News - 18.06.2025

Ridha Lamouri: Le galeriste passionné

Ridha Lamouri: Le galeriste passionné

«Nous avons vécu ensemble une belle époque, dans le bouillonnement des arts et de la culture des années 1980 à Tunis», se console Feirouz, celle qui était plus que son épouse, «son amie et sa complice». Ridha Lamouri, galeriste, était encore jeune et vivace pour nous quitter à l’âge de 77 ans. La Galerie des Arts qu’il avait ouverte avec Feirouz en 1981 à la Cité Jamil d’El Menzah 6, était le lieu privilégié de grands artistes-peintres tunisiens et arabes. Ridha Bettaieb, Adel Megdiche, Néjib Belkhodja, Victor Serfati et bien d’autres s’y retrouvaient avec plaisir. Des peintres irakiens, comme Hassen Abdel Alouane ou Dhia Azzaoui y prendront leurs quartiers. Naseer Shamma, arcbouté sur son luth, égayera leurs soirées… Ridha Lamouri était un vrai passeur de culture.Rien au départ ne le prédestinait à cette vie (et non une carrière) de galeriste d’art. A la fin de ses études secondaires, Ridha Lamouri obtient une bourse d’études en Yougoslavie et part pour Sarajevo où il décroche un diplôme d’ingénieur en mécanique. De retour à Tunis, il rejoint une grande compagnie nationale de travaux publics pour l’entretien de ses engins. Il se plaît dans ses fonctions, mais curieux de nature, l’esprit très vif, et impliqué depuis son jeune âge dans les activités culturelles, il se met à fréquenter les galeries d’art, notamment celle de Madame Juliette Nahum, épicentre des nouvelles tendances. Il se lie d’amitié avec les artistes-peintres, s’intéresse à leurs œuvres et cherche à les promouvoir.

La Cité Jamil venait alors d’émerger avec ses 50 boutiques au cœur du nouveau quartier cossu d’El Menzah 6. Ridha aura alors la bonne idée d’y ouvrir une galerie d’art et de la confier à Feirouz, toute jeune mariée et encore étudiante. Plus tard, ils créent une deuxième galerie, Artémis, en 2005, à El Menzah 9. Ensemble, ils font des merveilles.«Ridha avait un imaginaire extraordinaire, nous confie Feirouz. Il était toujours plein d’idées, avec de nouveaux projets en tête, demeurant très engagé dans ses choix, sélectif. Il savait entretenir d’excellentes relations avec les artistes et les amateurs d’art qui, souvent, lui demandaient conseil.»

«C’était plus qu’un frère pour moi, un véritable ami. Il m’avait fait découvrir l’art et aimer de grands artistes», dira son frère Me Abdelhamid Lamouri.

Passionné, engagé, Ridha se sentait porteur d’une mission, celle de promouvoir les artistes-peintres et, à travers eux, le tourisme culturel. Son proche parent, Si Mohamed Lamouri, propriétaire de la chaîne hôtelière Hasdrubal, était lui aussi un grand amateur d’art. Il cherchait sans cesse à enrichir sa collection et exposer des œuvres magnifiques dans ses hôtels. Il comptera beaucoup sur Ridha qui lui fera rencontrer de nombreux peintres.

Perpétuant cette noble vocation, son fils, Raouf, acquis lui aussi au concept hôtel-musée, crée la Fondation Mohamed-Lamouri et multiplie les actions de mécénat, les expositions, les concerts de musique, et les échanges culturels. Ridha s’y investit pleinement, faisant au début la navette entre Tunis et Yasmine Hammamet, avant de finir par passer de plus longs séjours dans la station balnéaire, happé qu’il était par ses nouvelles fonctions au sein de la Fondation. Il entraîne Feirouz avec lui et elle se charge de certaines activités à l’étranger.  Puis, le rythme se ralentira. «Ridha était plus à Tunis qu’à Hammamet, dira Feirouz. Lui qui était toujours très pris, est devenu plus disponible, serein, satisfait de son parcours. Il laisse un très grand vide.»
 

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