News - 01.10.2020

60 minutes de pur bonheur sur les traces d’Alexandre Roubtzoff en Tunisie, grâce au film de Saïd Kasmi-Mitterrand

60 minutes de pur bonheur sur les traces d’Alexandre Roubtzoff en Tunisie, grâce au film de Saïd Kasmi-Mitterrand

Le ministère de la Culture et le Tourisme tunisien auraient dépensé dix fois plus sans pour autant réussir une meilleure promotion de la Tunisie dans le monde. « La Tunisie d’Alexandre Roubtzoff », du cinéaste franco-tunisien Saïd Kasmi-Mitterrand est un émerveillement de tous les sens dans un univers captivant.

En 60 minutes, un enfant du pays qui a traversé la méditerrannée, Saïd Kasmi-Mitterrand, raconte avec finesse et esthétisme, le parcours et l’œuvre d’un autre enfant du pays qui avait fait la traversée inverse, près d’un siècle auparavant : Alexandre Roubtzoff. Dessinateur et peintre russe d’un talent exceptionnel, il avait profité d’une bourse d’étude pour se rendre en Tunisie, en 1914, capter une lumière d’une rare beauté. La révolution de 1917 l’y surprendra.

Traits, couleurs et émotions

De quelques mois, son escapade tunisienne s’éternisera jusqu’à quasiment sa mort en 1949. Jamais un artiste-peintre de sa génération ne restituera avec autant de beauté, de finesse et d’émotion, les paysage d’une Tunisie si chatoyante et les traits de Tunisiens et de Tunisiennes, si particuliers. Le film de Saïd Kasmi-Mitterrand a le double mérite de nous faire découvrir les secrets d’une œuvre et de nous faire revenir sur les pas de son artiste, à travers la Tunisie. De la Médina de Tunis et la banlieue de la capitale, à Hammamet, Siliana, Djerba, et le Sud, nous suivons la palette de couleurs et l’émotion sans cesse renouvelée d’un chasseur de lumière. La voix de Frédéric Mitterrand, lui aussi enfant du pays dont ils connaît et admire chacun de ses recoins, vient déclamer un texte qu’il a su composer en hymne. Les témoignages de Jacques Perez, Alya Hamza et Paul Boglio, ponctuera ce récit d’évocations soigneusement insérées.

De généreux mécènes, Kamel Lazaar, Mehdi Houas, Ismail Mabrouk, l’association artistique Alexandre Roubtzoff, présidée par Paul Boglio, le Centre national du Cinéma et de l’image animée, et TV5Monde, notamment, y ont apporté leur concours. Fruit de deux ans et demi d’un travail intensif, le film de Saïd Kasmi-Mitterrand est diffusé depuis cette semaine sur TV5Monde. Grâce à Jack Lang, président de l’Institut du monde arabe, il a été projeté en avant-première, devant un public nombreux. Aux premiers rangs, l’ancien ambassadeur de France à Tunis, Olivier Poivre d’Arvor.

Béji Caïd Essebsi

A peine son Roubtzoff en boîte et porté sur les écrans, Saïd Kasmi-Mitterrand est déjà sur une nouvelle passion : Béji Caïd Essebsi. L’ancien président tunisien, décédé il y a un peu plus d’un an, le 25 juillet 2019, n’a cessé d’interpeller ses souvenirs, ses interrogations aussi. Qui était-il en fait ? Pourquoi avait-il accepté, au lendemain du 14 janvier 2011 d’entreprendre la mission qui était devenue la sienne, en pleine transition si tumultueuse ? Le questionnement ininterrompu, n’attendant pas nécessairement entière réponse, guidera alors Saïd dans une exploration qu’il nous fera partager.

Retrouver la Tunisie, l'autre Tunisie

Ce qui est merveilleux avec lui, c’est ce que chaque film est pour lui un ressourcement avec sa Tunisie. « Alexandre Roubtzoff, dit-il m'a fait redécouvrir mon pays natal, que je croyais connaître, mais sans l'avoir regardé attentivement dans son entièreté. Son œuvre, qui rassemble toutes les formes d'expression plastique, de la peinture au dessin, des portraits aux paysages, de la scène de genre à l'architecture; sur une infinité de supports, qui vont de la toile aux : carnets de croquis, m'a fait voyager à travers toute la Tunisie, jusque dans des lieux éloignés où se hasardent bien peu de visiteurs.

Elle m'a fait aussi voyager dans l'histoire de mon pays, durant cette période du protectorat français, dont il ne fut aucunement complice, son regard étant totalement détaché des préjugés coloniaux, mais au plus près du peuple tunisien. La société tunisienne était alors dominée politiquement par l'occupation étrangère et Alexandre Roubtzoff peignait les prépondérants, comme il peignait l'ensemble de la population, détaché de toute idée de propagande.

Sa recherche, était celle de la beauté, à travers l'approfondissement constant de son extraordinaire maîtrise du cadre et de la couleur, de l'humanité surgissant de chacun des thèmes, des situations, des lieux et des personnages qu'il peignait.

Durant toutes ses longues années au service de l'art et de son pays d'adoption, il n'acessé de créer, laissant en héritage, un immense patrimoine d'une valeur exceptionnelle pour les générations futures, les amateurs, les historiens d'art...

La Tunisie, connaissait alors une floraison artistique remarquable. Alexandre Roubtzoff y a pleinement participé évidemment, tout en restant très solitaire, par intégrité, désintéressement et modestie sans doute. Mais aussi par ce qu'il se sentait investi d'une vocation particulière, celle de ne subir aucune contrainte, ni influence, de n'être récupéré par aucun cercle et aucune école. C'est ce qui donne aussi à son œuvre, sa singularité et sa puissance, le faisant apparaître comme le peintre majeur d'un temps, que le jeune franco-tunisien que je suis, se fait le devoir de retrouver. Avec ferveur et autant d'humanité et d'amour, qu'il en dispensa lui-même, tout au long de son œuvre et de sa vie.

Roubtzoff, encore méconnu

Alexandre Roubtzoff (1884-1949) a dressé tout au long de sa vie un portrait fascinant de son pays d’adoption : La Tunisie. Il y a laissé une œuvre figurative considérable, aujourd’hui répartie parmi de nombreux collectionneurs et sur laquelle veille le président de l’association artistique d’Alexandre Roubtzoff, Paul Boglio, qui m’a ouvert toutes ses archives. Alexandre Roubtzoff est encore méconnu en Russie, son pays natal et c’est maintenant près de 70 ans après sa mort qu’il est enfin reconnu en France comme un des artistes majeurs ayant travaillé en Afrique du Nord.

L’homme discret et pudique, réticent même à vendre ses tableaux. Le film permet de visiter son univers et de retrouver en Tunisie les lieux qui l’ont inspiré. On peut espérer qu’il accompagnera le mouvement de reconnaissance qui entoure désormais Alexandre Roubtzoff.

Saïd Kasmi-Mitterrand : un talent prometteur

Né en 1976 en Tunisie, Saïd Kasmi-Mitterrand, est un producteur et réalisateur franco-tunisien. Il passe son enfance dans les salles de montage et sur les plateaux de télévision en compagnie de son père Frédéric Mitterrand. En 2003, il fonde sa propre société de production de film documentaires et développe un important catalogue sur "l'art de vivre" pour le Groupe TF1, Canal Plus, Orange et TV5MONDE. Il produit les documentaires Christian Dior, La France, Trump, le parrain de Manhattan, Conversation avec le président Giscard d'Estaing, et L'Enfance de François Mitterrand.

Mais c'est surtout la mémoire de son pays natal, perçue à travers le quotidien des minorités ou le regard occidental, qu'il veut capter. Après avoir consacré son premier film en 2015 à la communauté juive de Tunisie pour TV5MONDE et Histoire, il réalise « La Tunisie de Jacques Perez » en 2018, et « La Tunisie d'Alexandre Roubtzoff en 2020 ».

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