Blogs - 26.02.2009

Le sport, un "exutoire où s'épanche la déraison" ?

La presse nationale avait fait état il y a quelques jours du décès d’un jeune supporter de 17 ans d'une crise cardiaque suite au match nul concédé par son équipe. Ravi à l’affection des ses siens dont il était le fils unique pour un match de football !!! Cette douloureuse affaire nous interpelle tous.

On savait que le football a cessé, depuis longtemps, d’être un simple jeu pour devenir ce que les sociologues appellent un phénomène social total, c'est-à-dire un condensé de la plupart des phénomènes de société. On savait, aussi, depuis longtemps qu’il avait cessé d’être un facteur d’intégration pour devenir un symbole d’appartenance à un groupe, une communauté, une région, une sorte de religion séculière avec ses idoles (les joueurs), ses rites (les fameuses dakhla), « ses valeurs » ou plutôt ses fausses valeurs,( la puissance des tirs, le jeu de tête, l’opportunisme des attaquants), ses extrémistes aussi, reconnaissables à leurs slogans à connotation  guerrière et à leur  emplacement dans le stade (les virages).

. L'un des effets pervers du sport est  aussi de servir d'exutoire à certains supporters pour épancher leur agressivité.D'où cette vague de violence qui envahit nos stades de manière cyclique. On peut se consoler en se disant qu’il « faut que jeunesse se passe », que notre pays  n’a pas le monopole de ce genre de dérives et que dans tous les cas, le phénomène n’a pas atteint l’ampleur qu’il connait dans certains pays d’Europe, d’Amérique latine ou même d’Afrique. Mais rien ne dit que dans quelque temps,  et au train où vont les choses, ces pratiques ne finissent par atteindre le seuil de l’intolérable.C'est pourquoi on serait bien inspiré de prendre ce problème à bras le corps et ne pas se contenter de demi mesures dont l’effet dissuasif est improbable.  

Jusqu'à une date récente, on vivait sur cet a priori  que le fait de montrer des scènes de violence dans les stades à la télévision risquait de provoquer un phénomène de contagion. Rien n’est moins sûr.

Un spot diffusé ces derniers jours par les chaines de télévision françaises fait un tabac. montre un homme à la démarche incertaine avec, en off, une voix  qui lui lance : « Tu t’es vu quand t’as bu?» 

On aurait tort de penser que tous les supporters sont des délinquants. Ces derniers devraient être interdits de stade comme celà se fait  en Europe. Il y a parmi ces supporters, et la télévision  l’a bien montré, des gens d’un certain âge, des pères de famille, avides de respectabilité, mais emportés par la foule,  ils ne sont plus maîtres de leur gestes, d’autant plus que cette foule leur garantit l’anonymat. C'est  ce que les sociologues appellent une dépersonnalisation, c'est-à-dire le fait de ne plus se sentir soi-même. Le jour où il sauront que leurs gestes pourront être filmés, ils regarderont à deux fois avant d’agir. Les images, parce qu’elles peuvent avoir un effet cathartique  sur l’individu constituent la meilleure des thérapies. C’est pourquoi il faut en user sans modération  pour lutter contre cette banalisation de la violence.

 

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