News - 23.01.2014

Ennahdha pourrait gagner les élections

La prestation remarquable de Cheikh Ghannouchi  au cours de l’émission de ce dimanche intitulée «Pour ceux qui osent seulement» sur la chaîne «Ettounssia» me réjouit et m’inquiète à la fois.

Elle me réjouit, car je découvre un homme politique  assagi et qui colle davantage à la réalité du pays, un homme qui semble avoir fait table rase du passé. Il a reconnu certains dérapages, a même présenté ses excuses et  s’est incliné enfin devant la mémoire de Bourguiba dont il n’a pas pardonné à son régime  d’avoir torturé ses compagnons. Il  a reconnu les qualités de son adversaire BCE qu’il traitait hier de tous les qualificatifs et confirmant la renonciation à toute forme d’exclusion. Il n’a pas hésité à qualifier Abou yadh de terroriste, a condamné toutes formes de violence tranquillisant plus d’un  citoyen et a soutenu la neutralité des «immams».

Ce langage trouve sa concrétisation dans la rédaction de la Constitution. En effet, sans  l’ adhésion d’Ennahdha au «dialogue» instauré par le «Quartet», nous n’aurions pas pu faire avancer assez rapidement la rédaction de la Constitution.

Aurions-nous pu imaginer un jour que le chef du bloc d’Ennahdha à l’ANC se lève pour réfuter violemment les allégations du vieux Chourou?

Pourquoi ce revirement à 180 degrés?

Je crois que le large mouvement de protestation non violent, engagé par l’opposition cet été, a pesé de tout son poids et a amené ce vieux routier de la politique  à prendre conscience que rien ne peut se faire dans ce pays contre la volonté d’une large frange de la société tunisienne.

Je pense aussi que l’expérience des frères musulmans qui a échoué en Egypte l’a amené à plus de réalisme.
Il y a eu aussi la rencontre historique entre Cheikh Ghannouchi et Béji Caid Essebssi à Paris qui a sans doute permis de mettre sur le tapis tous les problèmes et de mesurer les graves risques que le pays encourt suite aux tensions politiques.

Ces deux personnalités ont sans doute convenu que seul le dialogue pourrait faire sortir le pays  de l’ornière et qu’il était inutile d’essayer de porter atteinte au modèle de notre société.

Est-ce que cette réorientation est dictée par les  seules considérations électorales? je ne le pense pas.
 L’avenir me donnerait raison si le prochain congrès de ce parti concrétisera cette réorientation.

Cependant, une chose est sure. Après l’entrée en vigueur de la nouvelle Constitution, Ennahdha ne pourra plus faire marche arrière car il y aura des médias et une justice indépendants et surtout une société civile aux aguets avec à sa tête l’UGTT.

Cette prestation de Cheikh  Ghannouchi m’inquiète aussi.

 Il y a tout lieu de croire qu’Ennahdha en se délestant du lourd fardeau de la conduite des affaires de l’Etat s’est jetée  prématurément dans sa campagne électorale.

Ce nouveau langage plaira à plus d’un et ce qu’elle perdra du côté des salafistes extrémistes qu’elle a traités de terroristes, elle le gagnera en rognant sur  la population importante des indécis et même en s’attirant des adhérents d’autres partis.

A ce train-là et au vu des derniers sondages, elle pourrait gagner les prochaines élections car en parallèle je ne vois rien à l’horizon au niveau de l’opposition.

Je vois qu’elle commence à s’effriter après un effort notable de regroupement. Les égos et les débats idéologiques réapparaissent.

A les voir ne pas s’entendre sur un nom de Chef de Gouvernement sous des prétextes du genre qu’un tel est porteur d’un projet libéral, ils n’arriveront pas à s’entendre et recueilleront des miettes.

Ils doivent comprendre que dans la Tunisie d’aujourd’hui, la priorité est de produire plus et mieux et de savoir partager sans porter atteinte à l’outil générateur de richesse.

Il n’y a plus de place ni pour une droite pure, ni pour une gauche pure. Notre politique économique est au centre. Elle ne peut être que pragmatique et ambitieuse et le plus loin possible des querelles idéologiques.

Nous ne pourrons pas avancer sans l’occident. L’occident n’est pas nécessairement une forme de colonisation pourvu que nous sachions ce que nous voulons. Il ne doit plus susciter notre appréhension et nous conduire vers des blocages. L’occident a l’argent et la technologie et nous avons besoin des deux.

La Chine «communiste» a  eu l’intelligence politique d’ouvrir ses portes au capital étranger pour se développer. Demain, elle sera la première puissance économique mondiale. Alors, pourquoi certains partis s’embourbent-ils encore dans des dogmes éculés et ne revoient pas leurs statuts pour amorcer des rapprochements entre eux ?
Ennahdha est un parti organisé et discipliné. Pour avoir la majorité dans le futur parlement l’opposition doit s’unir et se libérer de certains dogmes et préjugés, sinon Ennahdha vaincra de nouveau.A bon entendeur salut.

Mokhtar El Khlifi


 

Tags : Abou Yadh   B   Ennahdha   Quartet   rached ghannouchi   Tunisie   UGTT  
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9 Commentaires
Les Commentaires
fbf - 23-01-2014 17:03

Que Ghannouchi dise vrai ou faux, il a gagné une manche.Sa cote monte. A l'opposition d'agir avec moins de stress et plus de recul. Comme il est dit plus haut, l'effritement de l'opposition pose problème.Il sera encore une fois la cause de son éventuel échec. Mais le temps est encore pour une meilleure organisation, un regroupement plus efficient. Ce qu'il faut ajouter, c'est que le tunisien n'est pas dupe et ne peut plus croire à ce nouveau look d'ennahdha. Ils ont tellement trahi les tunisiens et la révolution qu'ils seront rejetés à jamais par le peuple.

ouanesa - 23-01-2014 21:36

Ennahdha ne pourra gagner les élections que dans la mesure ou elle continuera à s'associer à d'autres parti(S)soit en majoritaire des sièges au prochain parlement ou en minoritaire ! et cesser de jouer sur la corde de la religion pour coller aux réalités économiques et sociales du pays. Le nouveau ton du Cheik Ghannouchi me laisse peplexe, venat d'un vieux renard dans l'âme d'un roseau qui plie et ne rompt pas car il a un agenda à long terme sur l'islamisation de tout ce qui n'est pas Islam et la Tunisie n'est pas une exception car il est allié travaille en symbiose avec d'autres pouvoirs supérieurs. N'exagérons pas la puissance et l'organisation infaillible de ce parti et composantes ,la preuve de ce qu'ils ont fait du pays

berger - 23-01-2014 22:25

J´adhére comlètement à votre analyse de la situation des partis politiques tunisiens. Il est tout à fait normal de faire son autocritique quand on est dans une situation de grand changement comme en Tunisie, c´est mieux qu´un coup d´Etat. l`opposition ne l´a pas fait peut être elle a un autre projet, mais alors c´est l échec. La politique moderne se trouve comme vous le dites au centre aujourd´hui, aussi le parti qui gagne les elections pourrait faire participer la minorité dans la prise de decisions au parlement. Moi je crois que l´opposition ou une grande partie ne croyait pas en la démocratie veritable.

Tarek Châabouni - 24-01-2014 10:23

En effet, elles pourraient les gagner si Nidaa Tounes,le seul vrai compétiteur d'Ennahdha les perdait.Bien sûr Nidaa devra nouer des alliances car il y aura malgré tout un "tiers parti" représenté par Jabha Châabiyya et Jomhouri(et c'est malgré tout un stimulant).Mais les seules élections dont le résultat est connu d'avance sont les élections "arrangées" et c'est un chapitre clos de l'Histoire de la Tunisie.

Béchir Toukabri - 24-01-2014 14:30

Si vous êtes pro Ennahdha, il faut le dire clairement. PArce que tous vos argument pour blanchir et redonner le blason de Ghannouche sont contredits par la réalité. Un peu d'honnêteté intellectuelle SVP.

faiza laalai - 24-01-2014 17:57

Une lecture simpliste qui relève plus de la manipulation et de la propagande intellectuelle et ideologique que de l analyse politique profonde et indépendante .

Citoyen - 24-01-2014 18:02

Non il ne faut pas être dupe ,il peut faire toutes les simagrées et soit disant concessions,,jamais je ne ferais confiance a ce personnage qui change de langage suivant les situations ,c'est ce qu'il y a dans sa tête qui ne changera jamais .il sent la traîtrise a plusieurs kilomètres..

Héla - 25-01-2014 14:43

Ce qui est clair tant pour ceux qui s'y opposent comme pour ses propres partisans "honnêtes" c'est que cette mouvance Enahdha qui fait de l'Islam son fonds de commerce n'a absolument AUCUNE CRÉDIBILITÉ. Si jamais, dans les conditions actuelles Enahdha réussissait un score identique ou meilleur que celui du 23 octobre 2011, il ne ferait aucun doute que ces élections auront été truquées, comme Enahdha s'y prépare d'ailleurs par les milliers de nominations aux postes-clé de l’État et par son infiltration en profondeur dans les rouages de l’État. Si jamais cela arrivait, alors il ne resterait plus qu'à organiser les forces populaires pour une nouvelle Intifadha! La lutte pour Travail, Liberté & Dignité Nationale continue!!!

el khlifi mokhtar - 25-01-2014 19:31

@Béchir Toukabri.Pour votre gouverne, je n'appartiens à aucun parti, aucun.J'ai le droit d'exprimer honnetement et franchement ce que je pense.Relisez mon article à froid et sans préjugés, vous seriez moins superficiel.C'est injuste de me traiter de malhonneteté intellectuelle.Mesurez vos paroles svp.

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