News - 15.04.2020

Hommage à… Michel Lelong

Hommage à… Michel Lelong

Il a été ordonné prêtre en Tunisie, à Carthage, en 1948, à l’âge de 23 ans;

Il est devenu, de sa propre volonté, l’ami fidèle des musulmans où qu’ils soient;

Il a défendu sans faille la cause palestinienne;

Il a écrit une quinzaine de livres sur le dialogue entre religieux, sur le Christianisme et l’Islam;

Il a prononcé des centaines de conférences;

Il a rencontré des Maghrébins, des Arabes, des Iraniens, des Européens, des Asiatiques, des Américains, des Océaniens, des Africains…

Il a puisé dans ses dernières forces pour écrire son dernier ouvrage, son ultime appel aux «nécessaires dialogues», en juillet 2019 : «Tout au long des siècles – l’Histoire en témoigne – les différences de convictions et d’options dans les domaines politique et religieux ont suscité des conflits, des violences et beaucoup de souffrances humaines. De nos jours, les moyens de communication se sont développés de façon remarquable, mais dans chaque pays, entre les États, entre les croyants, entre croyants et incroyants, le dialogue reste souvent difficile. Il est pourtant plus nécessaire que jamais.»

Il s’est éteint le 10 avril à l’hôpital Lariboisière à Paris, atteint par le covid-19.

Il avait 95 ans et deux mois.

De rares juifs tarés ont dit «bon débarras». Ils ne savent pas ce qu’ils disent!

Des propos inaudibles parmi les dizaines d’hommages qui lui ont été rendus par des Chrétiens, des Musulmans, des athées, des juifs éclairés…

Michel Lelong est né le 25 février à Angers (France). Il s’engage en religion et prête serment en 1947 à Thibar (Tunisie). Il est ordonné prêtre un an après à Carthage (Tunisie). Il se passionne pour la langue arabe, qu’il apprend, pour les Lettres (licence à Alger), pour les pratiques de la religion musulmane… Il garde sa foi, convaincu qu’il était de la nécessité de comprendre «l’autre». Il passera près de vingt ans de sa vie en Tunisie, au sein de l’Institut des Belles Lettres Arabes (IBLA)… Au sein de ce lieu d’échanges et d’apprentissage, ouvert à tous, il semait les graines de son dialogue philosophique, religieux, culturel, artistique, qui feront autant de «pousses» dans l’amitié entre les gens, dans le désir de se connaître, de s’apprécier, sans jamais que l’un ou l’autre impose sa «foi», ses convictions… Ce n’était nullement du prosélytisme, loin, loin de l’esprit et de l’action de Michel Lelong, au Maghreb, comme en Afrique sub-saharienne, en Asie comme au Proche-Orient.

Sa sincérité était telle que le dialogue qu’il prônait n’était pas seulement une affaire entre «musulmans et chrétiens», mais entre tous les êtres, entre chrétiens eux-mêmes, entre palestiniens, entre asiatiques... N’a-t-il pas fait ses premiers pas en Tunisie, terre de brassage inter-civilisations: berbère, punique, romaine, arabe, ottomane, française…

Prêtre catholique, Michel Lelong n’a jamais considéré l’islam comme un péril pour l’Europe ni une menace pour l’Eglise chrétienne. C’est pour cela qu’il était craint, détesté par les extrémistes de tous bords.

En 1975, l’épiscopat français l’appelle à diriger le tout nouveau Service pour les relations avec l’islam. Consulteur du futur Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, il participe aussi en 1993 à la création du Groupe d’amitié islamo-chrétienne (Gaic) qu’il présidera pendant dix ans avec l’universitaire algérien Mustapha Chérif. Il crée, dans les années 2000, un Groupe de réflexion entre catholiques (Grec)… Il ne s’était heurté qu’à une seule obstination, celle des Juifs extrémistes.

Durant la guerre au Liban, en 1982, le père Lelong prend fait et cause pour les Palestiniens. Mal lui en prit. Il est traité de tous les noms d’oiseaux par les sionistes qui l’attaquent en justice pour «antisémitisme». Il obtient gain de cause: critiquer la politique de l’Etat hébreu n’est pas, en droit, être antisémite…

Sa foi inébranlable était guidée par Dieu, l’unique, pour tous les croyants, au-delà de toute étiquette ou récupération. N’est-ce pas la volonté de Dieu d’avoir créé «plusieurs communautés», et pas une seule? Dieu ne n’a-t-Il pas fait ce choix pour que justement ses diverses créatures s’entremêlent et se connaissent au lieu de s’autodétruire? Aimez-vous, dit le Christ. Soyez tolérants, dit le Coran, qui reconnait les trois religions monothéistes. Le Djihad d’aujourd’hui, comme les Croisades d’hier, comme le sionisme depuis un siècle, ne sont-ils pas des tentations du Diable? Eliminer l’autre par pure idéologie était contraire à l’esprit des textes saints, aux convictions de Michel Lelong, que Dieu, Allah, Yahvé, lui accorde son entière miséricorde.

Quelques unes parmi les œuvres de Michel Lelong

J'ai rencontré l'Islam, 1976
La tradition islamique, 1979
L'Islam et l’Occident, 1982
Guerre ou Paix à Jérusalem ?, 1983
L'Église nous parle de l'Islam, 1984
Si Dieu l’avait voulu, 1986
De la prière du Christ au message du Coran, 1986
L'Église catholique et l’Islam, 1993
La vérité rend libre, 1999
Jean-Paul II et l'Islam, 2003
Chrétiens et Musulmans : adversaires ou partenaires ?, 2007
Prêtre de Jésus-Christ parmi les musulmans (Mémoires), 2007
Les papes et l'islam, 2009
Les nécessaires dialogues, 2019

Samir Gharbi
 

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4 Commentaires
Les Commentaires
ALI BELGHITH - 15-04-2020 11:41

Paix à son âme et vives condoléances à ses proches. Je l'ai rencontré et travaillé avec lui à plusieurs reprises (avec honneur et bonheur) dans le cadre des activités de l'association dont je suis le Président-Fondateur : AFAFE Association Franco-Arabe pour la Formation et l'Education. C'était un Grand Homme et un Humaniste de conviction et d'action, un Héros du dialogue entre les religions, les cultures et les peuples et un fervent défenseur des droits de l'Homme, de la paix et de l'éducation plurielle et durable.. RESPECTS Adieu MICHEL

Habib OFAKHRI - 15-04-2020 13:20

Critiquer le sionisme politique n'a rien d'antisémite, sauf que l'expression du nationalisme israelien entretient une forme d'amalgame politico-religieux.De même pour l'Islamisme politique ou le Christianisme avant la Réformation.. 20 siècles durant,l'Eglise,en tant qu'institution a culpabilisé les hébreux ,sans distinction, pour la cruxification de l'enfant de Marie,fils de Joseph,le menuisier juif de Beit lahm. 15 siècles plus tard des versets du Coran stigmatisent Judeens et Chretiens .A cause de malentendus,l'humanité ne semble pas au bout de ses peines... Lelong faisait partie des personnes lucides.Il a tenté de comprendre en interrogeant les textes et les pratiques .Il a pigé-sans l'expliciter pour ne pas heurter les susceptibilités -que le Supreme n'est ni Yahve ni Dieu ni Allah ni Vishnou . Mortel ,l'homme -dans le désarroi perpetuel- cherche toujours un protecteur terrestre et transcendantal. Moïse l'Egyptien (13 eme siècle avant JC),Abraham , le Babylonien (18 siecle avant Jc) et Mohamed, le Meckoi (7 siecles après Jc) sont assez modernes par rapport à l'apparition de l'Humanité il y a des millions d'années et sa quête inassouvie de l'Absolu.

ALI BELGHITH - 15-04-2020 15:18

Paix à son âme et vives condoléances à ses proches. Je l'ai rencontré et travaillé avec lui à plusieurs reprises (avec honneur et bonheur) dans le cadre des activités de l'association dont je suis le Président-Fondateur : AFAFE Association Franco-Arabe pour la Formation et l'Education. C'était un Grand Homme et un Humaniste de conviction et d'action, un Héros du dialogue entre les religions, les cultures et les peuples et un fervent défenseur des droits de l'Homme, de la paix dans le monde et de l'éducation plurielle et durable.. RESPECTS Adieu MICHEL

Tarak Ben Salah - 16-04-2020 20:09

J'ai trouvé ce passage dans le journal de notre mère, Rachida Karoui-Ben Salah, datant du 23 juin 1975 : "Je suis en train d'écrire en m'arrêtant de temps en temps pour mieux écouter le Concerto n°3 en sol majeur pour violon et orchestre de Mozart. Le Père Lelong nous gâte. Je pense souvent à ses gentilles visites. J'ai l'impression que tout va s'arranger pour nous grâce au Père Lelong et à ses interventions auprès de Dieu. Moi de mon côté et lui du sien, nous finirons par obtenir satisfaction. Et Si Ahmed par son action." Le père Lelong fait partie de ces hommes qui ont horreur de « l’homme moyen », qui ne se renient pas, qui restent loyaux en toutes circonstances. Des hommes de convictions et d’honneur. Il fait partie des rares amis qui ont continué de nous manifester leur amitié et leur affection après la crise de 1969. Il était un des rares qui savait dire et choisir les mots pour nous apaiser et nous redonner du courage et de l’espoir à ma mère, à Zouhour, à Hassen et à moi-même. Il comptait pour nous autant que nos amis de l’UGTT de Farhat Hached, Mohamed Erraï, Ahmed Ben Hamida, Mahmoud Khiari, Mohamed Guettat, Mahmoud Ben Ezzedine ,Salah Galaoui. Le père Lelong arrivait toujours avec une boite de macarons ou de chocolats. Je le raccompagnait jusqu’à la rue de France (à Radès) et il terminait toujours son discours que je comprenais à ma manière (j’avais 15 ans en 1975) par ces paroles :« il y a un homme libre dans une geôle du 9 avril et son geôlier est un prisonnier dans un palais » et en suite après février 1973, « l’homme libre a laissé sa geôle vide et son geôlier est toujours prisonnier dans son palais » ! Il me saluait à la fin par un « a-dieu » où je percevais un mystérieux « espace-temps » entre le « A » et « Dieu » ! J’ai retrouvé le père Lelong à Paris, dans un cadre privé chez mon oncle Fayçal Karoui, et dans un cadre public et militant auprès du docteur Slimane Doggui et son association « Dialogue Franco-Arabe ». Reposez en paix cher Michel Lelong et cher Slimane Doggui.

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