Opinions - 21.03.2012

Ce sont les révolutions sociales et non politiques qui perdurent!

Lorsque les régimes politiques s'effondrent, ils laissent derrière eux un vide qui est souvent comblé par des institutions qui sont à l'encontre de nos valeurs en tant que société civile.

Vous vous demandez pourquoi ? Et bien, parce que ce sont ces même régimes qui ont légiféré des lois favorables à leur existence et hostiles à la nôtre.

C’est le même problème auquel on fait face actuellement en Tunisie et en Egypte post-révolution. On a participé à la destitution d’anciens régimes, et du moment que la destruction implique automatiquement une construction, les méthodes que nous utiliserons aujourd'hui dans cette création permettront de déterminer quel genre de monde naitra au- dessus de ces décombres. C'est là où ça devient vraiment intéressant. Notre lutte a été essentiellement politique, et puis elle a perdu de l’élan ... C'est le danger qui nous guette.

Les révolutions politiques enfantent d’un pouvoir concentré dans les mains de quelques-uns, plutôt que de le répartir sur une large frange de la société. Nous devons comprendre que c’est le changement politique qui provient du changement des conditions sociales, et pas l’inverse. En ce sens, il faut une RÉVOLUTION SOCIALE : un changement de la façon dont nous pensons de nous-mêmes et des autres, ainsi que la façon avec laquelle nous agissons les uns envers les autres.

Les Tunisiens doivent commencer à penser en « communauté » et non en « individus». Si nous perdons la foi dans le sens de la « communauté » et continuons sur le chemin de « intérêts individuels », notre communauté, qui est la Tunisie, va finir par disparaître.

Les valeurs sont des outils sociaux pour nous orienter dans la vie, ce sont les peuples qui les inventent, ce n’est ni la nature, ni Dieu. On les élimine si elles ne servent pas à nos besoins. On doit, par conséquent, éliminer tous les outils qu’on a hérité des 5 dernières décennies, et adopter de nouvelles valeurs, propices à une société en quête de grandeur. On a besoin de véritables réformes révolutionnaires dans la façon avec laquelle on se comporte au travail, à la maison, à l'école, dans la rue, et avec soi-même.

Lorsque nous nous comportons de façon civilisée les uns envers les autres, nous aurons plus besoin d’une autorité qui contrôle nos moindres faits et gestes. Lorsque nous bâtissons nos propres communautés et s’entraidons à les préserver, nous réduirons à néant l'hégémonie du gouvernement. Lorsque nous éduquons nos enfants à la maison selon ces valeurs et ne comptons plus sur de vieux systèmes éducatifs gérés par des politiciens de l’ancienne école, nous sèmerons la peur dans ces esprits avides de pouvoir et de contrôle. Lorsque nous nous respectons les uns les autres dans les lieux publics, sur la route et sur nos plages, nous serons fidèles à l’image que le monde garde de notre peuple. Lorsque nous respectons les opinions des autres, leur droit d'expression et de parole, leur religion, à ce moment nous aurions honoré la Tunisie.

Lorsque nous ferons notre propre musique, au lieu de télécharger celle des autres ; lorsque nous assurerons notre propre pain et créerons nos propres zones de confort, nous aurions battu les sociétés multinationales.
Nous devons profiter de notre culture, nous exprimer librement, nous jouir de qui nous sommes et en être fiers, c’est la seule manière de transformer le monde autour de nous et le rendre meilleur, c'est la seule manière de bâtir la TUNISIE dont nous rêvons.

Les révolutions se font à l'intérieur des esprits, et pas seulement dans la rue, les cafés, réseaux sociaux, et les coulisses des gouvernements.

Lotfi Saibi

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