Opinions - 17.06.2013

Lettre ouverte à Abdelfattah Mourou

Maître,

Je préfère de loin vous appeler « maître » en m’adressant à vous plutôt que "cheikh " une appellation qui n’a plus ni sens, ni honneur, ni religion... Il fut un temps lorsque vous étiez étudiant en droit vous étiez en effet le seul militant islamiste à défendre des idées qu’à l’époque déjà on trouvait inadaptées à notre société tunisienne. Mais vous aviez alors une grande qualité : votre discours était clair et sans tergiversations et tout le monde vous respectait pour cela. Mais vous avez bien changé depuis que vous avez commencé à fréquenter de plus près Rached Ghannouchi le danger N°1 pour notre pays.

Alors, vous avez mis de côté votre intégrité religieuse et votre discours modéré, pour adopter les manières et autres pratiques de vos camarades d’Ennahdha. Parti dont vous êtes membre fondateur et qui s’est juré de faire de la Tunisie ce pays arabo-musulman moderne un état islamiste wahabiste. Hélas et trois fois hélas de voir que de maître du barreau vous êtes  passé maître  du double langage. Depuis deux ans on ne sait plus qui vous êtes exactement et ce que vous pensez profondément. Vos soi-disant coups de gueule mettent en doute votre crédibilité et nous laisse penser que tout cela fait partie d’une stratégie dont le président de votre parti serait le machiavélique instigateur et vous, le principal acteur. Ainsi toutes vos gesticulations ne seraient  qu’une mise en scène de mauvais augure dont vous êtes déjà le premier à en subir les détestables retombées.

Dans tous les cas de figure vos discours modérés et parfois percutants ne nous dupent plus. Ils nous brouillent l’esprit et augmentent notre méfiance à votre égard. Rappelons à ceux qui l'auraient oublié l’un des épisodes de vos tristes prestations au courant de l’année dernière :
votre rencontre et la conversation qui s’en est suivie avec Ghoneim, le « fameux » prédicateur, qui est venu souiller la Tunisie avec des idées rétrogrades, une conversation à jamais inscrite dans nos mémoires. Ce que vous lui aviez, alors, dit confidentiellement en lui embrassant la main : « notre cible ce sont les enfants que nous devons prendre en charge, il est trop tard pour embrigader leurs parents », ces propos, il nous est très difficile de les oublier et de les pardonner. Ghoneim, lui, en revanche, vous a trahi parce que la trahison fait partie de ses pratiques.

Comme beaucoup d’autres, je faisais partie de ceux qui vous appréciaient le plus. J’étais impressionnée par votre culture, votre charisme, votre talent oratoire et votre (soi- disant) discours modéré. J’étais même tentée de voter pour vous, mais quelle ne  fut pas ma déception lorsque j’ai ouvert grand les yeux et tendu les oreilles.
Aujourd’hui, ce dont nous avons grand besoin c’est de personnalités qui défendent notre véritable identité honnêtement et avec conviction, une occasion que vous avez  magistralement raté. Nous avons besoin de consciences qui se « réveillent » et nous débarrassent de tous ceux qui sont en train de nous concocter un modèle de société dangereux et de détruire tout ce en quoi nous avons cru jusqu’à présent.

Pourrait-on espérer vous voir un jour faire votre autocritique et reconnaître vos erreurs? Pourrait-on espérer vous voir rejoindre les vrais cheikhs d’Ezitouna et constituer un front uni pour défendre notre religion et sortir notre pays du danger qui le menace: le wahhabisme . Votre place est là et non au sein d’une mouvance qui n’a de religieux que le souvenir.
Étonnez-nous maître, démissionnez de ce parti et allez combattre l’obscurantisme là où l’on vous attend.

Latifa Moussa

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Tags : Abdelfattah Mourou  
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