News - 09.02.2017

Ce qu’il faut retenir de la visite du président Caïd Essebsi à Rome (Album Photos)

Ce qu’il faut retenir de la visite du président Caïd Essebsi à Rome

Rome – De l’envoyé spécial de Leaders, Taoufik Habaieb. Cinq éléments essentiels au moins, en plus de la question libyenne, sont à relever l’issue de la visite d’Etat de deux jours effectuée mercredi et jeudi, 8 et 9 février 2017 par le président Béji Caïd Essebsi en Italie.

1 - De grandes retrouvailles tuniso-italiennes

Les marques d’estime et de considération à l’endroit de la Tunisie et de son président se sont multipliées au-delà du grand protocole d’Etat pour exprimer une grande proximité. A chaque séquence du programme, le cérémonial était des plus fastueux et les propos des plus élogieux et surtout sincères. « L’entretien avec le président de la République, Sergio Mattarella a été d’un niveau exceptionnel, tant pour ce qui concerne les relations bilatérales que la Libye et la situation d’ensemble », confie à Leaders une source tunisienne. Avec le chef du gouvernement, Paolo Gentilone, les discussions ont porté encore plus sur des dossiers de grande portée, comme l’appui financier, l’investissement, l’émigration clandestine, le terrorisme et la crise libyenne. 

C’est au Sénat, que les parlementaires italiens ont donné libre cours à leurs sentiments les meilleurs à l’égard de la Tunisie. Pietro Grasso, président du Sénat a commencé par dire qu’enfant en Sicile, avait l’impression qu’il voyait la Tunisie au bout de la main et notre pays est toujours resté depuis lors une partie de lui-même. Laura Boldarini, présidente de la Chambre des Députés, a particulièrement rendu un vibrant hommage à la femme tunisienne. Elle a souligné que si la démocratie ne s’exporte pas, elle se soutient. D’où le devoir de l’Italie, de l’Europe et de la communauté internationale. Fabrizzio Cicchitto, président de la Commission des Affaires étrangères à la Chambre ira plus loin. « Ce n’est pas par hasard que le terrorisme vous frappe. Vous démentez toutes ses thèses », soulignera-t-il. Mais, c’est Pier Ferdinando Casini, son homologue du Sénat qui surprendra tous. « Nous devons avoir un examen de conscience et procéder à une réelle auto-critique, tant l’Europe a délaissé la Méditerranée, surtout sa rive sud et encore plus la Tunisie, a-t-il déclaré. Notre regard s’est adressé au Nord et à l’extrême Orient, nous avons voulu intégrer la Turquie sans pour autant regarder juste en face, vers la Tunisie qui mérite tout notre soutien. »

2 - L’émigration

L’Italie rejoint la Tunisie dans la nécessité d’une politique concertée qui reprend les accords de 2005 et surtout 2011, afin d’agir sur les causes profondes, de contribuer au financement de projets de développement dans les régions sourcs d’émigration. Le président Caïd Essebsi s’est présenté à Rome fort d’un bilan digne d’éloges. De 22.000 migrants tunisiens en Italie en 2011, on n’en compte ces dernières années qu’un millier, grâce au renforcement de la surveillance côtière, appuyée notamment par des équipements fournis par l’Italie.Il s’agit à présent de renforcer cette vigilance et d’impliquer les pays africains sub-sahariens concernés.

3 - Le terrorisme

Les Italiens sont de plus en plus ralliés à l’approche tunisienne recommandant une stratégie globale et intégrée qui prenne en considération les racines culturelles, économiques, sociales et politiques de ce fléau. La coopération sécuritaire, aussi nécessaire qu’elle soit, reste inopérante sans tout le reste. Si les deux parties ne révèlent pas leurs programmes renforcés de coopération sécuritaire, elles ont convenu d’une série de nouvelles actions à divers niveaux.

4 - L’investissement

Plus de cinquante chefs de grandes entreprises italiennes ont pris part jeudi matin au forum économique présidé par le chef de l’Etat tunisien. Ils sont venus de Milan, Genes, Naples et autres villes d’Italie. Leur message est clair : « Oui on veut déjà consolider nos entreprises en Tunisie et nos opérations dans ce pays auquel nous nous sentons intimement liés, mais nous attendons plus de visibilité et de garanties et moins de formalités administratives ». Le président Caïd Essebsi a commencé par leur affirmer tout son appui et déclaré : « Commençons par réaliser ce qui a été convenu. C’est déjà très important ». Il laissera Fadhel Abdelkéfi, ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, leur répondre, question par question, sur un ton sincère et encourageant.

5 - La coopération bilatérale

Pas moins de six accords ont été signés à cette occasion. Elles embrassent une large panoplie de secteurs notamment l’assistance technique et financière, la science et la culture, le tourisme, le développement durable, l’énergie, la santé et le tourisme. Sans doute l’enveloppe financière de 165 millions d'euros consentie par l’Italie en faveur du budget tunisien illustre le plus la volonté d’appuyer la Tunisie dans cette étape cruciale.

Et la Libye

C’est un point essentiel des entretiens du président Caïd Essebsi à Rome. L’Italie appuie totalement l’initiative tunisienne pour favoriser une sortie de crise en Libye et n’exclue pas de s’y adjoindre au moment propice.

 

Les Italiens estiment que cette visite d’Etat ouvre une nouvelle grande page dans les relations millénaires. Ils l’ont réitéré sans cesse : « Président Caïd Essebsi, lui ont dit, votre sagesse et votre position politique, si unanimement reconnues, font de la Tunisie un pilier central dans la méditerranée et le monde entier. C’est ce qui donne à votre visite à Rome une dimension exceptionnelle. » Les Tunisiens estiment de leur côté que l’Italie est encore plus déterminée à soutenir la Tunisie qu’il y a désormais tant de nouvelles opportunités à saisir dans les deux pays.

Taoufik Habaieb

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1 Commentaire
Les Commentaires
Giulio-Enrico PISANI - 09-02-2017 16:33

Grand aficionado de la Tunisie, où je compte de nombreux amis, je me sens tout chaud, quand je revois des photos de Rome, ma ville natale, tout comme les liens qu'on veut y reforger (Aedificanda Cartago !), à condition que cette sympathie ne relève d'aucune condescendance et que les Italiens soient conscients de ce que les Tunisiens peuvent leur apporter et en être fiers. Descendant bien plus des Numide et Berbère que des Carthaginois (essentiellement phéniciens), des Vandales, des Arabes (4%) ou des Turcs, les Tunisiens devraient en être conscients et, s'ils veulent s'entendre profondément avec les Italiens (et les européens en général), 1° se débarrasser de la peste wahhabite, qui s'étend de plus en plus en Tunisie et qui débouche sur le salafisme puis dégénère, chez maints esprits faibles en takfirisme. 2° (je pense ci surtout aux investissements), doivent se débarrasser, ainsi que l'écrit Habaieb, des freins administratifs (non sociaux), mais surtout de la corruption omniprésente et à laquelle malheureusement les hommes d'affaires italiens ne sont toujours indifférents. Ceci étant dit, tout mes souhaits de réussite d'une belle amitié et une bonne coopération italo-tunisienne !

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