Opinions - 09.12.2013

Appel au «Quartet»

C’est la conférence de presse tenue, le 4 Décembre 2013, par le porte-parole d’Ennahdha qui m’a poussé à réagir. Ce parti a voulu faire endosser la responsabilité de l’échec du « Quartet » au Front populaire, ce qui me semble injuste pour plus d’une raison.

D’abord, il n’appartient à aucun parti de désigner le responsable de l’échec du « dialogue national ».C’est au seul « Quartet » de désigner le ou les responsables de cet échec. C’est le seul organe habilité à le faire en raison de son impartialité. On ne peut, en effet, être juge et partie.

 Tout jugement en dehors du « Quartet » ne peut s’analyser qu’une action de pure propagande électorale.
Ceci étant dit, tout le monde est au courant du fait qu’Ennahdha n’a accepté le dialogue qu’après avoir trainé les pieds et sans qu’une unanimité au sein de ce parti n’ait été réalisée. Cette  absence de cohésion s’est traduite dans les faits par un rejet de certaines conclusions issues du consensus et réalisées sous l’égide du « Quartet », à savoir la nécessité d’amender certains articles du règlement intérieur de l’ANC, ce qu’ont rejeté les députés d’Ennahdha et du CPR, notamment.

Par ailleurs, rien n’a été fait, apparemment,  par ce parti pour pousser le CPR au dialogue en signe de bonne foi. Et ce n’est pas tout. Le projet de loi sur les « hbouss », la déferlante des nominations en parallèle au dialogue et j’en passe, font douter de la bonne foi d’Ennahdha.

Oui, comment peut-on réellement croire dans ces conditions qu’Ennahdha  a voulu faire réussir le dialogue et c’est le Front populaire qui est le responsable de l’échec ?

Tout le monde a perçu la volonté de ce parti de faire passer une personnalité, que plus d’un respecte, mais dont on doute de son impartialité en raison, dit-on, de ses liens avec Ennahdha  et El Joumhouri sans occulter le fait qu’il ne pourra pas supporter la charge de travail qui l’attend à la tête du Gouvernement. Suffit-il à un octogénaire de faire sa promenade quotidienne pour affirmer que ce dernier pourra conduire un Gouvernement confronté à des tâches difficiles ?

Cet entêtement ne peut être perçu que par une volonté de faire capoter le dialogue. J’espère me tromper.
Quant à l’entêtement du Front populaire à rejeter la candidature de Jelloul Ayed, il serait motivé par les doutes qui planent sur sa personne. Peut-on condamner une personnalité sans preuve irréfutable ?

 C’est à Jelloul Ayed de répondre à ces accusations et de lever les ambiguïtés qui planent sur sa personne ou de se retirer, éventuellement, de cette course.

Ennahdha, dans ses déclarations, tient toujours au dialogue et c’est important. Elle juge même le délai de 10 jours trop long ! Mais cela ne suffit plus. Il faut qu’elle ramène un peu plus d’homogénéité en son sein sinon les députés à l’ANC continueront leur action de blocage. Elle devra introduire plus de cohérence dans son action sinon on ne sortira pas de l’auberge.

Comment sortir de cette impasse ? Difficile, voire impossible d'y répondre. L’opposition devrait se réunir au plus vite en incorporant d’autres partis et des représentants de la société civile. Elle devra s’entendre avant tout sur le programme politique et économique du prochain Gouvernement, au moins dans ses grandes lignes, puis désigner ses candidats par ordre de préférence et  en saisir le « Quartet ».
A Ennahdha et à ses alliés (surtout le CPR) d’en faire autant.

Sur cette base, le « Quartet » tentera de rapprocher les programmes et de trouver  la personnalité consensuelle qui dirigera le Gouvernement.

Le « Quartet » tiendra le peuple à témoin en publiant les deux programmes  et les listes de leurs  candidats.
Si les programmes comportent, notamment les points suivants, on pourrait voir enfin le bout du tunnel ;

  • Création par le Chef  futur du Gouvernement d’une Commission impartiale qu’il présidera et qui sera chargée de revoir les nominations faites par le Gouvernement actuel et susceptibles de jeter le doute sur la transparence des élections,
  • Fixation par l’ISIE bis d’une date des futures élections à une date qui tienne compte, à la fois, des conditions matérielles de réalisation des élections et du temps nécessaire à la Commission précitée de revoir les nominations.
  • Prendre les mesures de nature à garantir l’indépendance effective de la Justice et des médias,
  • Mettre un terme à l’activité des LPR,
  • Contrôler le financement des associations et des partis politiques
  • Adapter la Loi de Finances pour la gestion 2014 qui devrait incorporer un début de réforme de la fiscalité et la révision du budget alloué à certains départements dont notamment celui des Affaires religieuses,
  • Arrêter un plan de lutte contre le terrorisme en associant les personnes et les structures intéressées,
  • Revenir sur ce qui a été entrepris jusqu’ici pour remodeler notre modèle de société,
  • L’engagement de tous les partis politiques à soutenir le nouveau Gouvernement,
  • Voter le projet de loi relatif à la justice transitionnelle et s’aligner sur l’exemple de Mandela qui  a pris la décision de réconcilier entre elles les composantes blanches et noires de la société au lieu de bâtir une société sur la haine et les divisions.

Il va sans dire que l’ANC doit reprendre, au plus vite, ses travaux avec la participation de tous ses députés pour hâter la promulgation d’une Constitution, d’une ISIE bis et d’une loi relative au cadre juridique des élections.

Quant à l’UGTT, elle se doit d’œuvrer pour suspendre toutes les formes de revendication pour contribuer à rétablir la Paix dans ce pays traumatisé et au bord du gouffre.

Le malheur est qu’au vu du comportement de nos politiciens, nous éprouvons un cruel besoin d’avoir un Mandela pour présider aux destinées de notre pays car aucun ne semble emporter l’adhésion du plus grand nombre.

Puisse le « Quartet » réussir dans son défi de réunir les frères ennemis et de tirer d’eux un accord consensuel qui épargnera au pays des malheurs.

Mokhtar El Khlifi
 

Tags : cpr   El Joumhouri   Ennahdha   Quartet  
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1 Commentaire
Les Commentaires
A. FREDJ - 09-12-2013 20:19

Je rejoins si Khlifi, dans ses vues pour une solution rapide de la crise. Je partage aussi sa douleur mais aussi ses regrets pour les mille et un discours qui fusent de toutes parts et enveniment la vie et des politiques et surtout des citoyens. Que les parties s'alignent sur une règle si simple, la discipline et le silence pour tous sauf pour le porte parole.On évitera ainsi bien des maux et des désagréments à tout le monde. Puisse le tout PUISSANT éclairer cette classe politique et la guider vers les choix salutaires le plus tôt possible.

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