Opinions - 01.04.2016

Redéfinir l'entrepreneuriat

Imagination et orientation

S’entraîner à se projeter autrement et dans un autre temps, c’est un exercice utile quand on a fait le bilan de ses acquis, de ses forces, de ses faiblesses, de ses perspectives, de ses opportunités, et que l’on questionne son projet professionnel.

Dans une institution, c'est le sang neuf qui est recherché, de nouvelles idées qui sont nécessaires pour affronter et répondre aux exigences du marché économique et social. Mais compte tenu de la modernisation actuelle de l'économie – du fait, entre autre, de l'économie numérique par exemple –, les candidats doivent être capables d'endosser aussi bien le rôle de producteur que celui de créateur-visionnaire pour anticiper sur les évolutions des marchés à venir.

Réapprendre aux étudiants ce qu'est l'imagination est primordial.

Mais encore faut-il pouvoir s'étonner pour imaginer : Aristote nous disait que la première qualité de l’Humain était sa capacité à s'étonner. C'est parce que cette qualité est fondamentale pour qui veut se diriger vers la sagesse. La capacité de s'ouvrir au monde, de s'étonner de ce qu'il offre, d'observer avec un oeil toujours neuf, aide à changer notre regard, à modifier notre prisme de certitude, et notre habitude. L’étonnement est mère de la curiosité disait-il aussi, qui éveille et permet la remise en question et par là, le progrès et découle sur l’imagination.

Dans le système éducatif, les objets de la curiosité sont nombreux : Les disciplines, les enseignants, les camarades de classe, la classe elle-même, la méthodologie. Cependant la forme adoptée par le système actuel est peu propice à l'imagination, assis sur une chaise pendant plusieurs heures par jour à ingurgiter des matières à travers paroles, et textes. Tel que présenté, il commence déjà à tuer tant l'imagination que la curiosité, tant la créativité que le rêve, tant l’initiative que la personnalité. Déjà le collège comme le lycée ne sont pas en eux-mêmes des lieux qui permettent à l'imagination de s'épanouir en toute quiétude, tout comme d’ailleurs les facultés, instituts et écoles supérieures, qui ne sont pas mieux adaptées. Faites des études de droit, de philosophie, de management ou de mathématiques et on vous servira la matière choisie en détail par la parole du Professeur, par les livres et autres exercices. Mais l'imagination de l'étudiant est sans cesse remise à sa place, brimée. Pas d'imagination, pas de curiosité (outre que celle nécessaire dans la discipline), pas de créativité : bachotage et autres par coeur sont les ficelles de l'enseignement, le contrôle continu et les épreuves d’examens finaux, le système d’évaluation. Pourtant l'imagination est une qualité spontanée chez tout un chacun, mais elle demande à être appelée, éduquée, valorisée, entretenue et protégée, autrement, elle s’éteint et disparaît.

Comment faire pour rester curieux ? Comment notre imagination peut-elle être perpétuée ? La voie la plus évidente est celle qui incite les élèves et étudiants à imaginer le monde à très long terme et à s’y projeter en se forgeant un profil de carrière. Outre le parcours pédagogique qui les amène à formuler des réponses concrètes sur le monde tel qu'il doit être, les étudiants sont confrontés à des domaines variés qu’ils ne connaissent pas. Par contre en voyant s’ouvrir devant eux un avenir dans lequel ils doivent trouver leur place, les étudiants font renaître la graine d'imagination qui les habite. En écoutant les idées des autres et en en formulant eux-mêmes, ils se plongent dans une aventure mathématique, scientifique, littéraire, économistique ou juridique, des plus envoutantes et les yeux, le cerveau et le coeur entrent en ébullition. En regardant des professionnels faire devant leurs yeux, ils s'émerveillent et ne demandent qu'à s'exprimer à leur tour dans le domaine. C'est grâce à la confrontation à tous ces acteurs, toutes ces disciplines, toutes ces sciences et tous ces arts que les étudiants redeviennent curieux, qu'ils réapprennent à se poser des questions, qu'ils vivent l'étonnement, cher à Aristote. Pour une meilleure répartition des potentialités, il faut relier toutes les disciplines autour d’une méthodologie de communication et d’information transdisciplinaire fondée à la fois sur la juxtaposition de différents regards experts (pluridisciplinarité) et sur le dialogue entre les disciplines (interdisciplinarité) en s’inspirant des besoins de l’écosystème. Il s'agit d'être à la fois entre les disciplines, à travers les disciplines et au-delà de toutes disciplines. La finalité générale est finalement la compréhension du monde présent, dont un des impératifs est l'unité de la connaissance.

Il est certain que le monde de demain ne peut être construit avec le cerveau d'hier, avec des méthodes de formation dépassées et des disciplines d’un autre temps. Il faut faire exploser les structures normatives de l'enseignement en empruntant de nouveaux chemins. C'est ce que l'on appelle la vision improvisée, autrement dit la mise en pratique de son potentiel créatif dans son métier quel qu'il soit.

Le système éducatif impose des diktats de programmes et du travail sous pression et dans l'urgence. Tout le monde est unanime sur un point : Chacun subit trop de pression ! Tout va très vite. Il n’est presque plus possible de déconnecter et de se changer les idées. La vie scolaire, universitaire, professionnelle se confondent avec la vie privée et finissent par la phagocyter. Les frontières sont de plus en plus minces voire inexistantes entre vie personnelle et vie professionnelle. Nous sommes co-responsables de cette situation dont nous nous plaignons – à juste titre. Nous avons, d’une manière ou d’une autre, accepté de fonctionner de cette façon. L’encombrement des programmes poussent à surinvestir le temps de travail et à sur impliquer les parties prenantes de telle façon que tous participent à l’accélération des choses.

Quelle qu’en soit la raison, nous n’avons pas vu venir les conséquences, et ce n’est en aucune manière une fatalité ! Nous pouvons encore changer ce mode de fonctionnement. Dans un processus de changement, la prise de conscience que ce changement est nécessaire est l’élément clef du processus et parfois le pas le plus difficile à franchir. Reconnaître que la situation n’est pas satisfaisante nous met en effet instantanément devant notre responsabilité d’en changer ensuite et aucune des solutions n’est agréable. Reconnaître que le système ne satisfait plus, voire pire, qu’il nuit et est toxique nous met devant la responsabilité d’agir, avec tout le cortège d’incertitudes que cela implique ensuite en terme de risque. Donc la prise de conscience n’est pas aisée. C’est pour cela que certains préfèrent le déni, ou tout autre processus normal d’autoprotection apparenté. En faisant ‘’comme si de rien n’était’’, rien ne change, certes, mais on sait ce que l’on a, alors qu’on ne sait pas ce que l’on aura en changeant les choses et en s’aventurant en terrain inconnu.

L’étape suivante est celle qui consiste à prendre ses responsabilités. C’est une posture encore plus difficile car on ne sait généralement pas par où commencer, ni comment gérer l’inconfort émotionnel que cette prise de conscience suscite. Sortir des croyances limitantes peut être un bon début dans une démarche de progrès. Si l’on considère qu’une croyance est une pensée, une conclusion que nous pouvons tirer d’une ou plusieurs expériences vécues, elle s’érige souvent en ‘’VERITE’’ et en norme dans notre esprit et peut constituer de cette façon un obstacle potentiel majeur à la réalisation d’objectifs fixés ou aux changements que nous souhaitons apporter au sein d’un système établi. La croyance peut-être, à certaines occasions, insufflée par autrui par suggestion ou par une formation dispensée. Ainsi par exemple, une prise de pouvoir peut tout aussi bien se faire à force de discours convaincants à l’adresse de la population cible, du bien-fondé de la prise de pouvoir en s’appuyant sur les peurs et lui faisant croire qu’elle apportera la solution. Et si autant de personnes sont convaincues par ce discours, c’est qu’il est parvenu à créer une croyance selon laquelle l’institution est menacée tout d’abord, qu’elle peut être sauvée si l’on suit ses préceptes ensuite. Rien de tout cela n’est fondamentalement vrai, tout est questionnable au minimum, mais cela s’est quand même érigé en croyance dans les esprits.

En définitive, nos croyances peuvent nous limiter, que ce soit celles que nous nous sommes forgées tout seuls, ou celles que l’on nous a insufflées de l’extérieur. En même temps, les croyances, relèvent des constructions de l’esprit même si elles trouvent parfois confirmation dans la réalité, et nous avons le pouvoir d’en changer ! Le changement commence dans l’esprit, d’abord lorsque nous prenons conscience que cela est nécessaire ; ensuite, lorsque nous prenons conscience de nos croyances limitantes et agissons pour qu’elles ne constituent plus un obstacle définitif au progrès. Il faut donc d’abord être convaincu que le changement est possible et qu’il est la solution. Cette prise de conscience aidera alors à identifier les actions qui permettront d’instiguer le changement.

Le changement n’est pas révolution ! Tout n’est sans doute pas bon à jeter ! Le changement commence sur de petites choses, celles qui se sont insidieusement immiscées dans le quotidien professionnel par dérive. Par les petits changements apportés, il est possible d’inverser la vapeur et de contribuer au rééquilibrage du système pour remettre le vaisseau sur sa route. Cela peut très bien commencer par une attitude, comme le refus assumé et public de se soumettre à une règlementation, une organisation ou un pouvoir jugé inique par ceux qui le contestent, permettant d'éclairer la majorité silencieuse lors de dérives dans le fonctionnement du système. Ce serait ainsi un moyen de régénérer le système et de le renforcer en revenant à ses principes fondamentaux initiaux. Cette règle appliquée au monde professionnel, devient une forme de résistance consistant à refuser d’obéir aux modes de fonctionnement imposés, constituant une dérive manifeste d’un mode de fonctionnement autrefois sain. Nous avons, de ce point de vue, tous, la responsabilité du changement. Il n’est pas question de tout révolutionner, mais d’adopter un comportement différent dans le cadre d’un changement progressif. Le changement suppose simplement une prise de responsabilité et en tant que pionnier, la prise d’un risque, mais nous devons faire partie de la minorité non silencieuse qui montre le chemin ; Montrer le chemin vers un autre système, plus équitable, plus bienveillant, plus respectueux des personnes. Il ne suffit pas de pointer du doigt ce qui ne va pas. Nous avons tous la responsabilité de changer les choses en envisageant des remèdes et des correctifs. Nous avons ce pouvoir. Si nous voulons un autre monde, c’est par nous-mêmes que nous devons commencer. C’est cela le projet qu’il faut écouter.

Dans la Tunisie moderne, le changement commence par la Mise en place d’un système de management de la qualité au sein des institutions d’éducation. Mettre en place un système de management de la qualité, c’est mettre en place une dynamique de changement dans toutes ses dimensions : Changement des mentalités (de toutes les parties prenantes), changement de méthodologie de travail, changement aussi d’organisation. C’est aussi s’inscrire dans une optique de progrès pour manager ce changement qui devra aboutir, à moyen terme, d’ici 2023, à l’accréditation de l’ensemble des institutions universitaires tunisiennes. L’envie de changement qui suppose une volonté réelle est aussi importante de même que la détermination des choix. Ces éléments permettent enfin de trouver les prochaines étapes. L’idée de changement est là. Il suffit de définir les réseaux qui permettent de passer de l'idée au projet, puis du projet à l'action. Choisissons Tout ! Mais assumons l’obligation, sans qu’elle soit un carcan de la réussite à tout prix, ce qui n'a pas de sens, quand bien même pèserait sur nous une obligation buttoir de résultat.

La tâche première est la définition d’actions prioritaires au sein de programmes à l’échelle universitaire, devant faciliter l’atteinte des objectifs du Cadre politique et stratégique de réforme de l’enseignement supérieur en Tunisie. Elle suppose la soumission des doléances relatives aux aspects de priorité impérative et urgente. Lors du traitement des questions inscrites à l’ordre du jour proprement dit, les instances conviées se heurteront certainement à un ensemble de questions souvent récurrentes dans des thèmes où ‘’qualité’’, ‘’accréditation’’ et ’’employabilité’’ ou ‘’visibilité et Ranking’’, constituent les mots clés. Dans le management de la qualité, l’absence d’une définition consensuelle arrêtée, continue de nuire, au niveau national, à certains parmi les acteurs des secteurs et à impacter le partenariat et la collaboration bi et multilatéraux là où ce genre d’activité gagne de l’importance. A notre avis, il est temps de trancher sur une définition qui prendrait en compte l’architecture (existence ou non du pont) et les dimensions de l’outil de production, la puissance motrice, le système de conservation ainsi que l’objectif, le produit et la destinée de celui-ci. Une telle définition aidera sûrement dans la détermination des conditions techniques et financières d’opérer dans l’éducation.

Cette question, sa délicatesse, sa complexité et la multitude des théories à son sujet, n’empêchent pas de penser que des voix se lèveront toujours pour défendre, dans chaque secteur d’activité économique, social et politique, l’équité et l’égalité des chances. Ce jour-là, ces voix préconiseront des solutions et enfin chercheront à les formaliser dans des textes juridiques de forces différentes qui tiendront compte des multiples et différents contextes et essayer de définir les voies et moyens de les promouvoir par rapport aux orientations et instruments juridiques à portée internationale. Ceci signifierait faire la différence entre accompagnement, intégration et assimilation et constater qu’Etre sur la base de ses différences, restera la clé du succès de la promotion de l’Etre humain.

Nous vivons dans un monde plus interconnecté que jamais et toujours plus complexe, dans le domaine de la science, de la technologie, des lettres, de l’art et de l’innovation et de la recherche. Pour relever les défis de cette complexité, il nous faut devenir chaque fois plus intelligent et ce de manière exponentielle et collectivement, à la manière des essaims d’oiseaux qui bougent à l’unisson comme un seul. Encore nous faut-il des perspectives, des savoir-faire, des expériences et adopter des approches multidisciplinaires complémentaires et abolir les cloisonnements académiques. Mais pour cela, il nous faut des gens qui puissent franchir naturellement les espaces interdisciplinaires et enseigner comment dépasser le cadre d’une discipline pour aider à voir la grande image d’ensemble, le grand dessin. Au-delà du caractère interdisciplinaire, qui consiste à allier différentes disciplines, il faut arriver à concevoir un projet qui n’entre pas dans un champ traditionnel, dans des méthodes définies pour investir l’espace qui est entre les disciplines. Cela suppose qu’il existe des problèmes communs à différentes disciplines, qui ne peuvent être résolus qu’en créant une science

unique plutôt que des disciplines fragmentées juxtaposées. Il faut donc changer de perspective, d’optique et modifier nos façons de faire, comme le montre l’histoire. Pour conquérir ce genre d’espace, ces ‘’No man’s land’’ qui se situe en dehors des disciplines, cela nécessite des méthodes d’enseignement adaptées et différentes et une large ouverture d’esprit. Il s’agit d’un travail de création et de re-conception. Les enseignants et les étudiants peuvent apprendre les uns des autres et aussi partager compétences et connaissances. Et tous les projets nécessitent l’apport de disciplines différentes pour être réalisés. Se pose alors une grande question : Le Risque associé à tout changement radical, est-il ce qu’il faut redouter ou ce qu’il faut prendre ?

L’Homme est rationnel, mais sa rationalité est limitée lorsqu’il doit confronter une situation de prise de décision. Cédant à la facilité, il procède généralement par choix séquentiel, et au lieu d’optimiser son choix, il cherche alors la première solution qu’il juge satisfaisante. Cette solution est très souvent une solution ancienne déjà utilisée pour des problèmes similaires ou empruntée à d’autres contextes. Procéder par mimétisme apporte certes une solution immédiate, mais qui sera approximative et ne sera pas pérenne. C’est vrai qu’il faut décider et souvent dans l’urgence. La prise de décision est pondérable à un couple de facteurs indissociables qui sont la confiance et le risque. L’Homme étant de nature très vulnérable, il a besoin de faire confiance pour quitter la certitude et la quiétude du connu pour quelque chose d’incertain. On peut dire qu’il s’agit de faire un pari qui implique un troisième facteur, « la Prudence ». Montaigne disait dans « Les essais, chapitre sur ‘’l’art de la conversation’’ », que la vraie confiance est de se sentir plus fier de la victoire qu’on remporte sur soi-même quand on se laisse vaincre dans l’ardeur du combat, que de la victoire qu’on remporte sur son adversaire grâce à sa faiblesse. Pour le philosophe, la confiance est cette attitude un peu folle et sagement déraisonnable qui consiste à garder le cap face à une adversité qui voudrait nous contraindre à changer de route. La confiance est en un sens la propriété exclusive de celui qui en décide. Chacun est l’artisan de sa propre confiance, de la confiance en lui et de celle qu’il communique. C’est justement ce qui permet de prendre le risque et d’avancer, tout en étant prudent. Cela peut paraitre paradoxale et contradictoire, car la confiance est sensée éliminer la prudence. Sinon à quoi cela sert-il de faire confiance et d’être prudent en même temps ? Et pourtant, la prudence dans un contexte de confiance, est un sentiment qui vient en support pour confronter les éventualités même minimes et aider à anticiper des actions correctives et de réajustement.

La dualité Risque / Confiance doit être gérée méthodiquement, suivant la raison et l’intuition du décideur et dans ce cas on parlera de management des risques. Gérer le risque c’est:

  1. Identifier l’évènement redouté dans un format structuré avec une description formalisée;
  2. Evaluer les probabilités quantitatives et qualitatives de sa survenance;
  3. Projeter les conséquences / scénarios et pondération de leurs éléments;
  4. Analyser les résultats ;
  5. Optimiser le choix de la décision à prendre en fonction de ces paramètres.

En d’autres termes, sans confiance, on ne peut pas prendre de risque en toute conscience. Celui-ci et sa connaissance, représentent un avantage permettant de reconquérir la confiance. Ainsi le risque, est à la fois ce qu’il faut redouter et ce qu’il faut prendre en connaissance de cause.

Dans le monde d’aujourd’hui, les institutions vivent de profonds changements (humains, sociaux et sociétaux) dans lesquels s’inscrit le travail collaboratif comme méthode d’organisation du travail. En effet, les institutions se renouvellent, émergent et modifient leur organisation, s’appuyant sur un management moins hiérarchique, centré sur l’individu et le partage du leadership. L’utilisation croissante des technologies, accompagnée par l’émergence de nouvelles manières de travailler, transforment notre quotidien et modifient en profondeur les relations sociales et professionnelles des différents acteurs et parties prenantes d’une organisation. Il s'agit même pour certaines d'une mutation dans les relations avec le temps, l’espace, la relation avec autrui, le savoir, l’information, la communication mais aussi l’autorité. Le management directif pyramidal, dont le rôle est essentiellement de superviser, évaluer et sanctionner le cas échéant, semble particulièrement obsolète et dépassé voire même, par certains aspects, anachronique. En effet, il introduit un déséquilibre institutionnel : Il accentue la distinction entre donneurs d'ordres et exécutants et empêche l’homogénéité intégrée de l’institution en favorisant un fonctionnement à sens unique, vertical descendant. Comme le notent des spécialistes du management, il est étonnant de constater que peu de réelles avancées aient vu le jour en matière de management et de leadership organisationnel depuis près d’un siècle et demi, alors même que le contexte des organisations s’est profondément modifié et continue d’évoluer très rapidement.

Un leader-manager doit être capable de relever de nouveaux défis. L’intégration d’une organisation doit tout d’abord passer par le développement de l’autonomie des collaborateurs, pour atteindre un objectif. Ensuite il faut augmenter le niveau d’initiative et de créativité́ dans le processus de travail individuel et collectif, mais aussi travailler en réseau et utiliser les outils collaboratifs. Il s’agit donc de créer un cadre dans lequel les compétences professionnelles et personnelles des membres d’une organisation puissent se combiner et ainsi gérer au mieux la complexité de l’environnement. Gérer les ressources de cette diversité est devenu un facteur stratégique pour favoriser la cohésion organisationnelle et les synergies. Pour autant, La hiérarchie d’autorité́ est toujours nécessaire, mais pas la hiérarchie pour le bien de la hiérarchie et les vieilles habitudes de ‘’command and control’’.

La Tunisie, comme d’ailleurs la plupart des Etats du Tiers-Monde aujourd’hui, est faible en éducation à l'entrepreneuriat et a fortiori sur ces aspects. Développer et promouvoir l'éducation à l'entrepreneuriat a été l'un des principaux objectifs politiques des institutions de l'UE et des États membres depuis de nombreuses années avec un succès très mitigé et inégal. Toutefois, si certains pays sont engagés dans la promotion de l'éducation à l'entrepreneuriat depuis plus d'une décennie, d'autres ne font que commencer ou pas encore. De plus, alors que les résultats d'apprentissage attendus sont clairement identifiés comme étant de grande importance pour le développement de l'éducation à l'entrepreneuriat, il n'apparaît pas comme action prioritaire dans la plupart des stratégies nationales. La Tunisie par exemple, a une approche "formation à l'entrepreneuriat" qui est focalisé sur le simple développement du sens des responsabilités des élèves, l'autonomie, la créativité, la curiosité et l'initiative personnelle. Mais ils n’ont pas compris que de pouvoir travailler en équipe, augmenter la curiosité et l'initiative ne suffisent pas pour créer un entrepreneur. Ce qui manque totalement dans cette vision c’est:

  1. L’esprit Créatif et innovateur,
  2. Le Goût et la tolérance au risque (aspect totalement oublié)
  3. Une Forte capacité au travail associé à une résistance au stress (aspect aussi totalement oublié)
  4. La Ténacité et la persévérance (il semblerait que notre système éducatif ne forme pas des personnalités fortes)
  5. La Capacité d’adaptation et à résoudre des problèmes in situ (notre système est basé sur une éducation individualisée pas à pas. Jamais un "gros" problème à traiter qu'il faut résoudre en travaillant en équipe)
  6. Une Forte capacité au travail (notre système éducatif descend le niveau toujours vers le bas)
  7. Etre entrepreneur c’est être visionnaire. Toutes les reformes (collèges / lycées / universités) ont tous le même défaut : Un nivellement vers le bas. Un amoindrissement de l’effort à fournir. La consécration d’une diplômassion de masse au rabais.
  8. Et comme dernier point, une formation au "touche à tout". Un futur dirigeant doit connaitre un peu de comptabilité, un peu de commercial, un peu de développement informatique, un peu de mathématiques, un peu de sciences, un peu de juridique, un peu de ressources humaines, un peu de politique, ... et encore tout ce qui n’est pas mentionné (la liste est longue).

Il est donc urgent de revoir la définition de l’entrepreneuriat comme étant "travailler en équipe pour montrer la créativité de chacun’’ et donner sa part à l’imagination.

Monji  Ben Raies
Universitaire
Enseignant et chercheur en droit public et sciences politiques
Université de Tunis-El-Manar

Faculté de droit et des sciences politiques de Tunis

 

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1 Commentaire
Les Commentaires
Not Invented Here - 10-04-2016 23:09

Sur vos 8 derniers points pour former des entrepreneurs , le 8ème et dernier semble erroné, dans un monde déjà extrêmement complexe , trop encourager un "vernis superficiel" est néfaste pour le plus grand nombre. Quelques individus aux capacités exceptionnelles peuvent effectivement créer dans et s'inspirer de vastes domaines, mais ceux-là ont largement les capacités d'apprendre par eux mêmes, les autres finiront dans la large catégorie des "bons à tout, bons à rien" et ne seront pas suffisamment à la pointe d'un domaine donné pour pouvoir effectivement y être créatifs. Pour une décennie encore, des pays comme la Tunisie pourront se contenter de copier passablement ce qui marche ailleurs. Si la mondialisation continue au rythme actuel, dans moins de 10 ans il faudra être compétitif au niveau mondial dans tous les secteurs. un futur dirigeant devra alors être dans les x% meilleurs du monde d'un domaine, sinon ce qu'il créera sera voué à l'échec. Qu'il ait la capacité à appréhender des aspects différents (juridique, économie..) sera un bénéfice collatéral de ses capacités , et ne jouera que marginalement sur son succès (parcequ'une heure sur Google lui fournira aisément la connaissance moyenne)

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