Opinions - 29.02.2016

Nabeul Book Club : sur les traces de Socrate

Nabeul Book Club : sur les traces de Socrate

Sur le fronton du  Café Monia Club, domicile de Nabeul Book Club est inscrit « connais-toi toi-même ». La formule  est connue dans le monde entier   dans le domaine de la philosophie et de la sagesse.  Elle n’est  autre qu’une expression de Socrate père de la philosophie et fondateur de la science morale.  Le connais toi toi-même socratique signifie que «  l’homme  doit atteindre la connaissance et la maitrise de soi et s’affranchir des spéculations idéologiques et des explications théologiques ». Et c’est sur les traces de Socrate que le groupe Nabeul Book  Club a choisi de poursuivre sa passion de lecture et sa quête de culture.  Les jeunes lecteurs soucieux de connaitre leurs « soi –mêmes » n’avaient pas trouvé meilleure solution que de lire l’œuvre « la personnalité tunisienne » de Moncef Ouannes et de la discuter durant leur réunion mensuelle du 27 février 2016. Il faut aussi signaler que sur le marché bouquiniste c’est l’unique référence disponible dans un marché littéraire rachitique et squelettique. Ce qui n’a pas découragé les passionnés de lecture d’assister et de participer avec beaucoup d’enthousiasme tellement le sujet leur tient à cœur. La séance devenait encore plus intéressante  par la présence d’un auditoire de tous les âges ce qui a imprégné une riche discussion de laquelle sont jaillis quelques rayons de lumière qui ont permis de connaitre les traits de la personnalité de base du tunisien.

L’auteur du livre a dépeint une personnalité de base tunisienne assez sombre qui n’a pas plu au groupe. Et quoique  la majorité des participants conviennent avec l’auteur sur les traits évoqués de la personnalité de base, néanmoins ils ne sont pas d’accord que ces traits sont un dénominateur commun à tous les citoyens. On retiendra  dans l’étude les traits qui  méritent  d’être exploités en vue de changer les mauvais comportements mais  surtout  les bonnes dispositions de l’homme tunisien qui nécessitent d’être amplifiées. En fait, il s’agit de se connaitre, de bien se connaitre et de penser à éduquer nos enfants, de préparer notre jeunesse à la vie et de l’armer de valeurs morales et professionnelles pour lui permettre d’affronter les circonstances difficiles qu’elle rencontrera au futur. Et c’est dans cet esprit que le groupe s’est efforcé de puiser dans le livre quelques éléments de la personnalité tunisienne pour se connaitre, s’interroger sur son savoir, de faire une analyse  de la personalité tunisienne sans complaisance et découvrir ce qu’on est réellement.

Le livre de M. Moncef Ouannes est sans aucun doute une étude en partie  objective basée sur des données historiques et culturelles et en grande partie sur des études statistiques faites sur la population tunisienne contemporaine de l’après indépendance. Dans une large mesure elle  est très utile dans les domaines de la connaissance du soi –même et incite beaucoup  à la réflexion. C’est dans ce sens que le groupe a essayé de tirer le meilleur profit  de l’œuvre et de  discuter la personnalité de base tunisienne en s’appuyant sur les composantes de la donnée socratique.
 La connaissance de soi : « elle éclaire l’individu sur ce qu’il est et ce qu’il peut. Elle le sauve des illusions souvent funestes qu’il se fait sur lui-même ». Le tunisien ne respecte pas son travail. Ce qui est encore grave est que les responsables ne recrutent pas sur l’aptitude ni sur la compétence de l’individu mais sur l’identité et les recommandations. Cette mauvaise habitude tunisienne semble ancrée dans notre société, et si elle va demeurer elle risque de nous entrainer vers une situation désastreuse.

La conscience de son ignorance : elle signifie aussi s’interroger sur son savoir. Socrate disait «  je ne sais qu’une chose c’est que je ne sais rien ». Le livre met à nu l’élite tunisienne et principalement l’élite universitaire qui est loin d’être une vraie élite de recherche et de production de savoir. L’université est rongée par la paresse, la jalousie et les disputes incessantes des  professeurs. Les jeunes du groupe conviennent avec l’auteur sur ce thème et se questionnent sur la valeur de leurs diplômes et de leurs connaissances. Des étudiants qui ignorent tout de leur histoire, de leur culture. Des étudiants qui ont des têtes bien pleines souvent de connaissances inutiles au lieu d’avoir des tètes bien faites  à cheval sur la culture, la science, la technique et les connaissances. Mais on ne cesse de harceler le tunisien et de lui faire croire qu’il est le plus valable dans le meilleur des mondes. On ne cesse de le formater comme un citoyen correct bourré de diplômes et passionné d’idéologies stériles et obsolètes.

L’objectif moral : « connaitre le meilleur de toi et tes propres excès ». Les valeurs. Le livre présente le tunisien comme un personne qui a vu ses   valeurs morales se déprécier au fil des temps par la force de conjonctures économiques et sociales difficiles causées par les guerres et les famines qui ont secoué le pays. La période des coopératives a gravement touché les valeurs sociales du tunisien qui ne croit plus dans l’entraide sociale ni  dans l’action de l’Etat. Il doit affronter seul les difficultés de la vie et ne penser qu’à son propre profit immédiat.  

La vertu du dialogue : « pour découvrir ce que sont réellement les hommes, il convient de partir de l’opinion qu’ils ont d’eux-mêmes ». C’est dans ce domaine que l’action de la famille, de l’école, des organisations de la société civile et des médias doit se concentrer. C’est le vrai Dialogue vertueux que le pays doit organiser pour sauver la personne tunisienne. C’est un travail de longue haleine pour comprendre le tunisien moyen et agir sur son comportement pour  l’orienter vers une nouvelle vie basée sur la vertu du travail, sur le respect d’autrui et sur l’amour de la patrie.

Le mérite est partagé par l’auteur du livre  et le groupe des lecteurs de Nabeul Book Club. Le premier pour oser décrire librement la personnalité tunisienne avec tous ses défauts. Le groupe pour l’avoir lu d’une manière positive pour connaitre eux-mêmes et surtout pour réfléchir sur la manière de changer les défauts et exploiter les bonnes dispositions dans le but de servir le pays et le mener vers le meilleur. C’est ce qu’on appelle une bonne action civile. Bon courage Nabeul Book Club.

Mohamed Nafti
 

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3 Commentaires
Les Commentaires
ZALILA - 01-03-2016 12:33

Merci de nous citer les références de l'ouvrage, par exemple dans la rubrique Lu pour vous.

nafti - 01-03-2016 20:34

reponse à M. Zalila je suppose que vous voulez le titre du livre qui a été discuté : la personalité tunisienne ( acha5sia attounisia); le magazine Leaders a publié un article dans le volet Lu pour vous sur ce livre au cours de l'année 2012 si je ne m'abuse. mais le livre est aussi disponible dans les librairies.

Touhami Bennour - 02-03-2016 03:02

Monsieur vous avez raison des soulever la responsabilité de l´elite tunisienne dans l´education et le recrutement des gens á la vie educative ou active. Mais il ya un angle qu´il faut necessairement activer,l´angle proprement historique et nationale. C´est indifferent de savoir ce qu´un philosophe etranger a dit sur tel ou tel sujet. Nous avons aussi des penseurs et philosophes qui peuvent nous guider et dont les tunisiens peuvent en être fiers. Je cite Augustin- puisqu´on ne cesse de se demander qui fait partie de notre patrimoine culturel- lui a dit des choses qui ressemblentáSocrate, dans un soliloque, on lui demande s´il sait qu´il pense, il a repondu oui il sait qu´il pense, et ca 1200 ans avant Descartes. Quant á la valeur en soi de Socrate commme philosophe de la sagesse, moi je me rappelle d´une citation de lui et que j´ai utilisé souvent c´est d´avoirdit " que la racine du mal,c´est l´ignorance, or il est lui-même quand meme un philosophe et que au sens realiste il est savant. Donc sa citation ne tient pas, et je lui préfère une citation de Al-Kawakibi de Syrie qui a dit "que la racine du mal, c´est le despotisme" et je pense elle est plus representative qu´ignorance,et lessavants,qui ne sont pa signorants, peuvent être despotiques, je l´ai trouver moi-meme dans unediscussion entre Einstein et un autre savant où la discussssion a tourné aux insultes. Il est faudrait penser á cela, au patrimoine arabes et national.

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