News - 05.08.2012

Jebali veut rassurer et désamorcer les tensions, mais…

En confirmation de son maintien à la tête du gouvernement, Hamdai Jebali s’est employé samedi soir à la télévision, à défendre son bilan, multipliant les assurances quant à la tenue des élections en mars prochain et fournissant les explications au sujet de nombre de questions d’actualités. Répondant pendant près d’une heure, en prime-time, aux questions d’Iheb Chaouch (Watanya), Faouzi Jerad (Hannibal) et Sofiane Ben Hmida (Nessma), le chef du gouvernement a fustigé « les manœuvres de ceux qui veulent entraver l’action du gouvernement et le déstabiliser, procédant à la surenchère et à la récupération politicienne, à des fins électoralistes du moindre fait ». 

Tour à tour inquiet des charges qui obèrent le budget de l’Etat du fait des augmentations des salaires, de la rémunération des ouvriers des chantiers publics et du poids de la compensation, confiant dans la reprise économique, attaché au dialogue avec l’UGTT, déterminé à trouver rapidement une solution aux hommes d’affaires interdits de voyage, soucieux de relancer l’action municipale et de mettre fin à l’accumulation des ordures et rassuré sur le processus de transition, Jebali entend conduire son gouvernement avec succès jusqu’aux prochaines élections. Il semble être bien conscient de toutes les difficultés, même s’il n’est pas sûr de réunir les moyens nécessaires pour les aplanir. 
 
Evoquant les relations avec l’UGTT, Jebali a affirmé qu’elles ne peuvent en aucun cas s’inscrire dans la confrontation, mais s’affermir dans le dialogue et la concertation. Passant en revue à cet égard les péripéties de l’hôpital universitaire Hédi Chaker à Sfax, à l’origine de la dernière tension avec la centrale syndicale, il a indiqué qu’il ne pouvait laisser cette institution entre les mains d’un groupe qui veut lui imposer sa loi et se soustraire à la légalité. Tout le dilemme de Jebali, et il le répètera à plusieurs reprises, est comment le gouvernement peut faire respecter la loi sans être accusé d’arbitraire, que ce soit lors de coupures de routes, d’occupations de lieux et autres. Pour le chef du gouvernement, la loi sera désormais respectée et nul ne doit l’enfreindre.
 
Au niveau économique et financier, Jebali reconnaît que la situation est bien difficile, malgré les améliorations signalées par le FMI dans sa récente note. Le poids des augmentations de salaires promises par le gouvernement précédent, ainsi que les charges des ouvriers des chantiers publics, de la compensation et des prix des hydrocarbures obèrent fortement le budget de l’Etat, souligne-t-il, en alignement avec les déclarations du ministre des Finances démissionnaires, Hassine Dimassi. Si le gouvernement consent à ces augmentations, aux salaires des ouvriers des chantiers publics, à la compensation et autres charges, c’est pour préserver la paix sociale, dit-il.
 
Pour ce qui est des coupures d’eau et d’électricité, Jebali pointera du doigt des défaillances techniques et des mouvements de protestations prenant pour cible certains forages d’eau. Il prendra beaucoup de temps pour expliquer, chiffres à l’appui, le déficit de production d’électricité et la croissance de la consommation, sans pour autant convaincre le simple citoyen qui ne cherche que la continuité de ces prestations, sans vouloir rentrer dans les détails.
 
Interrogé sur la dégradation des prestations municipales et l’accumulation des ordures ménagères, Jebali rappellera la fragilisation des municipalités dépourvues de ressources, de moyens et de dirigeants, jugeant la formule des délégations spéciales qui ont remplacé les anciens conseils municipaux peu probante. Tout en invitant les citoyens à payer leurs impôts locaux et soutenir l’action communale, il a formulé l'espoir que la tenue, après les élections législatives, d’élections municipales contribuera au redressement de la situation. Pour ce qui est de la propreté et de l’enlèvement des déchets, il a exhorté l’administration régionale à mobiliser tous les moyens quitte à recourir à la réquisition des engins, s’il le faut, pour mettre fin à cette situation. La réussite dans cette mission sera d’ailleurs, dit-il, l’un des critères d’évaluation des gouverneurs.
 
Abordant le volet politique, Jebali estime que l’échéance de mars 2013 proposée par le gouvernement pour la tenue des élections est possible à tenir, soulignant l’avancée accomplie par l’Assemblée nationale constituante dans l’élaboration de la Constitution. Jebali a réfuté à cet égard les accusations de domination d’Ennahdha, faisant prévaloir son sens de la concorde et du consensus. Au sujet de l’ISIE, il a indiqué que le projet de loi soumis à l’ANC est bien équilibré, consacrant l’élection des membres de l’Instance par l’ANC, sur la base d’un large appel à candidatures, devant aboutir à la présélection par une commission formée des chefs de groupes parlementaires de 18 candidats. Il estime que les délais sont suffisants pour que la nouvelle instance s’acquitte convenablement de sa mission et assure l’organisation d’élections transparentes.
 
Au sujet des hommes d’affaires interdits de voyage, Jebali reconnaît que cette situation est bien pénalisante et ne saurait perdurer. « Qu’ils commencent par se mettre en règle avec les Douanes et l’administration fiscale et  restituer à l’Etat ce qui lui revient, et nous pourrons alors envisager rapidement les solutions appropriées », a-t-il affirmé
 
Pour ce qui est du remaniement ministériel, Jebali a indiqué qu’une évaluation précise de l’accomplissement de chaque ministre est en cours afin de détecter toute défaillance et de la rectifier et devra permettre de fournir les éléments quant à un remaniement. Tout dans ses propos qu'un remaniement partiel interviendra d’ici la fin du mois d’août. Diverses informations parlent d’une part d'un gouvernement ramassé avec le regroupement de certains départements et, d’autre part, d’une ouverture sur d’autres formations politiques.
 
Semblant plus à l’aise dans ses fonctions, au fait de ses dossiers et tenant bien en main les leviers de l’exécutif, Hamadi Jebali, ne cache pas cependant toutes les difficultés qui se dressent sans cesse devant son gouvernement. Dispose--t-il tous les moyens pour y faire face ? Peut-il apaiser l’opinion publique en attente de solutions immédiates quant à la cherté de la vie, au chômage et à l’insécurité et surtout peut-il réduire les tiraillements politiques et les dominances qui s’exercent sur la scène de manière de plus en plus croissante à l’approche des élections. Autant de défis qu’il lui appartient de lever, rapidement.
 

 

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7 Commentaires
Les Commentaires
al07 - 05-08-2012 23:31

Jebali,l'homme au sourire niais,aurait besoin de consulter un bon orthophoniste et de s'entourer d’excellents conseillers en communication,ses déclarations passeraient(au moins)un peu mieux ! Par ailleurs,si vous pensez qu'il a "rassuré" ou convaincu une seule personne censée en Tunisie,c'est que vous êtes soit naïf,soit que vous commencez à succomber aux charmes de la Nahdhamanie......Ce qui est grave !

EMDE - 06-08-2012 08:22

Avec ce quasi-monologue il fallait plutôt dire qu'il essayait de se rassurer lui même.

Houcine Ghali, Genève - 06-08-2012 09:32

Deux éléments importants ressortent de cette prestation du Premier ministre Jebali. D' abord, les journalistes ne maitrisent pas leurs sujets et se laissent facilement impressionnés par la verve et le charisme du chef du gouvernement dont les réponses et les analyses n' ont jamais été mis en cause comme s' il s' agissait de versets coraniques.Par exemple, lorsque le Premier ministre a répondu suite à une question sur la nomination des gouverneurs et des délégués appartenant à son parti Ennahdha. Ce dernier a légitimé ce choix par la seule compétence sans tenir compte de l' appartenance politique. Là, aucun journaliste ne lui a rétorqué que donc seuls les sympathisants ou adhérents d' Ennahdha sont compétents pour grands commis de l' Etat et tout le reste sont des incapables. Ils ont avalé la réponse sans rétorquer. Cette fa4on d' interroger un responsable politique dans le pays nous rappelle ce qui se passe sous l' ancien régime et cela veut dire que les journalistes n' ont pas encore dépassé leur peur et leurs mauvaises habitudes de servitude même inconsciente. Le second élément, c' est le constat que Jebali est un homme politique redoutable et machiavélique . Après avoir instauré un appareil d' Etat et une troika favorables à sa vision politique, il se gargarise de toujours rappeler à l' application des lois et la démocratie par le vote au sein de l' Assemblée constituante! Enfin, il parle du vote même au sein du gouvernement. Mais quel ministre ose-t-il voter contre le Premier ministre sans avoir de sacrés problèmes. Jebali a oublié que le vote n' est pas sacré. Enfin, puisque aujourd'hui le pouvoir est parlementaire, est-il normal que le Premier ministre, chef du gouvernement de tous les Tunisiens, demeure en même temps dirigeant principal d' un parti politique, à savoir Ennahdha? houcine.ghali@bluewin.ch

tounesnalbaya - 06-08-2012 10:50

Les Tunisiens n'ont plus confiance à ce gouvernement, car il n'a aucune notion sur l'économie, il faut mettre en place une équipe de vrais technocrates et des vrais diplomates.

NAJIB - 06-08-2012 18:08

dommage , mais j'ai retenu de ce face à face , gouvernemnt/media , uniquement la certitude que les journalistes présents ont définitivement abdiqué , la liberté de la presse est déjà loin , messieurs les journalistes , le peuple ne vous demande pas d'attaquer les dirigeants délibérément mais de faire votre travail de journaliste en posant les bonnes questions et en interpellant les réponses ;SVP , si vous devez refaire d'autres programmes politiques , reprenez vous ou ce n'est pas la peine , c'était tout juste minable comme prestation ,vous me rappelez un dossier similaire avec Mr Beji kaied essebsi qui a aussi joué ( kaouar ) avec les journalistes il y'a de ça 9 mois

mohsen daassi - 06-08-2012 18:22

un premier ministre tjrs souriant meme ds des situations catastrophiques, du monologue, et ns savons comment ça se passe, comme tjrs les questions sont preparés d'avance et soumis au premier ministre , et lui il a tte la latitude de rejeter ou d'accepter,telle ou telle question. ns attendons tjrs des reponses claires sur les questions du chomage, de la relance éco, de la sécurité, des relations ext, des dépenses publique, de l'indépendance de la magistrature, de la bct et des institutions piliers de l'ETat, on a marre du blablabla

mohamed kebayli - 06-08-2012 21:53

Je trouve que les journalistes n'ont pas été assez courageux pour poser des questions intéressantes ce qui a permi à MR RICTUS de pavaner et de nous leurrer sur toutes les questions. dommage, ils ont raté l'occasion de nous permettre de découvrir le fond de ses pensés.

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