Opinions - 21.07.2011

Démystification des enjeux de l'Endettement Extérieur (en 21 Questions-réponses) 2ème Partie

Le  Gouvernement Transitoire, doit-il décliner « gentiment » le Plan d'Endettement ''empoisonnant'' miroité par le G8 et ses instruments financiers ? Cinq ingénieurs-économistes tunisiens le croient.  « Au lieu de s’endetter », ils proposent  de « faire le ménage à l'intérieur de chez-soi et de procéder à des actions basiques mais efficaces, permettant de réduire au strict minimum (voire à zéro) notre éventuel recours au marché international. Plusieurs pistes ont été évoquées à ce titre, mais qui semblent être ignorées par les admirateurs des crédits».

Question 11: A-t-on réellement le choix sinon d’obéir au G8 et de nous endetter pour obtenir des ressources fraiches à injecter dans l’économie afin de relancer l’investissement et parvenir à créer de l’emploi ?

Plusieurs pistes pertinentes, ne pénalisant pas les Tunisiens (en dehors des 0,1% très riches), permettent de dégager de précieuses économies financières (taille dans les dépenses superflues, notamment les importations de biens & services non vitaux) et d'assurer un équilibre stable de notre balance commerciale.

Notre besoin en crédits extérieurs n’est pas aussi pressant que ça. Si on observe les statistiques de notre commerce extérieur, même avec les aléas de la révolution, la Tunisie est loin de ne pas pouvoir payer l’alimentation de son peuple.  En effet, nos exportations sures (Textile et Phosphate) nettes des importations des mêmes secteurs, dépassent 2,5 milliards de Dinars (données INS 2009). Elles couvrent les importations de première nécessité (alimentation, vêtements, médicaments, énergie et pièces de rechange) nettes des importations des mêmes secteurs, qui ne dépassent pas 2 milliards de Dinars (données INS 2009).
L'équité fiscale et la transparence fiscale, permettrait à la fois de réduire la pression sur les salariés. Au vu de la grille en vigueur datant des années 80, le Smigar ne payait pas en 1986 et paye en 2010, vu que son revenu annuel dépasse 1.500D/an, ce qui n'est pas équitable si l'on compare à des forfaitaires. On peut aussi élargir le périmètre de TVA à des activités encore exonérées.

Parallèlement, il y a lieu de négocier avec l’UE l’instauration d’une phase de convalescence durant laquelle on rétablirait partiellement les barrières tarifaires sur les produits de la Liste 4 (établie en 1995 : articles manufacturés ayant des similaires fabriqués localement, sans être compétitifs) et ce, le temps que la Tunisie sorte la tête de l'eau.

Le recours à l'endettement extérieur sera examiné comme dernière solution, pour boucler le budget global, avec une affectation optimale aux projets exportateurs. En fait, l'endettement extérieur et les IDE devraient être adossés à la composante « export » des projets à financer, pour s'assurer de la neutralisation prévisionnelle du bilan devises.
 
Enfin, il faut savoir que le financement des investissements avec des fonds étrangers signifie l’utilisation de biens et services importés à incorporer dans ces investissements. Pour minimiser ce financement, il faut incorporer de préférence des achats locaux dans ces investissements. Par exemple, utiliser de préférence des matériaux de construction locaux dans les chantiers, et les acheter de préférence dans des unités appartenant à des Tunisiens afin de ne pas alourdir la facture des dividendes exportés par les unités appartenant à des étrangers.
 
Question 12: Y-a-t-il des solutions de financement autres que la dette extérieure ?

En cas d'inopportunité d'alourdir notre Endettement Extérieur pour financer notre plan quinquennal, plusieurs pistes sont possibles pour mobiliser le maximum de ressources internes, pour développer les recettes internes, stimuler l’épargne et réduire les gaspillages, dont on cite quelques unes :
1) Émission d’un Emprunt National attrayant (3 à 5 Milliards Dinars),
2) Élargissement de la base des assujettis à la TVA,
3) Équité fiscale (salaires élevés ou doubles, 350.000 forfaitaires, transparence, justice, révision de la grille fiscale des salariés), avec renforcement des contrôles (redressement juste)
4) Relèvement du taux I/R avec abattement en cas de déclaration spontanée (50% à 35% ou 30%),
5) Limitation des importations de biens de consommations non vitales et peu utiles,
6) Rétablissement provisoire des barrières tarifaires sur l'importation des produits UE ayant des similaires fabriqués localement mais à faible compétitivité
7) Privatisation d'entreprises publiques à des Investisseurs Nationaux,
8) Ventes d'actifs immobiliers de famille ben Ali & co
9) Négociation pour rapatriement partiel de l'argent dérobé par la famille
10) Surveillance + sanction des passeurs de devises et de leurs clients (via les TRE)
11) Plafonnement des dividendes IDE on-shore transférables à l'étranger
12) Limitation des IDE aux investissements liés à des projets exportateurs (pour éteindre le souci du point 11)
 
Question 13: Les recommandations accompagnant les crédits des G8, FMI, BM, BERD, BAD, BEI…sont-elles salutaires pour favoriser l’intégration de l’économie dans son environnement mondial ?

A part les critiques généralement adressées aux mesures de libéralisme extrême accompagnant ces crédits (exemple, entre autres : la débâcle Grecque, question 7), les consignes des FMI, BM, BERD, BAD, BEI… arrangent généralement les intérêts des riches, prônant le libéralisme, la consommation excessive, et la vie de loisir. Les fortunés Tunisiens (hommes d’affaires et autres) prônent le recours à la solution de l’endettement extérieur via le FMI et sous la bénédiction du G8. Le maintien du libéralisme (importation sans barrières) les arrange, leur permettant de continuer à faire du business de commerce et non de production, d’autant plus que le FMI recommande à la fois la réduction de l’impôt direct et des droits de douanes (touchant essentiellement la classe richissime) et l’augmentation des recettes de TVA (touchant majoritairement la classe moyenne et pauvre).

Par conséquent, ces recommandations nous marginalisent et nous relèguent parmi les déshérités, au lieu de nous intégrer à l’économie mondiale.
A propos de la BAD, contrairement à ce que son nom indique, c’est une institution appartenant aux Occidentaux. Elle travaille donc dans la même direction que les autres et ne contribue nullement au développement du commerce et de l’industrie Sud-Sud.
 
Question 14: Y-a-t-il d’autres choix de sources d’emprunt que celles des G8, FMI, BM, BERD, BAD, BEI… ?

Au lieu de s’adresser précipitamment au G8 et à ses Instruments financiers (FMI, BM, BEI,  BAD, BERD…), la Tunisie aurait pu frapper aux portes des pays qui prêtent aux US+UE. En effet, ces derniers sont eux- même déficitaires. Ils empruntent à d’autres pays et nous re-prêtent avec une forte marge et des conditions ruineuses :

• Une tarification épicée pour les rémunérer confortablement, souvent sous forme de ristourne sous la table à l’occasion de grand contrats commerciaux et industriels.
• Des conditions en matière d’affectation des fonds : recours à des consultants agréés par le G8, acquisition de bien d’équipements d’origine UE en général, Know how G8, …
• Des conditions en matière de priorisation des projets d’infrastructure et de production (comme la mainmise sur l’industrie du pays grâce au « plan de mise à niveau »)
• Des conditions en matière d’éligibilité des projets à financer : l’agriculture ne vivrière ne devant pas être concernée, l’exploitation de carrières, l’industrie touristique, les industries de la dépendance….
• Exigence en matière de gestion des affaires étrangères : rester gentil avec Israël, ne pas soutenir les révolutionnaires Palestiniens, ….
En revanche, le fait de recourir à la Chine (mondialement, la plus importante réserve en devises) et/ou l’Inde…, pays riches en cash et plus neutres politiquement vis-à-vis des causes Arabes, nous procurera d’inépuisables possibilités de coopération, allant jusqu’à l’enseignement supérieur et la Recherche & Développement. N’oublions pas non plus notre riche voisin l’Algérie, qui confie son énorme surplus financier aux banques Européennes. Celles-ci lui servent une rémunération dérisoire alors qu’elles viennent nous le re-prêter avec les conditions usuraires qu’on à vu.
 
Question 15 : Avez-vous remarqué l’insistance du G8 à répondre à la crise Tunisienne ? Sa réactivité étonnante à notre révolution? La mobilisation d’économistes de valeurs ? Le grand honneur qu’ils nous font de nous élever à leur niveau, comme partenaires d’un jour du G8 ? Tout cela alors que les agences de notations nous ont dégradés, ce qui signifie que nous serions une destination de placement moins intéressante ? Comment expliquer cela ? Nous aiment-ils à ce point ?

De nos jours l’on constate plusieurs cavaliers du G8 faisant la queue à la Kasba pour nous vendre des crédits toxiques afin de se voir garantir des rentes récurrentes et de s'assurer que le pays restera piégé dans son statut de consommateurs de produits superflus en compensant cela par la vente d'usines et de secteurs productifs. Notre Gouvernement transitoire ne devrait pas toucher à nos équilibres financiers sans recourir à une consultation nationale, alors que les partis politiques n'osent pas lever le petit doigt. Il est regrettable que nos médias n’aient pas fait de la lumière sur les conditions et les garanties assorties à ces crédit et bien d’autres (révélés récemment : BAD1= 500Mln$, BM1=500Mln$, BEI1=163Mln€).

Les pays du G8 ont été très réactifs en déclenchant l’appétit de notre gouvernement pour une offre de crédits  à l’effet de nous conduire à continuer à consommer leurs biens & services sans produire et à plomber structurellement notre endettement pour pérenniser notre dépendance vis-à-vis des pays riches. Alors que la raison nous ordonne de reporter certaines dépenses superflues dans une telle situation de crise. Fort heureusement que nos importations vitales sont aujourd’hui couvertes par nos exportations stables, par conséquent nous n’avons pas besoin de cet argent pour nos payer importations vitales.
 
Question 16 : Faut-il encourager les investissements directs étrangers (IDE) puisqu’il s’agit d’une entrée massive d’argent non remboursable qui vient créer des emplois en Tunisie?

L'IDE est très intéressant pour le pays s'il est affecté à un projet totalement exportateur créateur de valeur ajoutée.  On parle alors d'IDE off-shore.  Le règlement des dividendes n'a pas d'impact sur la balance de paiement (d'ailleurs insignifiant par le jeu de tarification input/output). Même si l'impôt/bénefice n'est pas encore redressé à 10% puis à 20%, ce chapitre demeure intéressant, quoique perfectible sur le plan valeur ajoutée. En revanche, quand il s'agit d'IDE on-shore (Tunisiana, Orange-Tunisie, Tunisie-Télecom, les 4 Cimenteries privatisées, Délice-Dannon, Unilever, Henkel, Astral, les IDE pétroliers....), les dividendes tirés sur des bénéfices de ventes locales sont convertis en devises pour être transférés à l'étranger.

Si notre Endettement Extérieur représente environ 37% PIB, les IDE pèsent plus de 60% du PIB. Les analyses comparatives révèlent que les IDEs coûtent 2,5 plus cher que l’endettement extérieur, soit environ 12% du Capital ou 5% du PIB, contre respectivement 4,5% du capital et 2% du PIB.

Si le loyer notre endettement extérieur a progressé à la même vitesse que le PIB durant la dernière décennie, les dividendes IDE ont progressé 2 fois plus vite que le PIB, décalage à combler en contractant un crédit extérieur, d'où un service de dette additionnel à régler ultérieurement.

Le montant des dividendes en devises transférés (2,6MdD en 2008) devrait dépasser les 3 MdD avec le développement des activités des IDE on-shore, télécom particulièrement (ayant une croissance double de celle du PIB). Si on continue à céder les fleurons de notre économie (on-shore) aux IDEs, les dividendes transférés croîtront rapidement pour dépasser le service de la dette extérieure (principal + intérêt).

L’IDE on-shore devrait donc être évité. L'endettement extérieur et les IDE devraient être adossés à la composante Export des projets à financer, pour s'assurer au moins de la neutralité prévisionnelle du bilan devises.
 
Question 17 : Quid de la dette odieuse ?

Selon la définition juridique internationale (référence ?), la dette odieuse d’un pays est une dette contractée par son Pouvoir despotique, non pas pour les besoins et intérêts du peuple, mais contre son intérêt tout en fortifiant son régime tyrannique. Par conséquent, elle tombe avec la chute de ce pouvoir.

En octobre 2006, la Norvège qui a créé un précédent historique en annulant 65 millions d’euros de créances, qu’elle a reconnues comme illégitimes, envers 5 pays (Egypte, Equateur, Jamaïque, Pérou et Sierra Leone). Depuis, la Norvège a saisi la CNUCED (organe de l’ONU) et la Banque mondiale pour affiner le concept de dette odieuse et inciter d’autres prêteurs à assumer leurs responsabilités.

Une partie des sommes qui sont réclamées aujourd’hui à la Tunisie provient de gros contrats commerciaux et industriels (achats d’avions, trains, centrale électrique, pont de Rades, aéroport d’Enfidha…) artificiellement surfacturés au pays afin de servir de copieuses commissions tant aux fournisseurs, qu’aux négociateurs de l’ancien régime. Pourquoi ne pas passer en revue ces contrats un par un, et comparer le prix facturé à la Tunisie au prix qui est pratiqué sur le marché ?

Par ailleurs, ceux qui ont fait des affaires faciles grâce à des connivences douteuses et ont touché des commissions simplement pour introduire des marchandises importées et payées par des devises empruntées au prix fort par le pays, alourdissant ainsi la dette extérieure du pays, doivent aujourd’hui assumer cette part de la dette extérieure et demander pardon au peuple Tunisien de leur égoïsme et leur injustice. Il n’est pas juste que ce soit les plus démunis qui ont assumé cette dette extérieure tout au long du règne de ben Ali par le gel de leurs salaires et la détérioration des services sociaux que cette dette impose à l’Etat en pompant ces ressources. En effet, le service de la dette publique atteint aujourd’hui prés de 20%  des dépenses de l’Etat.

Toutes ces sommes qui ont été chargées abusivement sur le dos de la Tunisie, alors que seuls certains privilégiés de l’ancien régime en ont profité, devraient être évaluées et rejetées par la Tunisie comme ne faisant pas partie de sa dette extérieure. Les pays réellement amis devraient accepter de nous retourner les sommes  détournées de cette manière et hébergées chez eux, faute de quoi, il s’agit d’un aveu que le pillage continue. La Tunisie peut en référer aux tribunaux internationaux.
 
Question 18 : A qui profite l’endettement extérieur type G8?
 
 Beaucoup d’hommes d'affaires applaudissent aujourd’hui le recours au surendettement extérieur dans l'espoir que le pays passe sous la gouvernance G8.  Cela les arrange: moins de social, moins de transparence, plus de corruption, plus d'influence, moins de justice, moins de liberté, plus de répression, ... Le rapport de la mission du FMI de septembre 2010 dit dans son article 22 que la Tunisie doit tout de suite baisser les impôts et augmenter la TVA, donc faire des cadeaux aux patrons, au détriment de la population. On comprend bien à qui profite la mainmise financière du FMI!
 
Question 19: A qui profite le non recours à l’endettement extérieur ?

La majorité des patriotes ressentent un besoin de faire quelques sacrifices (taille dans les dépenses superflues issues de l’importation, paiement de TVA dans des activités non assujettis actuellement, transparence fiscale, épargne à travers l’Emprunt National) et se soucient de l’avenir collectif de la Tunisie, exception faite pour la frange des 0,1% des tunisiens aisés et égoïstes, ne regardant que leurs intérêts individuels et ceux de leurs enfants auxquels ils ont déjà assuré la fuite du pays en cas de problème (nationalité française et études francophones). Le surendettement du pays ne les effraie pas dans la mesure où leur business ne sera pas impacté, bien au contraire...

La classe défavorisée ainsi que la classe moyenne, les régions intérieures auront tout à gagner d’un Etat qui retrouve son équilibre financier et son autonomie financière et morale. Ces franges de la société, qui en constituent la majorité écrasante, pourront retrouver un rôle au sein de cet Etat émancipé de l’influence des banquiers. Il pourra les écouter et les servir au lieu de plier aveuglément au dictat de la finance mondiale pour en obtenir des appréciations favorables. En un mot, il pourra œuvrer pour une société plus humaine où on ne verra plus nos chers fils se noyer entre la Tunisie et l’Italie dans l’espoir de décrocher un travail «clandestin » humiliant et sous-payé parce que leur pays les ignore et s’active uniquement à étudier s’il peut encore défiscaliser les profits des 0,1% de privilégiés ou leur offrir de nouvelles occasions d’avoir de juteuses commissions en vendant encore un autre secteur aux multinationales.
 
Question 20 : Peut-on réellement nous en sortir et éviter les différents pièges internes et externes?

Incha Allah ! Dans la mesure où nos exportations stables minimalistes couvrent aisément nos importations de produits vitaux ou essentiels (alimentation, habillement, médicaments, équipement, maintenance, voire question 11), nous ne courons pas de gros risques économiques. Il faut rendre justice à ceux qui, avant l’avènement de ben Ali, ont jeté les bases de notre sécurité économique actuelle : la démographie, les exportations manufacturières, l’enseignement…. Il faut quand même compléter un aspect qui a été négligé par le régime Bourguiba : l’autosuffisance alimentaire et le stockage de céréales et de fourrages en grande quantités.
Il reste quand même quelque chose aujourd’hui de la période pré-7-Novembre, malgré les dégâts occasionnés par les 7-Novembristes. Si on veut, on peut reconstruire sur ce petit « quelque chose » qui reste.
Mais il faut un peu de patience et un peu d’austérité. L'austérité ne durera pas longtemps et ne touchera pas la classe défavorisée, juste le délai nécessaire pour réanimer notre industrie manufacturière (fragilisée par une ouverture sauvage de nos frontières), ramener le taux de chômage à un niveau supportable, redresser le niveau de l’épargne national pour pérenniser l’investissement, et recouvrer l'équilibre stable de nos comptes.
 
Question 21 : Y-a-t-il des exemples de pays qui ont réussi en s’affranchissant du G8 & co ?

Certains pays «success stories » ont réussi leur décollage économique et épanouissement social, sans accepter les ''aides'' G8 & Co : Chine, Brésil, Malaisie, .... Ce sont là des success stories dont il faudrait s’inspirer. La Turquie est aussi dans la bonne voie. Elle s’est affranchie du G8 & co bien qu’elle souffre encore d’un déficit commercial extérieur non négligeable. Par contre, continuer de faire la courbette au G8 et à ses instruments d'asservissement financier n'est probablement pas la bonne solution à mettre en œuvre pour assurer un avenir paisible à nos enfants.

Mohamed Mabrouk + Anis Jaziri + Chafik Ben Rouine + Mohamed Balghouthi +Mohamed Chawki Abid

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14 Commentaires
Les Commentaires
chiheb zouabi - 21-07-2011 19:41

Messieurs les ingénieurs économistes, je vous tire mon chapeau, c'est bien dit, hélas c'est la vérité, on peut sortir la tête haute de cette crise passagère sans avoir recours au G8, je suis totalement de votre avis, mais fallait il convaincre les dirigeants qui j'arrive toujours pas à trouver une justification convaincante pour leur choix insistant au recours aux crédits, si ce n'est plutôt pour des intérêts personnels ! Bref, Oui Messieurs, l'insistance et la précipitation de G8 à nous "offrir" des crédits que je dirais haut et forts ne sont que cadeau bien empoisonné, n'est autre qu'une nouvelle forme de colonisation économique et le pays ne se redressera jamais en les suivant. Oui Messieurs, d'autres pays comme vous le dites ont refusé ce choix et sont devenus des puissances, moi quand je regarde la Corée du Sud et le boom économique qu'elle à fait alors que pendant les années 70 on était à la même situation économique, ça me serre le coeur et j'ai presque honte de dire que je suis tunisien ! Bref, pour ne pas faire long, Messieurs, je suis totalement de votre avis : NON POUR LES ENDETTEMENTS EXTERIEURS El les solutions que vous proposez et bien d'autres solutions aussi feront beaucoup mieux l'affaire et sortiront le pays de la crise. Messieurs je vous remercie et encore une fois je vous tire mon chapeau.

Hatem KEFI - 22-07-2011 10:17

Une seule chose m'intrigue dans votre analyse, vos propositions se rapprochent mystérieusement du concept communiste, vous nous tirez vers une économie qui ne favorise pas les IDE (on-shore & off-shore) sachant que si les IDE off-shore absorbent un pourcentage élevé sur le marché de travail, vous voulez instauré des barrières douanières pour favorisé le produit Tunisiens (même de qualité moindre) et vous oublié que nous postulons pour le statut de partenaire privilégié avec l'UE, vous voulez imposé les PME à 50% et ça n'encourage plus les investisseurs Tunisiens etc..... Ne sera t'il pas mieux d'investir les revenus on-shore (vente telecom, cimenteries etc....) dans des projets à fortes valeurs ajoutés tourné vers l'export pour couvrir le rapatriement de devise au lieu de dépensé ces sommes titanesque dans la consommation et l'infrastructure de luxe? N'est-il pas mieux d'investir dans la recherche scientifique pour rendre notre agriculture plus compétitive et industrialisé afin d'atteindre l'auto-suffisance alimentaires? Votre analyse et théorique, si on ce lance dans ce genre de reforme, il faudra des années et des années pour goûter au success story, allez dire ça aux 700 milles chômeurs et aux familles nécessiteuses.

Michel Bolze - 22-07-2011 14:51

Excellent . je suis à 100 % d'accord . Mieux vaut être pauvre mais debout et maitre de son destin que de vivre dans l 'illusion et la dépendance . J espère que vous serez entendus. Vous ne faites au fond que décrire ce qu'est un développement durable et équitable . Celui qui si je me souviens bien n 'a jamais ete aussi bien incarné que par Heidi Nouira .... Un premier ministre de transition à son époque !!!

Ben Nosra - 22-07-2011 17:33

Merci pour cette analyse. Mais je cois que votre article parle de deux choses complètement différentes. D'une part, vous analysez très bien les économies étrangères et les chiffres y afférents, Japon, UE, USA, Grèce, G8, BAD et crédits. Mais quand vous arrivez à la Tunisie, vous utilisez des chiffres de l'INS 2009. Ce qui vous donne droit à parachuter 11 points valables au temps de Ben Ali. Vous parlez de revenu de phosphates alors depuis des mois la zone minière de Gafsa est bloquée et par la suite les différents composants du Groupe Chimique sont presque en chômage technique. Demain si la chaîne reprend, elle ne servira qu'à payer les 50 milles nouveaux recrutés. Vous parlez d'élargir la base des assujettis et de réviser la grille fiscale des salariés alors que le nombre de chômeurs est en train d'augmenter (usines arrêtés, tunisiens revenus de la libye). Dans son effort de soutien, un père de famille salarié ne peut pas laisser la famille d'un parent dans la nécessité. Ce qui constitue une charge de plus sur ses épaules. Vous parlez d'un emprunt national de 5 Milliards de dinars alors que les gens souffrent de la hausse des prix. A combien estimez vous le nombre de tunisiens capables de prêter à un frère 500 dinars. Et cerise sur le gâteau vous êtes contre les IDE. Cela me rappelle parfaitement les points clé de l'économie chinoise au temps de MAO. Hatem KEFI, vous n'avez pas tort dans votre constatation, cela sent le communisme à plein nez.

ahmed - 22-07-2011 20:14

Relever le taux de TVA et imposer la TVA aux produits qui en sont exempt ne fera que baisser la consommation, de plus revoir la fiscalité des salaires, reviendra aussi à avoir une main d'oeuvre plus chère et va décourager les investisseurs a venir et rendra les investisseurs locaux peu compétitifs. Recourir aux dettes n'est pas si dangereux si le gouvernement ne va pas emprunter a gauche et à droite et surtout il s'agit de bien étudier ou investir cet argent, or tant qu'on dispose pas d'un plan économique post-révolution sur 10 ou 15 ans, il est difficile de bien cibler les secteurs d'investissement. Par ailleurs, je suis d'accord pour l'encouragement des zone OFF SHOR surtout que ces zones sont actuellement réservées au secteur industriel et non commercial ou de distribution, or notre pays de part son emplacement géographique stratégique, peut devenir une plate forme de distribution et de commerce très intéressante, d'ailleurs, j'aurais souhaité que l'état aurait commencé par le port en eau profonde d'enfidha plutôt que l'aéroport.

Ali Salah - 22-07-2011 20:57

A celui qui demeure sceptique aux alertes émises et aux pistes de solutions suggérées, je dirais. Es-tu au courant que nous avons atteint depuis 2 ans le seuil critique d'endettement, d'autant plus que nous nous endettons à court terme pour honorer la tombée des échéances en service de notre Dette vis-à-vis de l’étranger. Tu conviendrais bien avec moi qu'un bon père de famille a intérêt - au préalable - à assainir ses comptes & réduire ses dépense, pour ne plus recourir aux crédits de consommation ou aux crédits de remboursement, et parvenir ainsi à amortir son encours d'endettement jusqu'à le ramener à un niveau supportable à même de lui permettre de s'endetter de nouveau pour financer des investissements d'utilité familiale. Idem pour une Entreprise en situation de surendettement, elle gagnerait à tailler dans les dépenses superflues et à injecter des fonds propres lui permettant de restructurer son endettement (en rapport avec son cash flow), et ce, avant d'envisager la réalisation d'un nouvel investissement à financer correctement selon les prévisions de cash flow additionnels. Il en est de même pour le Budget de l'Etat, il faudrait qu'on taille dans les dépenses non vitales et injecte des fonds stables (recettes fiscales et douanières additionnelles) pour couvrir les Dépenses titre I+II et faire face au service de la Dette publique. Naturellement, si excédent il y a, des dépenses complémentaires (à impact justifié) seront intégrées dans ledit budget. Enfin, idem pour notre Balance des paiements, notre politique d'endettement extérieur, doit non seulement tenir compte de notre capacité de remboursement (croissance de PIB), mais encore de notre capacité de dégager un excédent de capitaux en devises destinés à honorer le service de la Dette extérieure (mesurée par le ratio Excédent Commercial / Service de la DE). En conclusion, je dirais que nous devrions tirer des enseignements de la Crise Mondiale de la Dette qui vient d'éclater à la figure des Leaders Occidentaux US+UE.

F. Z. Magherbi - 22-07-2011 20:59

Dommage que notre Ministre des Finances n'arrive pas à tirer de précieux enseignements quand il analyse les évènements internationaux qui se succèdent à grande vitesse: banqueroute Grecque + Islande, contamination du Portugal + Irlande + Espagne + Italie, fragilisation des US + France, .... L'expérience malheureuse de la Grèce montre que le Remède de la Dette extérieure est non seulement inefficace (si pas d'austérité minimale), mais encore un facteur aggravant pouvant conduire à un Plan d'Austérité Sanglant (plus douloureux que le plan qui devait être instauré au déclenchement de la crise). C'est comme si en présence d'une gangrène débutante au pouce du pied, on s'acharne à y passer la pommade au lieu de l'amputer, jusqu'à ce qu'on se décide tardivement à amputer la jambe, voire plus.

Ahmed A. Abbes - 22-07-2011 21:05

Comme bien souligné par Michel Bolze + Chiheb Zouabi plus bas, nous sommes tous convaincus des effets pervers d'une overdose de Crédits, soit pour le ménage, que pour l'entreprise, soit pour le Budget public ou pour l'État. Malheureusement, Mrs JA+MKN semblent ne pas tirer les leçons de la Crise Apocalyptique de DETTE, et s'activer à nous engager dans un surendettement toxique. Il est grand temps qu'on arrête de bricoler et de spéculer sur les perspectives de la Tunisie ainsi que sur l'avenir de nos enfants.

Mohamed Ali Sellami - 22-07-2011 21:06

Après l'avoir clairement exposé au G8, au FMI et à Aix-en-Provence, le Gouvernement Transitoire projette enfin de présenter le Programme de Relance socio-économique à la Haute Instance avant fin Juillet. Ainsi, 2 mois après, les représentants des Tunisiens auront le droit d'écouter Jalloul Ayed pour ''entériner/ratifier'' son plan ''habilement'' négocié avec des pays frappés de plein fouet par l'apocalyptique Crise de Dette. Quant au Financement du Plan quinquennal, je crains qu'il s’évertue à éviter d'en parler ou à esquiver les éventuelles questions. Pour ce qui est du PAS2 qui serait imposé à la Tunisie, il nous dira que rien n'a été figé et qu'il appartient au prochain Gouvernement issu de l'Assemblée Constituante d'en négocier les termes avec le FMI.

Mohamed Chawki Abid - 23-07-2011 17:12

Depuis la fin du 20ème siècle, les Experts des pays asiatiques ont tiré une conclusion simple et facile à vendre à leurs opinions publiques : TSF [Tout sauf le Fonds !]. Or le moyen le plus évident d'éviter le FMI, c'est de ne pas avoir besoin de ses services. D'où des tentatives de coordination entre pays d'Asie, et surtout, une volonté acharnée d'accumuler des excédents commerciaux colossaux pour constituer un ''trésor de guerre''. Voilà pourquoi tous les pays de la région ont mené des stratégies délibérées d'accumulation de réserves de change qui leur servent d'assurance pour se préserver du ''risque FMI''. Ils ont réussi au-delà de toute espérance (chiffres 2007): plus de 1.300 milliards de dollars pour la Chine (1.000 dollars par habitant !), plus de 250 milliards pour la Corée du Sud et Taiwan, 100 milliards en Malaisie, 70 milliards en Thaïlande, etc... Même réaction en Amérique latine, où l'Argentine a connu une crise terrible en 2001-2002 après avoir été longtemps considérée comme le « bon élève » du FMI, à l'instar de la Tunisie der Ben Ali. Buenos Aires et Brasilia ont remboursé leurs emprunts au FMI dès qu'ils l'ont pu. Depuis, ils engrangent eux aussi des excédents. Comme le souligne le dernier rapport de la Cnuced, la plupart des pays émergents ont aujourd'hui des comptes courants excédentaires. La planète entière ne pouvant pas être en excédent commercial, la montagne des surplus en Asie puis en Amérique du Sud correspond à un gouffre au Etats-Unis puis à l’UE. Les Américains avaient certes commencé à dépenser davantage qu'ils ne gagnent avant la crise asiatique ; mais c’est la réaction anti-FMI - ayant suivi ladite crise - leur a donné les moyens de creuser le précipice beaucoup plus profondément. En 2009, éclate la Crise Grecque, miroitant un risque de contagion de la Crise de la Dette sur la zone Euro, d’où un 5ème Plan de sauvetage concocté par l’UE avec des aides totalisant 160 Milliards Euro. Quant aux US, le relèvement du plafond de la dette publique de 17% s’avère impératif, au risque de tomber en défaut de payement avec ses créanciers (40% étrangers, et 15% Chinois). En définitive, le FMI a joué un rôle central dans les plus grands déséquilibres financiers jamais connus dans le monde, alors qu'il « a pour responsabilité d'assurer la stabilité du système financier international », selon l'article premier de ses statuts. Le nouveau directeur général du FMI (Christine Lagarde) prendra la tête d'un hôpital qui n'a presque plus de clients et dont les apprentis sorciers ont diffusé un virus terrible dans la population. Espérons que notre GT en saura tirer de précieux enseignements pour nous épargner le sable mouvant de la Dette extérieure.

Ridha Malek - 23-07-2011 17:49

A mon avis, l'objectif de vulgarisation et de sensibilisation est atteint. Ici en France, les Tunisiens débattent du double papier ''D3E'', au moment où les Français sont assommés par la Crise de la Dette et de l'impact du récent plan d'aide à la Grèce (160 Mds€) sur l'endettement Français (+15 Mds€) et sur le contribuable Français. Le PS en profite pour monter sa campagne électorale. On commence même de parler du ''Néoprotectionnisme'', terme qu'on évite et préfère remplacer par ''Dé-mondialisation'' ou ''Juste échange''. Bref, l'Occident ne sera plus comme avant à cause de l'escalade démesurée du tandem ''ultralibéralisme/surendettement''.

Mondher Belhadj - 25-07-2011 10:10

Il est temps que les Tunisiens sachent que l'endettement n'est pas un gros mot. Nul dans le monde economique actuel ne pourrait voir dévéloppement sans endettement. C'est le challenge de travailler d'avantage, d'investir dans des projet á de forte propention marginale dans l'accroissement du PIB/tete de courte et de londue durée. Dans un univers de transparence et de lucidité politique la solvabilité ne constitue jamais de probleme. Sans recours á l'endettement le pace de transition economique et sociale va etre trestres long voir meme inexistant. La bonne plannification et distribution et le bon choix des priorités sont les garants du decollage.

Omrim - 27-07-2011 10:30

La dette Tunisienne de 41% du PIB (que celle déclarée par la banque mondiale) ne peut être considérée comme un coup de pousse pour le décollage ou le développement c'est une lourde charge pour ne jamais décoller. Il est temps de différencier entre une charge et un coup de pousse. Pour son développement un pays n'a pas besoin de tant. Ces dettes n'ont jamais servis au développement du pays (technologies, social, Industriel, etc.) mais pour des détournements de fonds, des commissions au passage pour le donneur et pour le receveur (Ezzani Ben Ali et El Hannana Leila) sans parler où sont investis ces crédits, des domaines hors développement et assez souvent le pays n'en a pas besoin (Aéroport de Enfidha pour les oiseaux voyageurs 8 Milliards $) . Non seulement l'ampleur de la dette, mais le préteur et ses intentions sont aussi importants ! Quant aux pays qui se développement sans tendre la main mais avec une bonne gestion et un peuple qui bosse il y en a comme la Turquie et d'autres. Le développement commence toujours par une bonne gestion et un peuple laborieux et jamais par l'argent. Regardez les pays horriblement riches et en même temps incapables de fabriquer une aiguille, juste des consommateurs de technologies comme nous sommes actuellement mais beaucoup plus graves que ces riches car nous nous ne sommes pas riches et endettés jusqu'au cou. Dans notre situation, la dette est mortelle. Il vaut mieux demander la réduction de notre dette et qu'on se serre la ceinture pour nos enfants et notre pays. Mais surtout que nous travaillons. Mes respects.

Mondher - 28-07-2011 22:55

En réponse au message de Mr Omrim, 41% du PIBn'est pas accablant á l'échelle d'un pays. Regardons combien les pays Europeens telsque l'espagne, le portugal et les nouveaux emergeant dans la communauté Europeenne se sont ils endettés pour rattrapper le gap. C'est phénoménale comparé avec nous. Il s'agit ici de décollage d'un pays du sous developpement, croyez moi la societé Tunisienne était beaucoups plus mature et plus compétitive que la Roumanie ou la Pologne ou les encore tout autres pays de l'Est de l'Europe. Pas maintenant depuis qu'ils ont compris le jeu economique. On veut ici changer notre destin par des grand projet qui embauchent maintenant et dans le future. des projets qui paient leurs dettes par eux méme. On ne veut pas empreinter pour distribuer de l'argent par la fenetre et ne rien trouver pour les payer. des investissement á la hauteur du défi du dévéloppement de notre société.

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