Opinions - 18.09.2013

Voilà pourquoi la Suisse reste solidaire de la transition tunisienne

S’exprimant à la faveur de la célébration, le 12 septembre courant, du 165e anniversaire de la première Constitution fédérale suisse, l’ambassadeur de Suisse en Tunisie, M. Pierre Combernous a réitéré le  soutien de son pays « à la transition tunisienne, vers une démocratie garantissant les libertés fondamentales, les droits de l’Homme et le pluralisme, dans le cadre d’un Etat civil et républicain».

Tous ceux qui connaissent un peu notre pays sont familiers avec sa Fête nationale célébrée le premier jour du mois d’août, date fondatrice du Pacte original conclu en 1291 entre les trois communautés alpines qui ont donné naissance à la Suisse. Ce texte audacieux dans le contexte médiéval, trouvera son pendant moderne le 12 septembre 1848 date de l’adoption de la première Constitution fédérale, un acte lui aussi révolutionnaire pour son époque. C’est ainsi que, durant l’année historique connue comme celle du « Printemps des peuples », la Suisse a pu concrétiser dans ses institutions les revendications démocratiques qui, ailleurs en Europe, se sont épuisées et ont échoué sur les barricades.

La Suisse sortait pourtant d’une longue et complexe période de transformation dès le début du XIXe siècle. Elle venait de vivre une année 1847 marqué par les divisions et la violence. Les polarisations entre villes et campagnes, protestants et catholiques, modernistes et conservateurs, s’étaient alors brièvement résolues sur le champ de bataille. Mais la nécessité d’une construction étatique nouvelle était reconnue par tous et c’est ainsi que la Constitution a été conçue et approuvée par la Diète en ce même jour de septembre, voilà 165 ans. Elle conciliait à la fois le besoin de s’adapter aux nécessités de son temps et le respect des principes qui avaient été aux origines de la Confédération, cinq siècles et demi plus tôt.

En s’inspirant des valeurs humanistes de la Révolution française, elles-mêmes fortement appuyées sur les idées du Citoyen de Genève, Jean-Jacques Rousseau, elle s’inscrivait d’emblée dans l’esprit des Droits de l’Homme. En reprenant largement à son compte les structures fédéralistes des Etats-Unis d’Amérique, elle se mettait à jour avec le besoin de respecter les prérogatives des cantons, en consacrant le principe de subsidiarité au plan de la souveraineté. En bref, en mariant ouverture et continuité, expériences étrangères et héritage propre, les constituants de 1848 mettaient en place un Etat fédéral à la fois solide et flexible, enraciné et dynamique.

Toute Constitution contient par définition un élément fort d’évolution, puisqu’il s’agit de répondre aux aspirations des hommes et des femmes en leur temps et pour leur temps. Ainsi, le texte suisse de 1848 sera revu entièrement en 1874, par l’introduction du droit populaire de référendum. Il se verra modifié progressivement au fil du XXe siècle, sous le sceau du verdict populaire, pour trouver sa forme actuelle en l’an 2000. Mais sa dynamique ne s’arrête pas là, puisque les droits d’initiative et de référendum, complétant le travail du Parlement, permettent sa mise à jour au gré des besoins et des nécessités, entre autres aussi celles supérieures du droit international. Car pour être efficace, la loi fondamentale doit rester vivante et être capable d’affronter les défis nouveau, c’est ainsi qu’en a voulu le peuple suisse.

En vous contant brièvement ce pan d’histoire qui est la nôtre, je crois qu’il peut servir à mettre en lumière comment notre communauté politique de destin a du concilier, en son temps, les impératifs de la diversité et de l’unité, du passé et de l’avenir, de l’individu et de la collectivité. Après un siècle et deux tiers d’un autre, la recette a fait ses preuves, tout en sachant qu’elle doit constamment être entretenue par une citoyenneté active, informée et impliquée. Rien n’est jamais acquis, si les acquis ne sont pas, encore et toujours, nourris par les hommes et les femmes qui acceptent de vivre ensemble dans une société responsable, faite d’individus autonomes, mais toujours préoccupés du plus grand bien commun.

Voilà pourquoi la Suisse, dans cet esprit d’ouverture, reste solidaire plus que jamais dans son soutien à la transition tunisienne, vers une démocratie garantissant les libertés fondamentales, les droits de l’Homme et le pluralisme, dans le cadre d’un Etat civil et républicain.

Longue vie à l’amitié entre les peuples tunisien et suisse !

L’Ambassadeur de Suisse
Pierre Combernous
 

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