Blogs - 01.07.2011

Quand la "Fitna" pointe du nez

Quand la "Fitna" pointe du nez

Depuis six mois, la Tunisie est en pleine effervescence révolutionnaire avec des débats en veux-tu, en voilà, au point de constituer l’essentiel de la programmation des stations de radio et des chaînes de  télévision. Interrogé sur ses impressions sur sa première visite en Tunisie, (une question inusable qui a traversé les âges et les régimes), le journaliste palestinien, Abdelbari Atouane a exprimé sa surprise de se retrouver face à « 10 millions d’analystes politiques », sans qu’on sache s’il faut prendre sa remarque en bonne ou en mauvaise part. 

Mais, au fait, quoi de plus normal qu’un peuple sevré de  débats politiques pendant 55 ans qui essaie de se réapproprier sa citoyenneté. Plutôt que de nous en inquiéter, on doit se réjouir de voir le Tunisien se soucier davantage de son devenir que de la cheville de Darragi...Sauf que les choses commencent à prendre une tournure inquiétante avec des dérapages  qui n’augurent rien de bon. Imperceptiblement, on se laisse glisser sur la pente savonneuse de la violence verbale ou physique avec l'intrusion de la religion dans le débat politique. La « fitna » n’est pas très loin qui pointe du nez avec tous les risques que l’on sait.

Dressés pendant longtemps sur le modèle de la pensée unique, nous devons désormais apprendre à vivre avec nos différences, en installant au besoin des garde-fous (au figuré comme propre) pour éviter que quelques marginaux ne viennent ternir le bel ordonnancement mis en place. Bien sûr, la tentation est grande d’incriminer la liberté d’expression et la démocratie qui seraient responsables de cette « gabegie», habitués comme nous sommes à l’unanimisme qui avait marqué surtout les années Ben Ali. Aujourd’hui, il faut se faire à l’idée que la démocratie est le seul antidote à la dictature même si son apprentissage ne sera pas un long fleuve tranquille. La démocratie, comme disait Churchill est « le pire des régimes à l’exception de tous les autres ». En fin de compte, faisons confiance au Tunisien, c'est quelqu'un de policé, qui sait jusqu'où il ne faut pas aller trop loin, même si le "démon berbère" sommeille en chacun de nous.  

Hédi Béhi

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1 Commentaire
Les Commentaires
Akram - 02-07-2011 11:19

Petite remarque: "habitués comme nous sommes à l’unanimisme qui avait marqué les années Ben Ali" et les années Bourguiba, avec tout le respect que je lui doit. Merci.

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