs marges de manœuvre ;
  • Empêcher le recrutement de ceux qui viendraient remplacer les terroristes éliminés au cours de la lutte, notamment dans les espaces physiques et virtuels où il a lieu ;
  • Gérer et contrôler les éléments radicalisés, y compris ceux retournant de l’étranger ;
  • Contrecarrer le discours idéologique extrémiste.

Tout ceci s’inscrit dans une approche intégrée, déjà en place, dont les résultats sont palpables. La loi organique relative à la lutte contre le terrorisme et le blanchiment d’argent traduit cette approche. Maintenir l’avantage acquis sur l’ennemi passe par l’exploitation des marges d’amélioration du système dans les domaines suivants (certaines de ces améliorations sont en cours):

(1) dans la fonction transversale d’anticipation où la coordination et le partage de l’information sont des facteurs clés. Deux années après sa création, une évaluation du fonctionnement du Pôle Sécuritaire contre le Terrorisme et le Crime Organisé, par les organes contributeurs eux-mêmes, permettrait d’identifier ces marges d’amélioration. Il en est de même pour le pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme. En outre, d’autres organes et d’autres mécanismes de coordination, en gestation, sont nécessaires ;

(2) dans la sécurisation des frontières par des moyens de surveillance et de vigilance. Le système de surveillance électronique des frontières sera d’un grand apport. Par ailleurs, la coordination entre tous les intervenants est également perfectible ;

(3) dans le déni de zones de refuge aux terroristes dans les régions montagneuses du nord-ouest et du centre-ouest, objectif qui n’a pas encore été atteint ;

(4) dans le dispositif actuel de lutte contre le financement qui est focalisé sur le système bancaire et ne couvre pas les circuits parallèles. Dans le même ordre d’idées la loi sur les associations est jugée très permissive, notamment en ce qui concerne leur financement depuis l’étranger ;

(5) dans la ligne d’action « Contrecarrer le discours idéologique extrémiste » qui doit faire l’objet d’un effort pensé et coordonné avec l’implication de nombreux acteurs : Etat, élite intellectuelle, monde académique, société politique et société civile. Elle a pour objectif de déconstruire la propagande djihadiste par une stratégie de communication dont le contenu est un discours alternatif à concevoir. Dans ce domaine, les initiatives non-institutionnelles trouvent plus d’audience auprès des jeunes.
Nonobstant les mesures prises dans le cadre de la proactivité à court terme, des actes terroristes restent possibles. La résilience amont constitue le deuxième « étage » de la stratégie de lutte contre le terrorisme.

b. La résilience amont: protéger les cibles

Les catégories de cibles visées par le passé sont susceptibles de changer. Evaluer les possibilités de ce changement est un préalable.
La résilience amont est conférée par l’ensemble des mesures visant à :

  • perfectionner et fiabiliser les dispositifs de surveillance ;
  • réduire la surface d’exposition aux actes terroristes ;
  • durcir la surface exposée au choc ;
  • concevoir les moyens de protection et de préservation.

Le terrorisme, sous pression, a généralement tendance à lancer des opérations spectaculaires pour signifier qu’il conserve une capacité de nuisance afin de rassurer ses partisans et ses sponsors.

Il s’agit, par conséquent, de protéger, à titre préventif, les cibles pouvant être visées par des actes terroristes.

c. La Résilience aval : se préparer à limiter les effets d’une attaque et à recouvrer rapidement un fonctionnement normal

La résilience aval consiste en la capacité planifiée à atténuer l’impact d’un choc s’il venait à se produire et à recouvrer, rapidement, un fonctionnement normal. Il s’agit d’être préparé à répondre promptement, de façon organisée, ordonnée et coordonnée. Les priorités étant de :

  • sauvegarder les vies humaines en organisant les secours ;
  • localiser les auteurs et les traiter ;
  • prendre les dispositions conservatoires en vue de l’enquête ;
  • Gérer la communication de crise. A ce sujet, il convient de rappeler l’effet psychologique recherché par le terrorisme, notamment par l’image. Le rôle des médias est, à ce propos, déterminant. Les réactions sous l’effet de l’émotion sont contre-productives.

La résilience aval, dans le cas d’actes terroristes, devrait faire l’objet d’un plan national et de plans régionaux. (Voir §3.6 la résilience face aux risques naturels et accidentels). Mieux encore, une culture de la résilience devrait être diffusée, aussi bien dans le secteur public que dans le secteur privé et au sein de la société en général.

A ce stade, l’Ecole et l’enseignement jouent un rôle fondamental. Ils constituent la première ligne de défense.

d. La proactivité à long terme : traiter les facteurs sous-jacents du terrorisme

En vue d’immuniser la société tunisienne contre ce fléau, outre les lignes d’action ci-dessus, la proactivité à long terme vise les racines. Les inerties en jeu sont telles que cette dimension de la stratégie s’inscrit dans le long terme et, au mieux, dans le moyen terme.

Ces racines se trouvent dans des facteurs exogènes et des facteurs endogènes. Concernant les facteurs exogènes, la Tunisie contribue aux efforts internationaux de prévention de l’extrémisme et de lutte contre le terrorisme. Sa stratégie comprend la coopération multilatérale et la coopération bilatérale.

Quant aux facteurs endogènes, ce sont des facteurs de deux natures différentes, l’une est culturelle et peut favoriser la naissance d’une société incubatrice du terrorisme et l’autre joue le rôle de catalyseur du terrorisme.

  • Immuniser la société contre le discours idéologique extrémiste

La première ligne d’action concerne en premier lieu l’Ecole et l’éducation qui doivent avoir pour première finalité le partage des valeurs communes de notre nation. La culture et les arts ont pour vocation d’y contribuer. Cet aspect est traité dans le chapitre « culture et éducation ».

  • Immuniser la société contre la radicalisation revient, aussi, à traiter en profondeur les sources de griefs et de ressentiments

Les facteurs sociopolitiques. Les politiques et les mesures décrites dans le chapitre « Etat et institutions », de nature à rétablir la confiance en l’Etat et en ses institutions, renforcent la cohésion nationale dans la perspective d’agir pour la réalisation d’un destin commun. La cohésion nationale est la meilleure immunité face à la menace terroriste ;
Les facteurs socio-économiques. Les politiques et les stratégies économiques qui sont exposées dans le chapitre portant sur les enjeux économiques, ont, entre autres objectifs, celui de redonner espoir et confiance en l’avenir aux jeunes, fragilisés par le chômage et les disparités régionales, sources de ressentiment et de frustration » .

Conclusion

Enfin, une précaution nous semble intéressante : toutes les composantes de la société doivent concourir, à travers une stratégie globale et intégrée, à la sécurité de la nation en se mobilisant autour d’un récit national donnant du sens et fédérateur. Bernard Wicht développe, en analysant ce qu’il nomme le « Swissbollah (mélange entre le modèle suisse et celui du Hezbollah), le concept de citoyen-soldat 2.0 . La résilience, concept « à la mode », repose sur ce principe d’association et d’implication du citoyen dans la sécurité de la nation et sa capacité à absorber les chocs tant intérieurs qu’extérieurs.

Mehdi Taje
Géopoliticien et prospectiviste, spécialiste du Maghreb et du Sahel africain
Tunis, le 31 août 2017

(1) Olivier de France, « Etude comparative des Livres Blancs des 27 Etats membres de l’UE : pour la définition d’un cadre européen », Etudes de l’Irsem, N°18, 2012, p.38.

(2) ITES, « La Tunisie en 2025 », Chapitre 2, Notre vision pour une sécurité nationale proactive et résiliente, p.28, consultable au lien suivant : http://www.ites.tn/wp-content/uploads/2017/04/Tunisie-2025-compressed.pdf

(3) Commission Défense et Sécurité Nationales relevant de l’étude « La Tunisie en 2025 » présidée par l’Amiral Tarek Faouzi El Arbi.

(4) ITES, « La Tunisie en 2025 », Chapitre 2, Un Etat-Nation en paix, proactif et résilient, p.72-76, consultable au lien suivant : http://www.ites.tn/wp-content/uploads/2017/04/Tunisie-2025-compressed.pdf

(5) ITES, « La Tunisie en 2025 », Chapitre 2, Un Etat-Nation en paix, proactif et résilient, p.72-76, consultable au lien suivant : http://www.ites.tn/wp-content/uploads/2017/04/Tunisie-2025-compressed.pdf

(6) Bernard Wicht, « vers le citoyen-soldat 2.0 », revue DSI, N°120, décembre 2015, p.42.


 

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2 Commentaires
Les Commentaires
Mohamed KASDALLAH - 04-09-2017 20:21

S'il est un domaine de l'action régalienne où la logique du résultat doit l'emporter sur celle des moyens,un domaine où il est dangereux de sacrifier le futur au présent, c'est celui de la Défense .Et pourtant c'est celui où ces règles élémentaires ont été ignorées depuis plus de six ans ,au mépris du premier des principes stratégiques : proportionner les moyens à la mission .L 'impossible a été demandé à l'armée ; elle l'a fait mais à quel prix ? Notre armée a été engagée sans retenue .Que l'armée soit engagée , c'est normal , mais qu'elle le soit à toutes les sauces c'est dangereux .Le militaire, ayant la silencieuse obéissance statutaire ,fait toujours de son mieux, ce qui est à la fois sa grandeur et sa faiblesse ;jusqu’à l'usure .

NOUISRI LOTFI - 05-09-2017 08:36

excellente annalyse Félicitations

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