Menace terroriste; S.0.S Ibn Khaldun!
Quelques heures après les attentats du Bardo, Le Président de la République a déclaré la guerre au terrorisme. Nullement intimidé, notre ennemi frappe encore à Sousse. Le Président hausse le temps et menace d’éradiquer le danger terroriste. Mais au lieu de se dérober, Daech se présente en provocateur et nous dit «jamais deux sans trois en une année» et frappe la garde sécuritaire du Président de la République. La règle tactique veut que l’ennemi frappe le «weak point», le ventre mou de son adversaire, mais de là à s’attaquer au point fort et frapper l’unité d’élite de notre système de sécurité, c’est plus qu’une provocation et l’affaire pourrait signifier autre chose de plus grave.
Comment agir pour battre les terroristes? Une victoire ne pourrait être assurée avec les seules belles paroles ni par des discussions stériles tenues par des intervenants non préparés et non qualifiés pour proposer des solutions sur un sujet aussi complexe et sensible que la guerre contre le terrorisme. On dira que la guerre au terrorisme est quelque chose de très sérieux pour la laisser aux mains des parleurs.
C’est avant tout une affaire de bons stratèges qui puisent dans notre littérature sociale et militaire pour se ressourcer dans le domaine de la science militaire et comprendre les lois et les règles de la guerre.
C’est aussi un effort pour comprendre les nouvelles données de la guerre asymétrique moderne et inclure les enseignements tirés des conflits présents. La guerre asymétrique n’est pas très différente de la guerre conventionnelle; leurs lois et règles ne différent pas beaucoup. C’est enfin une stratégie globale qu’il importe de mettre en œuvre pour cerner ce problème qui commence à mettre en difficulté notre pays. C’est en pratique un plan d’action qui identifie le rôle précis de chaque acteur national dans ce domaine.
1. La littérature socio-militaire tunisienne: il est inutile de brouiller le lecteur par d’innombrables références tunisiennes sur le thème de la guerre. On se limitera à deux illustres auteurs.
IBN KHALDOUN «Dans la guerre on ne peut compter avec certitude sur la victoire… la victoire dépend de la réunion de plusieurs facteurs: les troupes en nombre suffisant, la qualité des équipements et des armes, un ordre de bataille, une foule de guerriers illustres par leur bravoure et leur abnégation et la hardiesse de l’attaque. Ceci reste jusqu’à nos jours vrai sur le plan tactique dans tous les affrontements classiques entre deux armées. Ce qui a changé depuis le XXe siècle c’est l’avènement de la Stratégie. La guerre est devenue totale et implique toutes les composantes de la nation. Aujourd’hui, une guerre ne pourrait être gagnée sans l’élaboration d’une stratégie adéquate qui définit clairement les objectifs de la guerre, rassemble les moyens nécessaires (humains et matériels) pour la lutte et qui définit dans un plan détaillé les actions et tâches des différents acteurs appelés à intervenir dans la défense du pays. Il suffit d’appliquer les préceptes de notre savant qui sont encore solides et auxquels il faudrait associer une vision stratégique.
IBN ACHOUR. «Combattez dans le sentier d’Allah ceux qui vous combattent et ne transgressez pas…» Verset 190 du sourat Al Baqara. C’est l’explication de ce verset par notre éminent savant qui est sublime... La preemptive attack est la solution la plus idoine pour neutraliser un ennemi menaçant. Il ne faut pas attendre que les hordes sauvages envahissent le pays ou s’approchent de nos frontières pour les frapper.
Il faut les détruire dans leurs repaires. En un mot il faut les étouffer dans l’œuf. En quelques mots notre maitre nous énonce une doctrine opérative adaptée à la petite superficie Tunisienne et une forme d’action adaptée à la menace Daech.
2. Comprendre les nouvelles données du problème: ce travail est la résultante des efforts de réflexion des différents acteurs et forces patriotiques du pays pour préparer un congrès sur la lutte contre le terrorisme. Les intellectuels ont fait leur part de travail depuis le mois d’aout 2015. Il reste aux autres forces vives de la nation de s’aligner à eux. Le but est de comprendre le phénomène du terrorisme qui frappe notre pays en vue de rassembler les idées nécessaires à la mise en œuvre d’une stratégie nationale de lutte contre le terrorisme.
3. Stratégie de lutte contre le terrorisme: une stratégie nationale de lutte contre le terrorisme s’inspirera en grande partie de la stratégie de l’ONU.
Si on n’est pas en mesure d’élaborer cette stratégie nationale il nous reste encore deux chances pour vaincre Daech à l’intérieur du territoire tunisien ou les arrêter en Libye. Dans les deux cas il faut invoquer IBN Khaldun. On pourrait suivre ses préceptes lorsqu’il affirme que la victoire est aussi une affaire de conditions occultes qui sont de deux catégories. La ruse ou la guerre psychologique pour mettre le doute au sein des rangs des combattants de Daech. Mais c’est loin d’être gagné. Ou bien implorer Dieu pour qu’ils nous aident « Le moment où vous imploriez le secours de votre seigneur et qu’il vous exauça aussitôt d’un millier d’anges déferlant les uns à la suite des autres ». Verset 9 Sourate Al Anfel. Mais si les préceptes de notre grand maitre n’aboutissent en rien à cette entreprise il nous reste une dernière chance c’est d’envoyer IBN Khaldun à Daech et compter sur la bonne foi de ses combattants pour ne pas nous trahir, (les combattants de Daech sont tunisiens). On pourrait faire comme le Sultan An Nasir d’Egypte en décembre 1400 lorsqu’il a dépêché notre illustre savant auprès de Tamerlan pour le dissuader de détruire Damas.
Mohamed Nafti
(Général à la retraite)
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