Opinions - 09.10.2014

L'Ariana, une histoire enfouie

Aux Arianais, que les candidats de tous bords courtisent pour gagner leurs suffrages lors des prochaines élections. Leur rappeler qu’ils doivent apprendre à être plus vigilants et plus exigeants à l’égard de tous ceux qui prétendront être les plus aptes à administrer leur ville et leur région.

L’Ariana a été  délaissée et depuis des décennies paupérisée du fait de la gestion calamiteuse d’un système qui a privilégié le clientélisme, la livrant à un urbanisme chaotique et détruisant sa nature et son eco-système. Son histoire prestigieuse, doit être pour les Arianais un motif de fierté. Plusieurs références ont cité son existence à côté de Carthage, la Phénicienne. Sidi Mehrez y est né et y a vécu jusqu’à l’âge de 57 ans avant d’aller s’établir du côté de Bab Souika.

Sidi Ammar l’a protégé contre la croisade conduite par Saint Louis en 1270. Sidi Amor Boukhtioua a veillé sur elle du haut du mont qui porte aujourd’hui son nom et qui surplombe les rivages de Raoued. Le souverain Hafside Al Mountassir Billah y a construit un château dans un verger à l’emplacement de l’actuelle cité des Sciences pour y résider avec les notables de son royaume et les commandants de son armée. Il a amené à l’Ariana l’eau de Zaghouan par le biais des oléoducs romains.

D’autres illustres personnages tels, Ibn Khaldoun et le poète andalous Abou Abdallah Mohamed Ibn Al Abar y résidaient une partie de l’année, surtout au printemps, attirés par la pureté de son air, la splendeur de ses vergers fleuris et sa production de roses. ?L’Ariana était aussi le lieu où se réfugiaient les habitants de Tunis fuyant la répression de l’armée espagnole dont les soldats  commirent beaucoup d’actes barbares détruisant notamment le bassin d’eau qui alimentait la ville, ouvrage construit par le souverain Hafside Al Mountassir Billah.
L’Ariana a connu une période de grande prospérité avec l’arrivée des premiers immigrés andalous dès le 13 ème siècle suivie d’une autre vague constituée de Morisques.

Cette immigration a été un facteur d’évolution notable, elle était essentiellement constituée d’agriculteurs et d’artisans qui ont marqué dès leur arrivée le village pour imprégner ses habitants de leur culture. Avec les Andalous, l'agriculture a connu un essor formidable par l’introduction de nouveaux systèmes de culture et de nouvelles méthodes d’irrigation et l'Ariana alimentait Tunis de ses produits jusqu'aux années 70. Les artisans installèrent la confection de la chéchia dans sa première étape, le tricotage, travail réalisé exclusivement par les femmes dans la plupart des maisons du village et cela jusqu’aux années 1970-1980.  L’Ariana était la source d’approvisionnement de l’industrie de ce bonnet rouge, couvre-chef authentiquement tunisien qui a conquis tout le continent africain.

L’Ariana possède un patrimoine architectural qui témoigne de son passé glorieux comme par exemple le palais Ben Ayed, l’actuel siège de la municipalité, le palais Zaouch, le palais ou Borj Baccouche devenu après la seconde guerre mondiale une école de la Mission française et actuellement Centre national de la danse.
Rappeler le passé prestigieux de l’Ariana, c’est soulever la question de la mémoire qui a été sciemment effacée et sans laquelle le « slogan « Tunisie 3000 ans d’histoire n’a pas de sens.

D’où l’exigence d'interpeller la classe politique et lui rappeler la dimension culturelle qu’elle esquive et qui continue à être ignorée et toujours pas prise en compte dans les programmes des partis en course pour le pouvoir. Le développement de la région exige qu’au préalable son chef lieu recouvre ses spécificités, son prestige et son rayonnement.

Seifallah Blili
 

Tags : Elections 2014  
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