News - 16.09.2019

Safi Said : le charmeur populiste qui a failli devancer Youssef Chahed à l’élection présidentielle (Photos)

Safi Said : le charmeur populiste qui a failli devancer Youssef Chahed à l’élection présidentielle (Photos)

Lui-même n’y croyait pas, au fond de lui-même. Safi Saïd, 65 ans, baroudeur invétéré du nationalisme – populisme arabe des années 70, se trouve propulsé parmi les Top 5, du premier tour de l’élection présidentielle du 15 septembre 2019. Au coude-à-coude avec Youssef Chahed, le chef du gouvernement en exercice et fondateur du parti Tahya Tounès propulsé à plein régime, (on saura mardi s’il le devance ou le tacle), le trublion de la scène médiatique, ne manque pas d’atouts. Séducteur par son look de coqueluche politique arabe, cheveux argentés, costume bien taillé et pochette de cravate élégante, il est charmeur par excellence. Bon client des médias, c’est aussi l’enfant terrible des plateaux, garantissant clash sur clash, mais aussi répétant les départs furtifs en direct, s’attaquant à tous.

Les mains nus

Pas besoin pour lui d’escalader un parcours classique d’ascension universitaire et politique, comme nombre de ses compétiteurs. Safi Said n’est ni ingénieur - docteur en agronomie, ni expert international, ni militant de Nidaa en 2014, ni secrétaire d’Etat, puis ministre, jusqu’à devenir chef du gouvernement, comme Chahed. Et pourtant, il lui colle aux urnes. Il appartient à une autre génération, sort d’un autre moulage, tient un autre langage. Son arme est le look, le verbe, et l’esprit rebelle. Et cela mord!

Combien de Tunisiens, parmi ses dizaines de milliers de ses lecteurs ont lu son livre-manifeste électoral intitulé: «L’équation tunisienne, comment forger l’avenir?». Pas besoin, même si d’un style attractif, ses livres, connaissent un vrai succès en librairies. Encore un gros pavé de plus de 500 pages, récemment paru (Ed. Sotumédia), où il développe sa vision 2020 – 2030. En quatre grands chapitres, il traite tour-à-tour du chaos du printemps (arabe) trompeur, de l’aventure de la liberté, du futur qui a commencé hier et de la Tunisie est-elle si pauvre?

Cet enfant d’El Guettar (Gafsa), candidat malheureux aux présidentielles de 2014, a toujours été en rupture, jamais conformiste. Très jeune, il ira, comme nombre de ses amis d’enfance, rejoindre les mouvements palestiniens à Beyrouth. Dans ce Liban en plein effervescence, il tombera dans la fournaise des batailles idéologiques et surenchères révolutionnaires.

Une mixture bigarrée... qui frappe fort

Son discours à la moyen-orientale, fuse dans un langage contracté à Beyrouth, en pataugeant dans les milieux panarabes et les différentes factions palestiniennes et se sertissant de nouveaux concepts «révolutionnaires» post-Nasser. Safi Sad puise ses références chez Kadhafi et Ben Bella qu’il avait connu de si près et auxquels il avait consacré des ouvrages devenus des bestsellers. Ecrivain (auteur de 22 livres), journaliste (à Beyrouth et Paris), fondateur de l’éphémère hebdomadaire Orabia, au lendemain de 2011, il avait battu ses semelles, dans une vie antérieure, en Afrique australe, au Mozambique et en Angola. Mais aussi fréquenté des militants et des dirigeants latino-américains.

De ce melting pot idéologique bigarré, Safi Said invente sa propre mixture. Il ne lui restait à trouver qu’une organisation politique structurée sur le terrain et des financements généreux. C’est ce qui lui a manqué pour créer la grande surprise de l’élection présidentielle du 15 septembre 2019. 
Sacré, Safi Said!
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1 Commentaire
Les Commentaires
Rachid Bouhamed - 16-09-2019 12:23

En dépit de tous les efforts déployés, l'auteur de cet article (naturellement anonyme, à la manière souvent décriée de "Leaders") n'est pas parvenu à cacher son admiration secrète, et peu justifiée, de ce "baroudeur" à la moyen-orientale qui n'a jamais eu à proposer que son bagout tout autant moyen-oriental... Les (rares) électeurs tunisiens ne s'y sont pas laissé prendre, au grand dam de l'auteur qui aurait vu d'un bon oeil M. Saïd damer son pion à Chahed, qui pourtant avait d'autres lettres de créance qu'un "melting pot idéologique" fût-il délicieusement bigarré ! Je ne pense pas qu'il faille vraiment regretter que l'électeur tunisien ait pour une fois fait un choix aussi raisonné..

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