Opinions - 15.02.2016

Tunisie : pour un ‘New deal’ économique!

Tunisie : pour un ‘New deal’ économique!

Devant la dévastation de la situation économique, écologique et sociale prévalant dans le pays:

  • Chômage endémique des jeunes et des moins Jeunes et son corollaire de grogne et drames sociaux (1 suicide/jour et une immolation par le feu par mois dans les rangs de la jeunesse),
  • Sursaturation des effectifs dans l’administration et les entreprises publiques avec son corollaire de productivité négative…,
  • Un Tunisien sur six vit sous le seuil de pauvreté et le chômage frôle les 29 % chez les diplômés de l'enseignement supérieur,
  • Paupérisation et dépeuplement des régions dites défavorisées au profit de la frange côtière du pays large d' à peine 30 km, logeant 80% de la population,
  • Changement climatique: sécheresse endémique, montée des eaux de la mer, avancée du désert, augmentation des températures de l’ordre de 5 à 6 degrés pour cet hiver 2016,  récoltes de plus en plus compromises; celle en cours pour l’huile d’olives a baissé de 60% par rapport à la précédente!

Devant toutes ses menaces pesantes sur la Tunisie, les mesures annoncées par les pouvoirs publics, dans le cadre de la sacro-sainte orthodoxie libérale, en matière d’investissement et d’emploi  n’auront aucun effet sur les causes ci-dessus décrites,  ni sur leurs effets immédiats, ou à terme, ni sur la grande lame de fonds  de la contestation sociale.

Aux grands maux, les grands remèdes: il y a lieu de panacher le modèle de développement d’un libéralisme débridé à celui aux panaches avec New deal à la sauce du XXI siècle!  

- Les secteurs ciblés : agriculture et énergie les deux mamelles nourricières pour notre welfare state:
Pour un Plan d’Investissement public d’envergure visant l’infrastructure idoine dans ces deux secteurs porteurs de promesses économiques et environnementales.

Agriculture: précipitation 207 mm / an, avec  évapotranspiration de 1,8 à 1,2 m/an et maigre dotation en eau par habitant de 415 m3/an, loin du minimum de 1000 m3/an/habitant, seuil préalable à toute velléité de développement durable selon la FAO.
- Prise en main et traitement idoine de la détresse hydrique harnachant l’agriculture tunisienne en l’assignant à des rendements,  à l’hectare; annuels de longue période, de 1,5 tonne pour les céréales et de 110 kg d’huile d’olive, rendements ne dépassant pas le cinquième de ceux prévalent en Navarre ou en Sicile!

Energie: Rayonnement solaire de 2000 kWh/m²/an.
Déficit énergétique allant crescendo, atteignant les 3 M² de Tep  et ce malgré notre gisement solaire à ciel ouvert, double de celui de l’Union Européenne!

A- Relèvement du niveau de nos ressources hydriques

Là il s’agit d’un apport de source non conventionnelle afin de porter la quote part au minimum requis de 1000 m3. Il s’agit d’un  complément de 585 m3/hab/an, soit plus du double des ressources conventionnelles engrangées à ce jour, de façon optimale, dans nos retenues d’eau pluviales.

Cet apport  pourrait être dessalé de la mer à l’énergie thermique solaire concentrée, en vue d’irriguer notre oliveraie - de 80 M² pieds et de 1,8 M² d’ha - à partir du premier olivier, au sud du territoire national.
On constate l’effet exceptionnel de la campagne oléicole, qui avait bénéficié d’une année exceptionnellement pluvieuse, courant 2015, avec ses 300 mille tonnes d’exportations rapportant plus de 2 Milliards de Dinars soit 4 fois les recettes touristiques de l’année! 

Aussi il faut booster la culture embryonnaire, depuis 1970, de  betterave sucrière qui fournit à peine 2 % des besoins en matière de sucre et d’aliment de bétail.

Les 7 km3 escomptés permettraient de métamorphoser l’oléiculture et de la niveler par le haut, à une moyenne annuelle d’un million de tonnes +/- 10% d’huile d’olive ;outre qu’ils boosteront la culture betteravière en irriguée afin de pérenniser un secteur sucrier épisodique et balbutiant depuis fort longtemps…

Sachant que l’injection de 1000 m3 dans l’agriculture fournirait 15 journées de travail à la population dont 2/3 direct et 1/3 indirect, on participerait ainsi à la création d’au moins 350 mille emplois permanents 

B – Energie solaire

Ici il s’agit de virer au vert notre production électrique et ce par l’équipement du tiers des 100 km² de toitures des ménages suivant un plan directeur, avec des centrales solaires d’une capacité de 3 GW de panneaux  photovoltaïques .
Ce programme brasserait 1,5 M² de foyers, en partant, de proche en proche,de nos frontières terrestres, pour les équiper d’un kit de 2 kW de puissance…

Ce programme livrerait, à son terme, aux environs des sites de consommation, 5 TWh /an,  portant ainsi  la part du renouvelable dans notre mixe électrique à 30 % pour 2020 tout en réduisant nos pertes sur distribution et transport qui culminaient à des sommets inégalés :  plus de 16% pour 2014!

L’emploi attendu d’un tel plan, et sur la base de 7 postes crées pour 1 MW installé, serait de 21 000.

C- Financement

Ces investissements publics s’insèrent de plain pied dans les plans de lutte contre le réchauffement climatique adoptés par la COP21, et sont éligibles aux financements conséquents prévus à cet effet.

Ainsi notre plan développement fournirait, à son terme, plus de 370 000 emplois verts et durables tout en bénéficiant des mécanismes adoptés lors de la conférence de Paris !

Mohamed Cheikhalifa
Macroéconomiste

 


 

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