News - 24.05.2025

Si Foued Mebazaâ: Patriotisme, service de l’Etat et humilité

Si Foued Mebazaâ: Patriotisme, service de l’Etat et humilité

Par Rafaa Ben Achour - Toute personne ayant côtoyé Si Foued Mebazaâ lui reconnaît trois grandes qualités. Il s’agit d’un grand patriote. Il a consacré sa vie à servir son Etat. Il était profondément enraciné dans sa patrie, sa ville et sa cité. C’était un homme humble et jovial.

Très jeune, il s’engage résolument dans le mouvement de libération nationale. Sa scolarité au Collège Sadiki a grandement contribué à forger sa personnalité nationaliste et son engagement patriotique. Avant même de rejoindre l’illustre collège, il devient, en 1947, alors qu’il avait à peine 14 ans, membre de la Jeunesse destourienne de La Marsa. 

Etudiant en France, il est élu en 1954 membre de la cellule du Néo-Destour à Aix-Marseille où il obtient son diplôme de baccalauréat maths-maths élem). En 1955, il est élu secrétaire général de la cellule de La Marsa. En cette qualité, il est chargé par Taieb M’hiri de l’organisation du retour triomphal du « Combattant suprême », Habib Bourguiba, le 1er juin 1955. A cette occasion, il rate volontairement son examen à l’université pour pouvoir assister à cet évènement national sans pareil. Reparti en France, il devient en 1956 président de la cellule destourienne de Montpelier.Au cours de ses études supérieures en France, il milite au sein de l’Uget dont il est membre de la commission administrative de 1957 à 1959, année au cours de laquelle il est élu président de l’Association des étudiants musulmans nord-africains (Aemna).

Service de l’Etat

De 1961 à 2011, Si Foued se consacre sans relâche au service de l’Etat, en tant que haut fonctionnaire, en tant que membre du gouvernement, en tant que député et président de la chambre, en tant que président de la République par intérim, mais également en tant que maire.

Sitôt rentré à Tunis, après avoir obtenu la licence en droit et science économique, il rejoint, en 1961, le cabinet du secrétaire d’Etat à la Santé publique et aux Affaires sociales, Mondher Ben Ammar. De 1962 à 1964, il est nommé chef de cabinet du secrétaire d’Etat à l’Agriculture (Abdelmejid Chaker). En 1964, il retrouvera Mondher Ben Ammar, nommé secrétaire d’Etat à la Jeunesse et aux Sports, en tant que directeur de la jeunesse et des sports. 

Après un bref intermède, de 1965 à 1967, au ministère de l’Intérieur dirigé par Béji Caïd Essebsi, en tant que directeur général de la Sûreté nationale, il retrouve de nouveau la direction de la jeunesse et des sports jusqu’à 1969, année au cours de laquelle il est nommé gouverneur-maire de Tunis (jusqu’à 1973).En 1973, il entame une carrière ministérielle exceptionnelle d’abord, et naturellement en tant que ministre de la Jeunesse et des Sports, jusqu’à 1978. Il contribue grandement à rendre la qualification de l’équipe nationale de football à la Coupe du monde de Mexico. Il met à la disposition de l’équipe tous les moyens et entretient des rapports paternels avec les joueurs. Après ce grand succès sportif, il est chargé du portefeuille de la santé publique à partir du 13 septembre 1978. Le 7 novembre 1979, il est nommé aux Affaires culturelles et à l'Information. 

En 1981, Si Foued inaugure une nouvelle page de sa carrière au service de l’Etat en intégrant la diplomatie. Il est successivement ambassadeur représentant auprès de l’Office des Nations unies à Genève (jusqu’à 1986) et ambassadeur au Royaume du Maroc de 1986 à 1987.

Rappelé à Tunis, il réintègre, le 27 octobre 1987, le gouvernement en tant que ministre de la Jeunesse et des Sports. Après le changement du 7 novembre 1987, il est confirmé à la tête de ce département jusqu’à 1988. Parallèlement à ses responsabilités gouvernementales successives, il a été élu député depuis 1964 et a exercé les charges de maire de La Marsa de 1975 à 1980, de Carthage de 1995 à 1998 et de président de l’Association des anciens du Collège Sadiki.

De 1997 à 2011, il est président de la Chambre des députés. A ce titre, il est désigné le 15 janvier 2011 président de la République par intérim en vertu de l’article 57 de la Constitution du 1er juin 1959 suite à la fuite du président Ben Ali.

Humilité

Malgré cette carrière administrative, politique, diplomatique, représentative et associative fulgurante, Si Foued a toujours gardé une grande humilité et n’a jamais été pris par l’ivresse de la célébrité. Il est resté un homme normal. Lorsqu’il a été appelé à assumer la charge de président de la République par intérim, il l’a acceptée malgré lui, par devoir national non par appétit personnel. 

Durant l’exercice de toutes ses fonctions, il n’a jamais changé ses habitudes ou traité ses proches, ses amis et ses semblables avec dédain et hauteur. Il a toujours, dans la mesure de ses possibilités, aidé toutes les personnes qui s’adressaient à lui, notamment celles à la recherche d’un emploi.

Il avait des habitudes auxquelles il n’a jamais dérogé. C’est ainsi que tous les samedis, il apparaissait dans sa ville de La Marsa faisant son marché ou assis devant la boutique de son coiffeur ou attablé dans un café entouré d’amis et de proches. Devenant président de la République, en 2011, il a tenu à garder cette habitude, au grand dam de la garde présidentielle. C’était pour lui une manière d’affirmer son enracinement et sa modestie.Dans le même ordre, et à l’occasion de la célébration du Mouled, il se rendait à la Grande Mosquée Ezzitouna à Tunis pour participer à la récitation de la hamzia. Il ne prenait jamais place dans le mihrab avec les officiels qui venaient assister à la cérémonie es qualité, mais se fondait dans la foule du côté de la porte du Chifa. A la fin de la cérémonie, Si Foued se rendait au café Mrabet avec ses proches. Il avait de solides liens affectifs avec la Grande Mosquée Ezzitouna où il se rendait depuis son jeune âge accompagnant son grand-père paternel Sidi Mahmoud Mohsen, grand imam et doyen des Achraf, dont il était extrêmement proche. Si Foued connaissait tous les recoins de cet endroit sacré ainsi que tous les rites qui y sont célébrés. Il était très attaché à sa grande famille et ne ratait jamais les cérémonies familiales pour retrouver les siens.Lorsqu’il a accédé à la magistrature suprême, Si Foued a refusé de s’installer dans le bureau présidentiel. Il s’est contenté d’exercer ses fonctions dans un modeste bureau situé dans l’immeuble consacré aux services de la présidence à Carthage. De même, il a opposé un refus net à l’insistance de la garde présidentielle de loger dans la villa située dans l’enceinte du palais présidentiel. Tous les soirs, il rentrait chez lui et retrouvait son chez-soi.

La grande humilité de Si Foued avait pour corollaire sa jovialité. Un des traits caractéristiques de l’homme est son sourire permanent et son rire bien reconnaissable.Sa disparition a soulevé un grand émoi et a été à l’origine de témoignages extrêmement émouvants. C’est que durant sa longue vie, Si Foued a tenu à ne jamais se séparer de son milieu, de ses amis, de ses proches, de ses compatriotes. Il a conservé avec tous et toutes des rapports simples, des rapports sans fard et artifice.

Rafaa Ben Achour

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