News - 18.11.2016

Nos Amis qui s’engageront à investir en Tunisie

Nos Amis qui s’engageront à investir en Tunisie

Le congrès international sur  l’investissement  se tiendra à Tunis les 29 et 30 novembre 2016. Si plusieurs pays et organisations internationales seront présents, il n'est pas évident que tous les participants contribueront positivement et concrètement à l’investissement dans notre pays. La raison majeure est que ce congrès est une invitation à l’investissement direct dans les secteurs d’une économie tunisienne qui passe par une période très difficile. Mais qui misera sur un pays au bord de la faillite ? C’est comme sauter dans le vide. La majorité des investisseurs ont déjà fait leurs calculs et préparé de très belles interventions pour encourager le gouvernement tunisien et lui espérer un futur meilleur et surtout lui souhaiter un grand inchallah et nous dire que Dieu le tout puissant aidera la Tunisie, la petite Tunisie.  Mais quelques pays et ils ne sont pas nombreux, ils se comptent sur les bouts des doigts d’une seule main, enfreindront cette règle et décideront d’aider notre pays. Ce sont nos vrais amis. Qui sont-ils ? Pourquoi seront –ils disposés à nous aider?

La situation économique de la Tunisie n’a pas beaucoup changé depuis le premier congrès du genre organisé dans l’ère de notre jeune démocratie. La conférence de 2014 organisée par le gouvernement  Jomaa  n’a pas réussi à   stimuler les investisseurs étrangers et pour cause l’inexistence des réformes dans les secteurs de l’investissement, des finances  et surtout dans le domaine de la bonne gouvernance. On dira même que depuis, la situation n’a pas progressé sinon qu’elle a régressé. Trois actes terroristes d’envergure ont frappé le pays durant l’année 2015 synonyme  d’un climat d’insécurité et  deux changements de gouvernement en 2016  preuve d’instabilité politique.  Mais la différence  entre les deux échéances  est loin d’être analysée de ce seul point de vue. En effet, les réformes ne se réaliseront  pas en si peu de temps. Néanmoins, ce qui devrait être mis à l’actif du gouvernement actuel n’est pas négligeable. Il est même très rassurant sur le moyen terme. Un gouvernement d’union nationale, qui est en fait un consensus entre les deux plus grands partis politiques ce qui est une assurance contre l’instabilité politique. La deuxième raison et qui n’est pas la moindre est  la stabilité de  la situation sécuritaire. L’année 2016, comparée aux trois années passées, se présente comme l’année la plus calme et la plus rassurante. Ce qui s’est passé à Ben Guerdane le 7 mars 2016 est contradictoirement très rassurant. Les terroristes ont attaqué une unité de l’armée et des bureaux  du Ministère de l’Intérieur (MI). Le comportement très satisfaisant des forces de sécurité (Armée et MI) est une preuve intangible de la  bonne santé des forces de sécurité Ensemble, les unités de l’Armée avec les forces du MI et la population, elles ont réussi à éliminer le danger en un délai  très court et avec le minimum de pertes. Ce succès leur a donné des ailes pour la suite de l’action de lutte contre cette menace. On notera aussi que depuis cette date les Forces du MI ont largement contribué à la stabilisation de la sécurité par leur effort dans l’exploitation du renseignement  ce qui leur a permis d’effectuer   de nombreuses  opérations anticipatoires. En effet, au cours de l’année 2016, à la différence des trois dernières années, les forces du MI ont effectué pas moins de 30 actions préemptives couronnées de succès qui se sont soldées par le  démantèlement de près de  200 cellules terroristes et par la saisie d’un arsenal d’armes et de munitions enfouies  dans des caches et dispersées  dans différents coins du pays. D’autre part, aucun incident terroriste n’a été enregistré dans les zones urbaines et seulement quatre incidents seulement ont eu lieu dans les régions montagneuses au cours de la traque des groupes terroristes. En un mot, la situation sécuritaire est stabilisée depuis une année( pour reprendre la déclaration du chef du gouvernement).
Dans une jeune démocratie en période de transition, la situation politique et la situation sécuritaire pourraient être qualifiées aujourd’hui de satisfaisantes. Elles  seront la meilleure assurance pour  les investisseurs potentiels qui s’engageront à nous aider. Mais, à mon avis il ne faut pas se leurrer, il n’y a que nos amis traditionnels, qui encore une fois, décideront de nous aider. D’ores et déjà, on pourrait miser sur quelques pays qui vont nous soutenir et s’engager à investir dans notre économie chancelante. La France en premier lieu, l’Italie et l’Allemagne ensuite seront les chefs de file des investisseurs. Les Etats Unis d’Amérique useront de leur influence pour inciter un ou deux pays asiatiques  à  contribuer à cet effort. Le reste des invités vont nous souhaiter le bonheur, la longue vie et la miséricorde divine.

L’Union Européenne, et particulièrement  la France, nos vrais amis, ont le plus d’intérêts  à investir dans notre pays et pour cause non seulement la proximité mais les intérêts économiques et sécuritaires  qui  nous lient traditionnellement. 1.5 million de tunisiens vivent et travaillent en Europe dont 721.000 en France. Près de 80% de nos échanges commerciaux sont effectués avec les pays de l’UE dont  près de 60% avec la France. Les nvestissements Direct Etrangers (IDE) des pays de l’UE en Tunisie dépassent largement les IDE des pays les plus riches de la planète présents en Tunisie. La France est le premier investisseur hors énergie et surclasse l’ensemble des   pays du Golfe dans ce secteur avec un flux IDE de 320 Millions Euros durant la période 2013-2015. Les entreprises françaises en Tunisie emploient 135.000 employés. Les IDE du  Qatar (deuxième investisseur hors énergie) génèrent une centaine d’emplois. L’UE investit dans les industries manufacturières, dans l’agroalimentaire et surtout  dans les secteurs qui génèrent beaucoup d’emplois pour aider le pays à diminuer le taux de chômage. D’autres pays, très proches, ne  s’engageront pas à investir en Tunisie. Traditionnellement, ils n’investissent pas dans les secteurs qui ne leur sont pas profitables. A titre d’exemple, l’Arabie Saoudite, parmi les pays les plus riches de la planète profite de sa relation fraternelle avec la Tunisie. Dans leurs échanges commerciaux avec notre pays leur balance commerciale est largement excédentaire (450 MD contre 63 MD en 2014) les IDE du royaume atteignent 37.4 MD. Les  28.800 pèlerins tunisiens en 2016 (haj et  omras) génèrent une juteuse affaire de l’ordre d’au moins 50 MD pour le royaume wahhabite ( si on considère que chaque pèlerin dépense 2 mille dinars seulement). De tous les Frères arabes il n’ya que la Libye qui contribue à faire survivre notre commerce extérieur (1 milliard de dinars (MD) de biens exportés vers la Libye contre 50 MD d’importations en 2014), 18.7 MD en IDE et à faire vivre une bonne proportion de nos émigrés, la plus importante dans un pays arabe (90.000) malgré la situation très difficile de leur pays. Le Maroc (5.4 MD) investit en Tunisie plus que l’Algérie (4.3 MD) en 2015.

Ne nous leurrons pas ! Si le congrès international sur l’investissement devait accoucher d’un espoir, c’est de la part de nos amis traditionnels qu’il faudra  attendre une aide consistante. En attendant on continuera à rêver de l’attitude de nos amis. Le Voisin surveille, le Frère jaloux promet tandis que  les amis, les vrais s’engagent. Mais ce n’est qu’un rêve, une illusion, une hallucination…

Mohamed Nafti

 

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