News - 10.12.2021

Hommage à Larbi Mallakh : Cet homme était l'incarnation de la vertu

Hommage à Larbi Mallakh : Cet homme était l'incarnation de la vertu

Par Habib Mellakh - Avec sa disparition, La Tunisie perd l’un de ses plus fervents patriotes et fidèles serviteurs.

Mon oncle Larbi Mallakh s’est éteint hier à l’âge de 92 ans. «Celui qui a vécu et accompagné son parcours mesure l’ampleur de l’événement. C’est un siècle qui tourne la page», écrit mon ami Mohamed Hédi Zaiem dans le message de condoléances  et d’hommage qu’il m’a adressé à l’occasion de sa disparition.
Larbi Mallakh a en effet, tout au long de son cheminement de nonagénaire,  réussi un parcours exemplaire qui a impressionné tous ceux qui ont suivi son cursus scolaire et universitaire et  son    cheminement professionnel et politique.

Né à Ras jebel  le 1 avril 1929, il a fait de brillantes études, à l’école franco-arabe du village, puis  au collège Sadiki avant  de rejoindre la Faculté de pharmacie de Marseille où  il a obtenu le diplôme de pharmacien en 1955. Fervent patriote, il a milité, en tant que lycéen puis comme étudiant au sein du Néo-Destour, pour l’indépendance du pays. Militant de la première heure, Il a été, au début des années 50, le secrétaire général adjoint de la cellule destourienne de Marseille  et le secrétaire général de la section de l’Union générale des étudiants de Tunisie (UGET) dans la cité phocéenne. Installé à Menzel-Bourguiba, le jeune pharmacien, apprécié pour sa générosité et son altruisme, a participé avec beaucoup d’enthousiasme et de dévouement à la vie politique de la cité. Militant de base au sein de la cellule destourienne de la ville, il s’est fait élire au début des années 60 au bureau de cette dernière et au  sein du  conseil municipal de l’ancienne Ferryville. Son respect scrupuleux des valeurs, son patriotisme constamment cité en exemple, son souci constant de l’intérêt général lui ont permis d’être élu en 1965 comme secrétaire général du Parti socialiste destourien  à Bizerte, poste qu’il a occupé jusqu’en octobre 1973. C’est à cette date qu’il est nommé, au second gouvernement de Hédi Nouira, comme secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Equipement  où il a été chargé de l’habitat. Il est, à ce titre, le fondateur, en 1974, de l’Agence foncière d’habitation(AFH) et de la Caisse nationale d’épargne logement (CNEL), actuellement Banque de l’habitat, qui ont permis à de nombreux Tunisiens appartenant à la classe moyenne, voire de condition modeste, d’acquérir des terrains à bâtir vendus avec une très faible marge bénéficiaire et de bénéficier de crédits à la construction ou pour l’achat d’un logement, à des taux d’intérêts préférentiels.

Député de 1969 à 1989, presque sans interruption, il s’est fait distinguer par son activité débordante et ses propositions judicieuses au sein des commissions de l’Assemblée nationale dont il a été souvent le rapporteur ou le président et au sein du bureau de l’assemblée. Ce cheminement politique remarquable a été couronné par sa nomination au bureau politique du PSD en 1977 et il a fait partie de son comité central pendant presque deux décennies au cours desquelles il a été intraitable quand l’intérêt général était en jeu, n’hésitant pas monter au créneau pour exprimer, au sein de cette instance, son opposition courageuse  à des mesures qu’il jugeait néfastes pour le pays comme la suppression, sous la pression du fonds monétaire international, de la compensation du prix des céréales et de leurs dérivés à la fin du mois de décembre 1983 et pour mettre en garde contre les émeutes que pareille mesure risquait d’entraîner. L’histoire lui donne immédiatement raison. Du 29 décembre 1983 au 6 janvier 1984, la révolte du pain embrase le pays.

Homme-orchestre, il a fondé au début des années 80 une société de promotion immobilière. Il a ainsi permis, grâce à des prix abordables et avantageux  à de nombreux citoyens d’acquérir des logements de bonne qualité dont ils lui sont reconnaissants. 

Avec sa disparition, la Tunisie perd l’un de ses derniers dinosaures, l’un des bâtisseurs de l’Etat national et l’un de ses plus fidèles serviteurs.

L’amour de la patrie, et de la famille, le respect des valeurs, mais non leur dogmatisation, sont des biens précieux qu’un père lègue à son fils ou sa fille, qu’un frère aîné transmet à son cadet, qu’un oncle inculque à son neveu, un ami véritable à son ami. Honneur à toi, qui a su me (nous) transmettre le legs de ton père Hédi et celui de ton père spirituel, frère et grand ami, Moncef, mon propre père. Tes vertus innombrables, ton dévouement exemplaire pour la patrie et pour la famille, ton altruisme  à nul autre pareil – vivre pour autrui est pour toi la source d’un bonheur indicible– m’ (nous) ont balisé le chemin.

Merci d’avoir accompagné notre parcours, d’avoir été toujours omniprésent pour nous soutenir et pour veiller sur nous. Aujourd’hui que tu n’es plus parmi nous, nous mesurons l’ampleur du vide que tu laisses. Paix à ta noble âme !

Habib Mellakh

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