Un accord qui marquera le XXIème siècle

L’accord que vient de signer l’Iran, concernant son programme nucléaire, avec les six grandes puissances à savoir l’Allemagne en plus des cinq membres permanents du conseil de sécurité de l’ONU, dans la nuit de samedi 23 novembre à Genève est l’expression incontestée par les observateurs les plus avertis des grandes affaires du monde, d’une intelligence politique rare de la part d’un régime iranien qu’on croyait vouer à une dégénérescence sûre et une fin orageuse et définitive.

Les Iraniens ont compris que les grandes puissances du monde depuis un siècle, sont déjà devant des difficultés très avancées qui ont abouti à des crises graves successives et que ces crises sont encore menaçantes et pourraient être dans l’avenir sévères et mêmes ravageuses. Alors, disent les iraniens pourquoi ne pas ouvrir de nouveaux horizons qui nous seront aussi profitables.

L’Iran est ainsi convaincu qu’il avait tout intérêt à offrir un jeu gagnant – gagnant et ainsi permettre à ses adversaires potentiels de se redéfinir dans une région où ils ont des intérêts immenses, sans qu’ils aient à avoir gêne et honte et, de ce fait d’être plus ouverts, plus conciliants et surtout plus compréhensifs, car avec les forces montantes que recèle la région comme la Turquie, l’Egypte, le Pakistan et surtout l’Inde, sans compter la Russie qui revient avec force, de reprendre une place qu’elle croyait perdue. Il faut jouer carte sur table, convaincre et séduire pour une nouvelle stratégie profitable pour tous.

Si l’Iran vient de réussir un coup de maître, fort rare de nos jours, ce n’est dû ni à un impératif économique comme on est tenté de le croire, ni à une crainte quelconque de la part aussi bien des Etats Unis que de l’Europe. L’Iran a compris que la région toute entière a un besoin pressant de se refaire, de remonter en selle et d’offrir au reste du monde la possibilité de redéfinir une stratégie géniale et de repenser à ce qui est actuellement un impératif de premier ordre pour toute la planète : repenser l’économie, repenser la mondialisation, se préparer pour accueillir les nouvelles puissances montantes, et à travers tout de, penser et réaliser une paix avantageuse pour tout le monde.

Tout le monde a compris le message iranien, sauf Israël qui semble dépourvu depuis Isaac Rabin d’une véritable compétence politique de nature à le sauver du piège sioniste dont il est devenu le prisonnier et la victime. L’avenir d’Israël, si avenir il y a, est avec les Palestiniens et aussi avec la périphérie arabe et musulmane. Autrement, ça sera, à terme, un fiasco et une catastrophe dont on ne peut aujourd’hui mesurer la dimension. Il faut évidemment du courage et surtout de l’intelligence comme il en est le cas pour les iraniens.

Mohamed Ali Mahjoub
Université de Monastir