News - 11.05.2015

La Tunisie et le désir de futur : Stratégie de développement économique et social

La Tunisie et le désir de futur : Stratégie de développement économique et social

«Eléments pour une stratégie de développement économique et social à moyen terme en Tunisie» : cette étude sur l’économie tunisienne post-transition, élaborée par une équipe d’économistes tunisiens et français, sous la direction de Chedly Ayari et Jean Louis Reiffers a été remise lundi matin au chef du gouvernement Habib Essid. Réalisée par l’Institut de la Méditerranée -présidé par Ayari en tant de Professeur émérite - en collaboration avec le Forum Euro-méditerranéen des Instituts des Sciences Économiques (FEMISE) financé par l’UE, elle vise à approfondir les connaissances sur les obstacles à la croissance et l'équilibre macroéconomique et social et analyse les principaux vecteurs de développement. Les auteurs suggèrent une stratégie détaillée pour les années à venir, proposent un programme de réforme économique et sociale et soutiennent divers scénarios macroéconomiques.

L’ancien ministre des Finances, Hakim Ben Hammouda, qui a été la cheville ouvrière de cette étude nous en présente les grandes lignes.

Le désir de futur

L’essoufflement du modèle de développement a été considéré par beaucoup comme un des éléments qui a contribué à déstabiliser l’ancien régime et qui a joué un rôle important dans l’avènement de la révolution du 14 janvier. En effet, ce modèle de développement ne parvenait plus à dégager une croissance forte capable d’absorber la main d’œuvre additionnelle ni à engager les investissements nécessaires à la réduction des disparités régionales. Ainsi, même si la macroéconomie restait solide, la crise du régime de développement a contribué, parallèlement à l’autoritarisme politique et à la montée du népotisme et de la corruption, à la chute de l’ancien régime et à l’ouverture d’une importante phase de transition politique et économique. 
 
Ainsi dès le lendemain de la révolution, les appels se sont multipliés pour définir un nouveau modèle de développement et un nouveau futur. Et, ici et là experts, économistes voire même les partis politiques et les associations de la société civile ont entamé le travail de réflexion sur les grandes lignes de ce nouveau modèle. Par ailleurs, les différents gouvernements ont cherché également à contribuer à mettre les premiers jalons de cette réflexion sur les contours de ce nouveau modèle de développement. Le gouvernement de Mehdi Jomaa a suggéré quelques éléments pour une nouvelle vision du futur dans le cadre de la préparation de la conférence « Investir en Tunisie » du 8 septembre 2013. Mais, le caractère transitoire de cette période et la durée de vie relativement courte des différents gouvernements n’ont pas favorisé les avancées décisives dans ce domaine. 
La fin de la période de transition avec les dernières élections ont ouvert une nouvelle période de stabilité. Le gouvernement de si Habib Essid a fait de l’élaboration d’une nouvelle vision de développement et d’un nouveau modèle une de leurs priorités. Le gouvernement devrait préparer une note sur les priorités stratégiques qui serait la base de la préparation d’un nouveau plan de développement quinquennal. 
Ce travail trouvera dans le projet remis cette semaine par l’Institut de la Méditerranée-Tunis au Premier Ministre et préparé sous la direction de Chedly Ayari et Jean Louis Reiffers une importante source d’inspiration. Ce rapport intitulé « Eléments pour une stratégie de développement économique et social à moyen terme en Tunisie » a mobilisé un grand nombre d’experts qui ont travaillé pendant une année pour rendre une analyse importante de la dynamique de croissance tunisienne depuis le début des années 1980. Il s’agit d’une somme impressionnante de statistiques et surtout d’une analyse et d’une lecture critique de la dynamique de croissance dans notre pays, sa montée en régime mais aussi les raisons de son essoufflement. 
 
Mais, ce travail ne se limite pas à l’analyse critique des trajectoires historiques du développement tunisien. En effet il identifie surtout les grands axes d’une nouvelle vision du futur pour notre pays. Cette vision est articulée autour de ce que le rapport appelle des nécessités. La première de ces nécessités concerne la relance d’une dynamique de croissance davantage orientée sur la productivité et la diversification des activités. La seconde nécessité est liée à l’international et à l’importance de maintenir ce rapport ouvert et de consolider une insertion internationale dynamique et active. L’équité et l’inclusion sont au cœur de la troisième nécessité du nouveau modèle de développement proposé par le rapport de l’Institut de la Méditerranée. Enfin, la quatrième nécessité tourne autour de la stabilisation et de la nécessité de maintenir la résilience macroéconomique de notre pays. 
 
On est en présence d’un travail passionnant. Il allie la rigueur de l’analyse économique et statistique à la force de proposition et de suggestion. En effet, ce travail ne se limite pas à la réflexion mais formule une série de propositions importantes sur les pistes à suivre afin d’opérer les réformes et les changements nécessaires pour mettre en place une nouvelle dynamique de croissance et un nouveau régime de développement. 
Après avoir réussi sa transition politique et entamé la mue de son système politique vers un régime démocratique, la Tunisie entame un important processus de transition et de transformation économique. Cette transition exige la définition d’une vision économique et d’un désir de futur capable de redonner espoir et d’entamer une nouvelle expérience historique. A ne pas douter le rapport de l’Institut de la Méditerranée constituera une importante contribution dans cette réflexion.    
 
Hakim Ben Hammouda
 
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1 Commentaire
Les Commentaires
mjr - 11-05-2015 13:44

Le défi fondamental pour l'avenir du pays et des générations futures concerne non seulement la mise en place d'une politique économique capable de créer de la croissance par un bon taux ce croissance du PIB ,mais aussi d'une dynamique du développement(basée sur cette croissance) avec des retombées positives sur toutes couches de la société et qui modifierait sur le long terme les structures économiques et sociales du pays .Pour cela il faudra apprendre à compter sur nous mêmes en premier lieu.A défaut les déséquilibres iront en s'accentuant dans tous les domaines et la Tunisie ira vers l'inconnu. Mais cela dépendra de la qualité du système politique car l'économie reste subordonnée à la politique et pour le moment la médiocrité de la classe politique et le comportement des différents acteurs ne présage rien de bon.

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