Notes & Docs - 12.08.2011

Il y a 33 ans… La vision prémonitoire de Hichem Djaït

Je me souviens d’un article que j’ai publié fin juin 1978 dans ERRAÏ, le journal indépendant phare des années 70, à propos de la nécessité d’une opposi¬tion politique légaliste et constructive pour le pays, article paru juste après la formation du parti MDS… Mon ami Si Hi¬chem Djaït m’avait alors adressé début juillet 1978, en écho et en réaction à cet article, une longue lettre manuscrite d’un ton et d’une teneur inégalés et qui font honneur à leur auteur … Ce texte reste, 33 ans après, un repère, une référence et une grande et belle leçon de participation de l’élite bien pensante au débat politique et à la construction générale du pays …

Nous avons estimé, Leaders et moi-même, que les lecteurs, et notamment les jeunes d’entre eux, ont tout intérêt à prendre connaissance de ce texte, qui reste d’une surprenante actualité et d’une réelle acuité qui ne peuvent que nous interpeller dès lors que nous som¬mes confrontés au devoir de promou-voir et de concrétiser les objectifs d’une belle révolution.

Si Hichem a eu l’amabilité de nous autoriser à publier cette lettre. Qu’il en soit vivement remercié…


Hamouda Ben Slama

Mon cher ami,

J’ai lu très attentivement l’article du « Ra’y ». J’en partage les vues essentielles. Je crois en effet à la nécessité d’une opposition légale, constructive, réfléchie, pour la construction générale du pays et que cela enrichit le paysage politique, le débat politique. Comme toi, je pense qu’il faut redéfinir la notion de « responsabilité » et de « direction » de la société. Le pouvoir politique est certes le plus important des pouvoirs, mais il ne doit pas être la seule instance motrice du monde social.

Et la société politique elle-même englobe à la fois le pouvoir en place et les formes d’opposition organisées et même tous ceux qui pensent et agissent politiquement. Par conséquent, vous êtes, nous sommes tous responsables du destin global et de l’avenir du pays. D’un autre côté, je suis de ceux qui croient qu’il faut expurger la haine de l’action politique et y introduire la notion de « fair-play », de bonne foi. Par une longue tradition historique, nous avons toujours conçu le jeu politique comme une lutte à mort, d’où les révoltes constantes et les répressions constantes. C’est à qui détruira l’autre, physiquement.

Qu’est-ce qui, au fond, fait que les détenteurs du pouvoir dans les sociétés non démocratiques s’accrochent à leurs positions par tous les moyens ? Probablement, en dehors des avantages matériels et moraux dont ils jouissent, en dehors du désir d’agir et de satisfaire la volonté de puissance, l’instinct de conservation qui les condamne à perdurer ou à mourir, au moins moralement. Parce qu’en général, les changements dans le pouvoir se soldent par des règlements de comptes, et cela a été véritablement une constante de tous les pouvoirs dans tous les secteurs d’humanité, y compris l’humanité européenne jusqu’à une phase récente.

Si bien que la démocratisation apparaît comme une conquête tout à fait récente : il a fallu un travail d’intériorisation du jeu démocratique, il a fallu que la croyance en la démocratie pénètre en profondeur le monde politique et, après lui, le monde social. En France par exemple, au XIXe siècle, que de violences, de révoltes et de répressions sanglantes ! Et quant à l’Allemagne, n’en parlons pas : jusqu’en 1918, c’était une monarchie en grande partie autoritaire et la République de Weimar a été un rêve. Si bien que le jeu démocratique, sauf dans les pays anglo-saxons, s’est instauré en Occident au travers de tâtonnements, d’expériences pénibles.

J’espère et je souhaite de tout coeur que tous les errements commis dans ce pays depuis vingt-trois ans aboutiront à une maturation de l’esprit démocratique, qui est le moins mauvais des systèmes pour l’homme parce qu’il le fait moins souffrir, qu’il se corrige constamment, qu’il s’accompagne de garanties. Alors qu’humilier le citoyen, l’infantiliser, le terroriser, nier son autonomie de conscience et d’expression, étendre sur la société un voile de faux-unanimisme terne, tout cela semble être l’apanage des sociétés autoritaires.
Regarde les Anglais, les Français, les Américains, personne ne peut empêcher quelqu’un de rentrer chez lui ou de sortir de chez lui quand il le veut. Ce sentiment d’avoir une patrie qui est à vous, quoi qu’il advienne, et même si vous êtes contre l’ordre établi, est une chose très belle. Quand je songe qu’il y a des Tunisiens qui souffrent de l’exil, qu’ils ne peuvent rentrer dans leur patrie sans subir des brimades, je perçois le fond du problème : à savoir que la démocratie, pour un pays, consiste à aimer tous ses enfants, sans exclusion, et qu’un citoyen ne s’identifie pas à un pouvoir mais à une nation, à une société, à un genre de vie, à une culture, même s’il lui arrive de les maudire. Il y a donc là quelque chose comme une éthique, un fonctionnement mental, des habitudes à prendre, un système de croyances implicite.

J’ai été frappé récemment en lisant dans un journal français l’appel adressé au gouvernement par un grand humaniste en faveur de la libération de détenus tunisiens marxistes, brimés depuis dix ans ! Pourquoi tant d’acharnement ? Pourquoi les intellectuels d’ici ne se sont-ils pas manifestés ? La compassion est-elle seulement un sentiment occidental et, dirais-je, chrétien ? Est-ce que j’appartiens à un monde qui n’a pas la notion d’homme ? Cet article m’a jeté dans une douloureuse perplexité.

Mais d’un autre côté, je ne suis pas un naïf et je sais quelle redoutable charge que de gouverner un pays faible, fragile, plein de contradictions, à une phase critique de sa croissance. Ceci non pas pour justifier ces détentions– absolument pas– mais pour reposer le problème de la démocratie en Tunisie. Car la démocratie implique un consensus de base sur un modèle stable de société et de civilisation et nos pays, récemment entrés dans l’histoire nouvelle de l’humanité, c’est-à-dire dans la modernité, sont extrêmement instables à ce sujet.

On a l’impression que le corps social est tellement malléable qu’on peut du jour au lendemain, par un coup d’Etat, ou un changement de la direction politique, faire basculer un pays du socialisme au capitalisme, d’un camp à un autre camp, d’un modèle culturel à un autre modèle culturel. En fait, c’est là une illusion car la société offre toujours des résistances. Il n’y a rien qui s’oppose autant à l’instauration du système démocratique que « l’illusion lyrique » des intellectuels, des activistes, des jeunes, pour promouvoir le gouvernement idéal, panacée de tous les maux.

Comme si, encore une fois, le réel était absorbé par la seule instance politique, comme s’il y avait un Bien absolu et un Mal absolu, comme si la violence était garantie de vérité, comme si l’on poursuivait le rêve épique, mystique du combat viril pour le Bien suprême. Certes, cette dimension utopique dans nos sociétés leur donne une saveur que n’ont plus les sociétés occidentales…si froides, si déshistorisées, si axées sur le bien-être matériel, sauf dans leurs franges méridionales « attardées » précisément. Mais je voudrais que ne se perde pas l’esprit militant– utopie des peuples infantiles qui n’ont pas assimilé la modernité – tout en laissant choir définitivement tout mysticisme activiste, masochiste même, ou sur les notions de sacrifice, d’itinéraire, de clandestinité, voire de révolution. Et que l’on oublie cette perte de temps dans l’histoire de nos peuples qui s’appelle lutte pour la libération, en ce sens que nous n’aurions jamais dû être colonisés !

Tu sais que j’ai été un de ceux qui ont signé la pétition protestant contre la répression du 26 janvier, que je déplore de tout coeur, qui m’a même révolté. Je crois qu’il y a là-dessous un fantastique blocage de nos institutions, sur lequel je ne voudrais pas m’étendre. Mais il y a aussi une crise de la jeunesse, qu’on a laissée pourrir, et une mauvaise assimilation par les syndicalistes– direction et base– du rôle des syndicats dans une société en voie d’industrialisation, en ce sens qu’ils sont restés prisonniers du schéma utopiste, populiste, enthousiaste qui vise à refaire l’itinéraire ancien, parlant un langage mobilisateur, du type destourien des années héroïques. Il aurait mieux valu en rester au modèle social existant, en se battant rationnellement sur le terrain syndical. A un moment donné, il y aurait un équilibre des forces, un dialogue, une dialectique féconde. Mais, la dialectique a été faussée par le démon de la totalité parfaite, par le fantasme de l’exclusion, la certitude de vérité : alors que précisément la démocratie sociale est un équilibre entre deux forces, un partage du pouvoir, non le désir d’accaparer le pouvoir. J’ajouterais que l’équilibre doit être harmonieux. Le résultat en est qu’on revient à l’unanimisme, véritable recul dans le processus de construction d’un pays. Cet échec est significatif de tout ce que je viens de te dire– de la non-assimilation chez les uns et les autres – du jeu démocratique, fondé sur une complémentarité des opposés, sur la bonne foi, sur la croyance intérieure avec « la solidité d’un préjugé populaire », comme disait Marx. Mais quelle absurdité ce serait que de tomber dans le jeu de la culpabilisation judiciaire, et la force ne résout rien.

Evidemment, il faut tenir compte de la passion humaine et des sentiments en politique, l’analyste a le beau rôle. En ce qui me concerne, je ne crois pas que je me départirais de la position d’observateur, d’homme de réflexion. Et je demeure persuadé que ce qui nuit le plus, ici et ailleurs, à la cause de l’homme, de la liberté et du progrès, c’est la faible intellectualisation des élites dirigeantes et pensantes. Je souhaiterais d’ailleurs que les quelques intellectuels que nous avons participent, par leurs idées et leurs réflexions, comme je le fais et l’ai toujours fait, à clarifier les problèmes, sans orgueil mais sans humilité excessive.

Bien sûr, je rêve d’une Tunisie intelligente, libérale, juste, effervescente, traversée par un souffle de réforme, de remise en cause, et par-dessus tout respectueuse de l’homme. Il n’y a rien de plus ignoble que d’attenter à la dignité d’autrui, à sa vie privée, à sa santé, à sa quiétude. Tu as bien fait de me rappeler l’autre jour les durs moments que j’ai passés naguère. Je t’en remercie. Je suis tes efforts avec intérêt et sympathie, ainsi que ceux de tes amis. Tu m’as offert le plaisir d’une plongée dans le présent, dans le coeur des affaires de la petite patrie que je voudrais mieux aimer si elle correspondait davantage à mes idéaux, avant de revenir dialoguer avec les morts et de contempler la superbe innocence de l’univers…

H.D.

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14 Commentaires
Les Commentaires
amilcar - 14-08-2011 22:12

excellent article de si djait .CAMAU l ex directeur de l institut d" etude du monde contemporain français a mutuellevill connait tres bien la tunisie et ses intellectuels. geomrges corm aussi a ecrit sur les intellectuels arabes j ' ai lu il y a quelques anné déja l ' excellent livre démocraties sans démocrates et bien d' autes bien sur d 'auteurs d 'amérique latines que peu de tunisiens lisent .a propos beaucoup de gens du moyen orient ont emigré au bresil et prospére pourquoi notre diplomatie ne se tourne pas vers ce geant émergent et ce tropisme perpétuel vers l 'europe qui s' islamophobise chaque jour un peu plus les francais emigrent pardon ils s 'expatrient au bresil en chine en corée du sud nos hommes d 'affaires aussi pourraient y trouver des débouchés il y a une forte colonie arabe les bresiliens les appellent les turcs bien intégrée le climat favorable la vie douce et et agréable .comme toutes les grandes métropoles il existe de l' insécurité car le clivage entre les riches et les pauvres est enorme mais malgré cela meme devant le sherton de coppa cabana l 'accés à la plage est libre partout la plage est un bien public comme en norvége ce serait une excellente mesure que prendrait le goiuvernement tunisien .je garde de cuisant souvenirs ou juste devant la plade sur ce qu'on appelle le sentier du douanier on a esayé en vain d' ailleurs de me déloger alors que la plage etait quasiment vide y compris dans l 'hotel qui appartient à l 'ugtt à amilcar qui a meme installé une barriere métallique de quelques metres dans la mer pour que le petit peuple ne puisse pas se baigner devant son hotel ce sont pourtant des familles de travailleurs qui s' agglutinent en masse a coté de l 'hotel cela s appelle de la ségrégation un appartheid balneaire que les hoteliers qui ont pour la plupart construit avec l'argent de l 'etat .beaucoup d 'hoteliers ont ou avaient l 'esprit colonisé il voulait des européens la premiere du golfe leur a donné a réfléchir ;le 14 janvier ma permis de vous écrire librement grace aux fils du peuple qui ont offert leur poitrine aux balles et ne soyons pas naifs la conjoncture internationale et la géopolitique a permis cette liberaton pourvu qu elle ne se transforme pas en restauration ou en violence n' oublions pas que l 'attentat de paris devant un grand magasin a paris fut l'oeuvre d un islamiste ni que le commandant massaoud en afghanistan fut l 'oeuvvre de 2 hislamistes tunisiens.pourquoi ne pas ebn faire des sujets de these pourquoi par quel parcours personnel on devient un tueur au npom de la foi et aux bénéfices de geopolitique de pays etrangers qui les instrumentalisent et salissent ainsi l 'image de leur pays

Tahar - 15-08-2011 13:50

Bonjour, Je cite: "Mais d’un autre côté, je ne suis pas un naïf et je sais quelle redoutable charge que de gouverner un pays faible, fragile, plein de contradictions, à une phase critique de sa croissance. Ceci non pas pour justifier ces détentions– absolument pas– mais pour reposer le problème de la démocratie en Tunisie. Car la démocratie implique un consensus de base sur un modèle stable de société et de civilisation et nos pays, récemment entrés dans l’histoire nouvelle de l’humanité, c’est-à-dire dans la modernité, sont extrêmement instables à ce sujet." Citation pour le moins troublante de la part d'un intellectuel dont la vision serait prémonotoire! Oui, troublante -pour ne pas dire choquante-non pas malgré, mais plutôt à cause des précautions et autre clauses de style que notre cher penseur avait prises!!!

Mhamed Fantar - 15-08-2011 17:06

Quel bel article ! bravo, cher collègue

laabed - 17-08-2011 17:43

"je rêve d’une Tunisie intelligente, libérale, juste, effervescente, traversée par un souffle de réforme, de remise en cause, et par-dessus tout respectueuse de l’homme. Il n’y a rien de plus ignoble que d’attenter à la dignité d’autrui, à sa vie privée, à sa santé, à sa quiétude"Hichem.Jait .

Noureddine Ali - 17-08-2011 18:12

Il faudrait rappeler aussi que Hichem Jaiet a été le premier à émettre des doutes sur la capacité réelle du régime mis en place en novembre 1987 à changer véritablement les choses. Dans un article historique paru dans "Réalités" (février 1988), intitulé "Zones d'ombre" Jaiet avait mis l'accent sur la nécessité d'un changement profond du régime qui passerait par une réforme constitutionnelle. Les laudateurs se pressaient à Carthage pour bénir le changement, mais Jaiet a choisi d’être ce qu’il a toujours été : un esprit indépendant, éloigné des honneurs et des privilèges auxquels il aurait pu prétendre. La réponse de Ben Ali a été immédiate: Jaiet s'est vu retirer son passeport. Plus tard, lorsqu'il atteignit l'âge de la retraite, le ministre de l'enseignement supérieur de l'époque, refusa de prolonger l'activité dé notre illustre historien. paru dans "Réalités" (février 1988), intitulé "Zones d'ombre" Jaiet avait mis l'accent sur la nécessité d'un changement profond du régime qui passerait par une réforme constitutionnelle. Les laudateurs se pressaient à Carthage pour bénir le changement, mais Jaiet a choisi d’être ce qu’il a toujours été : un esprit indépendant, éloigné des honneurs et des privilèges auxquels il aurait pu prétendre. La réponse de Ben Ali a été immédiate: Jaiet s'est vu retirer son passeport. Plus tard, lorsqu'il atteignit l'âge de la retraite, le ministre de l'enseignement supérieur de l'époque, refusa de prolonger l'activité dé notre illustre historien.

slim - 17-08-2011 23:19

c'est une excellente analyse , toujours d'actualité ,de la société tunisienne mais je ne vois pas deprémonition

Hédi Dhoukar - 18-08-2011 14:21

Depuis les événements de janvier, j'attendais une réaction de Hichem Djaït, car il fait partie, avec Yadh Ben Achour, des rares intellectuels tunisiens les plus profonds et les plus éclairés, de niveau international. C'est-à-dire que leur vision englobe la Tunisie—dont ils connaissent parfaitement l'histoire et les particularités— dans le mouvement général de l'histoire et celui des idées. Faute de réaction, nous avons ce très beau texte qui situe parfaitement le sens de l'idéal démocratique, le met en perspective avec les pratiques actuelles du pouvoir (le "combat à mort"), l'infantilisation des sociétés, et les démons des idéologies "unanimistes". Il relève que la société sait opposer des résistances et définit très bien le combat civil qui englobe (doit englober sans restriction) tous ceux qui font de la politique, ou interviennent dans le champ politique. Il fait allusion au passage à la "complémentarité des opposés", notion fondamentale qui signifie qu'il ne faut jamais se débarrasser de l'opposé si on ne veut pas disparaître soi-même. C'est elle qui explique à mes yeux la mauvaise tournure prise par la politique bourguibienne à partir du début des années soixante-dix. C'est dans la lutte contre l'opposé (la France coloniale, Thaalbi, puis Ben Youssef) que Bourguiba a révélé tout son génie. Quand il s'est trouvé sans opposant-complémentaire, notamment en ayant éliminé Ben Youssef que Bourguiba a commencé à dériver porté par ses tendances narcissiques. Il ne faut pas éliminer l'opposant complémentaire: le jour ne peut pas éliminer la nuit;le chaud, le froid; le haut, le bas; l'homme son ombre. C'est cette leçon que tout vrai esprit démocratique doit constamment faire prévaloir. C'est de là que découle ce que Djaït appelle : "aimer tous ses enfants"; une notion de l'amour qui n'est pas subjective (j'aime seulement ceux qui me satisfont), mais objective (j'aime mes enfants pour ce qu'ils sont et non pour ce que je voudrais qu'ils soient). Merci à "Leaders" d'avoir mis ce texte en ligne.

Belaïd Slaheddine - 19-08-2011 11:28

De cette magistrale et intemporelle leçon sur la démocratie que nous donne le professeur Hichem Jaïet, sous couvert d'une lettre à un ami intellectuel, je voudrais soumettre à la méditation de tous ceux qui, aujourd'hui, se targuent de défendre la révolution, la pensée suivante: " Il n'y a rien qui s'oppose autant à l'instauration d'un système démocratique que " l'illusion lyrique" des intellectuels, des activistes, des jeunes, pour promouvoir le gouvernement idéal, panacée de tous les maux".

Pr Ahmed JDEY - 19-08-2011 12:45

Quand l'intellectuel analyse sa société... L'introduction du livre " la personnalité et le devenir arabo islamiques" de Hichem Jait, publié bien avant cet article,donne à son auteur un statut particulier : non seulement d'universitaire, mais surtout d'intellectuel, d'homme de culture et de grand historien. Pr Ahmed JDEY

Pr Ahmed JDEY - 19-08-2011 15:47

Précision pour Mr Hédi DHOUKAR, Dans votre commentaire relatif à l'article de l'historien Hichem DJAIT, publié dans Leaders, vous avez écrit " Depuis les événements de janvier, j'attendais une réaction de Hichem DJAIT, car il fait partie, avec Yadh BEN ACHOUR, des rares intellectuels tunisiens". Effectivement, Hichem DJAIT a été interviewé plus d'une heure dans une émission télévisée tunisienne " CH'AHID WA CHAWA'HID" par l'animatrice Insaf Al Yahyaoui; il y a longuement parlé de la situation de la Tunisie d'après 14 janvier 2011; je confirme que c'est le premier travail télévisé où Hichem DJAIT analyse et pense à sa manière la situation du pays. Pr Ahmed JDEY, Historien.

Dalenda Larguèche - 22-08-2011 09:35

Comme il l'a toujours fait Si Hichem nous interpelle par la pertinence de ses observations et de ses analyses sur sa société. Nul ne peut ignorer que la Tunisie vit un déficit en intellectuels libres, autonomes qui pensent avec lucidité et courage le moment historique et pointent les maux de la société et de ses leaders loin des jeux du politique. Peut-on être optimiste pour l'avenir de la démocratie en Tunisie, démocratie que tous clament et chantent "dans toutes les langues"?! La démocratie dans une société, tant politique que générale, guidée par l''unanimisme, le populisme et l'exclusion de la différence, a un très long et épineux chemin à parcourir. L'on se demande d'abord si la classe politique, animée par la seule course au pouvoir, est bien capable de faire du travail sur elle même pour pouvoir assimiler les principes du jeux démocratique ! A ceux qui s'autoproclament "penseurs", ceux qui se font balancer par le dernier vent qui souffle le plus fort, sont-ils en mesure de réfléchir froidement aux abc de la construction démocratique ? Que dire enfin de la large société dont l'histoire l'a canalisée dans une moule d'infantilisme et d'unanimement jusqu'à en faire "un corps malléable par le fort et le plus offrant"? Mais, de telles observations ne nous empêchent pas de faire le constat que les germes d'une modernité et d'une rationalité ont pris racine dans ce pays et dont l'éclosion et la floraison dépend beaucoup d'une assimilation profonde des principes démocratiques et de leur intériorisation en tant que valeurs universelles. C'est bien à ce niveau que se place le rôle des vrais intellectuels dont la Tunisie a besoin aujourd'hui plus que jamais. Mais gare à l'illusion lyrique des "penseurs" et des activistes politiques qui prônent le modèle idéal et dont les errements ne font que nous éloigner d'une maturation démocratique réelle que la Tunisie mérite bien! '!

Mohamed Arbi Nsiri - 01-09-2011 17:06

Grand spécialiste de l'Histoire de l'Islam classique et du "Moyen Age", le Professeur Hichem Djait nous offre des analyses très approfondies sur la situation intellectuelle du monde arabo-musulman dans divers publication tel que "La crise de la culture Islamique" et "La personnalité et le devenir arabo-islamique" où il développe un ensemble de question cruciales qui tournent autour des notions de l'identité, de la modernité, du nationalisme et l'islam politique, et où démontre avec force que les Arabes et les Musulmans ne pourront pénétrer dans la modernité et participer au monde moderne que s'ils se donnent une haute ambition dans les domaines de la pensée libre, de la connaissance, de la science, de l'art et de la littérature, s'ils décident sérieusement d'emprunter aux autres ce que la modernité a inventé dans tous ces domaine. (Mohamed Arbi Nsiri, étudiant en quête perpétuelle de vérité).

CHADI - 04-09-2011 16:30

bravo un grand si Djaïd

ayaket - 04-10-2011 13:23

Dans le paragraphe 5 Mr. H.D parle "des errements commis dans ce Pays depuis 23 ans" ? s'il s'agit des 23 ans de Ben ALI, l'article n'est en aucune facon prémonitoire et laisserait comprendre qu'il a été écrit après la Révolution...Par contre s'il s'agit de 23 ans de l'ère de BOURGUIBA, je ne comprendrais pas non plus les "errements" dénoncés puisque jusqu'en 1978 (date du dit article), le pays était encore tout jeune et en croissance économique, sociale et même politique...Mais dans l'absolu, le raisonnement de H.D est tout a fait à retenir pour l'avenir de la Tunisie.

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